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La responsabilité du sujet XII

28 mai 1996
Document de travail

Je reviendrai sur ce que j’ai dit, je vais essayer de le faire, bien sûr je ne pourrai pas dire les choses tout à fait de la même façon n’est-ce pas, je pense que c’est toujours dans cette ligne qui nous intéresse et qui a fait dire à Lacan ce « hâtez-vous lentement de comprendre [158] ».

Bien sûr, il faudrait pouvoir développer ce qui fait que, dès le départ, Lacan a donné une telle importance à cette compréhension et qu’il nous met en garde, nous analystes, lorsqu’on est à cette place-là, il nous met en garde de comprendre. Il dit même quelque part qu’on peut ne pas comprendre mais qu’on doit toujours savoir ce qu’on fait, ce qu’on fait essentiellement de ce qu’on nous dit, ce que l’analyste dit et les décisions qu’il peut prendre quant au dispositif par exemple.

Bon, donc, hâtez-vous lentement de comprendre. La dernière fois, j’ai introduit ceci par le fait qu’il était important pour l’analyste de ne pas y être en tant que sujet. Le sujet, c’est le patient qui vient porter sa demande à l’analyste et l’analyste, s’il y est comme sujet à ce moment-là, il ne pourra pas être dans cette position neutre puisque il lui arriverait de se dire, de reporter sur lui certains points du vécu de son patient. Ce que nous dit le patient ne doit pas faire écho en nous, ce qui nous concerne nous, analystes. Alors pour pouvoir y être, disons de la bonne façon, puisque il faut qu’on y soit et qu’on y soit d’une façon telle que l’analyse, que le travail analytique puisse se faire, pour y être de la bonne façon, et ceci Freud a dû lui-même se rendre compte qu’il fallait passer par là, il fallait que l’engagement, notre engagement, puisqu’il nous faut nous engager, nous analystes, lorsque nous décidons de nous mettre à cette place, notre décision doit être telle que nous pouvons y être en nous efforçant non pas de comprendre, surtout pas, mais d’entendre quand il y a quelque chose à entendre et, pour cela, il faut absolument que cet engagement soit étayé par la propre analyse de l’analyste. Ceci est un point important, à ce moment-là, il peut y être d’une façon telle que quelque chose d’objectif pourra se dégager du travail que fait l’analysant puisque il pourra y être en tant que objet petit a dit Lacan, en tout cas en tant que celui qui n’est pas là pour observer. Souvenez-vous, en tout cas ceux qui ont eu à travailler ce texte avec moi, la partie des Trois essais sur la théorie de la sexualité [159], la partie concernant la sexualité infantile, Freud nous met en garde pour ce qui est de l’observation et il nous dit bien que ce n’est pas ainsi que quelque chose de ce qui concerne la sexualité infantile peut être saisi. Donc nous ne pouvons pas, nous ne devons pas y être en tant qu’observateur, nous devons pouvoir assurer cette place d’une façon telle que ce que nous apportera l’analysant puisse tomber, puisse tomber dans une oreille qui sera objective.

Alors, ce que nous apporte l’analysant, dans ce premier temps de l’approche avec l’analyste, doit être reçu d’une façon telle, peut-être deviendra-t-il analysant, peut-être pas, mais enfin c’est le patient qui frappe à cette porte, doit être reçu d’une façon telle que, s’il doit y avoir tuché, c’est-à-dire rencontre, il faut que cette rencontre soit de l’ordre de la bonne rencontre même si, dans un premier temps, l’analysant nous dit, ou le futur analysant, peut penser que c’est le hasard, le pur hasard, qui l’a fait frapper à cette porte-là. Bien souvent, lorsque l’analyse avance, on s’aperçoit vite, vite, l’analysant s’aperçoit que c’est tel signifiant concernant l’analyste, pas forcément signifiant porté par lui, ça arrive plus souvent qu’on ne le croit, mais ça peut-être un signifiant qui se trouve dans son environnement et tout à coup on entend : « oui c’est vrai, c’est telle rue que vous habitez, je ne m’en étais pas aperçu, je m’en rends compte aujourd’hui ; et cette rue, ah oui, ce nom-là, pour moi, n’est pas indifférent ». Donc, on peut penser que c’est le pur hasard, ça arrive, mais on doit faire en sorte qu’il puisse y avoir rencontre, bonne rencontre pour que si, au bout du temps de ce qui sera, de ce que seront ces entretiens préliminaires, pour que si ça ne peut pas continuer, on n’ait pas gâché parce que on n’aura pas gauchi. C’est un mot que Lacan avait souvent à la bouche et, lorsque nous nous engagions d’une certaine façon, lorsque nous intervenions d’une certaine façon, il nous disait : « surtout, ne gauchissez pas ! ». Donc, au bout d’un temps plus ou moins long, il arrive, il peut arriver que une cure analytique soit sans suite.

