15 septembre 1990
Document de travail
(...) "J’ai consacré cette heure en fait à ce qui se passe dans les empires. Je crois qu’actuellement ce qui se passe dans les empires nous intéresse beaucoup, ces empires dit Lacan, dans ce séminaire du 7 mai 69 (1), celui-là qui nous a toujours particulièrement intéressés : L’empire c’est la conjonction du savoir et du pouvoir. C’est bien (ce qui est difficulté), c’est bien ce qui est là actuellement en jeu, cette conjonction du savoir et du pouvoir, c’est ça l’empire dit Lacan, dans ce séminaire, et il l’amène pour arriver à parler de ce qui, lorsque le discours analytique peut se mettre en place, ce qui va s’opérer qui est le contraire : la disjonction du pouvoir et du savoir. Nous avons commencé à en parler lors de notre dernière rencontre à Vaucresson.
La disjonction du pouvoir et du savoir qui résulte du parcours analytique ne veut pas dire pour autant que ce qui va se construire autour de ce lien social nouveau qui se crée, ça ne veut pas dire pour autant que ça va être l’anarchie, pas du tout.. Ca ne peut pas être l’anarchie, cette disjonction du pouvoir et du savoir, ce n’est pas parce que cette société où il n’y a ni maître ni esclave, que, aucune structure n’est là pour soutenir ce qui se met en place autour de ce lien nouveau, ce lien social nouveau.
Cet après-midi nous allons ensemble essayer de parler de l’institution qui doit répondre à cette structure, cette structure due au discours analytique. L’institution qui peut répondre de cette structure doit effectivement tenir compte de ce qu’est le discours analytique et de ce qui résulte lorsqu’une personne se soumet, si je puis dire, à ce discours analytique. Il résulte, nous l’avons vu, du fait du travail qui se met en place, parce que le sujet est mis au travail, il va résulter cette disjonction, il va résulter une production telle que le S1, ce qui est du côté du pouvoir, le S1 ce qui a aliéné le sujet va être mis là en position de déchet. Mais en même temps il y a aussi quelque chose qui s’opère par rapport au savoir, et ce qui s’opère par rapport au savoir est tel que la vérité peut s’y conjoindre, mais comme nous dit Lacan, pas toute la vérité, elle ne peut pas se dire toute. Mais le savoir là est dans une position tout à fait particulière, position qui fait que son rapport, ou plus exactement le rapport du sujet à ce savoir en sera modifié.
Donc le sujet soumis à ce travail, qu’est-ce qui se passe ? Il se passe ceci, nous dit Lacan, il insiste, il y insiste parce que si la chose au travail peut être menée jusqu’à un point (... inaudible...) de finitude, c’est-à-dire qu’il ne rejette pas ceci à l’infini comme il l’avait fait, comme il le fait pour Achille et la tortue, c’est un point qui peut être effectivement atteint si l’analyse a pu être menée jusqu’à ce point-là, et ceci peut l’être, alors il va s’opérer quelque chose qui mérite qu’on s’y arrête un instant.
Avant d’en parler je voudrais dire ceci d’important et c’est ce qui a fait que la proposition faite par Lacan dès 63, déjà en route en 53, était ceci que : toute personne qui entre dans le discours analytique, toute personne qui met son sujet au travail, toute personne peut atteindre ce point de finitude et il balaie ainsi ce qu’il en est de la division, de la séparation entre une analyse thérapeutique et une analyse didactique.
Donc c’est un point qui peut être atteint par toute personne qui se soumet à l’analyse, mais ce n’est pas parce que ça peut être atteint par toute personne que forcément tous y atteindront. C’est aussi un point sur lequel, qu’il faut souligner, car dans le milieu, si je puis dire, du groupe autour de Lacan, on faisait comme si, puisque ça pouvait être atteint, alors automatiquement c’était atteint. C’est-à-dire qu’il n’y avait plus pour personne cette butée qu’est la castration, cette butée que Freud a notée et qui pour lui, rendait la fin, une analyse, la fin difficile(2). Ca peut être atteint, ça ne veut pas dire que tous atteignent à ce point, à ce point de finitude. Ce point est marqué par quoi ? Est marqué par ceci : Que le sujet au cours de son travail, le sujet va saisir le petit « a » qu’il est et pour définir ce petit « a », plus exactement le rapport du sujet au petit « a », je me suis reportée à ce que Lacan dit dans le séminaire du 14 mai 69, toujours d’un Autre à l’autre, celui qui suit le 7 mai et Lacan dit que le « a » c’est le sujet, le sujet représenté par S1. Donc au cours de ce travail, le sujet en analyse va se saisir comme petit « a », comme petit « a » mais il aura tendance à vouloir que le S1 le représente, le S1 le représente ça veut dire quoi ? Ca veut dire qu’il va pouvoir ne pas s’arrêter à ce qu’est le sujet, une place vide, un ensemble vide où aucun signifiant ne vient s’inscrire.
Donc pendant les différents tours que représente le travail analytique, il y aura là quelque chose que l’on peut dire résistance, mais résistance due au travail lui-même analytique, qui fait que le sujet s’efforce, s’efforce de ne pas saisir, de ne pas s’arrêter à ce qu’il est, c’est-à-dire une place vide, une place vide où rien d’un signifiant ne vient s’inscrire et toutes les fois qu’il pourra appréhender le petit « a » il aura tendance à vouloir y remettre là, ce signifiant qui le représente.
C’est un point tout à fait à retenir, essentiel dans cette démarche qu’est le travail analytique, que : le sujet, le sujet dans son travail aura à être confronté avec ce qui est sa nudité, il y a une place vide pour le sujet, une place vide pour le sujet, et ce sujet n’est rien d’autre pour ce qui est de son être qu’une partie de quelque chose qui n’est pas de lui, quelque chose qui est hors de lui, c’est-à-dire l’objet petit « a », que ce soit regard, ouïe, sein ou excrément.
Donc, le travail analytique c’est ceci, c’est ceci et avec ce qui va en résulter, ce qui va en résulter par rapport à tout ce qui est l’identification, c’est-à-dire que tout ce qui était support identificatoire pour la personne, support, identification du sujet qu’il est, tout ceci va être ébranlé puisqu’il lui faudra s’arrêter à ceci, que ce qui supporte sa première identification, cette incorporation de lui à S1, S1 vous savez que c’est une partie du corps du grand Autre, ce sont ces signifiants qui font le corps du grand Autre, ces signifiants qu’il incorpore au moment où il devient sujet de l’inconscient, lui, au cours de son travail il aura à ébranler ce qui était son aliénation à ce S1, ce qui était là son support identificatoire. Avec cet ébranlement de ce support identificatoire, il y aura aussi une répercussion sur ce qui a permis que se mette en place le discours inconscient, c’est-à-dire sur cette conjonction du savoir au pouvoir, ce savoir, ce S2, il y aura là, ébranlement et cet ébranlement va faire que la deuxième identification, ce qui lors de cette conjonction du savoir au pouvoir, de ce S2 au S1, pour que le discours de l’inconscient, se met en place, qui a permis qu’il y ait une partie qui soit prélevée, et cette partie nous dit Lacan, c’est cet insigne, c’est cette identification, ce trait unaire, là aussi parce qu’il y a eu cet ébranlement concernant l’identification autour du S1, il y aura aussi cet ébranlement concernant cette identification, cet insigne qui vient refendre le sujet.
