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La responsabilité du sujet XIII

11 juin 1996
Document de travail

Ce que j’apporte ce soir. Il m’a été dit, dans l’après-midi, à mon grand étonnement, que la dernière fois, à propos du sujet et de ce que, au bout de sa course analytique, il allait trouver, ce avec quoi il allait être confronté, que, au lieu de l’Autre, il n’y avait pas de désir au niveau symbolique.

Juste avant que l’on commence, on m’a rassurée et on m’a dit que, effectivement, je n’avais jamais dit ça, je dois dire que j’étais absolument étonnée et je me suis dit, mon Dieu, je vais rappeler ce que l’on trouve à tel ou tel endroit de l’enseignement de Lacan, le unwanted et le wanted, pas désiré, désiré... [163]

Enfin, c’est-à-dire que si, effectivement, au bout du compte, on doit trouver que on ne l’a pas été, on sait très bien que sa place dans le monde, on ne la trouvera pas et, très souvent, ça se termine d’une façon tragique. Donc, c’est dire que lorsqu’on pense que, dans ce qui a précédé, présidé à la venue d’une personne au monde, il n’y a pas de désir le concernant, c’est dire que c’est avec la plus grande prudence que l’on doit entreprendre une cure analytique puisqu’effectivement, au bout du compte, à la fin, on sera confronté avec ceci que le sujet qu’on est, eh bien, c’est directement lié à ce désir qui nous a fait venir au monde.

Je voulais terminer par ce point, et je voulais y arriver après avoir fait quelques commentaires, plutôt généralités sur des critiques, des réflexions, qui me sont venues tout au long de l’année, où certains se posaient la question de savoir si, pour nous, et je crois que, peut-être, il n’y a pas à restreindre ce nous aux seules personnes de l’École Freudienne - mais enfin, quand même, c’est adressé à l’École Freudienne - si, pour nous, et Freud et Lacan, pour ne citer que ces deux-là, n’étaient pas devenus une Bible et que, mon Dieu, ce qui pouvait nous intéresser, la science, l’esprit scientifique, les travaux, les recherches scientifiques, nous étions tout à fait fermés.

Je voulais dire à ces personnes que l’avertissement de Lacan à notre endroit, on le trouvera dans ces séminaires puisque c’est dans le séminaire intitulé Problèmes cruciaux pour la psychanalyse [164], c’était rappelons-nous, de nous dire : « La psychanalyse défuntera si nous ne restons pas ouverts à ce qui se fait, à ce qui s’agite dans le monde », et je crois que nous avons de ces deux exemples, dès l’origine, dès le départ, Freud s’est efforcé de mettre sa découverte et ce qui sera sa recherche, de s’efforcer d’en faire quelque chose de scientifique puisque ce premier écrit, ce premier jet qui a été le sien après sa découverte, sa découverte de l’inconscient, et quand même cette découverte de l’inconscient, c’est sur sa propre personne qu’il a fait cette découverte, à propos de ses rêves qu’il a analysés, avec tout ce qu’il a pu là saisir de ce qui le concernait et, en particulier, ce qui le concernait à propos de Fliess [165].

Donc, là, il y a eu des illusions qui, pour lui, sont tombées, donc il y a cet écrit qu’il a fait dans cette pensée, cette foulée, ce qu’il venait de découvrir, ce qui se passait…, puisque on l’a rappelé à propos d’une intervention que, du côté de Freud aussi, il y a eu quelques vertiges, c’est vrai, mais très vite tempérés, Freud a fait cette « Esquisse » [166] et, tout au long de sa découverte, il s’est efforcé de confronter, de s’appuyer quand il pensait que c’était nécessaire avec les sciences, les sciences…, d’ailleurs ce mot de la science, on le trouve dans une de ses conférences, je crois que c’est la troisième de ses « Nouvelles conférences » [167], la science, dans ce qui pouvait arrêter le monde scientifique à cette époque, et vous savez que, pour la pulsion par exemple, il a pu dire que ce n’était pas l’organique seul, ni ce qui était le psychique, de l’inconscient seul qui pouvait permettre de définir ce qu’est la pulsion. Et nous trouvons tout au long de son travail, de sa recherche, l’appui qu’il s’efforce de trouver auprès de groupes de sciences, d’amis, et même de biologistes, si toutefois la biologie n’a pas pu réellement lui venir en aide pour expliquer tout ce qui l’agitait autour de la pulsion de mort.

