7 octobre 1995
Document de travail
Comme Jamain vient de vous le dire, ce ne sont pas des plaisanteries d’après-dîner qui nous ont conduit à proposer ce thème de travail pour aujourd’hui et demain. C’étaient certes des discussions qui avaient lieu après les séances de travail, qui avaient lieu pendant les repas, mais c’était loin d’être ce que l’on appelle des plaisanteries d’après-dîner.
L’année qui vient de s’écouler a vu un certain nombre de travaux dans notre groupe et, en particulier, un point a été l’objet de réflexion, ce point concernait le complexe de castration et, de plus, j’ai travaillé avec quelques personnes, j’ai exposé ce que Lacan nous a apporté concernant l’identification, et particulièrement l’identification primordiale, et c’est à partir de ces deux points que je vais essayer ce matin d’aborder ce qui se pose toujours à nous, et qui concerne la fin ou le terme d’une cure analytique.
Le complexe de castration, nous avons fait référence, c’est classique maintenant, au texte de Freud, un des derniers, « Analyse finie, analyse infinie » [1], et nous nous sommes arrêtés, là beaucoup plus qu’ailleurs, à ce qu’il disait concernant la fin de la cure et cette butée de la castration qui faisait que, pour une femme, il y avait ce problème de l’envie du pénis, et pour un homme, le refus de la féminité. Mais, très vite, dans ce qui suivit, à la fin du chapitre, il fait référence à Adler et, en fait, c’est bien quelque chose d’une menace de la castration qui est là sous-jacent concernant ce refus de la féminité. Cette fin, et c’est ça qui peut nous étonner nous autres aujourd’hui, après l’enseignement de Lacan, et surtout après les positions qui ont été prises depuis le départ de la Société de Paris, cette fin ne concerne que les analyses thérapeutiques ; pour ce qui est des analyses didactiques, Freud dit que ça ne peut qu’être une analyse incomplète et de courte durée [2], et qu’en fait, ce qu’il attend, ce qu’il espère de ces postulants psychanalystes, de ces futurs analystes, c’est qu’ils fassent l’expérience de l’inconscient, c’est-à-dire, en 1937, pour Freud, se pose encore ceci qu’il faut qu’on s’aperçoive, qu’on accepte que l’inconscient existe, qu’il y a de l’inconscient. Donc, il leur demande de faire l’expérience de l’inconscient et de savoir qu’il peut y avoir un lever du refoulement et que ceux-ci, à partir de là, ils pourront conduire des cures. C’est un point à ne pas oublier parce que, lorsqu’il y a eu tout ce remue-ménage après la dissolution de l’École Freudienne de Paris, certains ont voulu reprendre ce point et dire qu’au fond, Freud, ne demandait pas que l’analyste ait fait une analyse. Donc, ils s’appuyaient sur ce passage. C’est vrai que nous, ça peut nous étonner maintenant, après tout ce qui s’est dit, tant à la Société Française de Psychanalyse qu’à l’École Freudienne de Paris, ça peut nous étonner, mais je crois qu’il faut comprendre quel était le souci de Freud et, lorsqu’on relit un certain nombre de lettres, de correspondances, et en particulier l’échange qu’il y a eu entre Groddeck et lui-même en 1917, où Groddeck lui demandait si lui, Freud, accepterait de l’inscrire parmi les analystes, et s’il le considérerait comme psychanalyste, Freud lui répond [3] : « Quelqu’un qui sait, qui reconnaît qu’il y a le transfert et la résistance au cours d’une cure, celui-là est analyste. ». La lettre à Groddeck se poursuit et se poursuit sur ce point qui est que Freud discute le point de vue de Groddeck autour de l’inconscient et de ce qu’il veut faire du Ça.
Je crois qu’il est bon pour nous de ne pas oublier ces pas qui ont été faits par ceux-là qui, non seulement ont découvert l’inconscient, ont proposé une méthode thérapeutique, la psychanalyse, donc Freud, mais aussi ceux qui l’ont suivi et, en particulier, Lacan qui s’est efforcé de revenir à la découverte freudienne pour que, justement, on puisse repartir des points qui faisaient question à Freud en 1937. Je reviendrai sur ce texte de Freud, et en particulier sur ce qu’il demande pour une fin d’analyse, malgré cette butée qu’est la castration et la traduction que, du fait du transfert, on trouve chez une femme, envie du pénis, chez un homme, refus de la féminité.
Lacan, au cours de son enseignement, vous savez qu’il n’est pas parti en tenant compte de cette différence des sexes ; ce qui l’a intéressé, ce sur quoi il a insisté au départ, c’est sur le sujet, sujet de la parole, et c’est à partir de la structure du sujet, des différentes structures du sujet, qu’il a essayé de saisir ce que peut être une cure analytique, son parcours, et ce qui pourrait être une fin.