Lacan avait répondu à l’invitation de nos collègues de Strasbourg, ça devait être autour des années 75, quelque chose comme cela, il doit y en avoir trace dans les lettres de l’École Freudienne de Paris, nos collègues strasbourgeois se posaient certaines questions, des questions concernant ce temps, ce temps où les choses vont se mettre en place et Lacan, dans un développement tout à fait intéressant, et je crois que ce serait bien que l’on puisse retrouver ceci, je l’avais, j’ai déménagé et je ne sais plus où ça se trouve dans mes papiers, c’est le sort réservé aux déménagements, mais enfin je crois que dans les lettres de l’École Freudienne de Paris, il doit y en avoir trace puisque, aux journées de 75, je crois que ça s’est dit et là, Lacan fait remarquer qu’en fait, dans la salle d’attente d’un psychanalyste, ce n’est pas n’importe quel patient qui y restera. Pour nous, c’est important de le savoir, c’est important de le savoir pour que nous puissions nous mettre en place, de tout ce qui pourrait être contre-transférentiel dans ces premiers temps où le patient s’adresse à nous. Donc, c’est un temps qu’il y a à ne pas négliger, c’est un temps qui a toute son importance et ce qui se passe, ce qui a pu se passer en ce temps-là se retrouvera à la fin d’une cure ou peut-être tout simplement on aura gâché pour certains les portes de l’analyse et même si ces personnes ne doivent pas être confrontées à une cure analytique, comme je vous l’ai dit la dernière fois, il faut qu’elles puissent se dire que, en fait, c’est que leur demande n’est pas de l’ordre d’une analyse et que ce qui est demandé à celui-là qui est supposé savoir, c’est de l’ordre d’un savoir et mon Dieu, que ces personnes puissent se rendre compte que ce n’est pas ce qu’elles cherchent, que c’est une autre chose.

Donc, ce temps est un temps important et comment l’analyste s’y place a aussi ici une grande importance. Il faut qu’il y soit, il faut qu’il y soit et qu’il soit engagé, il faut qu’il y soit d’une façon telle que Lacan, reprenant ceci presque à la fin de son enseignement, nous dit que c’est en tant que objet qui cause, objet qui permet que le patient puisse faire son travail. Donc, tuché, rencontre, bonne rencontre, et ne jamais penser que c’est tout à fait le hasard, et surtout ne croyez pas que c’est parce que cette personne est connue, etc… Vous verrez que ça n’a strictement rien à voir et que, bien souvent, comme il nous le dit, ce qui guide le patient, c’est souvent quelque chose qui est très connu de lui et, en tout cas, ce qui le fera rester dépendra autant de l’écoute de son analyste, de celui qui va le devenir, que de ce que lui-même, à son insu, était venu là frapper et frapper en donnant de l’importance à tel signifiant de son analyste.

Alors, pour cela, c’est une façon de dire, de rappeler ce que Freud, après avoir découvert cet inconscient, Freud, essayant de saisir ce qui le détermine, trouve des voies même si il ne les a pas appelées ainsi : de condensation et puis de déplacement, c’est-à-dire il donne l’importance aux signifiants, les linguistes en parleront après, Lacan nous dit bien que Freud anticipe Saussure, c’est-à-dire avec cette découverte et s’obligeant à la logique que lui impose ce qu’il vient de découvrir, cet objet qu’il vient de découvrir, par l’hypothèse qu’il fera, Freud, sans lui donner un nom, donne toute l’importance aux signifiants. Et c’est pourquoi Lacan, Lacan non pas anticipe Saussure, mais s’est efforcé d’appliquer au langage, à celui qui nous intéresse, d’appliquer cette découverte des linguistes, mais il s’est rendu compte que l’équation qui intéresse le psychanalyste, ce n’est pas le signifié sur le signifiant mais, en fait, il y a primauté du signifiant et que le signifié, ce qui va en tomber si je puis dire, c’est en fait ce qui est le sujet, le sujet de l’inconscient, le sujet qui se présente à nous, le sujet qui va opérer, enfin plus exactement qui va faire ce travail, le travail se fera en fonction du signifiant. Lacan va plus loin parce que c’est ce qu’il recueille comme matériel, chemin faisant, et on aura l’occasion de voir samedi lorsque je vous parlerai du Surmoi et de la pulsion de mort, vous verrez que Freud, là aussi, à partir du matériel qu’il a recueilli, il est arrivé, et qu’il ne pouvait pas se dérober à ce Surmoi et à cette pulsion de mort.