Atteindre le point de finitude, c’est arriver à ce point où on voit que le sujet est une place vide, qu’il y a véritablement un manque à son niveau, et que pour ce qui est de son être, c’est une partie, une partie hors du corps du sujet, hors de lui, qui est son être, et ceci ne peut se faire, nous dit Lacan, que parce que le fantasme a été traversé, j’allais dire transpercé, a été traversé et ça l’est parce que sujet et petit « a »vont être disjoints. C’est ça le point de finitude. C’est arriver à ce point là. Et on comprend qu’arriver à ce point-là, arriver à ceci, à saisir que le sujet c’est une place vide, que l’être du sujet c’est ce déchet, cette partie hors de lui, on peut comprendre alors que le rapport de ce sujet sera autre, ce rapport à cet objet petit « a » sera autre, puisque ce sera à partir de la saisie de sa réalité, du vide qu’il est, qu’il aura une relation avec le petit « a » c’est-à-dire que la pulsion sera forcément vécue différemment.
La pulsion qui s’est mise en place, c’est un point auquel nous ne nous sommes pas tellement arrêtés, mais que l’on trouve dans le séminaire Les Quatre concepts, et que Lacan, en une phrase redit dans le dernier séminaire Les Quatre concepts. La pulsion qui s’est mise en place lors de l’aliénation et de la séparation, cette pulsion lorsque le sujet se saisit de son vide, son rapport à l’objet de la pulsion sera forcément autre.
Quel sera ce rapport ? C’est la question que Lacan pose, que devient la pulsion une fois le fantasme traversé ? Une fois le fantasme traversé que devient la pulsion ? Elle ne peut pas être ce qu’elle était auparavant puisque le sujet se saisit dans son vide. C’est à dire qu’on peut mieux comprendre à ce moment-là que, du sujet de la pulsion il ne peut pas y en avoir puisque le sujet, il n’y a aucun signifiant qui s’y met, qu’on ne peut plus avoir l’illusion que quelque signifiant, celui qui nous représente, pourrait venir s’y placer, on ne peut plus avoir cette illusion, donc le rapport que le sujet, à partir de ce temps de finitude, aura avec l’objet de la pulsion ne sera plus le même.
Alors comment ceci peut-il se faire ? c’est-à-dire comment ce travail peut s’opérer (...inaudible...) ? Il y a une relation entre celui que l’on dit être l’analyste, que l’on vient voir, parce que sujet supposé savoir, mais sur ce point je ne vais pas tellement m’arrêter ce soir, ce sur quoi je voudrais parler concernant cette relation et ce qu’est l’analyste, c’est le fait qu’il doit y être et ne peut y être qu’en tant que petit « a », qu’en tant que support de petit « a. » Ceci a une importance pour ce qui est des identifications, le petit « a », tout d’abord Lacan nous dit qu’il n’a pas d’image spéculaire. Donc, l’analyste à cette place, et à cette place en tant que petit « a », en tant que support de petit « a » ne doit pas avoir d’image pour son analysant. C’est-à-dire qu’aucune ressemblance ne doit advenir à la fin du parcours analytique puisque l’analyste, lui, doit s’efforcer d’y être en tant que ce qui n’a pas d’image spéculaire, d’une part. D’autre part, y étant en tant que support du petit « a », veut dire que là, il n’y a aucun signifiant, même si le petit « a » peut avoir une fonction signifiante, en tant que support de « a » il n’y a aucun signifiant à la place de l’analyste.
Ceci se traduit comment ? se traduit par ceci que l’analyste qui va être mis en place de grand Autre par son analysant, au début du travail analytique, cet analyste qui est mis en place de grand Autre, puisqu’il permet que du travail analytique puisse se faire, fera en sorte que son analysant puisse saisir que, là, lui n’y est pas en tant que (grand Autre). Ce qui veut dire que les tentatives qu’il y aura de la part de l’analysant pour pouvoir prélever un quelconque trait de son analyste pour venir renforcer ou se mettre à la place de ce qui se défait comme identification, comme support identificatoire, mais ce n’est pas sur son analyste qu’il devra, qu’il pourra trouver possibilité de prélever quelque trait qui viendrait là suppléer à ce qui est en train de se défaire, c’est-à-dire qu’aucun trait idéal, aucun trait qui serait de l’ordre de l’Idéal du moi ne peut être prélevé, ne doit être prélevé sur l’analyste, car l’analyste doit être à sa place, à sa position, dans sa fonction d’analyste, en tant que l’objet petit « a », objet qui n’a pas d’image spéculaire, objet qui n’est pas signifiant et qui ne peut pas de ce fait permettre qu’un trait identificatoire, que un trait puisse être prélevé sur lui.
Ceci est important, il faut que l’analyste, non seulement en soit persuadé, il ne peut pas s’agir seulement d’en être persuadé. Il faut, nous dit Lacan, dans ce séminaire du 24 juin 64, le séminaire qui en fait était celui tout à fait contemporain de l’acte de fondation de l’Ecole Freudienne de Paris, il faut, dit Lacan, que l’analyste ait fait tant et tant de tours au cours de son analyse pour que justement, cette modification subjective soit sienne, c’est-à-dire qu’il puisse en posant son acte, poser cet acte en sachant que le sujet, le sujet qu’il est, c’est une place vide, où aucun signifiant ne peut venir s’inscrire, que le sujet qu’il est, l’être de ce sujet c’est un objet de déchet. Il faut que dans son parcours analytique, lui l’analyste, avant de fonctionner, ait fait suffisamment de tours, de tours analytiques pour pouvoir incarner, être support de cet objet petit « a ». C’était là un point important. C’est important parce que quand l’analyse va se mettre en place, qu’est-ce qui se passe ? On a ceci et les choses ne peuvent pas être autrement, que lui l’analysant va s’efforcer de se présenter sous un jour aimable pour son analyste, va s’efforcer donc pour pouvoir se présenter sous ce jour aimable, de mettre son analyste à cette place d’Idéal du moi, de faire de son analyste l’équivalent d’un grand Autre. Et ceci est une nécessité, les choses ne peuvent pas se faire autrement au début du travail analytique, il faut le savoir, car il y a une identification qui doit être préservée, en tout cas on ne peut y toucher qu’en faisant, qu’avec beaucoup de précaution, c’est ce qui est de l’identification narcissique du sujet.
Donc dans ce début du travail analytique, ce qui est du moi idéal du sujet doit être pris en considération. Savoir que le sujet ne peut que vous mettre dans cette position d’idéal, où l’Idéal du moi pourra être figuré pour lui, mais dans le même temps il faut savoir qu’on n’a pas à y rester et que tout le travail analytique va consister à faire en sorte que celui-là qui fait ce travail avec l’analyste, celui-là toutes les fois qu’il aura tendance, qu’il voudra mettre à la place du vide du sujet qu’il est, mettre à la place un quelconque trait de son analyste, ceci ne puisse pas se produire.
Donc le problème de l’identification, sa place au cours du parcours du processus analytique, est tout à fait capitale mais en même temps, nous savons que si l’analyse de ce sujet peut aller jusqu’à ce point de finitude, ça ne peut l’être que parce que l’analyste s’efforce de ne permettre en rien une quelconque identification à lui l’analyste.