Alors, dans un premier temps, pas de différence, c’est la structure qui compte, et vous savez que, dans Les formations de l’inconscient [4], il s’intéresse à l’hystérie, il nous donne certes des exemples d’hystériques femmes mais, pour ce qui est de la névrose obsessionnelle, il fait savoir que ce n’est pas le propre de l’homme et que l’on trouve des névroses obsessionnelles chez les femmes et il nous en donne des exemples, et en particulier des exemples de Bouvet dont il fait la critique. Ce qui fait que, à la fin de cette année 58 - j’entends la fin universitaire - c’est-à-dire une fin qui a été marquée par le congrès de Royaumont où Lacan a apporté ce rapport intitulé « La direction de la cure », il termine en disant que, pour la fin, ce qui importe pour l’homme, soit d’accepter de l’avoir, soit d’accepter de ne pas l’avoir. Pour l’homme, s’il est mâle ou si elle est femelle, accepter de l’avoir s’il est mâle, accepter de ne pas l’avoir si elle est femelle, mais ceci après avoir fait la découverte qu’il n’est pas le phallus [5]. A cette époque, la question de la castration était bien là présente chez Lacan mais l’accent pour lui était mis sur le phallus et sur ce qui était essentiel pour une femme, cette privation, cette privation de fait, puisque le pénis, elle ne l’a pas et que, dans sa quête, non seulement il lui faut accepter de ne pas l’avoir mais, en fait, ceci n’est possible que si elle sait, elle tout comme l’homme, qu’elle n’est pas le phallus.
Je ne peux pas développer tous ces points que vous connaissez. Nous avons parlé du phallus imaginaire de la mère, enfin bien des points et le temps ce matin nous manquera mais enfin, l’essentiel de ce que je veux vous apporter, c’est cette démarche, ce parcours de Lacan autour de ce qui posait question à nous tous en 1952, 1953, au moment où il y eu ce départ de la Société de Paris : qu’est-ce qui peut faire dire qu’il y a une fin à un parcours analytique ? Lacan et d’autres avaient pris une position nette qu’il n’y avait pas de didactique, que ce qui comptait au départ, c’était une analyse personnelle et que, chemin faisant, on verra si une fin peut être atteinte ou si un terme, pour des raisons qui seront à peser selon les cas, si c’est un terme qui sera mis à cette cure analytique. Vous voyez que déjà-là, et je crois qu’on doit retrouver ceci dans le rapport, la fin de la « Remarque de Lacan… » faite à Daniel Lagache [6], naturellement pour ce qui est de la date, il a bien prononcé quelque chose à Royaumont en 1958 mais il nous dit que nous devons tenir compte de ce qu’il a écrit et il l’a daté de 1960. Ça veut dire qu’il y avait là déjà quelque chose qui était en marche et qui faisait que lui, Lacan, d’autres avec lui, mettaient bien un point qui était que un terme peut être obtenu, accepté, mais que ce n’était pas forcément la fin d’un parcours analytique. Et pour essayer de nous faire comprendre, et de comprendre aussi lui-même, puisque ces réflexions sont autant pour lui que pour nous, pour ce qui est de son travail, il part de ceci et c’est essentiellement après avoir mis en place ce qu’il en est de l’identification, de cette identification primordiale qui consiste en ce trait unique prélevé sur le père, ce trait unaire, et vous savez tout ce développement que Lacan va lui donner. Tout d’abord, il fait remarquer, et on le trouve dans le Rapport à Daniel Lagache, qu’il y a une matrice de ce qui sera l’Idéal du Moi, il y a là déjà une encoche et cette encoche que le sujet, le futur sujet barré, le futur sujet a, vient de l’Autre et c’est sous cette encoche que le sujet prélèvera un trait et qu’il viendra marquer à nouveau cette encoche. Et c’est autour de cette identification primordiale, autour de ce 1, autour de ces signifiants 1, que Lacan, chemin faisant, met en place ce qu’il a appelé les discours, le discours du Maître, le discours de l’Analyste, et les autres. Pour que puisse se mettre en place ce discours, discours du Maître, qu’il nous dit être aussi le discours de l’inconscient, il insiste sur ceci, c’est que ce sujet, sujet de la parole, fonctionne dans un champ de langage et qu’il faut qu’il y ait une articulation signifiante qui fait que du signifiant qui va le représenter et qui est en fait une métonymie de la métaphore qui s’est faite et qui est ce signifiant du sujet de l’ensemble vide, ce sujet qui va le représenter, va le représenter autour d’un…, enfin, vers un autre signifiant S2. Cette articulation langagière se fait, ce qui fait le sujet - je l’écris – il va donc être représenté par ce signifiant pour ce signifiant, puisque nous sommes dans une articulation langagière, un signifiant ne peut pas se signifier lui-même, il faut un autre signifiant mais, dans ce qui se met en place pour le sujet, si certes il est barré par le signifiant qui le représente, au cours de ce qu’il va prélever sur l’Autre, il y aura certes le deuxième signifiant qui s’inscrira, mais il y aura une chute, une perte, et ce sera cet objet a. Donc, c’est à partir de ceci, de ce discours du Maître, mais qu’il dit être aussi le discours de l’inconscient, que Lacan va, année après année, essayer de cerner ce qu’est la fin de l’analyse. Si c’est le discours de l’inconscient, on peut représenter le discours de l’inconscient ainsi, c’est parce que l’inconscient travaille et travaille toujours, il mettra à cette place du travail ce qui est de l’inconscient, l’inconscient ne cesse de travailler, l’inconscient ne cesse de produire, c’est dans Freud, Lacan nous l’illustre ainsi.
