1 janvier 1991
Document de travail
Samedi j’ai commencé à parler en m’appuyant sur ce que Freud a dit autour de la perte de la réalité et ce que Lacan a repris. J’ai essayé de dire quelques mots sur ce qui se passe actuellement. (6) J’avais dis que je poursuivrai, et que je m’étendrai, car ce dont a parlé Freud intéresse tous les êtres humains, le normal y compris, face à la réalité et à ce que de la réalité il a à perdre, et à la substitution qu’il doit faire devant cette perte. Je n’en dirai pas plus que ce que j’ai dis samedi, car dans les couloirs il m’est revenu des réflexions qui m’ont fait penser que peut être le moment n’était pas venu de parler de ces choses là. De toutes façons cette question de la réalité nous intéresse puisque le symptôme est directement intéressé.
Je vous ai dit lorsque nous nous sommes vu la dernière fois qu’autour du fantasme j’avais repris ce que Freud nous disait de la perte de la réalité dans la névrose et dans la psychose, le commentaire de Lacan. Ceci m’a amené à m’intéresser à ce Freud dit des névroses et des psychoses dans son article intitulé – névroses et psychoses- Chemin faisant je suis venue au texte sur les formulations, - formulation sur les deux principes qui règlent l’activité psychique- car ce texte nous avait servit lorsqu’en 74 nous avions pris pour thème de travail la pulsion de mort.
Ça a été pour moi l’occasion de revenir à un passage des pulsions, pulsions que donc avec quelques personnes j’ai refais la traduction (1) que nous avions travaillé, vous vous souvenez, il y a quelques années et je vous avais dit que nous y reviendrions plus exactement que nous nous intéresserons plus tard à ce que Freud nous dit sur le Réal Ich, le Lust Ich, et c’est ce que nous allons faire ce soir car il m’est apparu que là où nous en sommes arrivés, dans notre travail, c’était le moment de parler de ce Real Ich.
Je vais vous dire rapidement ce que j’ai marqué au tableau, ce premier schéma, le schéma de l’infans, de celui dont le cri ne porte aucun signifiant comme Lacan a pu le dire dans son séminaire sur Le désir et son interprétation, ce schéma où en fait c’est le temps réel où l’enfant baigne dans tout un monde, un monde qui pour lui n’a pas de nom, ce temps, c’est en fait le temps du Réel Ich. Lorsque le cri deviendra parole, lorsque l’enfant commencera à parler, à ce moment là, du Réal Ich on passera au Lust Ich. C’est à ce moment où va se distinguer la Chose et l’Autre, le grand Autre, parce que du sujet, du sujet barré a émergé.
Enfin, le Lust Ich va devenir Ich parce que le principe de plaisir sera suivi du principe de réalité, nous sommes dans le Ich, dans ce que Lacan a écrit i(a), l’image de l’autre semblable et à ce moment là l’adresse du sujet se fait à l’Autre, grand Autre, et le symptôme est ici (s(A)) ce qui a été signifié au sujet venant de l’Autre.
Donc je reprends plus en détail ce que je viens de vous dire et ce temps du Réal Ich. C’est important de bien le camper, parce que lorsque vous vous reporterez aux pulsions, et très précisément à la page 228 des Gesammelte Werke (2)- je vous donne la page en Allemand car dans le travail nous nous sommes efforcé de mettre en face de la traduction le texte Allemand - donc à la page 228 vous aurez en face la traduction que nous proposons, et là, Freud dit que anfänglichen au début, d’abord, est le Réal Ich. Et ce Réal Ich, c’est ce temps où va se différencier ce qui est du dedans et de l’extérieur. C’est à dire que le moi, le moi qui est Réal Ich reçoit les excitations extérieures et il va se transformer, ce Réal Ich, nous avons marqué – métamorphose - pour traduire le terme Allemand (3), car nous n’avions pas osé prendre – métaphorisé - ce que Lacan a employé dans Radiophonie. Il y a là une véritable substitution, mais Freud n’emploie pas là le mot de substitution, il l’emploiera plus tard dans – Les formulations – et dans – la perte de la réalité -.