Non seulement les sciences mais aussi la philosophie, Brentano et bien d’autres, et Lacan mettant ses pas dans ses pas aussi s’est efforcé de confronter, d’éclairer ce que la psychanalyse apportait, lui apportait par des apports, des apports par exemple, prenons la philosophie, nous connaissons tous ses dialogues avec Merleau-Ponty et d’autres et puis enfin l’intérêt qu’il a porté à Heidegger, et vous savez que c’est ce qui l’a intéressé dans Heidegger à propos de das Ding, de la Chose, qui l’a fait, qui l’a fait revenir à ce qui était là dans Freud dans « L’esquisse », et donner toute sa place à das Ding, vraiment en tenant compte de ce que la démarche analytique apportait et faisait que, sur certains points, il ne suivait pas Heidegger. Mais enfin, il reconnaît, et on retrouvera dans ses Écrits, il reconnaît ce qu’il doit à Heidegger, et Heidegger a sa place dans son enseignement, ça ne veut pas dire qu’il était dupe de la personne, que, pour des raisons qui sont des raisons de ce qui a fait sa vie, et qui disent : « Nous ne pouvons pas ignorer les positions d’Heidegger », ceci, c’est une parenthèse puisque maintenant, beaucoup reprochent à Lacan de s’être intéressé à Heidegger ; Heidegger, c’est un philosophe, plein de choses pouvaient être retrouvées chez Heidegger. Ceci pour dire que, aujourd’hui, nous sommes sur les traces de Lacan et si, pour le moment, certains ne peuvent pas encore faire savoir quelle est leur recherche, sachez que, à partir de ce qui agite les mondes scientifiques, certains donc, nous sommes à la tâche, sommes au travail, et que ce que l’on peut trouver, ce que Lacan a pointé comme cela dans…, presque à la fin de son enseignement, autour de Henri Poincaré, à propos de la théorie du chaos, intéresse certains d’entre nous et d’autres… Lacan lui-même s’est intéressé à la théorie des catastrophes et, pour ce qui est la linguistique, on y travaille.

Donc, je ne vois pas comment on peut se permettre de dire que là il y a Ding. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, ce qu’il ne faut pas oublier, et Freud aussi, Lacan et d’autres y insistent, c’est que tout ceci doit permettre d’éclairer la psychanalyse mais, tout en faisant de la psychanalyse, la psychanalyse, c’est-à-dire qu’il y a une logique dans cette découverte, il y a une logique dans ce qui agite, anime l’inconscient et, si on est psychanalyste, il y a des points qu’on ne peut pas accepter venant de la pensée scientifique, cela ne veut pas dire que nous avons à les ignorer.

Alors, il y a eu des réflexions, je ne sais même pas si cela vaut la peine que je m’y arrête, à propos de l’identification, puisque l’identification, ce qui nous intéresse comme identification, c’est ce trait qui est prélevé sur l’Autre et certains se demandent pourquoi, enfin, on ne s’intéresse pas à l’identification totale. D’ailleurs, si cette personne, peut-être si elle s’était intéressée à Jung, aurait pu elle-même faire quelques critiques à ce propos d’identification et puis, la clinique est là pour nous dire que ce n’est pas à cela que nous avons affaire.

L’autre critique de cet ordre est pendant que je travaillais, que je réfléchissais à ce que j’allais vous proposer pour terminer notre année de travail, j’essayais de voir justement par rapport à la clinique, ce qui pourrait éclairer, montrer que ce qui nous est proposé, ce qui nous est enseigné, en fait, vient directement de la clinique, de la pratique, et l’occasion m’a été donnée. Une personne venue me parler, qui est déjà dans son parcours depuis un certain temps, mon Dieu les choses ne vont pas mal, mais il s’est trouvé que, une des fois, il arrive pas très content, ne sachant pas… déjà le fait de n’être pas à l’heure, alors que la personne est toujours à l’heure et que, d’aventure, ce sentiment de n’être pas à l’heure… l’inquiétait… « Je ne suis pas en retard ? », bref. Là, rien de tout cela.