Alors, lorsque ce sujet se met au travail, au travail pour une analyse, donc c’est lui qui sera à cette place du travail, mais ce sujet barré, divisé, Lacan dans son séminaire sur L’objet de la psychanalyse [7], nous dit que sa structure de bande de Mœbius, il a fait le schéma, je ne le reproduis pas ici mais ce qu’il a voulu nous faire saisir, c’est l’objet qui divise le sujet, cet objet qui est un reste de jouissance, qui est un plus-de-jouir. Si bien que ce sujet qui est mis au travail au cours d’une cure analytique, qui est mis au travail au cours d’une cure analytique, parce qu’il y aura un personnage qui sera semblant d’objet, l’analyste, qui fera en sorte, parce que semblant d’objet, que pour lui quelque chose le cause d’une façon telle que, effectivement, il se met au travail, et au travail analytique. Qu’est-ce qui va se produire ? Il travaille, il va se produire, nous dit Lacan, des S1, c’est-à-dire tout ce qui l’aliénait au père, ce sont les différents signifiants S1 qui l’aliénaient au père qu’il va produire, moyennant quoi du savoir va pouvoir se mettre ici en position de vérité.
Alors, voyons comment, en fait, se fait ce travail. Partons de cette structure du sujet Mœbius divisé par cet objet et c’est très important pour nous de bien avoir à l’esprit, de bien nous souvenir que le sujet, le sujet de l’inconscient, est toujours un sujet divisé, qu’il y a là nullement suture de l’objet qui le divise, c’est en cela que ce sujet de l’inconscient diffère du sujet de la science qui, comme vous le savez, suture l’objet qui pourrait le diviser ; là, c’est une parenthèse, j’y reviendrai peut-être mais je tenais tout de suite à le dire. Chemin faisant donc, le parcours analytique, du S1 va choir et ce travail, ce S1 qui va choir va faire que le sujet fera, aura une idée de ce qu’est l’objet qui le divise. Mais c’est justement là la difficulté de la cure analytique et cette cure doit être conduite de façon telle que chaque fois que un signifiant l’aliène, un signifiant qui le représente risque de masquer cet objet qui le divise, l’analyste doit être tel que ceci ne puisse pas être et qu’il puisse y avoir le temps nécessaire, toutes ces chutes de S1, toutes ces chutes de S1 - Lacan dit jusqu’à ce que ce soit épuisé. Ça veut dire aussi quoi ? Ça veut dire que, à un moment de son analyse, lorsque le sujet analysant, si je puis dire, n’ayant plus de S1 qui viennent lui masquer cet objet qui est l’objet qui le divise, la tentation, certes, d’essayer de venir mettre un signifiant de l’analyste en place de ce qui va faire qu’il y aura encore possibilité de masquer cet objet. Alors, vous comprenez toute la discussion qu’il y a pu y avoir autour de positions comme celles de Balint ou d’autres, où Balint dit que la fin de l’analyse peut être marquée par une identification à l’analyste, au Moi de l’analyste, surtout que, pensez si le Moi de l’analyste est un Moi fort… ! Donc ceci, c’est une chose qui peut arriver car, de ne plus avoir aucun signifiant qui vient là masquer pour le sujet ce qu’est son objet, ce qu’est ce reste, ce rebut, c’est une véritable difficulté et l’analyste doit y être d’une façon telle que rien ne vienne empêcher la chute de tous ces S1, rien ne vienne empêcher que le sujet puisse saisir ce qu’est l’objet qui est son être. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout ce travail analytique, tout ce qui fait qu’il y a ces chutes de S1, ce qui fait que, pour ce qui est de l’idéal, l’idéal qui nous soutient, qui soutient le sujet divisé, il va choir, c’est-à-dire que le sujet sera désaliéné des signifiants qui l’aliénaient à l’Autre, au grand Autre, au père. Et c’est dans ce travail que se fait ce que l’on dit être construction, fantasme, puisque, au bout du compte, le sujet saura quel est son partenaire, son partenaire dans ce fantasme, cet objet a, ce qui fait que Lacan a pu proposer pour le fantasme cet algorithme et, au bout du travail analytique, lorsqu’il y a eu franchissement des identifications, il y aura cette ouverture qui fait que ce sujet saura l’objet qui est son être. Dans ce même temps, se met en place ce qui est cette vérité, plus exactement ce savoir, ce savoir qui est en place de vérité. Nous en dirons quelque chose tout à l’heure.
Alors, dans le séminaire XI [8], à la fin du séminaire XI, Lacan pose la question : que devient la pulsion lorsque le fantasme est traversé ? Que devient la pulsion lorsqu’il y a eu franchissement du plan des identifications ?