Alors ceci nous permet de voir, de comprendre que la fin de l’analyse, ce que certains analystes et des plus renommés, si je puis dire comme Balint et d’autres, que la fin de l’analyse ne peut pas être une quelconque identification à l’analyste, et c’est intéressant de savoir que dès 1955, dans ce qui a été la première encyclopédie pour je ne sais quoi où Lacan a apporté une contribution en même temps que Bouvet apportait une contribution de la cure type, Lacan dans les variantes de la cure type, immédiatement s’élève contre ceci : que la fin de l’analyse est une quelconque identification à l’analyste.
La fin de l’analyse ne peut être que la prise en considération par le sujet en analyse de ce qu’est le sujet de l’inconscient : une place vide, de ce qu’est l’être de ce sujet, un objet déchet, nullement une identification à l’analyste.
Alors reste ce qui se joue au début d’une analyse et que nous, nous appelions l’effet nœud papillon. Est-ce que c’est de l’ordre d’une identification ? Je m’explique tout de suite. Pendant toute une période Lacan portait un nœud papillon, et très vite on savait qui était en analyse chez Lacan, car au bout de deux mois on voyait ces personnes venir dans les réunions avec un nœud papillon, et sans le faire exprès, il y avait dans nos groupes toute une série de nœuds papillon et on savait immédiatement que ces personnes étaient bien chez Lacan. Alors Lacan en a dit quelque chose quelque part, je n’ai pas pu le retrouver, je n’ai pas pu rassembler comme je l’aurais voulu mes notes pour ce soir. Donc il se passe bien quelque chose dans ce tout début de la mise en place de l’analyse, dans la relation du sujet en analyse avec son analyste, là le nœud papillon était tout à fait remarquable et remarqué, mais il y avait d’autres points et entre nous on s’efforçait de savoir sur quel divan était tel ou tel, selon ce qui au bout de quelques mois se passait comme transformations dans l’extérieur de la personne. Passons, on y reviendra à cet (...) effet nœud papillon une autre fois, je pense retrouver ce que Lacan en a dit quelque part. Si j’en parle quand même ce soir, c’est que ce processus, ce qui se joue au cours d’une analyse, et au début d’une analyse, est à bien connaître et à prendre en considération car il faut forcément en tenir compte, car il y a quelque chose qui est à ménager, c’est bien ce qui est l’identification narcissique. Mais le ménager, ne veut pas dire que l’on ne doit pas permettre au sujet en analyse de faire le travail qui va aboutir à cette chute des identifications qui permet que le petit « a » puisse être saisi.
Alors dans ce que je viens de dire rapidement, il y a quand même un certain nombre de points sur lesquels je veux revenir, ou tout au moins certaines conclusions. Si l’analyste doit, celui qui va être analyste, si l’analyste doit faire un certain nombre de tours de spire au cours de son parcours analytique pour pouvoir atteindre à ce point de finitude qui lui permettra, lui analyste, de pouvoir être support d’objet « a », ça veut dire quoi dans la pratique ? Ca veut dire dans la pratique, qu’il ne peut pas y avoir de standard concernant ce qu’on appelle la formation d’analystes, on ne peut pas dire : vous entrez en analyse et dans quatre ans et demi, hein ! Dans quatre ans et demi n’est-ce pas, vous serez à même de pouvoir commencer des analyses sous contrôle. Ca veut dire quoi ? et si dans quatre ans et demi vous n’êtes pas à même de le faire, de commencer ces analyses sous contrôle, ça veut dire qu’il faut que vous alliez voir ailleurs. L’analyse n’est pas pour vous. C’était quand même ça, ce qui était dit, ce qui se dit encore dans des sociétés d’analystes. C’est que la cure était standardisée, d’une part ; d’autre part, je crois que sur ce point on est moins rigide qu’on a pu l’être il y a quelques années, puisqu’il y avait ce qu’on appelait l’analyse thérapeutique, qui ne pouvait pas être suivie d’une analyse didactique, c’est dire qu’il fallait se présenter, pour pouvoir faire une analyse didactique, comme n’ayant pas de symptôme. On se demande alors ce qu’il y avait à analyser. Or, l’analyse, et en cela Lacan est dans la droite ligne de ce que Freud a préconisé, l’analyse on ne sait pas jusqu’où une personne peut la mener. Il peut y avoir la butée de la castration c’est vrai, mais il peut aussi y avoir cet au-delà de la castration, c’est-à-dire qu’il peut y avoir ce qui permet justement que le fantasme soit traversé. Avec cette traversée le sujet peut se saisir de ce qui masque sa castration, c’est-à-dire que cet objet de son être qui vient dans une relation particulière au sujet, faire les masques du fantasme, ceci peut être levé et ce qui masque la castration, ce qui masque ce réel qui a à voir avec le non-rapport sexuel, ce qui est du côté du non-sens peut être dépassé.
Donc, la castration peut n’être pas une butée, la castration on peut aller au-delà d’elle, donc là il n’est pas possible dès le départ de savoir si tel qui commence une analyse sera ou ne sera pas analyste c’est-à-dire que ce n’est pas une quelconque commission de l’enseignement qui pourra au départ faire un choix, un tri, une sélection qui permette à tel de faire une analyse dite didactique et de dire aux autres, pour vous une analyse thérapeutique et pas plus.
Donc le standard n’est pas possible, le tri ne peut pas se faire au départ. Si c’est bien de l’ordre du « pas tout », ça ne peut se décider que lorsque l’analyse atteint un point tel qu’on se dit qu’il y a eu passage ou pas, passage c’est-à-dire être jusqu’à ce point de finitude où le vide du sujet est saisi par celui-là qui est en analyse.
Alors c’est bien parce que les choses peuvent se passer ainsi que Lacan a pensé que ce qui peut répondre à la structure qu’est le discours analytique, cette structure qui certes permet cette disjonction du pouvoir et du savoir, mais qui dans le même temps, lorsque le travail analytique a pu être mené jusqu’à ce point, permet la saisie de la castration, permet que ce qui masque cette castration soit levé. C’est pourquoi Lacan a pensé que ce qui pouvait répondre à cette structure du discours analytique c’est un regroupement qui admet en son sein tel qui a déjà fait savoir quelle est sa pratique analytique, mais aussi tel qui est en passe de fonctionner comme analyste, tel chez qui on pourra dire : il y a de l’analyste, mais qui sait si dans quelque temps il y aura toujours de l’analyste ? Nous ne le savons pas. Pour le moment nous pouvons l’admettre au sein de ce groupe qu’il a appelé Ecole parce que la structure du discours analytique le permet.
Alors nous en arrivons à ce que Lacan a appelé la passe. Tout ça c’est un survol. Il n’était pas question pour moi ce soir de prendre le parcours analytique dans le détail mais je pense que dans les échanges qui vont suivre, tel point pourra être précisé, tel autre apporté par l’un d’entre vous, mais ce que je veux dire et qui m’amène maintenant à parler de la passe, de ce temps où le sujet se saisit de son vide, où le sujet a pu faire, a pu connaître les limites de ce qui lui permet d’avoir, de saisir le sens et de savoir les limites de sa jouissance, lorsque le sujet a pu atteindre ce point là, alors il peut être en passe de fonctionner comme analyste.