Et, de commencer à faire savoir que bon… , il ne sait pas quoi dire…, il ne sait pas comment dire, il finit par dire : « Ah, je ne voulais pas venir… ». Je lui fait remarquer que son retard lui faisait prévoir que…, et les choses continuent ainsi et finit par dire que bon, qu’elle est énervée…, s’arrête et ne comprend pas pourquoi. Enfin, tout ceci, c’est dans tout ce qu’on pourrait étiqueter de mal dit, c’est-à-dire de difficultés à dire. Cela n’avait rien à voir avec ce qui, au bout du compte, peut être obtenu, de ce bien dire dont nous parle Lacan, et cet homme, toutes les petites choses qui émaillaient sa journée et qui faisaient que mon Dieu, la journée ne se passait pas trop mal, tout cela, dès le réveil, ne l’a pas arrêté, ne l’a pas accroché, et même le travail qu’il fait et qui l’intéresse, enfin qu’elle fait, et qui l’intéresse beaucoup, même pas, on ne comprend pas ce qui se passe, puisque les choses se passaient pas trop mal et finit par dire : « Quand j’ai vu au réveil que cette journée s’annonçait comme une belle journée, mais c’est ça qui m’a dérangé… » et de dire que, même une journée de printemps, pas aussi lourde que celle-ci, pas aussi lourde que les dernières que nous avons pu vivre, il y avait quelque légèreté dans l’air, tout cela ne l’a pas retenue. Alors, et ça a été autour de cette journée qui s’annonçait trop belle, et à ce moment, cette personne fait remarquer qu’elle a été prise d’une petite angoisse dès le réveil, et je pense que ceci pour nous, c’est une chose à entendre, et, là, on peut se reporter à ce que Lacan nous dit dans le séminaire sur L’angoisse [168]. Il nous parle à propos de la barre, il nous parle, je crois que c’est en espagnol où, pour une femme enceinte, on dit embarrazada, et Lacan de dire : « Eh bien ! oui ! la barre est à son bon endroit, elle est bien placée ». Donc, ce sujet avec, là, je crois que sujet je peux dire, avec cette petite angoisse, ce n’est pas une grande angoisse, c’est pas quelque chose…, parce que les grandes angoisses, cette personne a connu, cette petite angoisse était là qui l’a tenue depuis le matin, à partir de ce moment-là, fait savoir qu’on a affaire à un sujet barré, un sujet embarrassé, un sujet gêné, ne sachant pas trop quoi faire de lui, sujet qui était que ce qui pourrait l’intéresser et qui ne l’intéresse pas, de ce qui pourrait faire qu’il ait quelque goût à vivre cette journée, et puis, ah bon ! continue donc, à partir de cette angoisse qui est là, et petite angoisse, ce n’est pas quelque chose qui le terrasse mais c’était suffisant pour faire savoir que là, véritablement, on avait affaire à un sujet, un sujet barré, un sujet empêtré, un sujet on pourra dire tout à l’heure, divisé. Et donc, revenons sur cette angoisse, sur cette « trop belle journée » sur ce que c’est pour lui ce, je parle là du sujet, s’est dit : « Oui, je vais vous le dire, le soir ne viendra pas vite, avec une pareille, une si belle journée, le soir ne tombera pas vite ». Et, là, c’est un point qui compte beaucoup pour cette personne, et il ne faut pas croire que c’est parce que le soir tombe que tout va bien. Il est arrivé un jour que le soir soit tombé et que c’était la panique. Les choses n’allaient pas, c’était l’angoisse. Et, là, c’est pas uniquement « le soir tombe », c’est « le soir tombé », c’est cela qui va permettre que « l’heure de la rencontre » - je dis les choses comme cela puisque je ne peux pas employer les mots, les signifiants employés par cette personne parce que, vraiment, il y a là quelque chose de propre, mais je peux dire : « l’heure de la rencontre » - et, là, je me suis reportée à un séminaire de Lacan, L’objet de la psychanalyse [169], et vous vous souvenez, dans les premiers temps, on s’y est arrêté longtemps et c’est là que Lacan dit que, pour le névrosé, la question est : « A quand la rencontre ? » et même, il avait fait cinq pots de fleurs à une fenêtre, et ceci voulait dire : A cinq heures, tu peux monter, la rencontre est possible lorsqu’il y aura ces cinq pots de fleurs à la fenêtre. « A quand la rencontre ? ». C’était l’heure de la rencontre et sans doute, pour cette rencontre, c’est la mère qui est intéressée, ne croyez pas qu’il s’agisse d’un enfant, bien sûr c’est la mère qui est intéressée, mais d’autres parents aussi, mais d’autres parents, je ne dirai pas le père pour le moment et il faut que soit accroché à l’heure de la rencontre, avec cette façon propre de ce sujet de dire cela, et ça l’a étonné, car cela faisait bien longtemps que la question de la tombée du soir venait, mais cette heure de la rencontre et la façon dont ça a surgi l’a retenu, et c’est s’accrochant à l’heure de la rencontre que ce que du soir, la tombée du jour, il attend la paix du soir. Et là, il nous montre que véritablement, comme nous dit Lacan, et on peut le retrouver, il y a un signifiant et un autre signifiant, et que ces signifiants, lorsqu’on écoute, il y a là quelque chose propre à ce sujet, mais ça ne peut arriver à signifier quelque chose propre à ce sujet mais ça ne peut arriver à signifier quelque chose pour lui qu’au moment où ces deux signifiants ont pu s’accrocher, puisque dans un premier temps, dans ce temps où il n’arrivait pas à dire les choses, où il ne comprenait pas ce que… cette difficulté… il se posait la question : « Mais, qu’est-ce que ça veut dire ? », ce qu’il était en train de vivre et il ne s’y attendait pas.