C’est là cette question de la fin qui est donnée par lui ; et une réponse nous sera donnée en 1975 avec le séminaire sur R.S.I. [9], et la réponse, il nous la donne ; comment ? Il nous dit qu’à la fin de l’analyse, s’il y a eu fin, alors il y aura identification au symptôme. Alors, ça a posé beaucoup de questions, à moi comme à d’autres, et vous savez que j’ai posé une question à Lacan lors de l’ouverture de la section clinique [10], concernant cette identification au symptôme. Lacan, dans le premier temps de son enseignement, lorsqu’il met en place le symptôme, il insiste presque uniquement sur cet aspect de symptôme qui a un sens. Il s’arrête sur ce déchiffrement, tous ces signifiants qui vont choir, tous ces signifiants qui seront déchiffrés par le sujet en analyse et qui fait que sens pourra être trouvé au symptôme. Ceci a été longtemps ce que l’on trouve dans l’enseignement de Lacan : l’importance donnée à ce déchiffrement tout comme Freud d’ailleurs, mais Freud dès le départ a tenu compte d’une chose, de la jouissance, et ce n’est que plus tardivement que Lacan fait place à la jouissance et nous parle d’un signifiant, la lettre, qui va venir se fixer à cette jouissance, à ce qui est jouissance du symptôme, c’est un signifiant qui n’est pas un de ces signifiants S1 qui représente le sujet pour un autre signifiant, c’est-à-dire c’est un signifiant qui n’a pas à voir avec l’Autre, avec le grand Autre, et, dans son séminaire Encore [11], Lacan, lorsqu’il nous fait son écriture d’essaim de signifiants, vous vous souvenez, il met en place tous ces S1 qui vont s’articuler à ce S2, S1(S1(S1(S1 - S2))) mais il y en a un qui est en-dehors et qui a à voir avec la lettre et qui est ce signifiant qui se fixe à la jouissance. Si bien que, lorsqu’une cure arrive à sa fin, lorsqu’il y a pu avoir ces franchissements d’identifications, les chutes de S1, la saisie par le sujet de ce qu’est son être, qu’est-ce qui se passe ? Il se passe que, certes, il y a eu ce déchiffrement et le sujet reste avec cet être, ce qui est son être de jouissance.
Avant d’aller plus loin, je vais essayer d’illustrer ceci par l’observation de l’homme aux rats. Lacan lorsque, dans ce séminaire R.S.I., nous parle, revient sur le symptôme, il met cette jouissance qui n’avait pas pris sa place au départ de son enseignement, Lacan nous parle de croire au symptôme. Alors, croire au symptôme, c’est quoi ? Prenons l’homme aux rats.
L’homme aux rats, vous connaissez son histoire, ce jeune homme, officier de réserve, qui, au cours de manœuvres, rencontre le capitaine cruel et, à partir des histoires du capitaine cruel, se met en place chez lui ce qu’on a appelé l’obsession des rats.
Le rat, ce n’est pas n’importe quel objet, ce rat venu du récit du capitaine cruel, vient là marquer la jouissance, jouissance que l’on peut trouver chez l’Autre, l’Autre que l’on pensait, que l’on voulait vivre comme vidé de jouissance. Donc capitaine cruel, son histoire de rats, obsessions chez notre homme aux rats, le jeune officier, et l’obsession est telle, que, à chaque fois la dame et le père qui est dans ses fantasmes sont là pris par cette obsession des rats, obsession des rats que par ailleurs, depuis toujours, puisque Freud à propos de cette observation nous dit que la symptomatologie de l’homme aux rats, sa névrose obsessionnelle, était là en place enfant. Donc, lorsqu’il arrive à cet âge adulte où s’ajoute à tout ce qui l’inhibe dans la vie, tout ce qui est pour lui ou superstition ou difficulté à se mettre au travail, il y a certes cette obsession des rats qui rend pour lui la vie bien plus difficile, mais c’est depuis longtemps qu’il avait difficulté à vivre. Il revient à Vienne, il devait aller suivre je ne sais quel traitement mais il a entendu parler de Freud. Il a plus qu’entendu parler de Freud puisqu’il a lu les textes de Freud et il décide d’aller voir Freud. C’est là croire au symptôme, c’est là parce qu’il pense que Freud va pouvoir faire en sorte que ce sens soit donné à ses symptômes, que Freud, que dans ce lieu, il y aura, il y a un savoir, c’est ça croire à son symptôme. Il va là où du savoir est supposé - le savoir de Freud - et toutes les fois où il y a du savoir, c’est-à-dire qu’il y a toute une chaîne de signifiants, Lacan dit qu’il y a un sujet, un sujet supposé à ce savoir. Donc, pour ce qui est du croire au symptôme, l’homme aux rats nous en donne illustration. Il croit au symptôme qui peut être déchiffré, au symptôme qui a un sens et il espère, en trouvant ce sens, la guérison.