Il y a une métamorphose qui fait que du Réal Ich va se mettre en place le Lust Ich et ce Lust Ich est un Lust nous dit Freud purifié. Ce qu’il faut entendre c’est que là il va y avoir une régulation qui fera que ce qui sera retenu par le moi, aura véritablement le caractère de plaisir que le moi attend.
Donc, à ce Réal Ich, à ce temps que Lacan nous dit être un temps où l’enfant baigne dans le Réel, tout est réel, le langage qui lui parvient, le monde qui l’entoure, et ce monde extérieur c’est Aussenwelt, ce monde, tous les objets de ce temps l’intéressent énormément, mais il n’a aucun mot pour mettre sur ces objets, il n’a aucun mot pour mettre sur ce qu’il entend et il a aucun mot pour ce qu’il est en train de vivre, ce temps du Réal Ich, ce temps où l’enfant dont tout le travail si je puis dire est d’avoir cette Befriedigung, cette satisfaction, cette jouissance, ce temps a une importance tout à fait capitale, d’autant plus capitale qu’il n’y aura jamais aucun mot, aucun nom pour pouvoir en rendre compte.
De ce temps du Réal Ich, on passe au Lust Ich, ce temps du Lust Ich qui n’est possible que parce qu’il y a la parole, que parce qu’il va y avoir cette différenciation, qui met l’Autre en place. En effet, de tout ce monde, de tous ces objets qui l’entourent, et particulièrement de ce lieu, de cet objet d’où il a pu avoir satisfaction, jouissance, lorsque l’enfant ayant la parole s’adresse à ce lieu, il s’aperçoit, comme je vous ai dit la dernière fois, que ce lieu est un lieu vide, c’est un lieu qui sera évidé, car là ne se trouve aucun objet pour lui. De là où il a eut jouissance, il va saisir, il va savoir que aucun objet n’est là pour lui, mais il va mettre en place, parce qu’il a l’usage du signifiant, il va mettre en place l’Autre qui est évidé de la jouissance, mais en même temps, au creux, il y aura la Chose, il y aura ce lieu qui est un lieu, un lieu où la jouissance est interdite.
Donc le Lust Ich ; mais la réalité est telle que l’enfant ne peut pas être dans ce Lust Ich. Et il va s’accommoder de ce que la réalité lui impose et pour pouvoir atteindre à cette jouissance qu’il recherche à nouveau, jouissance qui est maintenant plaisir, et là, je crois, quand on relit Freud, et quand on reprend ce passage des pulsions, on voit bien toutes la différence que Freud fait entre ce qui était de la Befriedigung du temps de l’auto-érotisme et ce qui est maintenant de ce plaisir que l’enfant s’accorde, de ce plaisir qui est nécessaire. Et Freud dit qu’en fait l’amour c’est ce qui vient avec ce qui vous apporte le plaisir. C’est aussi un point important, et vous le trouverez dans les pulsions, toujours autour de cette page 228 dont je vous ai parlé.
Donc, l’enfant parce qu’il y a cette dure réalité, parce qu’il ne peut pas obtenir aussi directement qu’il le voudrait ce plaisir, va se soumettre à la réalité, va faire en sorte que se soumettant à la réalité, à ce principe de réalité, il puisse par un chemin beaucoup plus détourné obtenir le plaisir qui est ce qu’il cherche. Et ceci vient marquer la perte, la perte qui est nécessaire pour que la vie puisse être, pour qu’on puisse vivre. C’est une façon de dire les choses.
Donc, là, lorsqu’on reprend, et ce que Freud nous dit autour de ce temps de l’auto-érotisme, du narcissisme, ce que Lacan reprend à la suite de Freud autour de ce temps, et ce qui va suivre, vous verrez que Freud lui aussi accorde une certaine importance à l’autre, à l’autre qui ne peut être que un petit autre mais aussi un grand Autre, Lacan va différencier et le petit autre et le grand Autre. Et dans ce temps où du principe de plaisir on passe à ce principe de réalité, avec ceci que je ne vous ai pas dit tout à l’heure, et Freud y insiste, c’est que toujours quelque chose reste du temps précédent, il va y avoir un reste et ce reste aura une importance que Lacan soulignera.