Alors, Lacan sépare ceci en deux. Il y a ceux qui peuvent être passeurs, nous dit-il, et lorsqu’il a apporté cette notion, il était allé jusqu’à dire qu’après tout, même des personnes qui n’avaient nullement l’intention de se dire analystes et qui même arrivées à ce point de leur analyse ne pensent toujours pas devenir analystes, pourraient être passeurs. Pourquoi ? parce que ces personnes avaient atteint ce point de finitude où le vide, la place vide du sujet leur était apparue, où l’être de ce sujet leur était connu, et, disait-il, passeur pouvait y avoir, car le passeur c’est celui qui est arrivé jusqu’à ce point où il connaît le vide du sujet, l’objet petit « a » et il peut s’arrêter là, mais avec ceci c’est que, parce que ce vide du sujet qu’il est, il peut le supporter, le porter, il lui est possible d’entendre et de saisir le sens de ce qui lui sera dit. C’est-à-dire que le passeur peut être celui qui a atteint ce point de finitude et qui peut ne pas poser cet acte de devenir analyste parce que c’est un deuxième temps de poser cet acte de devenir analyste, c’est-à-dire de devenir support d’objet petit « a » pour à son tour permettre que de l’analyse puisse se faire avec lui. Il y a le fait d’atteindre le point de finitude.
Qu’est-ce qui sera du passeur ? Le passeur pourra être quelqu’un qui posera son acte pour être analyste, mais les deux ne vont pas forcément de pair et ne se font pas simultanément, et je pense que la modification que Lacan a apportée en 73 à La Grande Motte (3), puisque c’est à la Grande Motte qu’il nous a fait savoir publiquement que l’analyste n’avait plus à prévenir son passeur qu’il le proposait comme passeur c’est vraisemblablement dû à cela...(...)Le fait de faire savoir à quelqu’un qu’il peut être passeur peut être une suggestion (...) une personne sera tirée, elle peut n’être jamais tirée, nous disait Lacan. Lorsqu’elle sera tirée, l’analyste pourra à ce moment-là, donc au cours du travail analytique, faire en sorte que ça ne nuise pas à son analysant. Donc ce qui est du passeur, c’est ce qui a pu permettre que ce vide du sujet, avec la possibilité que du sens puisse être entendu parce que justement ce vide est accepté comme tel, c’est-à-dire qu’aucun signifiant ne peut y venir, le passeur c’est celui-là, et le passant c’est celui qui forcément a atteint ce point de finitude, mais qui en plus fait savoir qu’il sera support d’objet petit « a » pour qui viendra en analyse.
Alors ceci nous permet de reprendre ce qu’il en est du désêtre et de la destitution subjective. Il y a dans cette marche de l’analyse, la saisie de cette place vide, de ce qui fait que la personne en analyse doit, est là confrontée avec le vide du sujet qu’il est, avec le fait qu’il y a là véritablement un manque à être, ça participe du désêtre. Lacan en dit rapidement quelque chose dans le Séminaire 2/3. La conclusion qui a été la sienne lors des journées sur l’enseignement, il en a fait un écrit qu’on trouve dans le Scilicet 2/3, et aussi ce qu’il a dit oralement se trouve dans un des numéros des lettres de l’EFP (5) je crois que c’est le n° 8. Je vais le retrouver. Donc il y a là, dans ce moment où on atteint ce que Lacan a appelé ce temps de finitude, quelque chose d’un désêtre, plus exactement d’une prise en compte du manque à être qu’est le sujet, en ce qui concerne le sujet en analyse.
Et puis il y aura cette destitution subjective, cette destitution subjective qui fait que celui-là qui jusque là était analysant, décide de poser un acte, un acte qui fait, qu’il est, fait savoir qu’il fonctionne comme analyste et qu’il est support de petit « a ». C’est-à-dire que ce qui est du désêtre touche aussi celui qui atteint le point de finitude, touchera celui qui va être support de l’objet « a », et aussi touchera, nous dit Lacan l’analyste puisque l’analysant, à la fin de son analyse, sera bien obligé de saisir que son analyste y est en tant que, lui aussi, pas en tant qu’avec son, le sujet qu’il est, il y est avec l’être du sujet, c’est-à-dire avec l’objet « a ».
Donc ce qui est du désêtre de son analyste, il est à même de l’apprécier, c’est autour de ceci que tourne ce que Lacan nous dit du désêtre et de la destitution subjective.
Bien, voici ce que je voulais brosser pour commencer nos échanges et qui m’a semblé faire suite à ce qui a commencé à se dire à Vaucresson. (...)
Questions
Intervenant :
Je voulais savoir... sur la butée de la castration.
Solange Faladé :
C’est-à-dire que ce que Freud disait, que l’analyse ne peut pas être menée, dans presque tous les cas plus loin que ce que, lui, avait pu atteindre dans la plupart des cas à cause de la castration. La castration nous disait Freud, c’est ce qui fait que, plus exactement cette butée, le sujet ne peut renoncer à l’amour du père, que ce soit du côté du garçon ou du côté de la fille, puisque là, ce qui est en cause et pour l’un et pour l’autre, c’est le manque qu’il a à supporter parce que garçon ou fille. C’est-à-dire que cette castration, si on pouvait effectivement l’admettre, ce serait pour un garçon renoncer à être dans cette position passive par rapport à l’amour du père, or l’amour du père est une chose à laquelle il est difficile de renoncer, la fille parce qu’elle attend du père cet objet qui lui manque, qu’elle a espéré avoir sous forme d’enfant de lui, l’équivalent du phallus, et le garçon parce que cet amour du père, il a dû y renoncer pour ne pas perdre son sexe, mais en fait il n’y renonce pas totalement, si je puis dire, il y a quelque chose, toujours d’une position passive à l’endroit du père chez le garçon. Je ne sais pas si le dire comme ça vous éclaire ? Alors donc il y a cette butée et ceci : le fait d’avoir toujours le fantasme fondamental qui vient là faire écran, permet de ne rien savoir de ce qui est la castration demandée au sujet, puisque, pour le garçon comme pour la fille, nous en avons parlé cette année qui vient de s’écouler, c’est le « je suis battu par le père » c’est cette phrase qui a à voir avec la castration et qui ne peut pas se dire, parce que, si elle pouvait se dire, ce serait alors reconnaître que, ce qu’il en est de sa castration, or le fantasme vient masquer ceci. Et c’est bien parce que le fantasme vient masquer cela que Lacan insiste sur le fait qu’il faut que ce fantasme soit traversé, il faut qu’il y ait cette disjonction entre ce sujet et cet objet petit « a » qui met en place le fantasme et qui masque le réel, le réel du sujet qui a à voir avec sa castration.
Intervenant :
(...) Freud dit qu’il avait conclu qu’on ne pouvait pas dépasser une certaine butée.
Solange Faladé :
Moi de je ne dirais pas comme cela. Je dirais qu’il en est arrivé à dire que la castration est une butée. Il ne dit pas que cette butée ne peut pas être levée, ne peut jamais être levée. (...)
Intervenant :
(...) Qu’est-ce qui chez Lacan l’a amené à faire la disjonction du sujet et du petit a par la traversée du fantasme ?