Pour ce qui est de l’identification au symptôme, l’homme aux rats peut nous permettre d’être sur le chemin, de comprendre ce que Lacan dit de cette identification au symptôme. Dans l’histoire de sa vie que nous rapporte Freud, il est fait mention de ceci, d’un moment de sa vie où il est allé faire une cure d’hydrothérapie à Munich, enfin dans le journal, le lieu est marqué et, au cours de ces semaines passées dans cet établissement, les choses allaient très bien pour lui, il se portait bien, il n’avait plus d’obsessions, c’était vraiment pratiquement le paradis, ce lieu. Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Il s’est passé qu’il a rencontré une jeune fille, et qu’avec cette jeune fille, il a eu des relations sexuelles satisfaisantes et, pendant tout ce temps qu’il a vécu là-bas, il n’avait plus d’obsessions, son inhibition, enfin tout ce qui était sa maladie, était tombé. L’homme aux rats quitte l’établissement, reprend le cours de la vie et, de nouveau, des difficultés arrivent. Il décide de retourner dans ce lieu, de refaire une cure d’hydrothérapie mais là, il demande, il croit, il pense que c’est parce qu’il était dans une certaine chambre, il veut de nouveau être dans cette chambre, grande et chère nous dit Freud, que c’était ça qui avait joué. Il ne peut pas avoir cette chambre. Furieux, il lance une véritable imprécation, il dit de la personne qui occupe cette chambre : « Qu’elle meure d’apoplexie ! ». Malheureusement pour lui, ça se produit ; lui, superstitieux, c’était pas pour lui rendre la vie facile, bref, ce séjour ne s’est pas du tout soldé de la même façon, il n’a eu aucun mieux, alors ceci peut nous permettre de comprendre ce qui s’est passé. S’il a rencontré une jeune fille avec qui il a eu ces relations satisfaisantes, c’est ça son symptôme, c’est cette identification à cet objet de jouissance, à cet être de jouissance qui peut être un être aimé ou pas, c’est ça s’identifier au symptôme, à ce reste. Mais qu’est-ce qui s’est passé pour l’homme aux rats ? Quelque part, pas spécialement à propos de l’homme aux rats, mais toujours à propos de ce qui pose question pour la fin de l’analyse, Lacan dit qu’il faut que l’inconscient ait dit pourquoi. C’est-à-dire… il faut qu’il y ait eu tout ce travail qui fait qu’il y a chute, perte de tous ces signifiants 1, que le sens certes soit trouvé, il faut qu’il y ait eu ce déchiffrement, que l’inconscient ait dit pourquoi. Ça ne s’est pas passé pour l’homme aux rats. Certes, il y a eu ce mieux, ce mieux tout à fait appréciable et Freud en tient compte, l’apprécie, dit que pour deux fois dans sa vie, il y a eu une toute première fois coït à Trieste, il n’est pas tout à fait sûr, lui Freud, que ce que ça a apporté était aussi bien que ça, mais à Munich, c’était très bien. Or il a trouvé, il a pu mettre en place cet objet, cette jeune fille, mais l’inconscient n’a pas dit pourquoi et son leurre est tel que, au lieu que ce soit pour lui l’heure de vérité, lorsqu’il rencontre cette jeune femme, ça n’était qu’un leurre, un leurre puisqu’il a pensé que de retrouver la même chambre et que sais-je, ça lui apporterait ce qu’il a perçu, ce qu’il a reçu la première fois.
Alors revenons à notre identification au symptôme, à ce qui se passe à la fin d’une analyse si cette analyse a pu être menée jusqu’à ce point où il y a ces chutes de ces S1, où on est confronté avec ce plus de jouir, cet objet de jouissance, ce qui est l’être du sujet. A ce moment-là, qu’est-ce qui se passe ?
Alors, les derniers séminaires de Lacan R.S.I., le « Joyce, le symptôme » [12] et Le sinthome [13]. Tout ceci va nous permettre de mieux saisir, mieux cerner, mieux comprendre ce que Lacan nous dit autour de cette identification au symptôme. Si la cure a été menée jusqu’au bout, c’est-à-dire, ça, si donc il y a eu tous ces déchiffrements, le sens de ce qui était symptôme, et qui faisait souffrance qui fait qu’on vient en analyse, si ceci a pu se faire, alors il y a silence, il y a silence et, tout comme Joyce, Joyce le symptôme, on est désabonné à l’inconscient. L’inconscient ne parle plus, ne nous dérange plus. On est désabonné à l’inconscient et on pourra, alors c’est là que Lacan va à son tour considérer et ce qui est pour un homme et ce qui est pour une femme.
Alors, silence, désabonné à l’inconscient, ayant saisi ce qu’est son être, pour un homme, Lacan nous dit qu’une femme peut être son symptôme, que une femme, c’est le symptôme de l’homme. Qu’est-ce qu’il veut dire ? Il veut dire que, très simplement, tout comme pour l’homme aux rats, une femme peut être cet être de jouissance et aussi dans certains cas, être l’être aimé, être de jouissance, être aimé, c’est-à-dire être ce reste de jouir, cet objet qui est l’être du sujet homme et, à ce moment-là, il y aura possibilité de ce qui supplée au pas de rapport sexuel car ce qu’il y aura sera entre cet homme et cette femme qui est son symptôme, mais entendez bien qui est ce qui reste, ce qui vient là incarner ce reste de jouissance il y aura relation sexuelle entre cet homme et cette femme qui est son symptôme, ça supplée au pas de rapport sexuel, c’est dans la jouissance, dans cette rencontre avec une femme, c’est dans cette jouissance qu’il y a cette possibilité de suppléer au pas de rapport sexuel. Donc, pour un homme, cette identification au symptôme, c’est la possibilité pour lui de trouver une femme qui pourra être « être de jouissance », objet de jouissance et, dans certains cas, être aussi « l’être aimé ».