Mais revenons à ce temps de passage, à ce temps où du Lust Ich, le Ich se met en place parce que se soumet au principe de réalité, ce Ich que Lacan a écrit i(a), ce temps, Lacan souligne la relation que le sujet a avec l’image de l’autre, de l’autre semblable, du petit autre et cette relation est marquée par quelque chose de l’ordre de l’agressivité, agressivité qui se fait connaître par l’agression. Et vous savez que bien souvent lorsque un petit autre est rencontré par l’enfant, souvent, c’est d’abord avec un coup de poing qu’il le reçoit. Ceci Freud va le détailler dans son article que nous avions traduit à cette époque – Angoisse et vie de la pulsion – (4) vous y verrez la relation que Freud fait entre l’agression et l’agressivité, relation que Lacan reprend dans son article – L’agressivité en psychanalyse -. Ce que Lacan souligne en ce temps où du principe de plaisir on passe à ce principe de réalité, sans que pour autant tout ce qui touche au principe de plaisir on y renonce totalement, ce que Lacan souligne, c’est cette relation que le sujet a avec l’image de l’autre mais dans une interrelation aussi avec une articulation avec le symbolique.
Donc parce que la réalité est ce qu’elle est – si je puis dire – parce que le plaisir ne peut pas être à portée de main à tout instant - et je crois que ce à « portée de main » vous verrez lorsque vous reprendrez l’article sur les pulsions, je ne vais pas le refaire en détail, car nous y avons passé beaucoup de temps, souvenez vous, tout du moins les personnes qui étaient là à cette époque, vous verrez toute l’importance qu’il y a à donner à ce « à portée de main » -, donc, ne pouvant pas avoir le plaisir à portée de main, l’enfant va se soumettre à cette réalité, et cette réalité, en fait, est marquée de la castration. C’est ça cette perte, mais il y a toujours un reste et avec ce reste on va voir comment chaque structure s’en débrouille.
Mais au paravent il y a ce qui s’est mis en place, il y a la Chose, il y a la relation du sujet à la Chose et ceci quelle que soit la structure. La Chose aura un caractère différent selon que l’on soit hystérique, obsessionnel ou psychotique. Mais il y a ceci et c’est un point qui je crois doit être souligné, Freud nous dit qu’il peut y avoir, ça peut se présenter ainsi, il peut y avoir quelque chose qui semble être une continuité, en tout cas Freud dit : il peut y avoir une continuité entre névrose et psychose. Et il m’a semblé que c’est autour du sujet de la Chose que ceci peut s’expliquer. Et croyez moi lorsqu’on a à faire à quelqu’un qui est malade de la Chose, croyez moi il est parfois très difficile de faire la différence entre ce sujet névrosé et le sujet psychotique car dans certains moments de sa vie il est persécuté, persécuté par, il ne sait quoi, et la vie est pour lui quelque chose d’aussi intolérable que l’on peut parfois noter chez le sujet psychotique halluciné. Malade de la Chose, le névrosé et certains vous le disent, vous disent qu’ils ont une véritable conduite délirante. Et je pense que c’est autour de la relation du sujet avec la Chose, avec ce qui est là, interdit de la jouissance, avec ce qui fait qu’à certains moments on peut avoir le sentiment que la barrière qui s’est construite entre le sujet et la Chose, on a le sentiment que cette barrière est rompue. C’est à ce moment là que la vie devenant intolérable, il peut être difficile de faire la différence entre ce qui relève de la névrose ou de la psychose. Et Freud dit qu’à ce moment là, mais Freud ne parle pas du sujet de la Chose, c’est vrai, mais Freud dit qu’il peut y avoir une continuité, il peut y avoir dans la façon d’éviter le réel, dans la façon de faire avec cette réalité quelque chose qui fait qu’il n’y a pas apparemment une différence entre névrose et psychose.