Solange Faladé :
Je pense déjà que ce qu’il a trouvé chez Freud, et en particulier dans l’analyse qu’il a fait à différentes reprises de ce texte analyse finie et analyse infinie de Freud d’une part, et d’autre part sa propre expérience avec ses patients, puisqu’il nous dit dans ce fameux séminaire du 24 juin 64 : « ceux qui avec moi ont pu aller jusqu’à ce point », donc il en a eu l’expérience. (...) Avec l’analyse finie et analyse infinie faut bien dire que l’homme aux loups est toujours présent et que la question de la durée de l’analyse avec sa décision impérative de sa part : on s’arrête à telle date, Freud a dû y repenser, vu les avatars arrivés à l’homme aux loups. D’autre part il n’y a pas que l’homme aux loups, il y a ce fameux Monsieur E. qu’il a eu en analyse pendant plus de dix ans, et que c’est lui Freud qui a dit à ce Monsieur E., il en parle dans les lettres, il y fait allusion, « Monsieur E., bon, c’est très bien, on va s’arrêter ». Toutes ces choses ont dû aussi travailler Freud. (...) Freud ne dit pas : « à cause de la castration on ne peut pas aller plus loin. » Il dit que ça peut être une butée. Ce qui n’est pas la même chose.
Intervenant :
(...) L’analyse des psychotiques ?
Solange Faladé :
Alors, l’analyse des psychotiques je dois dire que je n’enai pas parlé, car toute la question et elle reste : est-ce que une analyse de psychotique peut permettre que la question de la castration puisse être posée, peut permettre qu’on en arrive à ce point de finitude puisqu’on est obligé malgré tout de se poser la question de ce qu’est le sujet psychotique, et qui est le sujet psychotique. Alors je dois dire que je ne veux pas m’aventurer comme cela. Je sais que dans les sociétés, les derniers temps de la Société Française de Psychanalyse la question se posait de savoir si un psychotique pouvait être analyste. La question était posée. Mais des discussions il y en a eu très peu, et de réponses, moi je n’en ai jamais connues. (...) Pour le moment je préfère ne pas m’aventurer. (...)
Intervenant :
Je déplacerai un peu la question : qu’est-ce qu’il en serait du pervers ?
Solange Faladé :
Eh bien, c’est aussi un des points qui a été posés, et que la question est de savoir si effectivement il peut être à cette place, puisque la question de la castration est toujours là. Et le tout c’est de savoir à quel pervers on a affaire. La question a été posée et ça n’a pas reçu de réponse telle qu’on dise ou oui ou non. Mais je pense que si les tours de spire d’analyse ont été faits, et que la question de la castration il faut qu’elle ait été posée à un moment.
Intervenant :
Lacan dit que le pervers...
Solange Faladé :
Il dit : « l’homosexuel », il le dit dans un de ses premiers séminaires, ça doit être le désir, ou les formations de l’inconscient. C’est l’homosexuel, on ne peut pas parler du pervers. Il parle de l’homosexuel. (...) Je crois qu’il y a à savoir à quel pervers on a affaire. Je pense que dans certains cas on ne peut que dire non. Il y a surtout le problème avec les adolescents, par exemple. Je crois que là on est obligé de sérier.
Intervenant :
(...) Que le non-sens du rapport sexuel peut être dépassé ?
Solange Faladé :
Non je n’ai pas dit que le non-sens peut être dépassé. J’ai dit qu’on peut être là, aux prises avec ce non-sens du non-rapport sexuel. C’est-à-dire que le fantasme traversé, et donc ce qui masque le réel et ce qui masque la castration étant levé, alors, ce non-sens, ce qui a avoir avec le — il y a pas de rapport sexuel — peut être saisi, mais j’ai pas dit que ça pouvait être dépassé.
Jean Triol :
Pour ce qui est du moteur de l’analyse (...) ?
Solange Faladé :
Il y a quand même la question du désir qui est là et la question du rapport au savoir.(...) Il y a quand même avec ce travail analytique, ce rapport au savoir avec ce qui va tomber de cette horreur concernant le savoir, de ce qui fait qu’on vient interroger le maître. J’avais commencé avec le discours de l’hystérique, et je l’ai laissé. On vient interroger le maître pour en tirer du savoir certes, mais ce savoir c’est pour ne pas en tenir compte, si je puis dire, tout au moins le mettre en position de déchet. Il y a quelque chose qui va avec une inhibition se lever, une inhibition qui fait que ce qui touche le savoir, et cette horreur liée au savoir va aussi tomber. Le savoir se met en position de vérité, mais il y a quelque chose qui choit et qui est lié à cette horreur de savoir. Donc la relation qui se met en place est d’un autre ordre par rapport au savoir et c’est quand même un moteur, peut-être pas le seul mais ce en est un.
(...)
Régis Adam :
(La question du secret. La règle fondamentale.)
Bernard Mary :
(Sur le secret avec la psychose et la névrose. Rapport du sujet au désir et à la jouissance.)
Régis Adam :
(Sur le secret et la finitude.)
Solange Faladé :
Nous reprenons. Nous nous sommes arrêtés à ce qui de la structure du discours analytique nous conduit à mettre en place, pour une institution, puisque ce point, ce terme qui peut être atteint, peut l’être par tous et donc l’institution peut être ouverte à tous ceux, à qui se soumet à ce travail, à cette cure analytique jusqu’à ce point avec cette transformation, on est bien obligé de parler de cela, cette transformation du fait de la saisie du sujet qu’il est, par la personne, l’individu qui s’est soumis à l’analyse, ce qui fait que ce lien social nouveau dont parle Lacan peut être mis en place dans une institution et non pas autour d’un idéal, d’un point idéal autour duquel on ferait masse, c’est-à-dire que là on se sépare de cette psychologie des masses, de ce trait qui lie les gens autour du point idéal, mais de ce que chacun ayant pu vivre jusqu’au bout cette analyse, aura dans sa relation avec ce qu’il en est de sa jouissance et de ce qui peut faire sens pour lui dans une tout autre visée.
Et alors pour ce qui est de la passe, je dis un mot encore. Mais ce mot uniquement pour vous dire que ce que la passe vise, c’est que, celui-là qui a atteint ce point de finitude, qu’est-ce qui fait qu’il reste encore dans l’analyse ? C’est ce que la passe vise et c’est de cela que le passant a à parler, c’est-à-dire quel est ce désir, ce désir d’être analyste, qui sera, qui deviendra désir d’analyste, qui le fait rester dans l’analyse. C’est-à-dire qu’il n’a nullement à refaire ce qui a été son parcours analytique (...) que sa façon d’aborder et ses pensées et ses rêves et tout ce qui vient en analyse est aussi touché parce que lui-même vient de vivre cette modification. Donc ce n’est pas ce qui était au début de son analyse, c’est pas de cela qu’il parlera parce qu’il y a eu transformation. La passe ne vise pas du tout qu’on fasse un résumé quelconque de ce qu’a été son analyse. La passe vise ce point qui est de parler de cette fin et de ce désir qui vous fait rester dans l’analyse. Et la passe a été mise en place et proposée par Lacan, car il a pensé que quelque chose d’un enseignement peut se faire, un enseignement qui peut se faire à partir de ce que le passant aura a apporter (va dire) sur ce qui est ce désir, ce qui est son nouveau rapport au sujet qu’il est, et à cet objet qui est son être. C’est de cela, et ce que Lacan espère c’est que le passeur, parce qu’il est arrivé à ce point où lui aussi a une relation autre au sujet, c’est-à-dire qu’il a pris en compte le vide du sujet qu’il est, est capable d’entendre, d’apporter du sens à ce que dit le passant, et ainsi pouvoir enseigner le public en l’occurrence le jury, et ensuite le jury répercutera. C’est-à-dire que la question de l’enseignement, Lacan prend cette question de l’enseignement différemment, à partir de ceci, que si ce point de finitude a pu être atteint, alors celui-là qui se soumet à la passe, qui fait une passe effective, puisque les autres ne sont pas obligés de faire une passe effective, ça peut être comme il dit dans Télévision une passe fictive, si celui-là qui se soumet à cette passe effective en est véritablement arrivé à ce point, alors il peut faire entendre au passeur, passeur qui, parce qu’ayant connu ce désêtre, plus exactement ayant pris en compte ce qui est le manque à être du sujet qu’il est, est capable de mettre du sens, c’est-à-dire qu’il n’y mettra pas n’importe quel signifiant, est capable de mettre du sens à ce qui lui est dit par le passant, et ensuite enseigner le jury. C’est-à-dire que le passant enseigne le passeur qui en est à un point ou d’écoute, ou fraîcheur d’écoute qu’il peut répercuter au jury, et le jury répercuter au public.