Donc, Lacan donne toute l’importance qu’il y a à donner au signifiant. Le sujet y est, celui qui nous intéresse, ce sujet, il est effet du signifiant. Lacan fait savoir que ce n’est pas uniquement le signifiant qui cause et que il y a à tenir compte de quelque chose d’autre et de ce quelque chose d’autre qui est de l’ordre de la jouissance, qui est de l’ordre du désir qui a fait que ce sujet se trouve là jeté dans le monde, bref que le signifiant, qui est ce qui donne signification au sujet, ne suffit pas pour nous permettre de saisir ce qu’est ce sujet de l’inconscient, car ce signifiant en fait va le représenter, il va le représenter auprès d’un autre signifiant. Et, parce qu’il le représente auprès d’un autre signifiant, il y aura quelque chose de l’ordre d’une béance, ça va béer, et ce qui se mettra là dans cette béance, c’est cet objet, cet objet qui a présidé aussi à son émergence, à sa venue, qui, lorsque le signifiant troue le réel, quand c’est ce lambeau de réel et c’est ce qui est là, dans cette béance, ce qui fait que le sujet de l’inconscient, celui auquel on a affaire est certes effet du signifiant mais que ce qui le cause, c’est également ce qui, parce que dans ce qui cause, il y a toujours quelque chose de l’ordre d’un manque, nous dit Lacan, je ne vais pas essayer de développer ça ce soir, je vous le livre comme cela, il faut qu’il y ait un objet qui soit dans cette béance.

Eh bien, sur ce que je voudrais ce soir vous dire, c’est que ce n’est pas parce qu’on parle des problèmes de conduite d’une cure qu’on s’éloigne du travail théorique, au contraire, il faut s’apercevoir que ce qui est comme ça, a été déroulé, dont on a parlé, en fait a pour base ce qui doit nous guider toujours.

C’est pourquoi j’ai remis, j’ai mis là, ça faisait longtemps qu’on en n’avait plus parlé, j’ai mis ce cercle de signifiants autour de ce vide, ce à quoi le sujet est confronté surtout lorsqu’il a une relation, toujours, puisque le sujet de l’inconscient a toujours une relation avec le grand Autre. Alors, avant de m’étendre un peu sur cette relation du sujet avec la Chose et le grand Autre, il y a un point qu’il ne faut pas oublier dans ce temps, pendant tout le temps de l’analyse, c’est ce commencement de ce qui devra être une rencontre.

Il y a une chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que, en fait, ce sujet lorsqu’il nous parle, lorsqu’il vient nous parler, ce qui se passe, ne se passe pas entre lui et nous, lui et nous uniquement car, en fait, nous dit Lacan, il y a toujours cette relation à l’Autre dès que le sujet parle et que nous sommes là, nous sommes là pour que ce qu’il va dire puisse être dit et, la dernière fois, je vous ai rapporté certaines remarques qui disaient : « c’est bien parce que vous êtes là que je dis telle chose, je peux dire telle chose » ou bien : « c’est parce que vous êtes là que tout ce que j’ai pensé avant, je n’arrive plus à le dire » et ainsi de suite. Lacan met l’accent sur le fait que ça n’est pas quelque chose qui se passe entre l’analysant et l’analyste, il ne faut jamais oublier qu’en fait le sujet, lorsqu’il prend la parole, il a une relation avec l’Autre et que nous sommes là simplement comme témoin. Vous comprenez pourquoi il n’y a pas à gauchir ce qui viendra, cette parole, c’est ce que le patient apportera au cours d’une séance.

Alors j’en viens à la Chose, à cette couronne de signifiants et c’est important pour nous d’avoir présent à l’esprit, dans la mesure du possible, que il peut nous arriver de ne pas y parvenir parce que…, mais enfin d’avoir présent à l’esprit que ce qui se dit, ces dits du patient, ces signifiants qui forment une barrière, qui forment une couronne au lieu de la Chose, c’est-à-dire ce lieu de la jouissance, il faut se dire que le patient dévidant, en faisant le vidage de ses signifiants, c’est un travail similaire au travail du potier. Il va dans un premier temps faire connaître la forme qu’il a donnée à ce vide, ce vide de la Chose, à ce qui lui a permis d’avoir une barrière avec ce lieu de la jouissance et, véritablement, il faut avoir ceci à l’esprit pour savoir qu’on ne peut pas intervenir n’importe comment et que on doit avoir le plus grand respect pour ce qui est là en train de se dévider, pour ces signifiants. Il faut avoir à l’esprit et, c’est pourquoi je vous dis que, faisant ce détour, ce bref détour par ce travail qui peut se faire et qui se fait, la structure qui se pose au cours d’un contrôle, il faut savoir que, ce que par ailleurs nous avons appris, mais c’est quelque chose qui doit là nous servir, c’est un outil, nous servir dans la conduite de la cure et que ce qui se dit, ces signifiants, ces dits qui tombent, il faut bien savoir que c’est ce qui nous permet de saisir ce qui s’est formé autour de ce vide et que ensuite comment lui, le patient, va pouvoir tricoter, c’est un mot que Lacan a apporté à la fin de ses années d’enseignement, ce qu’il va tricoter pour que, dans cette relation avec l’Autre, les choses soient possibles. C’est-à-dire que l’Autre prendra pour lui la mesure qu’il a à prendre, l’Autre sera reconnu comme ce lieu, ce lieu qui pour lui a une importance, c’est pourquoi nous analystes nous devons savoir que, même si l’analysant veut nous mettre à cette place de l’Autre, ce n’est pas là que nous devons être, nous devons permettre à celui qui vient faire ce travail de saisir ce qu’il en est de sa relation à lui avec l’Autre, savoir ce que il en est de cette jouissance, de ce qui draine cette jouissance avec l’Autre et qui sera porté au lieu de l’Autre puisqu’à la fin d’une cure, si vous vous souvenez, lorsque tous ces signifiants S1 tombent, lorsque tous ces signifiants qui représentent le sujet auprès de l’Autre tombent, il restera cet objet petit a puisque ce qui est de son fantasme, il aura pu se mettre au coeur, il restera cet objet petit a et c’est quand même là, c’est à ce moment-là que il pourra prendre la mesure du désir qui l’a fait venir au monde. C’est important, tout à fait important et vous savez bien que Lacan, et non seulement Lacan, même si Freud n’a pas pu le formaliser, en faire la théorie, il en a fait l’expérience, et vous savez bien que, au bout du compte, on se trouve avec ceci qu’il n’y a aucun désir qui est à l’origine de ce qui nous a fait venir, et c’est bien ce qui tombera.