Je met ceci autour du sujet de la Chose car nous devons faire nous, avec le sujet barré, avec la parole, avec cette castration qui fait que on a à se soumettre à la réalité, il y a du sujet barré. Et c’est parce que le sujet est barré, barré par le signifiant que Lacan s’est efforcé dès le début de son enseignement de mettre le doigt sur ceci, bien que commentant Freud, de dire qu’en fait il y a une différence entre névrose et psychose qu’il y a des structures bien marquées. C’est grâce au symbolique qu’on peut en faire la preuve. Et c’est tout son travail à partir de ce moment, c’est à dire dès les années 53/54 ce que moi j’appelle son enseignement public, le temps qui a précédé ce temps d’enseignement qu’il faisait dans son appartement pour les personnes qui suivaient ses contrôles. Dès son enseignement public il s’est efforcé d’arriver à prouver qu’il y a une structure différente entre névrose et psychose. Si grave que puisse être une névrose, elle ne deviendra jamais psychose, et quelle que soit l’amélioration qu’on aura avec une psychose ce ne sera jamais une névrose. Ça a été le premier temps que cet enseignement pour ce qui est de la différenciation entre névrose et psychose et il a été aidé par la linguistique et le structuralisme. Et c’est s’appuyant sur ces sciences qu’il a montré que c’est par le symbolique qu’il est possible de faire cette différence car dans la chaine signifiante du psychotique un signifiant ne sera pas, et c’est ce signifiant qui fait la différence.
Donc, ce n’est pas au temps de cette relation à l’image que la différence peut se faire puisque chez tous il y a cette agression et cette agressivité que l’on note, il y a le temps où la Chose se différencie de l’Autre et ce temps on peut dans certains cas, lorsque la personne est malade de la Chose avoir beaucoup de mal à en faire une différence. Et je crois que je reviendrai la prochaine fois sur ce point me basant sur les exemples que Freud donne dans – psychonévroses de défense – et dans ce troisième cas de psychose hallucinatoire (5) qui avait été pour nous en son temps l’objet de discussions.
J’y reviendrai vraisemblablement la prochaine fois, car cette fois ci je voudrai apporter quelques éléments qui permettront je pense ou du moins je l’espère, à la personne qui le premier samedi de Février doit nous parler du fantasme chez l’obsessionnel, lui permettra de mieux camper ce qu’il en est du fantasme pervers du névrosé. Et pour ce faire je vais... avec ce reste, ce reste de jouissance, ce qui n’est jamais totalement transformé, lorsqu’on passe d’un temps à l’autre, ce qui va choir, ce qui est cet objet petit a, on va s’efforcer de faire la différence entre les différentes structures de la clinique psychanalytique et pour cela ça va être la relation au grand Autre, relation au grand Autre que Lacan dans son séminaire – D’un autre à l’Autre - écrit, le grand Autre c’est le 1, et la relation que chacun des sujets va avoir avec ce grand Autre sera différente selon le lien qu’il y aura entre ce reste de jouissance et ce qui se passe au champ de l’Autre.
Pour ce qui est de l’hystérique Lacan nous dit que l’hystérique est celui qui va retirer quelque chose au champ de l’Autre, va retirer quelque chose qui a avoir avec cet objet petit a. Et il l’écrit 1-a. Il met ça en place avec la série de Fibonacci. Je ne vais pas rentrer dans ce développement, vous le trouverez dans le séminaire D’un autre à l’Autre, les séminaires de février et de mars. Je ne rentre pas dans ce développement. Donc, l’hystérique enlève quelque chose au champ de l’Autre.
