7 avril 1983
Document de travail
L’enseignement de Lacan et les principes directeurs qu’il a énoncés en 1964, pour la fondation de son École restent notre référence. Ce qui veut dire que nous réaffirmons : " le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même... ».
De ce fait l’institution n’a pas à intervenir dans le temps de la cure où vient à se formuler une demande d’analyse didactique. Ce n’est que dans la relation de l’analysant à l’analyste que peut se prendre cette décision.
Ceci ne veut pas dire que l’institution n’ait pas à en connaître, c’est ce pourquoi Lacan a prolongé la formulation de son principe de :
« .., et de quelques autres ».
L’institution aura à enregistrer les effets produits en son sein :
1. à ce moment du travail analytique où l’analysant peut dire qu’il s’autorise et être entendu par son analyste comme le pouvant. C’est le moment de la passe :
– soit qu’il en témoigne et ce sera l’épreuve de la passe. Il importe ici de préciser que ce moment de passage ne signifie pas le moment de la fin de l’analyse. Car il faut pour que cette analyse puisse être menée à ce terme considérée comme « point de finitude » que soit analysée la mise en acte du « s’autoriser » et ce qui en découle : les effets sur la propre analyse de l’analysant devenu analyste, de l’écoute d’un analysant.
– Soit qu’il réserve ce témoignage et c’est de ressentir la nécessité du contrôle qui s’impose en tous cas, qui permettra dans celui-ci de prendre note de son acte.
2. En appréciant la qualité analytique du travail, des activités et des productions de chacun et en reconnaissant une pratique comme analytique.
Ces principes énoncés par Lacan restant actuels, nous demandons que chacun se reporte aux annuaires de l’ex-E.F.P. ou à Scilicet pour les relire.
Les deux points sur lesquels, dès 1972, Lacan dit avoir échoué (voir Le Savoir du Psychanalyste) :
– Scilicet, cette publication non signée qui aurait du être « ce que l’École pense »,
– la passe (se reporter également à l’allocution de Lacan en 1978, lors des Journées de Deauville),
feront l’objet d’un travail ultérieur dans l’institution.
Il ressort des discussions et de l’étude des différents textes qui circulent depuis deux ans, qu’il s’agit en fait d’un débat sur ce que Lacan a appelé la psychanalyse pure ou psychanalyse didactique, où est en cause le désir de l’analyste dont adviendra un nouvel analyste.
Pour ce faire, l’exigence d’une analyse véritable ne peut plus être contestée. Et le cas d’Abraham - trop souvent cité depuis que Lacan a proposé la dissolution de l’E.F.P. - mérite d’être reconsidéré.
Ce qui est à l’origine de la transmission et aussi bien ce qui fait « masse » c’est le désir de l’analyste. C’est un faux problème que ce dilemme : transmission dite libre (i.e., hors institution) ou transmission dans un corps régi par des statuts.
Les prises de position venant de personnes se présentant comme isolées ou non organisées émanent en fait de groupes qui ne veulent pas se reconnaître comme tels. Je renvoie au commentaire que Lacan fait dans Le Temps Logique : « Tres faciunt collegium. »
Dès lors, ce qui se pose à nous, c’est la question d’un lieu où il puisse y avoir du psychanalyste. Ce qui le définira, comme Lacan l’écrit dans La Proposition d’Octobre, c’est que l’enseignement qui y sera donné parle de la psychanalyse. L’enseignement de Lacan, en ce lieu, aura droit de cité car il continue de parler aux psychanalystes.
Il en découle que ce lieu ne peut être qu’une École, et cette École, pour servir la cause psychanalytique, ne peut être que freudienne. D’où le nom qui s’impose pour une institution psychanalytique et que j’écris : ÉCOLE FREUDIENNE.
A partir de ceci on peut s’interroger sur le fonctionnement le plus adéquat à l’institution et sa gestion.
S’il est vrai qu’une institution psychanalytique présente des particularités : puisque, son objet est la psychanalyse - ce qui revient à dire que la découverte de Freud soit maintenue - son but est alors d’en assurer la transmission.
L’association sera composée de membres associés et de membres participants. De plus, elle englobera ceux qui jusque- là étaient invités au titre de correspondants et qui seront intégrés en qualité d’auditeurs.
Il paraît difficile de séparer une pure gestion de ce qui serait le support de la réflexion scientifique. C’est pourquoi, à un bureau classiquement désigné, viendront se joindre des membres de l’association animant le travail de différentes sections.
Ceci n’est à l’origine de nulle hiérarchie. En effet, ce qui importe dans une Institution qui se veut psychanalytique, c’est le pas (gradus) qui mène de l’analysant à l’analyste.
Solange FALADE. Dakar, le 7 avril 1983.
P.S. : D’autre part est prévue une articulation possible avec les associations proches de nous.