Donc, avoir à l’esprit que ce qui se fait, ce qui se dit, doit pouvoir être reçu d’une façon telle que le rapport du sujet à ce lieu, à ce lieu où la jouissance peut être insupportable, à ce lieu où on ne sait pas si le rapport sera un bon rapport ou un mauvais rapport, sera à prendre vraiment, avoir de grandes précautions pour que ce qui va pouvoir, ce qui devra se faire lorsqu’il y aura eu tout ce vidage, tout ce dévidage qui est ce qui à nouveau permettra que se tricote autour de la Chose quelque chose de tel que le sujet pourra être avec ce qui, du désir de l’Autre, l’a fait jouir et ce reste de jouissance qu’il a porté au coeur de l’Autre.

Si j’ai fait ce détour, c’était pour vous montrer que ce dont j’ai essayé de parler la dernière fois, peut-être un peu comme ça rapidement, puisque l’idée m’en est venue que très tardivement, pour vous montrer qu’en fait, tout ce dont nous parlons, tout ce sur quoi nous essayons de faire un travail pour porter notre réflexion, n’est pas du tout loin de ce qui doit être notre préoccupation, tout ce qui doit faire le siège de notre attention lorsque nous sommes là au chevet de nos patients. Et quand je dis au chevet, c’est autant lorsque le dispositif pris peut être le fauteuil que le divan, c’est-à-dire lorsque nous prêtons une oreille, une oreille qui doit être telle que rien… en tout cas, nous devons nous efforcer de ne pas comprendre. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien à entendre. La dernière fois, je vous ai parlé de ce j’ai tout fait et avec ce que l’on pouvait entendre selon ce qui se disait, cette fois-ci, je vais vous donner un exemple et j’en ai d’autres mais enfin celui-là s’entend bien. Un patient au cours de sa vie a eu à pérégriner, plus exactement sa famille a eu à se déplacer et lui avec, bien sûr. Dans tout ce qu’il pouvait faire entendre de ces différents lieux, à un moment, quelque chose là dure, s’étend sur plusieurs mois, années et il se souvient d’un lieu incroyable, une demeure qui lui plaisait et, voulant donner la description, il dit : « Dans la peinture de la maison où nous habitions, je vois le bureau de papa, je vois la pièce où se tenait maman, je vois telle chose, je vois la chambre d’un tel, je vois ma chambre… » et il s’arrête et il dit : « Je ne vois pas la chambre des deux derniers de la femme », je m’en rappelle, et j’ai pu lui dire tout simplement : « Vous ne pouvez pas les voir en peinture », puisque quand même, lorsqu’on parle d’une maison pour en faire la description des lieux, ce n’est pas de la peinture, on ne commence pas par cela, et effectivement c’était ça qu’il venait mettre entre… à ce tableau qui était par ailleurs sympathique pour le sujet, le lieu, l’endroit mais il y avait là ces deux derniers qui, mon Dieu, venaient faire une tache au tableau au point qu’on ne pouvait pas les voir ! C’est dire que c’est avec l’agencement des signifiants, c’est avec ces mêmes signifiants que, souvent, on doit pouvoir faire entendre ce qui court sur ce qui se dit et qui échappe à celui-là qui parle. Et je pourrais vous citer d’autres exemples comme cela, bien souvent nos interventions doivent pouvoir… il faut faire avec les dits, c’est-à-dire avec ces signifiants qui sont là autour de la Chose et qui doivent pouvoir se tricoter autrement. Bon.

Donc le sujet, le sujet vient avec ce qui est sa souffrance, ce sujet vient avec ce qui le dérange et cette année, dans le travail qui s’est fait le premier samedi, il y a eu un passage du Moi et du Ça [160] autour du sentiment de culpabilité inconscient. Ça nous dérange beaucoup cette culpabilité, on se rend compte que d’avoir un sentiment de culpabilité, une culpabilité inconsciente, un sentiment inconscient de culpabilité, ça nous dérange beaucoup. Ça pourrait presque rejoindre ce que, au début de l’année, je vais essayer d’apporter mais, vraisemblablement, il me faudra le faire autrement, sur la responsabilité. Oui.