L’obsessionnel va apporter quelque chose au champ de l’Autre et le fait que ce quelque chose, ce petit a, l’obsessionnel l’apporte au champ de l’Autre fait qu’il peut y avoir dans la relation de l’obsessionnel avec l’Autre, avec le grand Autre quelque chose qui est ou qui peut paraître être un rapport pervers, un rapport pervers à cause de cet objet qui est apporté au champ de l’Autre et ce rapport pervers à l’objet peut être tel qu’au cours d’un travail analytique il peut y avoir une grande difficulté à ce que le sujet puisse renoncer à cette jouissance que lui apporte cet objet petit a mis au champ de l’Autre. Cet objet petit a fait que ce qui est de sa division va être masqué au cours du travail analytique et il peut y avoir une grande difficulté à ce que le manque à être du sujet en analyse puisse être saisit parce qu’il y a ce fantasme pervers, ce fantasme pervers du névrosé, ce fantasme qui est mis en œuvre parce que au champ de l’Autre il y a ce + a, cet objet, cet objet qui véritablement fait, et croyez moi, dans certains cas c’est très difficile, fait que ce manque à être à tout instant sera bouché par l’objet, ce reste de jouissance.
C’est vrai que pour tout fantasme, il faut qu’il y ait quelque chose qui touche au pervers, ça soutient le désir, mais pour ce qui est du fantasme pervers du névrosé, croyez moi, la traduction clinique peut être telle que la fin d’une analyse est parfois problématique, j’entends cette fin qui fait que le sujet est aux prises avec son manque à être et ne vient pas faire que l’objet vienne boucher, masquer ce manque à être.
Puisque je suis amenée à parler de ce fantasme pervers du névrosé, lorsque Lacan reprenant donc la relation du sujet avec le petit a, il nous a dit, toujours dans ce séminaire d’un Autre à l’autre par le biais de la phobie que il y a là véritablement, il y aura d’un coté ce qui sera du versant de la névrose et de l’autre coté ce qui sera du versant de la perversion.
Du coté de la névrose, il part donc de ce 1-a qui est du coté de l’hystérie, et l’année qui va suivre, pour ce qui est de l’hystérie, il met en place le discours de l’hystérique, et dans sa relation au grand Autre - j’ai mis exprès ce grand Autre, j’aurai pu mettre le S1- dans cette relation, l’hystérique, justement parce qu’il soustrait au champ du grand Autre cet objet, l’hystérique va mettre ce qui est là, l’objet qui lui tient à cœur si je puis dire, va le mettre, va le cacher au grand Autre, va le cacher à l’Autre, ce sera dans cette position de vérité, nous dit Lacan. C’est à dire que l’Autre, le grand Autre aura à se débrouiller avec ce qui manque à l’hystérique. Et vous savez que lorsqu’on reprend un certain nombre d’observations de Freud, que ce soit Élisabeth von R que ce soit Lucie R la gouvernante anglaise, c’est bien toujours là ce quelque chose qui est le plus précieux que l’hystérique va cacher à l’Autre parce que ça a avoir avec son manque, et l’Autre aura à se débrouiller avec ce qui est là de son manque.
Tout à l’heure, je vous ai dit que le névrosé, parce qu’il porte ce petit a au champ de l’Autre, ceci va lui permettre de masquer à lui-même ce qu’il en est de sa division
Lui, le pervers va tout simplement faire que cette division soit supportée par le grand Autre. Et lui pervers, sera, en tant que sujet pervers, dans son scénario de pervers, sera cet objet, la division étant portée au champ du grand Autre, c’est à dire que la division du sujet, le grand Autre est certes barré, mais la division du sujet est portée au champ du grand Autre.
Et si nous prenons le sadique, le sadique se fige en objet petit a, se fige en cet objet qui va être instrument de jouissance, et causer chez l’Autre de part la douleur, la douleur qui est forcément accompagnée d’une certaine jouissance, va provoquer la division chez l’Autre.
Prenons le masochiste, ce sera la même chose, cette division, le masochiste lui, l’a repéré chez l’Autre et il va se faire cet objet de déchet qui est là pour masquer la division de l’Autre, certes mais aussi pour souligner cette division qui est chez l’Autre. Et lorsque on prend l’article de Freud sur le problème économique du masochisme, le passage où il nous parle du masochisme féminin, c’est quelque chose qui vient résumer ce que le masochiste a pu saisir comme faille chez l’Autre féminin et ce qu’il va s’efforcer d’apporter en étant cet objet de déchet, pour masquer la faille qu’il a cru saisir chez l’Autre, cette faille, que ce soit les douleurs de l’enfantement, de l’allaitement, que ce soit le fait de subir le coït – reportez vous à l’article de Freud sur le problème économique du masochisme – donc, là, cette division qui est tout à fait repérée, que dans sa position de déchet, il s’efforce de masquer, en même temps il vient souligner cette division qui est portée sur l’Autre.