Donc c’est déjà un point d’enseignement, et cet enseignement Lacan y tient, a pensé que si quelque chose d’un renouveau pouvait être dans le groupe analytique, c’est par-là que ça doit passer. Donc c’est quand même à prendre en compte par nous, puisque nous nous réclamons de cette avancée que Lacan a apporté à la théorie psychanalytique, à la compréhension de la psychanalyse.
Le deuxième point c’est que si ce regroupement, ce lien social nouveau permet qu’il y ait ce regroupement, ça veut dire que parmi les personnes qui en font partie, il y aura tel qui a pu faire l’expérience de ce que c’est que le sujet de l’inconscient et de son vide, de cette place qui est un vide et rien ne peut (venir), mais aussi qui a pu faire cette expérience de n’être plus arrêté par l’horreur du savoir que porte avec lui l’inconscient. Donc il y a un désir nouveau qui se met en place par rapport au savoir, désir qui aura a être apuré et Lacan déjà dans le séminaire sur Le Transfert avait fait un jeu de mots à propos d’asexué apuré, enfin c’est un désir qui aura a être apuré. Ca fait que quand la relation au savoir est telle que quelque chose peut se mettre en place, et ce quelque chose peut être le cartel, c’est-à-dire que le cartel pourra se faire avec les sujets qui ont fait cette expérience de ce manque à être du sujet, avec d’autres peut-être qui n’ont pas fait l’expérience encore ou qui peut-être ne la feront pas mais qui ont un certain intérêt pour la psychanalyse. Le rapport, la relation sera telle que, de l’enseignement aussi pourra se mettre en place à partir de ces cartels et c’est pourquoi il est important que maintenant dans notre groupe, la question des cartels puisse se poser, et puisse se poser à partir de ce point. C’était un des points que nous devions envisager ce soir, peut-être que la discussion pourra porter là-dessus maintenant, ou tout autre point concernant ce qui doit être débattu ce soir, mais enfin, je l’avance quand même parce que c’est important. Ce n’est pas des petits groupes pour des petits groupes, ce n’est pas du tout cela. C’est des personnes qui, parce qu’ayant une autre relation au sujet qui est le leur et à l’objet qui est l’être de ce sujet, ont un autre rapport au savoir, et à partir de là, du travail peut se faire qui peut aussi être enseignement pour le groupe. Donc la question des cartels, nous avons à l’envisager.
Il y a un autre point, j’en dis un mot rapidement. C’est la question du contrôle. Si effectivement le point de finitude a été atteint, si effectivement la castration a été vécue et donc acceptée, si s’est mis en place quelque chose que l’on peut dire être ce désir de l’analyste, alors celui-là même qui s’autorise et qui fonctionne comme analyste ne peut le faire qu’en mettant en place aussi ce qui est du contrôle puisqu’il prend la responsabilité de prendre en charge d’autres personnes en analyse. Les deux vont de pair, les deux vont de pair c’est pourquoi Lacan dit que ce n’est pas l’institution qui a à obliger quelqu’un à faire un contrôle, c’est de lui-même parce qu’il s’autorise, qu’il va faire un contrôle comme on dit. Enfin la question des contrôles je ne vais pas en dire plus mais peut-être que des cartels nous pouvons en parler, mais en parler en partant de ce point, de cette acquisition, de ce nouveau qui doit être le fait d’un certain nombre de membres de l’institution.
Marie-Lise Lauth :
(question sur le désêtre qui est du coté de l’analysant)
(...) le désêtre (...)
Solange Faladé :
Lui, l’analysant va pouvoir prendre la mesure de ce qu’est le désêtre de son analyste puisque l’analyste au départ est mis en position de grand Autre, au départ...
Marie-Lise Lauth :
Lacan dit quelque part qu’il a reçu un coup de désêtre.
Solange Faladé :
C’est à dire que lui l’analysant aussi, dit Lacan, et il le dit dans ce rapport qu’il a fait au congrès sur l’enseignement en 69 je crois, enfin c’est dans Scilicet 2/3, il dit que pour le passant aussi, enfin celui qui est dans ce temps de finitude, il y a du désêtre, il y a du désêtre en ceci qu’il va saisir que le sujet c’est une place vide, il y a un manque à être pour ce qui est du sujet. C’est-à-dire que jusque-là le sujet, il y avait toujours quelque chose qui faisait que c’était le signifiant qui représentait le sujet pour, c’était avec ce signifiant-là que la personne compte, et à partir de ce moment où ce signifiant, ce S1 vient lui aussi à déchoir, à être à la place de la production, forcément on sera de plus en plus confronté à ceci que c’est une place vide, que le signifiant qui représente le sujet on pourra pas essayer de l’y mettre, donc il va y avoir aussi un désêtre parce qu’on prend la mesure de ceci que le sujet, c’est une place vide. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Dans ce qui a permis au sujet de se mettre en place, il y a tous les S1 pris dans le corps du grand Autre, ces S1 représentent le sujet auprès de l’autre (...). Il y a ce qui vient combler la fente du sujet, c’est-à-dire cet insigne dont il se revêt qui est le trait prélevé sur l’Autre, bon, et la relation particulière qui est la relation du sujet avec le petit « a », qui fait le fantasme. Le travail analytique va faire que ce signifiant qui représente le sujet, ce signifiant qui représente le sujet va déchoir, c’est tous ces S1 qui se trouvent à la place de la production. Le trait qui avait été prélevé chez l’Autre et qui vient combler la fente, aussi va se défaire. Si bien que le sujet, il va être confronté avec quoi ? C’est qu’il n’y a rien à la place qui est la place du sujet. Le sujet c’est un manque à être dit Lacan. Il le reprend différemment dans le sens qu’il lui avait donné dans Le désir et son interprétation et en particulier ce qu’il avait apporté à Royaumont, La direction de la cure. Il est une place vide, et il a à faire avec ça, c’est pour ça qu’il y a désêtre.
Marie-Lise Lauth :
Et ça entraîne le désêtre de l’analyste.