Si on vient, c’est parce que on sent que ça ne va pas et, quelque soit la part qui en revient à l’Autre, le sujet se pose la question de savoir pourquoi lui, pourquoi les choses se passent comme ça pour lui. Oui… C’est d’ailleurs pour ça qu’il nous faut au minimum gauchir puisque, dans ce qui va se dérouler, dans ce qui va se dire, c’est essentiellement ce qui permet à celui-là qui vient parler et, en tout cas dans les premiers temps - et les premiers temps, croyez-moi, ça peut-être des années - nous devons savoir ne pas conclure prestement et, le plus souvent, nous taire pour que puisse se dire ce qui est là de cette relation du sujet avec l’Autre et avec ce qui le fait souffrir et ce qui le fait souffrir, vous savez bien, et là je vous le rappelle comme cela, la Chose aussi est concernée, c’est-à-dire ce lieu où la jouissance est interdite parce que nous avons à ne pas oublier que nous sommes là simplement comme témoin.

Je vais revenir sur un point de la dernière fois, c’était à propos de l’expérience et j’y reviens d’autant plus volontiers que samedi - pas ce samedi qui était celui de la Pentecôte, celui qui a précédé - Evelyne Racadot [161] nous a apporté un travail tout à fait intéressant et ce qu’elle nous a dit, ceci d’après son expérience de plusieurs années dans une recherche de haut niveau concernant les greffes et certains types de greffes, on sait, on en a l’expérience dans son effet, il faut dire que on réduit celui-là qui reçoit la greffe, on le réduit brutalement à quelque chose de l’ordre de l’objet petit a et ce qui est difficile à regarder et difficile aussi à dire pour qui est réduit à cela et le reste s’en suit. Alors, c’est l’expérience qui aujourd’hui permet de faire cela et donc, fort de cette expérience, c’est un peu ce que je vous disais la dernière fois autour de l’agacement de Lacan, c’est l’expérience qui…, c’est l’expérience que…, mais, fort de cette expérience, aujourd’hui, on sait qu’il n’y a pas à faire ce « fort de l’expérience ». Est-ce que, pour pouvoir convaincre certains, on peut dire : « Faisons-en la démonstration ? ». Puisqu’on sait, on sait qu’il y a là quelque chose à quoi on sera confronté d’une façon sûre, à cette dégradation totale de la personne à qui on a fait la greffe. Mais, la dernière fois, ce que j’avais essayé de vous dire autour de ce patient de Lacan, plus exactement ce patient qu’on lui a présenté, c’est quelque chose de cet ordre. Lacan s’évertuait, disait : « Mais non vous ne pouvez pas, vous ne pouvez pas ! » mais il ne pouvait pas leur dire : « Faites-en la…, faisons la démonstration, on verra… » parce qu’il savait que ce serait une catastrophe. J’ai voulu y revenir et je ne sais plus très bien comment je suis arrivée à parler de cette expérience, mais enfin c’est ce que l’on peut recueillir comme cela dans les dits du patient avec ce que l’expérience effectivement apportera, uniquement notre expérience, l’expérience et cette expérience, c’est quand même ce que nous devons connaître, savoir de ce qu’est la psychanalyse, de ce qu’est l’inconscient et de comment, à ce niveau, on réagit.

Voilà. Je voulais vous mettre en garde là-dessus, nous ne pouvons pas aller dans ce sens-là et nous n’avons pas à vouloir en faire la démonstration. Ça a à voir aussi avec l’éthique. Et cette éthique, puisque c’est ce qui est à l’ordre du jour de ce que l’on travaille en ce moment, certes il y a un savoir et c’est dans cette éthique que Lacan a mis en place cette Chose, das Ding avec tout ce qui l’entoure mais aussi, il y a à se dire que quelque chose doit être respecté pas uniquement ce qui est de l’ordre du savoir mais aussi ce qui fait que la personne, on ne peut pas y toucher impunément.

Bon, voilà ce que je voulais reprendre autour de ce que j’ai dit la dernière fois. Je ne peux pas tout reprendre, bien sûr. La dernière fois, c’était un peu comme cela. J’ai voulu reprendre ces points parce que il me semble que c’est tout à fait capital et qu’en fait, ça ne nous éloigne pas du travail de L’éthique [162] de cette année, que ce soit ici ou dans les différents groupes qui y travaillent dans l’École.


Questions

Solange Faladé :
… inaudible… cet anneau qui fait que de la bouche à l’anus se renoue, c’est ça qui représente l’homme avec ce qui est au milieu de ce vide central et cet objet qui s’y love et que la façon dont on va faire avec ce tore, alors il a parlé de tricotage, de ce tore, il va d’abord parler de la bande de…, pas la bande de Mœbius mais du noeud Borroméen.

