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Le transfert, le controle

Une transcription de l’intervention de Solange Faladé à Biarritz le 09 octobre 1994

9 octobre 1994
Document de travail

"Il a fallu que Freud sache faire avec le transfert. Ceci n’a pas été possible pour Breuer. Il a fallu qu’il sache faire avec le transfert pour qu’il puisse inventer la psychanalyse.
Lacan a dit en riant que le réflexe « bonique » qui a aidé au moment où se jetait à son cou une de ses patientes, ne s’est pas fait. Nous, nous devons faire sans réflexe « bonique » et ne pas attendre qu’au bon moment la bonne frappe à la porte. C’est autre chose qui doit nous frapper.

J’ai pensé parler de l’expérience du contrôle, et je me suis dit que c’était aussi dans le droit fil de ce qui nous intéresse aujourd’hui.

Lacan, dans son séminaire sur le transfert, pour la première fois, a dit de l’analyste qu’il était sujet « supposé savoir », qu’on s’adressait à lui, parce que sujet « supposé savoir ». Il fait remarquer qu’ on pense que ce sujet « supposé savoir » possède quelque chose qui brille. Ce quelque chose qui brille, c’est l’agalma. A partir de ce moment, Lacan va mettre en place son objet petit (a), qui n’est plus cet objet partiel d’Abraham et des autres. C’est dans le résumé qu’il a écrit pour l’Ecole des Hautes Études et notamment son année du séminaire de l’acte psychanalytique. Il rend hommage à Winnicot qui avec son objet transitionnel a beaucoup aidé à détacher ce qui est là supposé comme brillant dans l’analyste, il a aidé à détacher cet objet petit (a), de l’objet partiel.

Donc l’analyste est pour celui qui vient le voir, un sujet « supposé savoir » qui recèle un objet précieux. Cet analyste, dans sa pratique met en place ce qui peut-être, pourra permettre que soit écrit le discours de l’analyste. Cet analyste, insiste Lacan, doit être dans cette position en tant que -« je ne pense pas »- ce qui fait que ce n’est plus son être, mais son faux-être qui doit être à l’oeuvre.

Alors, essayons de remettre ceci dans ce que Freud lui-même a donné comme indication concernant cette pratique de la psychanalyse.

Freud nous recommande une attention flottante, une neutralité - neutralité qu’on a voulu faire bienveillante, on se demande pourquoi – c’est s’efforcer de neutraliser nos sentiments au fur et à mesure que se déroule une cure, une séance. Lorsque Lacan reprend, cette neutralité, c’est à partir de ce sujet « supposé savoir ». Lorsqu’il fonctionne, ce sujet supposé savoir doit y être comme un grand Autre non barré, non barré, à cause de cet objet qu’il recèle, et qui le fait consistant. L’analyste est un grand Autre consistant. Ceci veut dire que, ne fonctionnant pas en tant que grand Autre barré, étant là, avec ce qui le rend consistant, sa faille ne doit pas entrer en jeux au cours de la séance, au cours de son opération d’analyste.

Reprenons tout cela en fonction de ce que j’ai retenu concernant le contrôle.
Il y a tout d’abord une question qui se pose, et qui se pose très rapidement, que ce soit à l’analyste contrôlé, ou à l’analyste contrôleur, c’est à dire à tout analyste qui accueille celui-là qui deviendra peut-être analysant. Il l’accueille en face à face. Les séances commencent en face à face, et au bout d’un certain temps se pose à l’analyste, la question de savoir s’il y a oui ou non à changer de dispositif.
Revenons à Freud. Freud nous dit qu’il s’est décidé à se dérober à la vue de ses patients parce qu’il ne supportait pas d’avoir à longueur de journées leur regard sur lui. C’est bien quelque chose comme ça qui, à un moment se pose à l’analyste. Et il se demande s’il a à continuer à être face à face. Donc, Freud nous dit que le regard le dérange, et qu’il ne veut pas être regardé à longueur de journées.
Alors, voici ce que j’ai recueilli des contrôles, et de comment ceci se formulait à l’analyste, et il n’y a pas qu’à l’analyste qui débute, à l’analyste courant. A propos du regard, les choses peuvent se séparer en deux. Pour cela je m’appuie sur ce qui m’a été dit, et sur les questions que les personnes se posaient, à savoir : que faire ?