Solange Faladé :
Non. Le désêtre de l’analyste, lui va saisir, que son l’analyste, est à cette place, non pas en tant que grand Autre
Marie-Lise Lauth :
Il vit, il réalise
Solange Faladé :
Oui c’est ça ce que peut être le désêtre de son analyste quand il y est en tant que support de cet objet petit « a » c’est-à-dire avec aucune brillance, pas de reflet, etc., etc.
Régis Adam :
(...) quand il dit que le sujet naît de rien ? C’est cette mesure là que le sujet doit prendre dans sa cure.
Solange Faladé :
Tout à fait, c’est-à-dire qu’avec la prise en compte de la castration, de tout ce qui vient masquer ce réel, effectivement on est confronté à ceci que le sujet vient de rien, de ex-nihilo, le créé de rien du sujet, d’une parole, enfin, et aucun signifiant à cette place-là.
Guy Léandre :
(Question sur le goût et le dégoût)
Solange Faladé :
Faut-il le mettre en balance avec l’être et le désêtre ? Je n’en sais rien. Et pour ce qui est du temps d’aimer, ça pourrai faire l’objet d’un travail. Effectivement que devient l’amour dans tout ça ?
Jacqueline Darbord :
(Question sur le désir et la jouissance).
Solange Faladé :
De l’un à l’Autre dit Lacan, dans le séminaire de 68 — 69 d’un autre à l’Autre où il y a de l’un à l’Autre, de l’un du pouvoir à l’Autre du savoir, et puis de l’un de la jouissance à l’autre qui sera le petit autre et ce petit autre, il y aura aussi... À voir du fait de l’écriture avec le petit a.
La jouissance est du côté de lalangue en un seul mot. Or, comment je retiens lalangue d’un seul mot, qui a avoir avec la jouissance, et qui n’a pas avoir avec l’Autre, ni la communication, c’est à partir de l’auto érotisme que je retiens ça. Car c’est quand même bien avec sa langue que l’enfant érogènéise les autres parties de son corps. Quand on prend le texte de Freud c’est ça ! Lacan parle de lalangue, il en fait un concept qui va avec la jouissance, lalangue quand il le met en un seul mot, et il le dit bien que ça n’a pas avoir avec la communication ça n’a pas avoir avec le grand Autre.
C’est bien quand même ce qu’on lit dans l’auto érotisme, dans le texte de Freud, ce qu’il nous met en place autour de l’érogénéisation des différentes zones à partir de cette première érogénéisation de la zone orale, bucco-labiale, je me suis dit : mais c’est lalangue, c’est lalangue en un seul mot qui entre en fonction et qui effectivement n’a pas besoin de l’Autre. Ça n’a rien de très élevé, mais ça m’a permis moi de retenir très simplement ce que Lacan nous dit autour de lalangue en un mot, et de ce rapport à la jouissance.
Jacqueline Darbord :
Et puis de l’un à l’Autre...
Solange Faladé :
C’est quand même tout à fait important ce circuit, ce parcours analytique avec ce qui est le travail de la personne en analyse qui est en fait sa relation au sujet qu’il est, au signifiant qui le représente et à ce qui permet d’avoir du sens, c’est-à-dire sa relation, cette articulation S1 - S2.
Intervenante :
(Parle des cartels)
L’intérêt du cartel comme mode d’enseignement par rapport à d’autres modes de travail..... ?
Solange Faladé :
Si on part de ce qu’est l’aboutissement du travail analytique et si on part de ce sujet s’appréhendant comme manque à être, alors la question de sa relation avec d’autres sujets ne peut que se poser différemment. Lacan dans ce qu’il essaye de dire c’est que ça peut mieux circuler dans un cartel, la question de la circulation et ce qui va en résulter la permutation.
Donc ça peut mieux circuler, et je pense que les identifications qui vont se faire à partir de la troisième identification qui a à voir avec le désir prêté à l’autre, se feront sous un autre mode. Et je pense qu’à ce moment-là, l’enseignement pourra se mettre en place. Il faudrait reprendre par rapport à ce qu’est le cartel, le cartel avec des sujets où ce n’est plus par rapport à un idéal extérieur, mais par rapport à un désir qui les réunit, désir qui a à voir avec le fait qu’être (inaudible) resté à un autre de ce cartel, le même désir concernant l’objet de sa recherche, je pense que là quelque chose de différent peut être.
Intervenante :
(question)
Solange Faladé :
Qu’on ait eu à faire à un réel de l’institution, pour ce qui est de l’Ecole Freudienne de Paris, c’est sûr, Lacan lui-même a essayé de s’en expliquer c’est vrai. Ce n’est pas une question de reconnaissance, c’était aussi un point que je voulais aborder.
Dans les autres groupes jusque-là, on pensait que pour être analyste il fallait s’identifier à son analyste, alors là c’était une question de reconnaissance à quoi il y avait à satisfaire, on devait reconnaître en vous un trait de votre analyste, c’était l’identification à l’analyste. Là, ce n’est pas une question de reconnaissance, c’est une question de vie. Il y a quelque chose qui est mis en acte, mais qui, ce n’est pas un trait distinctif, c’est peut-être plus difficile à saisir, mais ça peut se saisir, mais à condition je crois de faire avec la castration, et que je crois que c’est ça le difficile, de faire avec la castration, que peut-être certains qui sont arrivés à ce point où ils ont pensé être au point de finitude, à ce point où ils se sont autorisés, peuvent s’apercevoir qu’ils n’avaient pas à s’autoriser et que donc, qu’en fait l’institution va pouvoir dire qu’il n’y a pas de psychanalyste. L’institution a pensé qu’il y avait de l’analyste, mais il n’y a pas d’analyste et c’est pourquoi avec le s’autoriser, la question du contrôle se pose, et l’institution c’est un des points sur lesquels Lacan s’était arrêté au départ, doit faire en sorte que des personnes qui sont prises en charge par celui-là, qui vient de s’autoriser puissent être aussi prises en charge par l’institution si je puis dire parce que, ce qui est contrôle doit être aussi quelque chose d’une supervision pour que la personne prise en charge ne tombe pas, enfin que ce ne soit pas la catastrophe. Je ne sais pas si je me fais comprendre.
C’est-à-dire qu’on peut s’autoriser, et que l’autre avec vous c’est-à-dire quelques autres de l’institution aussi pensent cela, mais à l’épreuve, il y a à reconnaître qu’il n’y avait pas à s’autoriser et qu’il n’y a pas d’analyste. Alors à ce moment-là la personne doit pouvoir dire que : eh bien non il n’y a pas d’analyste et c’est pas pour moi. Mais les personnes qui ont été prises en charge, l’institution, parce qu’il y a eu contrôle doit faire en sorte que ces personnes n’en pâtissent pas. C’est bien compliqué.
Intervenante :
La passe serait un temps où du désir de l’analyste serait mis à l’épreuve, si ça dure..
Solange Faladé :
Tant mieux dit Lacan.