On pourrait en dire autant du voyeur qui va se courber, qui va être ce regard, qui va chercher de l’autre coté de la cloison ce qui peut être manque, division chez l’Autre.
Et quant à l’exhibitionniste, il est ce spectacle qu’il offre au monde, spectacle qui fait que forcement, sur la victime innocente, comme on dit, il va y avoir ce trouble, cette division, lui étant ce qui est là offert en spectacle.
Donc, c’est à partir de ce reste de jouissance que les différentes structures, j’entends névroses et perversions, vont pouvoir faire leurs différences par rapport à ce qui se passe au champ de l’Autre, par rapport à ce qui est au champ de l’Autre.
Alors voyons pour le psychotique, nous avons parlé du psychotique, justement samedi lorsque ce travail sur le grand Autre nous a été apporté. Alors le psychotique, lui, c’est autour de la Chose et du grand Autre qu’il faut reprendre ce qui est pour le psychotique. La Chose se met en place parce que le sujet saisit que la jouissance est interdite, cette jouissance que l’on voudrait trouver au cœur de la Chose, elle est interdite. (Solange Faladé au tableau barre d’un trait de craie le J qui se trouve au centre du cercle la Chose) Et le grand Autre, ce grand Autre qui est mis en place, ce grand Autre est lui un lieu évidé de jouissance. Pour le névrosé, ce lieu du grand Autre est ce lieu où il y aura les signifiants, les S1 qui seront en relation avec le S2, le corps du grand Autre est un corps de signifiants.
Le paranoïaque, puisque c’est du paranoïaque que Lacan nous a parlé, le paranoïaque va, au lieu de ce grand Autre, ce lieu qui est évidé de jouissance, où se trouvent ces signifiants, parce que le signifiant du Nom du Père qui permet que la castration soit assumée, ce signifiant ne se trouvant pas dans la chaine du psychotique, en tout cas lui, le paranoïaque, nous dit Lacan, va, cette jouissance interdite, va l’identifier au lieu de l’Autre. Alors ce qui est important, et ceci nous avions commencé à en parler samedi, ce qui est important c’est de savoir que le psychotique parce que sujet barré, parce que, lorsqu’aux prises avec cette réalité, cette réalité qui fait que lui aussi ne trouvera pas en ce lieu, où il croyait avoir cet objet de jouissance, ne le trouvera pas cet objet de jouissance, va tout comme le névrosé, va tout comme le normal, disons, Freud emploie ce mot quelque part et Lacan le reprend différemment à propos du psychotique, va lui aussi séparer la Chose du grand Autre. Il sera aussi sujet de la Chose, même si par rapport à cette Chose, il n’y croit pas, nous dit Freud et Lacan le reprend. Mais pour le paranoïaque, il va au lieu, au cœur du grand Autre mettre la jouissance. C’est à dire que la jouissance ne sera pas mise au cœur de la Chose, la Chose en tant que telle est bien séparée par le psychotique. Le psychotique va identifier, nous dit Lacan, la jouissance au lieu de l’Autre. Et ceci nous pouvons le comprendre, le saisir, puisque déjà dans le commentaire qu’il fait de Schreber, il nous dit bien que pour lui Schreber, le grand Autre n’est pas un désert de jouissance, au sein du grand Autre il y a cette jouissance.
Alors je crois que à partir de ce qui s’est mis en place au départ, à partir de ce que la réalité va imposer à chaque être humain, il va être possible de voir ce qui va être substitué à ce qu’on a pu perdre du fait de sa soumission à la réalité.
Voilà pour ce soir ce que je voulais vous apporter pour introduire cette année qui ne se présente pas comme les autres années.
Discussion
Jacqueline Darbord :
La Chose est attractive et elle est répulsive.