Pour une femme, c’est beaucoup plus difficile. C’est beaucoup plus difficile parce que, et là ce qui fait la différence sexuelle est pris en compte, d’abord cette privation de départ est là, ça a été mis, pas de phallus, mais elle a à être à son insu, - Faladé montre les formules de la sexuation - il y a du côté femme, il y a une flèche qui va vers le grand Φ, elle a à être cet objet, cet objet aimable et désirable à son insu, mais enfin, une certaine mascarade est toujours nécessaire pour ce qui est de la féminité. Elle a à être ce a mais, pour ce qui est de cet objet, cet objet qui est ce reste avec quoi elle a affaire, elle aussi, à la fin d’une analyse, ce n’est pas un homme qui viendra à cette place et qui sera son symptôme. Lacan en a parlé une fois, mais je crois qu’il n’y a pas insisté. En tout cas, dans ce qui nous reste de son enseignement, on peut difficilement dire qu’il a dit que un homme est le symptôme d’une femme, symptôme au sens de ce qui vient là incarner cet objet, ce reste de jouissance. Pour une femme, c’est faire en sorte qu’elle puisse, être non pas, mais faire être cet objet de jouissance, ce plus de jouir, parce que dans sa formule de la sexuation, il y a bien cet objet a qui est du côté de la femme - peut-être il faut quand même que je fasse le schéma - Faladé dessine le schéma - Bon. Le petit a est du côté de la femme mais ce qui est demandé à une femme, ce n’est pas de venir s’identifier à cet objet petit a, la femme n’est pas d’essence masochiste, c’est de faire en sorte que de prêter, de se prêter à, nous dit Lacan et si elle s’y prête, elle peut se prêter à ce qui sera dans certains cas la perversion de l’homme, à ce qui peut être la perversion de l’homme. Ce qui va être identificatoire pour elle, c’est ce qui se passe ici en tant que grand Φ, mais par rapport à cet objet, à ce reste de jouissance, à cet objet qui est son être, elle, ce n’est pas de s’identifier, c’est de faire en sorte que puisse être, le regard, la voix, le sein, l’excrément, tout ce qui est là, hors-corps, hors-sens, et qui pourra être jouissance pour l’homme. C’est très important de bien saisir qu’à la fin d’une analyse, tout ce qui a sens choit. Il y a ce silence chez une femme comme chez un homme mais une femme, elle, doit faire en sorte que tout ce qui est du hors corps, tout ce qui peut représenter ces objets petit a, elle puisse les faire être. C’est pourquoi Lacan dit que une femme peut se prêter à ce qui, dans certains cas, peut être tenu pour pervers, pour perversion, chez l’homme.
Naturellement, ce qu’il faudrait faire, c’est de prendre les différentes structures et de voir comment, pour chaque structure, lorsqu’il y a eu fin d’analyse, il peut y avoir cette identification au symptôme en sachant que le symptôme, ce à quoi on s’identifie, c’est cette partie, c’est ce qui a à voir avec la lettre, c’est ce qui a à voir avec la jouissance, avec ce qui n’a plus rien à faire avec le grand Autre et c’est ce qui sur le graphe sera du côté de S(), d’ailleurs Lacan a marqué : Jouissance. Je fais très rapidement le haut du graphe. Le S(), il a marqué : Jouissance ici, ce qui fait que de ce côté $ ◊ D, il a marqué : Castration, ceci ne peut être que si effectivement la castration a été quelque chose d’accepté, de vécu par le sujet.
Bon, ce serait beaucoup trop long de reprendre chaque structure, mais on peut comprendre que, pour une structure telle que cette structure où on pourra voir…, avec la paranoïa, puisque j’avais posé la question à Lacan, oui, ce qui est de la jouissance aussi existe de ce côté-là et on peut, dans certains cas, espérer que une identification est possible. Alors, je crois que ce matin je ne vais pas rentrer dans tout ce développement qui nous permettrait de voir comment pour chaque structure ce qu’une femme peut être en étant symptôme de l’homme. Pour continuer ce que je veux dire, c’est revenir à Freud, revenir à Freud et montrer et vous verrez, en prenant cette « Analyse finie et infinie », que Freud reprend lorsqu’il termine, bien que cette castration soit butée et il dit : c’est butée à cause du transfert, je crois que c’est très important de ne pas oublier ceci, il dit bien que si la névrose a pu être guérie, puisqu’il se met dans ce cas, dans cette éventualité qu’une névrose peut être guérie, à ce moment-là, il nous dit que, puisqu’il y a levée du refoulement, il y aura satisfaction des exigences de la pulsion. Il y a une chose qu’on a trop tendance à oublier et c’est pourquoi, dans un premier temps, nous nous sommes arrêtés très longuement sur cet article de Freud « Pulsions et vicissitudes des pulsions » [14] une chose qu’on a tendance à oublier, c’est que le refoulement, c’est ce qui empêche qu’il y ait satisfaction des exigences pulsionnelles, si le refoulement est levé, c’est-à-dire s’il y a eu tout ce travail de déchiffrage, si l’inconscient a dit pourquoi, alors il y aura satisfaction des exigences pulsionnelles et Freud dans cette fin, il nous dit qu’il y aura satisfaction des exigences pulsionnelles ou, si il y a un refoulement, ce sera un refoulement qui sera en fait sera d’un autre ordre, ce sera un autre tissu de refoulement qui se mettra en place, c’est-à-dire quelque chose qui n’empêche pas la satisfaction pulsionnelle, et je crois que c’est important, il met nullement la sublimation à cette place et je crois que c’est un point que nous avons à travailler. Monique Bon propose ce travail au Directoire, je crois qu’il faut le faire parce que, dans bon nombre de groupes analytiques, on essaie de faire croire que la fin d’une analyse peut être portée par une sublimation, pas du tout.