Intervenante :
Si ça dure pas, on essaie de récupérer les restes... ce qui me titille beaucoup plus c’est cette notion de passe, de savoir. Bien sûr que ce n’est pas une question de reconnaissance, c’est une question de pouvoir faire entendre, et une oreille qui donc peut entendre. Il faut remonter et il faut bien qu’il y ait un départ
Solange Faladé :
Oui on espère qu’il y a eu un départ, comme dit Lacan, il y en a quelques-uns qui avec moi... Je le dis d’autant plus volontiers qu’à cette date du 24.06.64 j’étais toujours en analyse avec lui, donc que certains ne pensent pas que je me mettais dans ce lot où Lacan disait au 24.6. 64 : il y en a qui avec moi ont pu faire cette expérience. Mais encore une fois, être analyste ce n’est pas être sacerdoce « in aeternum » c’est, on n’est pas loin du Seigneur pour toujours, il peut toujours y avoir des écueils sur le parcours et la castration aussi c’est ça, c’est savoir que ça peut n’être pas pour toujours. Mais savoir le reconnaître et faire ce qu’il faut pour... on reprend une analyse. Enfin, vous voyez il y a toute une série de choses à partir du moment où c’est marqué de la castration, alors on peut savoir qu’il peut y avoir des écueils, et que c’était pas acquis. La vérité qui est acquise l’est, mais en même temps il peut y avoir des difficultés lors du parcours
Intervenant :
L’analysant demandait à faire la passe, donc sa demande, si ça se demande, ça peut aussi ne pas se demander ?
Solange Faladé :
…Tandis que ce dont je parle moi, c’est l’Acte de fondation.
Si ça se demande, alors à ce moment là, il n’y a pas de passe. Il n’y pas de passe effective, ça ne veut pas dire que la passe effective, ça ne veut pas dire que la personne n’est pas dans ce temps de passe, mais il n’y aura pas de passe effective.
La passe n’est pas toujours effective. Elle n’est effective, dit Lacan dans Télévision, il commence par cela, alors, le témoigner, ce n’est pas forcément une passe effective, le témoigner c’est aussi dans ses actes, c’est à dire…
…C’est à l’institution de parler.
Intervenant :
Par rapport au devenir analyste, celui ou celle qui est dans ce (temps de passe) de devenir analyste et fonctionne déjà est ou effectivement il est d’abord à ce temps, il est soutenu par ce désir dont on ne sait pas effectivement si ce désir le portera ainsi que vous le dites, ou pas. Est-ce que s’il fonctionne avec ce désir d’analyste, s’il n’a pas passé la passe il n’empêche qu’il est analyste.
Solange Faladé :
Lacan dit : Il y a de l’analyste mais pas encore d’analyste, du praticien, un analyste qui pratique, il y a de l’analyste, mais parmi ces personnes pour lesquels on peut dire il y a de l’analyste, certainement faire savoir qu’elles acceptent de s’éprouver à la passe -la passe effective- la procédure de la passe est une épreuve. D’autres ne s’éprouveront pas mais feront savoir qu’elles s’autorisent, et s’autorisant commenceront à fonctionner comme analystes.
La reconnaissance publique n’est pas de dire que là c’est un analyste, la reconnaissance publique c’est de dire c’est un analyste de l’Ecole, c’est quelqu’un qui s’est soumis à l’épreuve de la passe, on a estimé qu’elle pouvait passer, c’est-à-dire qu’elle va contribuer à élaborer quelque chose de la théorie psychanalytique, contribuer à quelque chose de l’enseignement, déjà en faisant connaître ce qui a été la fin de son analyse, ce qui a été la passe, ce qui a été l’enseignement que lui-même en a tiré. Lacan ne dit pas que la passe vous nomme analyste, il a pris soin de dire : Vous nomme au titre d’analyste de l’Ecole, il a pris soin de dire que l’analyste, lui…s’autorise de lui-même c’est pas la même chose.
Intervenant :
Vous disiez la fin de l’analyse de la passe...
Solange Faladé :
J’ai dit qu’il y a la fin de l’analyse, la fin c’est : le point de finitude a été atteint. Ca veut dire que la personne en analyse a fait l’expérience de ce qu’est le sujet de l’inconscient, c’est-à-dire que c’est une place vide, qu’il y a là un manque à être et que pour ce qui est de l’être du sujet c’est quelque chose qui est hors de son corps, qui est hors de lui, c’est un objet qui est l’être du sujet.
Donc, faisant cette expérience, étant allé jusqu’à ce point-là, le fantasme se défait, le fantasme qui masquait le réel est levé et ça c’est ce point de finitude, on est dans ce moment de passage mais on peut ne pas faire la passe ni effective, ni fictive, c’est-à-dire qu’on peut s’arrêter là et ne pas dire qu’on pose un acte qui fait qu’à son tour on va devenir support d’objet « a » pour d’autres qui feront une analyse avec vous
Il y a ces deux temps.
Il y a la fin de l’analyse qui peut ne pas être suivie par : je reste quand même dans l’analyse. Le sujet qui est arrivé à ce point de finitude et qui dit : je reste dans l’analyse continue sa propre analyse tout en prenant des personnes en analyse.
Le point de finitude, je vous ai dit, au tout début Lacan a même pensé que pour (être ces) passeurs, des personnes qui avaient fait une analyse qui étaient encore en analyse et chez qui ne se manifestaient pas forcément le désir d’être analyste mais qui étaient arrivées à ce point où effectivement quelque chose d’une écoute analytique était possible...
Solange Faladé :
J’espère que les personnes nouvellement venues dans le groupe analytique, ces personnes ont pu être éclairées, en tout cas en partie et saisir pourquoi après tout nous nous retrouvons ensemble, ayant pratique d’analyste ou pas, c’est bien parce que ce temps de : il y a de l’analyste peut être atteint sans que forcément la pratique soit mise en route, où ce point : Il y a de l’analyste va pouvoir être atteint et qu’on peut (? ? ?) ensemble.
Il m’a semblé que c’était important de commencer à reprendre ce qu’est une institution psychanalytique, à partir de ce qu’il en est de la structure, c’est-à-dire du discours analytique.
(1) D’un Autre à l’autre : « les empires modernes laissent éclater leur part de manque justement en ceci que le savoir y a pris une certaine croissance, sans doute démesurée, aux effets de pouvoir... »
(2) Analyse finie, analyse infinie. Chap. VIII
(3) Congrès de l’E.F.P.
(4) Scilicet 2/3 p. 398 - (Seuil 1970, page 20) : « Ce qu’il (le psychanalysant) ne peut lui (le psychanalyste) épargner, c’est le désêtre dont il est affecté comme du terme à assigner à chaque psychanalyse et dont je m’étonne de le retrouver dans tant de bouches depuis ma proposition, comme attribué à celui qui en porte le corps, de n’être dans la passe à connoter que d’une destitution subjective : le psychanalysant »
(5) Lettre de l’E.F.P.n° VIII pages 209/21 : « ... Le terme de destitution subjective qui est employé très proprement comme constituant ce qu’il en advient de l’analyste... ce texte c’est le psychanalysant qui en est le support... /... désêtre, c’est le désêtre du psychanalyste à la fin d’une psychanalyse... puisque, justement, ce qu’il en est de la passe c’est de savoir comment quelqu’un qui justement, ne l’est pas, à la fin de l’analyse dans le désêtre, c’est bien pour cela qu’il y a passe de son côté - peut délibérément s’offrir au sort, et cent et mille fois renouvelé, qui sera celui dont il sait que c’est de son opération à lui, le psychanalysant que c’est justement de là que part ce qui vient en quelque sorte d’être au psychanalyste infligé. »