Donc, l’embarras du sujet avec l’angoisse et ce qui, ensuite, dans sa recherche, dans ce qui s’est déroulé de ses dits, ces deux signifiants sont arrivés et avec la question le quand, le quand de la tombée du jour, « Mais quand est-ce que la nuit viendra ? », c’est la fin du jour… et de se rendre compte que c’est le moment possible de l’heure de la rencontre, quelque chose pour lui s’est éclairé et, en même temps, ce n’est qu’à ce prix-là, si cette rencontre, cette heure peut exister à nouveau que la paix du soir, la paix du soir nous dit Lacan dans un de ses séminaires [170], c’est un signifiant, et pas n’importe quel signifiant, c’est à ce moment-là que ces deux choses s’accrochent pour lui et, lorsque s’est réalisé, lorsque ceci s’est réalisé alors il peut jouir, jouir de ce que la vie apporte et là, je crois que j’en avais parlé samedi, il y a entre ces deux signifiants ce qui de jouissance compte pour lui et dont il va pouvoir profiter.

Malheureusement, je ne peux pas dire plus enfin, éclairer, mais ce que je peux dire, c’est pour nous l’importance de ce qui vient là et qui ne peut pas bien se dire, de ce qui fait qu’à un moment, on nous fait savoir qu’il s’agit d’un sujet et, du fait de ce qui peut l’embarrasser, de ce qui peut l’empêcher et ensuite, parmi tous ses dits, ses signifiants auxquels il s’accroche, qui sont ses signifiants et c’est à partir de ce moment-là - enfin, je vous passe certaines choses adressées à l’analyste, ça ne présente pas d’intérêt immédiat pour ce que je veux pointer ce soir - c’est à partir de ce moment-là, à cause de ce qu’il venait de trouver autour de « l’heure de la rencontre » et de la façon dont ça lui est sorti, à partir de ce moment-là, il va interroger l’Autre, le grand Autre. Il faut dire que, pour ce sujet, l’Autre, ce lieu de l’Autre, présente complexité. Il interroge ce qui a à voir avec la mère et là, c’est véritablement : « Qu’est-ce qui a fait que cette femme qui est sa mère, qu’est-ce qui a fait que elle a voulu l’avoir ? » et, en même temps, il pose la question de ce qui fait que lui est si attaché, lié, au point de ne pas pouvoir se débarrasser de cette paix du soir qu’il attend mais qu’il ne peut avoir qu’à condition que cette heure de la rencontre ait pu se produire et c’est dire que, vu l’âge qui est son âge aujourd’hui, ça fait une vie quand ceci ne peut pas être réalisé.