Je m’arrêterai là, je sais qu’il y aurait beaucoup d’autres choses à dire autour de cette fin d’analyse et de cette identification au symptôme, l’occasion nous sera donnée peut-être une autre fois de poursuivre ceci. Voilà.
Questions
Robert Samacher :
Lorsque vous parlez des structures et de la fin de l’analyse, vous limitez à la série des névroses obsessionnelles ou vous envisagez l’ensemble des structures ?
Solange Faladé :
C’est pour ça que j’ai rappelé la question que j’avais posée à Lacan lors de l’ouverture de la Section clinique, on en trouve trace d’ailleurs je crois, dans je ne sais quel Ornicar [15], j’ai posé la question de savoir ce qu’il en est pour la paranoïa où il m’a dit que là aussi il pouvait y avoir identification au symptôme, entendu que c’est ce reste de jouissance, cette lettre qui n’est pas un signifiant de l’Autre. Mais, développer les différentes structures et ce qu’il en est de la femme, il y a à bien distinguer de l’hystérie, enfin ce serait presque un autre chapitre, je le laisse, mais c’est entendu, et c’est parce que toutes les structures sont concernées par ce reste de jouir que Lacan a pu répondre a pu me donner la réponse qu’il m’a donnée concernant la paranoïa.
Alain Depaulis :
Madame, lorsque vous parlez de l’homme aux rats, qu’il croit à son symptôme, il a lu le texte de Freud, il a donc une idée de ce qu’il va trouver. Est-ce que ça veut dire que c’est une condition pour une cure de croire à son symptôme ?
Solange Faladé :
Eh bien, si on ne croit pas à son symptôme, on ne va pas voir un analyste.
Alain Depaulis :
Mais enfin, on peut venir avec une souffrance parler à l’analyste sans que pour autant...
Solange Faladé :
Mais, si on vient à l’analyse, c’est qu’on pense que il y a quelque chose à déchiffrer. C’est qu’on pense qu’il y a une explication, il y a une signification à ce qui vous fait souffrir et Lacan dit bien aussi que, lorsqu’on est à la fin de cette analyse, et c’est lorsqu’il y a cette identification au symptôme, c’est-à-dire à cette partie du symptôme qui n’a rien à voir avec les signifiants de l’Autre, qui a à voir avec la jouissance, Lacan dit qu’à ce moment-là, il n’y a plus à y croire puisqu’il y aura ce silence. L’homme aux rats, quand ça marchait si bien pour lui dans cet espace d’hydrothérapie, c’était le silence, il n’avait plus d’obsessions, il n’avait plus à y croire, on n’a plus à y croire à la fin puisque on trouve ce qui est son être, et le tout, c’est de savoir qui pourra l’incarner.
Alain Depaulis :
Ce que je veux dire, c’est que tous n’en sont pas là quand ils viennent nous voir.
Solange Faladé :
N’en sont pas là où ?
Alain Jamain :
A croire !
Solange Faladé :
Écoutez, si quelqu’un reste en analyse, c’est qu’il croit à son symptôme, sinon c’est qu’il pense que ce qui le fait souffrir a un sens, a une signification, et que ça peut être trouvé, et que si, une fois trouvé, il pense aller mieux, guérir, alors il y avait toutes ces discussions qui tournaient autour… qu’à la fin, il n’y a pas de symptôme, etc. prenons cette partie du symptôme qui est la jouissance… je me souviens… il y a symptôme mais symptôme qui n’est plus à l’origine de souffrance… mais, si on n’y croit pas, les gens ne viennent pas ; pourquoi viendraient-ils, s’ils viennent et qu’ils pensent que rien ne sortira de là ? Le « croire à son symptôme », Lacan le dit comme ça mais c’est ça que ça veut dire, c’est qu’on pense que là où on va, il y a un savoir. Si on ne met pas l’analyste en position de sujet supposé savoir, il n’y a pas d’analyse qui puisse se faire. Le transfert, c’est ainsi que Lacan l’a coché, et avec l’homme aux rats on peut comprendre, avant même qu’il n’ait vu Freud, il y avait un transfert, il avait lu les textes de Freud, il avait compris un certain nombre de choses, il s’était dit : « là, je pourrai être soigné », c’est ça croire à son symptôme, croire au symptôme qui a un sens. Je ne sais pas si…
Danielle Chouraqui :
Madame, je sais que nous avons travaillé toute une année sur la perversion et cela nous a donné l’occasion de travailler sur la jeune femme homosexuelle mais cette simple phrase que vous dites « Une femme doit dans certains cas se prêter à ce qui peut être la perversion chez l’homme » me semble ouvrir tout un champ de réflexion. Il ne me semblait - j’ai peut-être mal entendu cette année-là - mais il ne me semble pas qu’on en ait discuté, c’est un sujet de discussion vaste...