Claude Lecoq :
Ce que vous nous avez amené comme choses, ce soir, sont pour moi très importantes et je suis très respectueuse du travail avec le patient et je me demandais si apparemment d’après ce que vous venez de dire là, est-ce qu’on y est pour quelque chose dans ce tricotage ?

Solange Faladé :
On y est pour quelque chose si on sait rester à sa place d’analyste c’est-à-dire que, si on ne gauchit pas, le patient ayant en main ce tore va nouer quelque chose d’une façon telle, mais on y est pour quelque chose dans la mesure où, à cette place, on y est en tant que ce qui permet que le travail puisse se faire sans que ce travail soit gauchi, c’est-à-dire rester cet objet-cause, ça veut dire n’avoir aucun idéal pour le patient, ne pas penser que c’est ça qui sera bien pour lui, enfin vous voyez, tout ce que nous déroulons comme cela, ce que nous rencontrons et que, en fait, ça a son explication indirecte là. Bien sûr que le patient, s’il vient nous voir, c’est bien parce que en ce lieu, en ce lieu, au lieu où une psychanalyse peut se faire, il peut de son inconscient dérouler, dévider ces signifiants qui forment couronne autour de ce lieu de la Chose et, en même temps, lui permet de saisir ce qu’est sa relation avec ce grand Autre et ensuite voir comment on tricotera ça puisque de toute façon, ces signifiants, ils sont tombés, auxquels il n’est plus aliéné, ces S1, ces signifiants sont tombés donc il va, avec ce que il a saisi de cet objet qui l’a causé, ce désir de l’Autre, de ce… cette jouissance, ce qu’il en reste pour lui, il va faire en sorte que ce qui le coinçait, pour employer un mot, ne trouvant pas mieux dans l’immédiat, puisse n’être plus puisque quand même, de temps en temps, on a le témoignage que la vie est devenue autre, sans que ce soit forcément ce que on aurait pensé pour tel ou tel.

Claude Lecoq :
Je me suis posée cette question, c’est parce que, au fond, c’est le fait que le patient ait fait une analyse en plusieurs temps, avec plusieurs analystes et travaillait autour des mêmes points évidemment mais pas de la même façon, alors on peut penser que c’est une analyse qui se continue et on peut peut-être penser aussi que ça a à voir avec tel ou tel analyste, que ce travail…

Solange Faladé :
Écoutez ! Si de l’analyse il y a eu, ça veut dire que il y a eu un analyste, ça veut dire que c’est quelqu’un qui a su rester à cette place-là, et qui permet puisque, de toute façon, il faut, si on veut que du travail analytique se fasse, qu’il y ait un analyste. Ça ne peut se faire par correspondance ! La présence de l’analyste est une chose essentielle et importante dans ce dispositif mais il faut que l’analyste y soit d’une façon telle que ce qui est son inspiration ne puisse venir « gauchir » ce qui doit résulter pour l’analysant. Maintenant que les tranches, les ceci et les cela, pourquoi pas, pourquoi pas… Ça dépend ce que tel patient peut supporter à tel moment, ça dépend aussi de ce qui a pu lui paraître, être déviation dans certains cas… Il y a beaucoup de choses qui peuvent faire que une analyse ne se poursuit pas là où ça a commencé, pour différentes raisons.

De toute façon, l’analyste est responsable, ça je vous l’ai dit la dernière fois. Justement, il faut qu’il puisse se dire qu’il n’est là que comme témoin, donc sa responsabilité est engagée.

Question :
Et un témoin peut témoigner de temps en temps…

Solange Faladé :
Bien oui, c’est pour ça qu’au moment d’une passe éventuelle, Lacan a pensé que il y avait à, non pas à demander l’autorisation, puisqu’on s’autorise pour ce qui est du passant, mais au moins à le faire savoir à celui-là qui, lorsque c’est nécessaire, c’est-à-dire lorsque le jury pour une raison quelconque estime qu’il a à faire appel à celui qui peut témoigner, s’adresse à l’analyste. Mais ça n’est pas l’analyste qui décide si oui ou non son analysant peut s’autoriser, mais si son analysant est à un point de son analyse, pour lui n’entend pas qu’il en est arrivé au point où il peut s’autoriser, il a à le lui faire savoir. C’est d’ailleurs pour ça que Lacan, pour bien mettre les choses au point, a dit s’autorise de lui-même, c’est quelque chose puisqu’il y a même eu malentendu, je ne peux même pas dire qu’on se soit mal entendu, une mauvaise interprétation de cette analyse de s’autorise de lui-même. Mais bien sûr que l’analyste est témoin, ça ne veut pas dire qu’il a à témoigner, mais il peut avoir à témoigner. Et, en plus, je pense que il ne peut pas être autre que témoin, il ne peut pas mettre son grain de sel, il ne peut que tout gâcher à ce moment-là. Il doit être, il doit y être d’une façon telle que les choses se détricotent et se retricotent enfin c’est-à-dire ce jeu des signifiants, que ce soit l’analysant qui ait ça entre ses mains. Il s’agit de lui, il s’agit de sa vie.