Donc, c’est véritablement quel signifiant qui l’aliène à cet Autre, et qui l’aliène à cet Autre, à cet Autre qui l’a désiré et, en même temps, il se pose parmi toutes ses questions ce qui a à voir avec le Che vuoï ?, que me veut-elle ?

Là, je peux dire : « Que me veut-elle ? » et ensuite ce qui est autour de ce…, en ce lieu de l’Autre, avec tous les signifiants qui sont propres à ce qui est dans ce champ de l’Autre. C’est-à-dire, il y a ceux qui sont du côté de la mère, ceux qui sont du côté du père, et les choses ne sont pas simples, je ne peux pas vous les détailler mais, causant de ceux-ci, il en vient à poser la question de ceux-là qui ont précédé, c’est-à-dire les deux parents.

Bon, je n’irai pas plus loin, pour ce qui est là autour de ce qui s’est dit de lui, même si on ne savait pas que ce serait lui, mais il s’arrête, il s’arrête pour parler de ce qui était là puisque du désir, il y en a eu concernant cet acte et, à ce moment-là, il énumère certaines choses qui lui ont été proposées, apportées et à propos d’une chose, il dit : « Oh ! ça aurait été pas bon pour moi ! ». C’était quelqu’un qui est tout à fait lettré, la question n’est pas là, c’était sa façon de faire entendre qu’il se posait question par rapport à telle chose qui lui a été présentée et de dire : « Ça aurait été pas bon pour moi ». Et si cette chose, et, à ce moment-là, c’était aussi sa façon de faire savoir que quelque chose d’un jugement avait opéré, et de son côté, effectivement, si lui avait accepté ce ça, c’était ce qui l’aurait perverti. Et de continuer, de continuer de dire : « C’était bon pour moi, ça et autre chose, c’était dans le passé, c’est bon pour moi. » Et de reprendre avec ce qui est son erre d’aujourd’hui, avec tout ce qu’il y a d’erreurs venant de l’Autre, ce qu’il y a aussi de son côté de refus, ou de ne pas vouloir savoir que c’était bon pour lui, bref, ce qui a été à l’origine de son errance puisque, dans son erre, il y a aussi ce qui a été de son errance et ce que, aujourd’hui, il s’efforce de modifier, de modifier dans ce qui est sa vie.

S1 S2

erre errance

Alors, je me suis dit, pourquoi ne pas en parler de tout ceci ? Pourquoi ne pas en parler puisque en fait, là, il y a tout ce qui, dans un premier temps, a à voir avec ce qui ne peut pas se dire, tout ce qui est difficile à dire, ce qui étonne, la personne ne comprend pas pourquoi, jusqu’à ce que il fait remarquer que c’est bel et bien le sujet, ce sujet qui est en cause et l’angoisse nous permet de le savoir, se reportant à ce qui s’est dit, à ce qui nous a été enseigné avec toute l’importance de ce qui vient là faire que l’on a affaire à un sujet de l’inconscient, avec ses signifiants, et croyez moi, c’est bel et bien de ses signifiants et de ses signifiants propres qu’il a pu mettre au jour, en parler d’une façon différente et terminer avec la question de ce qui se joue pour lui, de ce qui s’est joué pour lui en ce lieu de l’Autre et d’un lieu très complexe, il arrive à faire saisir que sujet barré, certes, sujet embarrassé, sujet qui dans un premier temps n’a pas à portée de mains ses signifiants, il fait savoir qu’il est divisé. Il est divisé d’abord par ce qui lui est venu de ce lieu de l’Autre, mais aussi par ce qui a à voir avec ses modes de jouissance, et qui tiennent à ce qui lui a été proposé.