Solange Faladé :
C’est-à-dire, on peut en dire quelque chose... c’est vrai que c’est vaste, mais ce qu’il y a, c’est qu’elle se prête à une sexualité qui peut être tenue pour perverse, qui peut avoir quelque chose d’une perversion, ça ne veut nullement dire que elle, elle est du côté de la perversion. Lacan dit bien : prête. J’ai pris soin de bien mettre l’accent sur le fait que l’objet petit a est de son côté et qu’il doit soutenir le fantasme de l’homme et elle n’a pas à s’identifier à cet objet petit a, une femme n’est pas d’essence masochiste, pas du tout, elle ne fait que se prêter à, et ce que de mieux elle peut faire et c’est possible si une analyse a pu être menée à cette fin où elle rencontre ce qui est cet objet elle fera en sorte que, puissent être ces objets hors-corps, c’est-à-dire qui n’ont pas de sens, elle pourra soit être un regard ou tout ce qui fait que, chez l’homme, il y aura fantasme et satisfaction de sa jouissance. « Se prêter à » n’est pas du côté, pour une sexualité tenue pour perverse, ça veut pas forcément dire que ce sera toujours de la perversion. C’est dans « Subversion du sujet », entre autre, qu’à la fin Lacan emploie ce terme. Bien sûr, il y aurait beaucoup à développer ce que c’est qu’une femme, ce qu’est la féminité. On avait commencé justement, à propos de la castration, à en parler, où Lacan dit bien que une vraie femme n’existe pas et que si l’homme veut rencontrer une femme, ça ne peut être que dans la psychose. Il a fallu toutes ces discussions, mais là cela nous mènerait beaucoup trop loin mais, l’homosexualité féminine - perversion, ça existe et ça n’a rien à voir avec l’homosexualité que l’on peut trouver chez l’hystérique. D’abord, l’hystérique, elle, ne s’identifie pas à cet objet qui peut être jouissance pour l’homme. Si on prend Dora, ce qui l’intéresse, ce n’est pas d’être l’objet qui serait jouissance pour l’homme, c’est le symptôme que représente madame K pour son père. « Qu’est ce que c’est qu’une femme et qu’est ce qu’elle peut trouver, elle, comme satisfaction chez mon père alors que je sais qu’il est impuissant ? » C’est madame K qui vient à cette place de symptôme pour le père de Dora, mais Dora, elle, n’est nullement à cette place d’objet de jouissance. Elle pose la question de ce qui fait que c’est madame K qui y est. Enfin, ce serait tout un développement qui fait que ce matin, nous ne pouvons pas nous le permettre.
Alain Jamain prend la parole pour clore la séance.
Solange Faladé :
Peut-être que je vais ajouter quelque chose… A propos du savoir, si du côté de ce qui est symptôme, de tout ce qui est chute des S1, il peut y avoir une fin et du côté de ce qui est mis en place pour le savoir et qui fait que c’est ce qui cause et qui va faire que certaines personnes vont rester dans l’analyse alors, de ce côté-là, on peut dire que la tâche risque d’être infinie. Bon, je m’excuse, je voulais quand même vous dire cela.
[1] Freud S. « L’analyse avec fin et l’analyse sans fin ». 1937. In Résultats, idées, problèmes. Tome II. P.U.F. 1985. Page 231. Voir aussi « L’analyse finie et l’analyse infinie ». Traduction M.L. Lauth, S. Feitel et B. Simonnet. Document de l’Ecole Freudienne. Chapitre VIII, pages 45 et suivantes.
[2] Freud S. « L’analyse finie et l’analyse infinie » Chapitre II, page 8 et chapitre VII, page 42 dans le document de l’Ecole Freudienne ou pages 235 et 264 de Résultats, Idées, problèmes. Tome II . P.U.F. 1985.
[3] Groddeck G. « Ça et Moi » in Lettres à Freud, Ferenczi et quelques autres. Gallimard. Paris. 1977.
[4] Lacan J. Séminaire Les formations de l’inconscient, 1957-1958. Seuil. 1998.
[5] Lacan J. Ecrits. Seuil. 1966. Page 642.
[6] Lacan J. Ecrits. Seuil. 1966. Page 647.
[7] Lacan J. Séminaire L’objet de la psychanalyse. 1965 - 1966. Inédit.
[8] Lacan J. Séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, 1964. Seuil. 1973.
[9] Lacan J. Séminaire RSI, 1974 - 1975. Inédit.
[10] Ornicar n° 9. Page 13.
[11] Lacan J. Séminaire Encore, 1972 - 1973. Seuil. 1975. Page 130.
[12] Intervention de Jacques Lacan à la Sorbonne le 16 juin 1975 à l’ouverture du 5ème Symposium international James Joyce. In Autres écrits. Seuil. 2001.
[13] Lacan J. Séminaire Le sinthome, 1975 - 1976. Seuil. 2005.
[14] Freud S. « De la pulsion et de ses tribulations ».1915. Traduction S. Faladé, G. Bortzmeyer, M. Wague. Document de l’Ecole Freudienne.
[15] Ornicar n° 9