Il y a une première catégorie d’analystes, qui à un certain moment, nous dit son embarras d’être regardé. Et les choses se sont mises en place de cette façon. Le patient fait savoir à l’analyste, qu’il a « donné quelque chose à voir ». Je prend ce terme de « donner quelque chose à voir », parce que ça va nous permettre de faire la différence essentielle que nous apporte Lacan concernant la perversion. A un moment donc, le patient fait savoir à celui-là qui est en place d’analyste ou qui va le devenir pour lui, qu’il a donné quelque chose à voir, que ce soit une image, ou que ce soit telle ou telle autre chose concernant sa personne. Il a donné ce quelque chose à voir, ce qui l’a obligé, lui, le patient à regarder son analyste d’une façon différente. Il y a ce regard qui vient de lui, le patient, ce regard qu’il pose sur l’analyste. Souvent, à ce moment-là, l’analyste est embarassé, et se pose la question de savoir s’il n’y aurait pas un autre dispositif à proposer à son patient. Je crois qu’il a raison de se poser cette question, puisque telles que les choses se disent, on est en droit de penser que si cela continuait ainsi, il y aurait quelque chose de perverti dans cette relation.
Donner quelque chose à voir, nous dit Lacan, c’est ce qui caractérise le pervers exhibitioniste, qui donne quelque chose à voir, forçant ainsi le regard de l’Autre. L’Autre pour lui, vous savez, est un Autre qu’il dénie, mais il sait parfaitement lui, le pervers, que cet Autre est vidé de sa jouissance. Et tout ce qu’il met en acte, en oeuvre, est faire en sorte que cet objet, produit de jouissance, soit à nouveau infligé à l’Autre. Il fait en sorte que l’Autre regarde, qu’il apporte son regard à lui, l’Autre, sur ce que lui pervers donne à voir.

On peut faire une autre catégorie concernant le regard. Ce n’est pas toujours aussi simple que le se donner à voir, mais cela se passe parfois. Le sujet, celui qui vient en analyse, à un moment au cours de ces entretiens, de ces face à face, fait savoir à l’analyste, à celui qui est là pour l’écouter, d’une façon pas toujours univoque, par le biais d’un rêve, ou d’une pensée qui traverse ce patient, qu’il s’efforce de savoir si lui l’analyste ne manque pas de quelque chose.
Alors ça peut se dire par le fait qu’on ne sait pas trop après tout s’il est un homme ou une femme. On ne sait pas qui il est, lui, cet analyste qui est là pour l’écouter. Toujours est-il que ce qu’il fait entendre est ceci : il apporte son regard là où il pense que peut-être, lui l’analyste, manque de quelque chose. Et nous nous trouvons dans la version de ce que Lacan a pointé caractérisant le voyeur qui colle son regard dans cette serrure pensant trouver un Autre qui manque de quelque chose. Ce faisant, Lacan nous dit que ce qu’il peut rencontrer de l’autre côté, ç’est un homme tout à fait barbu, que ce n’est pas forcément la jeune fille avec son manque et que peu importe, lui le voyeur vit celui-là qui est de l’autre côté de la serrure, comme un Autre qui manque.

Il y a donc ces deux façons de faire savoir à l’analyste qu’à son corps défendant, lui, l’analyste donne quelque chose à voir, pour faire entendre qu’il se pourrait qu’il manque de quelque chose, qu’il ne se présente plus comme ce grand Autre consistant. C’est alors que celui-là qui deviendra analysant apporte son regard là où il pense qu’il y a un manque.

Lorsque les choses en arrivent à se dire ainsi, l’analyste a tout à fait raison de se poser la question de changer de dispositif, de se conformer à ce que Freud, lui, a expérimenté, et se mettre d’une façon telle qu’il se dérobe au regard de celui-là qui vient lui parler. Se dérobant à ce regard, il va pouvoir déjà être ce semblant, ce petit a, qui va permettre que le discours analytique puisse, peut être, se mettre en place. Lui, l’analyste se met dans une position telle qu’il dérobe sa vue. Il dérobe à son patient le regard qui pourrait être posé sur lui.