Je me suis dit que cela valait la peine parce qu’après tout, je peux parler de cela d’une façon telle que, ce qui est à respecter l’est, je peux en parler justement pour répondre à ces personnes qui s’imaginent que ces perroquets que nous sommes et lorsque nous parlons de sujet barré, de sujet divisé, signifiants qui représentent le sujet pour un autre et que sais-je encore, et ce qui dans ce lieu de l’Autre, ce désir, mais ça s’entend ! Si cela s’est dit comme cela, si c’est de cette façon que cela nous a été proposé, croyez-moi, c’est que, dans la cure, ces choses se disent et peuvent s’entendre, c’est pas forcément pour vous seuls. Si le hasard a fait que ça s’est produit, ça s’est dit comme cela, il y a eu cette scansion qui fait que là ça s’est laissé entendre avec ce qui a été le culmen qui est tombé comme ça à la bouche, à la stupéfaction de ce qui fait que, pour ce sujet, une trop belle journée ne peut pas être vécue, il ne peut pas en jouir et aujourd’hui, en tout cas jusqu’à ce jour-là encore moins qu’avant car l’heure de la rencontre, l’heure qui pourrait faire qu’avec la tombée du jour, la paix du soir vienne, ça ne peut pas toujours se réaliser.

Bon, je voulais revenir sur cette logique qui a tenu Freud et tenu Lacan, et qui a fait que tout en se servant de ce que les sciences et la science pouvaient apporter, mais après tout, je me suis dit pourquoi ne pas terminer ainsi en parlant des choses vivantes et là, et qui peut je crois tout autant faire réfléchir, en sachant que ce « bien dire » qui doit se trouver à la fin comme le propose Lacan, ce n’est pas simplement, ce n’est pas du tout comme on pourrait le croire figure de style, c’est ce qui après des embrouillaminis, et il faut dire que certaines personnes le disent : « Et tout ça m’embrouille », après les embrouillaminis d’un premier temps, après un parcours qui peut durer plus ou moins longtemps, il y a bien, il y a du bien dire, et je crois que cela c’est précieux, et c’est important de le repérer, de bien l’entendre puisque ça vient marquer des étapes, et des étapes de progrès d’une cure.

Voilà, ce soir je m’arrêterai là. Je pense que certains seront à Vaucresson. J’espère tous, et puis nous verrons à la rentrée prochaine comment reprendre autour de ce sujet, puisque c’est quand même pour nous tout à fait capital de bien saisir ce qu’est ce sujet, comment Freud, Lacan, et certains autres nous permettent de savoir ce que nous faisons au cours d’une cure.

Ne pas comprendre, ne pas se hâter de comprendre, nous dit Lacan, mais toujours savoir ce qu’on fait, et ce qu’on fait, c’est ce qu’on dit et dans ce qu’on dit, c’est aussi les silences que l’on sait, enfin les silences nécessaires et ce que l’on fait avec ces silences. Voilà.


[163] Lacan J. Les formations de l’inconscient. 1957 - 1958. Seuil. Page 245.

[164] Lacan J. Problèmes cruciaux pour la psychanalyse. Séminaire XII 1965-1966

[165] Freud S. La naissance de la psychanalyse. P.U.F. 1956. Pages 110 et suivantes.

[166] Freud S. « Esquisse pour une psychologie scientifique », in La naissance de la psychanalyse. 1895. P.U.F. et surtout la traduction de J. Triol et coll. Document de l’École Freudienne.

[167] Freud S. « La troisième conférence (1932) : les diverses instances de la personnalité psychique » in Nouvelles conférences sur la psychanalyse. Collection Idées Gallimard. 1936.

[168] Lacan J. Séminaire L’angoisse. 1962-1963. 14 novembre 1962. Seuil. 2004. Page 20.

[169] Lacan J. Séminaire L’objet de la psychanalyse. 1965-1966. Inédit.

[170] Lacan J. Les psychoses, 8 février 1956. Seuil. 1981.