Question :
Mais j’en reviens plus modestement au témoignage peut-être en tant que tel, de l’analyste à son analysant, en lui disant par exemple : « là, vous lâchez une maille »…

Solange Faladé :
Là, vous lâchez une ?

Question :
Là, vous lâchez une maille, je continue la métaphore…

Solange Faladé :
Oui, mais alors, comment vivra-t-il ça ? Je ne sais pas, ça dépend de ce qui se dit pour qu’il puisse le lui dire… Je ne sais pas sous quelle forme parce que, après tout, les mailles… s’il doit faire ce sillage et bien, oui, quand, comment reprendra-t-il cela ? Parce que, lâcher une maille, cela ne nous éclaire pas de le dire sous cette forme puisque il est quand même là pour les lâcher, toutes ces mailles qui faisaient qu’il était aliéné à l’Autre. Tous ces S1, c’est autant de mailles. Il faut bien qu’il les lâche. Le travail de l’analyse, c’est quand même de se désaliéner pour l’analysant, s’il veut aller jusqu’à la fin, jusqu’à ce qui sera une fin de l’analyse, c’est-à-dire la chute de toutes ces mailles-là, de tous ces S1 et la confrontation avec cet objet petit a, avec ce que, ce que, du désir qui l’a fait venir, il a à en savoir quelque chose. Et comment il va, lui, faire autour et avec ce reste de jouissance auquel il s’identifie. Il faut bien qu’il les lâche ces mailles, et c’est long, pas toujours facile. Mais Freud dit bien qu’il tient à son symptôme le névrosé, celui qui vient nous voir le plus couramment, c’est le névrosé. Et comme il en souffre, il demande aussi à en être débarrassé.

Elisabeth Boisson :
Je n’ai pas très bien compris ce que vous avez dit tout à l’heure à propos de ce psychanalyste témoin parce que vous parlez de le psychanalyste s’autorise de lui-même si vous parlez de la passe, il y a aussi le passeur.

Solange Faladé :
Non, non, vous ne comprenez effectivement pas ce que je veux dire. Au cours d’une analyse, l’analysant lorsqu’il sera arrivé à ce moment où Lacan ensuite a dit : « Il y a de l’analyste » - avant il disait : « L’analysant dit : je suis analyste » alors il s’autorise de lui-même. Ce n’est pas l’analyste qui écoute, ce n’est pas celui qui était là et qui a permis que ce travail puisse se faire. L’analyste qui s’autorise de lui-même, c’est l’analysant qui est arrivé à ce point de sa cure, de son parcours, de son travail analytique, et où il peut se dire : « je suis analyste », où il peut dire : « Il y a de l’analyste » et il le fait savoir. En tout cas, il y en a au moins un qui va l’entendre, c’est son analyste. Il peut décider de faire une passe et on a ajouté effective, c’est-à-dire de s’éprouver à une passe et de faire savoir publiquement qu’il est arrivé à ce point où il dit : « Je m’autorise ».

Elisabeth Boisson :
Oui, mais quand vous parliez, vous ne faisiez pas référence à la passe.

Solange Faladé :
Mais si, quand on m’a demandé : « quand est-ce que l’analyste peut témoigner ? », j’ai dit ça peut-être à propos d’une passe…

Elisabeth Boisson :
Est-ce que ça peut être en dehors de la passe ?

Solange Faladé :
Eh bien…

Elisabeth Boisson :
Parce que l’analyste peut s’autoriser lui-même sans demander la passe.

Solange Faladé :
Oui, c’est ça mais il peut avoir à témoigner comme il peut ne pas avoir à témoigner. Il peut aussi parce que, pour ce qui est des contrôles,…

Elisabeth Boisson :
Ça veut dire qu’il s’est déjà autorisé et c’est quand même l’analyste qui dit : « Il y a de l’analyste » ?

Solange Faladé :
Oui mais enfin quand même, au cours des contrôles, c’est quand même fait pour qu’on puisse savoir si oui ou non. Il ne faut pas penser que ce qui était là, le tissu, Lacan n’en a pas tenu compte, on fait comme si Lacan n’en avait pas tenu compte, il dit le contrôle, je ne veux pas dire que il faut un contrôle, si celui-là qui dit qu’il est arrivé à ce point de l’analyse, il y a de l’analyste, et qu’il s’autorise, son désir d’analyste fait que le contrôle est obligé. C’est un passage obligé. Et s’il ne fait pas de contrôle, on a à mettre en doute le fait qu’il dise : « Je suis analyste ». Or, on fait dire à Lacan ce qu’il n’a jamais dit, il n’a jamais imposé de contrôle. Mais qu’est-ce que vous voulez dire ?

Elisabeth Boisson :
Quand on dit : « Il y a de l’analyste », c’est pas celui qui s’autorise qui dit ça.

Solange Faladé :
Si. Celui qui s’autorise le fait savoir.