Que nous dit Freud d’autre, qui est essentiel, et qui va permettre que la cure puisse se passer sans que le sentiment, l’affect, pour reprendre ce mot de Lacan, puissent être perçus du côté de l’analyste, sans que le patient puisse percevoir quelque chose de cet ordre ? Freud nous dit qu’on doit y être bouche-cousue. C’est le silence. On est là pour écouter et se taire.
Ce faisant, si l’on reprend les formules de Lacan, le « je ne pense pas », on est sûr, tant qu’on ne fait rien savoir, on est sûr que l’autre peut penser qu’on y est, et qu’on a éliminé ses propres signifiants, c’est à dire, qu’on y est, et qu’on ne pense pas. L’analyste est là avec son « je ne pense pas ». Que veut dire ce « je ne pense pas », dont nous parle Lacan dans ce résumé - très difficile d’ailleurs à suivre - ? Ça veut dire que tout ce qui est de la formation de l’inconscient de l’analyste doit être mis au seuil, doit être éliminé. Penser, mettre en oeuvre ses signifiants, c’est toujours de l’ordre de la formation de l’inconscient. On doit y être, et on doit être à cette place du « je ne pense pas ».

Vient un moment où à tel ou tel moment de la cure ou de la séance, on a à dire, on a à faire entendre sa voix, on a à parler. Alors, c’est là toute la difficulté : d’y être, de parler, en soutenant son « je ne pense pas ». C’est un véritable travail que l’analyste a à faire. Mais il faut savoir que s’il prétend pouvoir être à cette place d’analyste, c’est à dire y être avec son « je ne pense pas », sa propre cure, sa formation, ce qui l’a amené à être à cette place, doit avoir été tel qu’il a pût arriver à un point où ce qui va soutenir sa parole, c’est son désir, ce désir d’analyste. Le désir de l’analyste est, a insisté Lacan, quelque chose de tout à fait essentiel. On doit pouvoir y arriver si on veut effectivement être à cette place d’analyste.
Donc, prendre la parole, toutes les fois qu’il y a à prendre la parole, doit pouvoir se faire en maintenant son « je ne pense pas », pour que ce soit ce qui cause notre désir, qui soit entendu dans notre intervention, puisque ces différentes interventions vont préparer ce qui pourra permettre une interprétation.

S’efforcer d’être « momie d’Égypte », nous dit Lacan dans je ne sais plus lequel de ses écrits. Il le reprend autrement à la fin de Subversion du sujet. Il nous répète que celui-là qui achève son analyse, et je dis achève en y mettant ce sens anglais « achievement », celui-là qui parvient là à quelque chose de ce qui serait une réussite, celui-là qui peut être arrivé jusqu’à ce moment et pouvoir être « momie d’Égypte » ne peut pas être tout le temps « momie d’Égypte". Que deviendrions-nous si nous étions là, non seulement sans voir mais sans entendre ? Et toute la difficulté c’est de n’être pas affecté par ce qui nous a été dit par le patient et de pouvoir répondre sans que ce qui a pu nous affecter puisse passer. Mais, il ne peut pas en etre toujours ainsi !

Ce sujet « supposé savoir », c’est ce grand Autre consistant, consistant du fait de cet objet qu’il recèle. Ce sujet « supposé savoir » ne peut pas toujours être sans que quelque chose de son affect passe. Lacan nous dit qu’au fond on doit pouvoir faire avec ce qui nous a affecté, avec ce qui montre notre défaillance. Il a utilisé un certain nombre d’exemples. Il s’est référé à ces cas de Freud, essentiellement avec l’hystérique. Il n’y a pas de doute que Freud a été affecté par ce que Dora lui a dit à un certain moment. Dora, vous vous souvenez, a fait entendre à Freud 15 jours avant, qu’elle allait cesser, qu’elle allait mettre fin à son analyse. Or, dans cette société, c’est à la bonne que l’on fait savoir 15 jours avant qu’elle n’aura plus qu’à prendre la porte. Donc Freud a été là affecté par cette façon de faire de Dora, et quand Dora lui a annoncé qu’elle arrêtait son analyse, il n’a pas essayé de la retenir ! Non seulement il n’a pas essayé de la retenir, mais lorsqu’elle est revenue, essayant de renouer quelque chose, Freud s’est enquit d’un certain nombre d’éléments, mais n’a pas repris son analyse. Lacan nous dit que Freud a eu raison, qu’il a eu raison de la laisser tomber, quoi qu’on puisse en penser. Lacan nous dit qu’on doit savoir jouer. De toute façon, pour ce qui est d’une cure on a toujours à jouer le jeu, que ce soit l’analysant, ou nous-même. Il nous faut savoir jouer avec ces moments de défaillance où notre faille vient à se faire connaître, car ça permet que la cure puisse se poursuivre d’une façon telle que quelque chose du transfert ayant été touché, une fin puisse se dessiner.