Elisabeth Boisson :
Ah oui, bien sûr, il le fait savoir…

Solange Faladé :
Il le fait savoir au moins d’abord à son analyste. Il faut bien que son analyste…

Elisabeth Boisson :
C’est ça que je voulais vous demander : à son analyste donc de quelques autres, dont son analyste.

Solange Faladé :
Oui !

Elisabeth Boisson :
Mais vous avez dit quelque chose que je n’ai pas très bien compris.

Solange Faladé :
Mais si, l’analyste peut avoir à témoigner. Le jury d’agrément, et ça s’est fait, le jury d’agrément peut avoir à demander à l’analyste du passant où il en est et ce qu’il en pense. Son témoignage peut être retenu, ça n’est pas uniquement le passeur. Et voilà un point qu’on laisse tomber. Le jury d’agrément peut… oui, c’est ça, il n’y a pas que le passeur.

Elisabeth Boisson :
Et c’est ça que je n’ai pas très bien compris, c’est ça dont on avait parlé également l’autre fois.

Solange Faladé :
Si, si c’est ça, ça ne se fait pas d’une façon systématique mais il peut, parce que il est témoin, il a été un témoin, il est témoin. Ça ne se fait pas d’une façon systématique comme ça se faisait avant dans les Sociétés d’analyse, l’analyste, Lacan ne l’a pas du tout aboli - pourquoi faire ? - il ne l’a pas du tout aboli, mais il se dit que, peut-être, ça pourrait se faire à bon escient et non pas d’une façon systématique, automatique.

Elisabeth Boisson :
Oui, mais vous avez dit aussi quelque chose comme, je ne sais pas si je l’ai bien retenu, que l’analyste peut faire savoir à son analysant qu’il peut être en position d’analyste.

Solange Faladé :
Ah non, non ! Je n’ai jamais dit ça ! Il peut lui faire savoir que il n’en est pas à un point où il peut s’autoriser, je n’ai pas dit que c’est l’analyste qui va dire à son analysant qu’il est arrivé à un point où il est analyste, là non ! Lacan s’est élevé contre ces façons abusives qu’ont eu certains à pousser leurs analysants à commencer à exercer trop tôt. Non, non, c’est pas ce que j’ai dit ! Il peut être amené à faire savoir à son analysant qu’il n’en est pas arrivé à un point où il peut s’autoriser parce que, quand même, il est là comme témoin, il est là pour entendre, et sa responsabilité est engagée, il ne peut pas laisser faire n’importe quoi…

Elisabeth Boisson :
Oui, mais il peut y avoir le cas où il y a un passeur et sans qu’on demande quoique ce soit à l’analyste.

Solange Faladé :
Écoutez, non ! Il ne peut pas y avoir un passeur sans qu’on demande quoique ce soit à l’analyste puisque, les rares cas d’A.M.E. de l’École Freudienne de Paris et là, j’ai fait partie des jurys et nous avons fait partie des rédactions avec Irène Roublef et tout ça, bon, mais les rares cas où ça a été un analysant d’A.M.E., il y a eu presque toujours, il n’y en a pas eu beaucoup et je crois pouvoir dire avec elle, où on a dû, enfin, demander à l’analyste son témoignage, ça ne veut pas dire que : « Est-ce que oui ou non cet analysant est arrivé à un point où lui a estimé que il y avait de l’analyste ? ». L’analyste doit être témoin et il ne compte pas pour du beurre quand même…

Elisabeth Boisson :
Oui, mais de là à témoigner, ça n’est pas…

Solange Faladé :
Hein ? Pardon ?

Elisabeth Boisson :
Par exemple, on lui demande de témoigner, il peut témoigner mais il n’a pas forcément à témoigner dans tous les cas.

Solange Faladé :
Non, il n’a pas à témoigner dans tous les cas et puis bon, son analysant peut lui faire savoir qu’il s’autorise et que il s’engage dans une passe effective. Mais on ne voit pas comment un analysant pourrait arriver à un point où il s’autorise et n’en dirait rien à son analyste.

Elisabeth Boisson :
Non, ça n’est pas ce que je voulais dire…

Solange Faladé :
À ce moment-là, il faudrait se demander ce qui s’est passé là-bas. Ça n’est pas mal, de temps en temps, de savoir que, et la théorie et la pratique, vont main dans la main…

Bien. A dans quinze jours.


[158] Lacan J. « Le temps logique « in Écrits. Seuil. 1966.

[159] Freud S. « La sexualité infantile ». 1905. in Trois essais sur la théorie sexuelle. Folio essais. 1987. Page 91.

[160] Freud S. « Le Moi et le Ça ». 1923. in Essais de psychanalyse. Petite Bibliothèque Payot, 1981. Page 219. Voir également la traduction de S. Faladé, G. Bortzmeyer, M. Wague. Document de l’Ecole Freudienne.

[161] Racadot E. « Ethique et Médecine ». Bulletin de l’Ecole Freudienne n° 54.

[162] Lacan J. Séminaire L’éthique de la psychanalyse, 1959 - 1960. Seuil. 1986.