Alors vous voyez comment nous avons à faire. Nous devons pouvoir tout entendre, avec ceci que nous n’avons pas à être affecté, puisque si nous y sommes avec le « je ne pense pas ». C’est ainsi que nous sommes à cette place. C’est notre « faux être » dit Lacan, qui y est là concerné. Tout ce qui peut nous être dit ne doit nullement nous affecter. Mais on ne peut pas être toujours « momie d’Égypte ». Il faut prendre les choses qui se sont passées là : On n’a rien provoqué, on a été défaillant puisque il y a eu là affect, mais en même temps il y a à pouvoir se servir de ceci. Il y a à accepter que de temps à autre puisse se faire connaître cette faille qui est la nôtre, et qu’on y est aussi, non seulement avec ce qui cause notre désir, mais a certains moments avec ce qui a pu nous toucher. Et c’est une façon de faire savoir à l’analysant qu’on n’est pas là comme une lune arrondie, et que nous pouvons faire signe, faire savoir que nous pouvons être touchés. Mais ça ne doit pas pour autant nous empêcher de nous remettre à cette place avec ce « je ne pense pas ».

Donc, le discours analytique s’inscrit, se poursuit avec tout ce qui en fait les aléas, c’est à dire notre propre difficulté à tenir cette place d’analyste, cette place de sujet « supposé savoir », et chemin faisant, avec ces moments de faille que nous pouvons présenter, l’analysant pourra nous dé-supposer le savoir.
Naturellement, il n’y a aucune manipulation à faire, il n’y a nullement à provoquer quoi que ce soit de cet ordre !

Alors, venons-en au savoir !
Venons-en au savoir, et je sais que parfois, certains analystes sont déroutés, je crois que le mot n’est pas trop fort, lorsque au cours de ce qui leur est apporté par l’analysant, quelque chose d’un « je ne sais pas », vient à se faire entendre. Il n’y a pas à être dérouté. Il y a à se dire que là, quelque chose de la structure vient se faire savoir.
Alors, reprenons ce que Lacan nous dit dans « l’objet de la psychanalyse », à propos du savoir.
Il plante deux structures.
Il y a la structure du pervers. Vous savez que le pervers c’est celui qui sait, celui qui sait faire jouir, et Lacan nous dit qu’il est là avec le secret. Lui le pervers sait comment les choses se passent.
A côté, il y a la figure du névrosé. Le névrosé c’est celui qui ne sait pas. Il ne sait pas quand sera la rencontre. Le névrosé essentiellement, c’est celui qui ne sait pas.
Et, lorsque, au cours d’une cure ceci vient se faire savoir, c’est à dire que le patient vous fait entendre ce « je ne sais pas », il n’y a nullement à être dérouté. Il y a à se dire que quelque chose de la structure vient de se dire, là.

Ca nous amène à la question de l’interprétation.
Nos interventions, je l’ai dit tout à l’heure, doivent pouvoir se faire tout en tentant d’y être avec ce « je ne pense pas » c’est à dire que tout ce qui est de la formation de l’inconscient du côté de l’analyste, doit etre éliminé. Il y a à faire, si possible, entendre que ce qui nous fait intervenir, c’est ce qui cause notre désir. Je crois qu’il n’y a pas à s’occuper du pervers, car les pervers viennent rarement en analyse, et lorsqu’ils viennent en analyse, très souvent ils s’en vont puisqu’ils savent déjà. Ils n’ont nullement à rencontrer un sujet « supposé savoir ». La plupart du temps, ils pensent l’être eux-mêmes, ce sujet supposé savoir.
Donc nous avons à intervenir et à intervenir sans que quoi que ce soit de nos signifiants entrent en jeu mais sans que rien de ce qui est au champ du savoir, c’est à dire dans ce grand Autre, celui, auquel on s’adresse, sans qu’aucun des signifiants de ce champ du savoir soit pris dans l’interprétation. Alors, c’est là toute la difficulté avec ce savoir référentiel et ce savoir textuel. Mais je ne vais pas rentrer dans ceci, je le dis tout simplement. C’est là, qu’est toute la difficulté lorsque nous avons à intervenir, puisque nous devons intervenir avec le signifiant qui vient marquer la structure c’est à dire avec ce grand S de grand A barré, qui est là pour faire savoir que « on ne sait pas », on ne peut pas tout savoir.

Donc, c’est avec les signifiants qui ont à faire avec le grand A barré que nous devons nous efforcer d’intervenir pour que quelque chose de la structure puisse se dégager. Et quelque chose de cette structure se dégageant, nous sommes dans le cas de la névrose, l’analyse va pouvoir continuer son chemin jusqu’à ce que le névrosé, lui, avec sa névrose, soit conscient de ce que il ne peut pas tout savoir. Il y a là un signifiant qui ne reviendra jamais. Il ne peut pas tout savoir. Et en même temps, quelque soit ce qu’il a pu penser de son analyse au départ, il faudra bien qu’il sache que de ce savoir qu’il supposait à cet analyste, il n’en n’est rien.

La fin de l’analyse ne peut se faire qu’avec ce moment où le savoir sera « désupposé » à l’analyste, comme dit Lacan. Vous voyez comment cette cure va pouvoir se poursuivre entre soutenir ce qui est de sa consistance, en tant qu’analyste, sujet « supposé savoir » avec cet objet qui est là, et qui le fait consistant, et en même temps tenir ce « je ne pense pas » puisque nous devons éliminer tout ce qui est de la formation de l’inconscient c’est-à-dire de nôtre propre névrose, et intervenir en lui faisant entendre que nous n’y allons pas avec nos signifiants, que c’est ce qui est de notre désir qui nous fait intervenir.
Notre « faux être » ne peut pas toujours être mis en place de la bonne façon, et cet effort de neutralité pour neutraliser nos sentiments ne pourra pas toujours être là. C’est-à-dire qu’il nous arrivera d’être affecté. C’est aussi une chose qui ne peut pas être évitée. Mais encore une fois, j’insiste sur le fait que nous n’avons pas à le provoquer. C’est à dire,qu’il n’y a pas de manipulation. à faire. Si ça doit nous tomber dessus, on peut le neutraliser, ou on ne peut pas. Il y a à n’être pas affecté du tout lorsqu’à tel moment d’une analyse, un patient vient vous faire savoir son « je ne sais pas ».

Alors, reste la question qui se pose de temps à autre de ce qu’il en est de cette jouissance qui forcément nous est supposée, puisque nous y sommes avec cette consistance, du fait que nous recelons du petit a. Le patient, dans le cas de la névrose, pense que nous jouissons de ce qu’il nous apporte, de ce savoir qu’il nous apporte. Il nous le dit parfois très clairement. On n’a pas à s’inquiéter puisqu’on y est avec ce qui est là supposé, et qui nous fait consistant. Et en même temps, ça nous permet de mieux saisir que le savoir aussi doit pouvoir être remis en question, et aussi ce lien que le névrosé fait entre le savoir et la jouissance, et ceci chemin faisant, en acceptant ce qui se présente à nous, c’est à dire ce qui n’est pas de l’ordre du prévisible, du calculable, ce qui peut faire que nous soyons affectés.

Je vais m’arrêter là. Je vais pourtant vous dire un petit mot parce que moi-même ça m’a frappé, et ça m’oblige encore à réfléchir. Le névrosé, pour ce qui est de la sublimation, a beaucoup de mal avec sa relation du savoir et de la jouissance. Lacan dit dans ce résumé, que pour qu’il puisse y avoir sublimation, il faut qu’il y ait séparation du savoir et de la jouissance, et que chez le névrosé c’est difficile. Il dit ceci, toujours d’une façon ramassée, ce qui nous oblige à revenir sur bien des points.
Il serait intéressant que, moi, je revienne à cette sublimation, qui vous le savez, m’a intéressée l’année dernière. Mais enfin, dans ce résumé pour les Hautes Etudes, Lacan dit qu’il est hermétique, mais en même temps c’est ce qui permet à ceux qui le suivent de réfléchir aux choses. C’est peut-être grâce à ça que, ce que Lacan a apporté ne deviendra pas catéchisme.

Voilà ce que je voulais rapidement vous dire, autour de ce sujet « supposé savoir », avec ce qui est là, des questions qui se posent au cours d’une analyse, et, en particulier, d’une analyse de contrôle."