Solange Faladé :
Oui, tant qu’il y a cette barrière qui sépare le sujet de la Chose, il y a effectivement ce mouvement vers la Chose qui fera qu’on y mettra les restes de jouissance si on le veut, si je puis dire. Et en même temps, être avec la Chose, est tellement dangereux et insupportable, intolérable, qu’on s’en éloigne. Mais quand, malheureusement on a le sentiment que cette barrière qui sépare d’avec la Chose, n’existe plus, alors c’est tout à fait intolérable, car on est poursuivi littéralement par la Chose et on ne sait pas ce qui arrive que ce soit dehors ou à l’intérieur. Croyez moi, le rapport avec le vide, le vide qui n’existe plus, on va s’assurer qu’il y a quand même quelque chose qui peut vous en séparer. Et lorsqu’on n’en sait plus rien, on s’en va comme un fou dans la rue n’osant ni se retourner, ne sachant où on est et en filant rue après rue, croyez moi la vie est difficile à vivre. On est poursuivi, on ne sait par quoi. Et tout ce qu’on peut avoir à faire dans certains cas c’est de s’enfermer et s’efforcer de créer le vide, le vide en vidant les bouteilles. La Chose est attractive à condition qu’il y ait cette barrière, qu’on n’ai pas le sentiment que la barrière qui vous sépare de la Chose n’existe plus.
Jacqueline Darbord :
Ça peut se passer aussi bien pour un psychotique que pour un névrosé ?
Solange Faladé :
Oui, à ce moment là c’est bien difficile...dans ce qui est dit et il faut savoir que dans ce qui est dit... à ce moment là on comprend très bien ce temps premier où ce qui a été vécu, ce avec quoi on a été en relation et qui a marqué, qui fait partie de notre vécu et qui va jouer dans cette activité psychique dont parle Freud. Croyez moi, ça a une importance dans la clinique mais malheureusement pour en dire quelque chose c’est très difficile. Mais c’est là qu’on comprend, c’est la clinique qui permet de comprendre ce que Lacan apporte avec insistance sur ce temps réel, sur ce temps où tout ce qui vous entoure – il donne l’exemple de l’enfant, on a qu’a observer un enfant – intéresse, ce temps où ce qu’on vit aussi ne porte pas de nom, ne sera jamais nommé, mais existe. Il y a une traduction dans la clinique et dans la souffrance du sujet lorsqu’il est malade de la Chose. Je ne peux pas dire mieux, c’est ce que j’ai pu trouver pour qualifier certaines souffrances. Et d’ailleurs ces personnes vous disent que cette barrière à un moment s’est effondrée et que là ils ne s’y retrouvent pas. C’est toujours chercher la porte de secours, l’issue, s’assurer que vraiment l’issue existe et que si quelque chose se passait, on ne se trouverait pas, là, aux prises, prisonnier, sans savoir que faire avec on ne sait quel objet et qui à ce moment là est une réalité.
Intervenant :
Et le phallus imaginaire ?
Solange Faladé :
Je parle de la Chose, je parle de cette opération qui est que, devant renoncer à la jouissance, de ce temps où on aura cru ici trouver l’objet, ou cru que là il y avait l’objet qui nous apporte la jouissance. Lorsqu’on a la parole et qu’on s’adresse à nouveau à ce lieu où on pensait trouver l’objet, on ne trouve qu’un vide, une place vide. Donc se met en place par le biais du signifiant – je crois que la première fois c’est ce que je vous ai dit – le comparant au travail du potier, c’est ce que Lacan avait fait - on met en place l’Autre, et au cœur : la Chose, parce que la Chose recèle cette jouissance, mais on a une barrière entre soi et la Chose.
Je vous parle de la Chose. Mais ceci se fait parce que la réalité vous y oblige. S’adressant à nouveau à cette place où on a cru que l’objet était cet objet de la jouissance, on saisit, on fait cette expérience douloureuse qu’en fait il n’y a pas d’objet, que ce qui était là n’est pas votre objet, c’est l’objet du père. Ce lieu va être un lieu vide et il va y avoir l’Autre qui va enserrer ceci. Mais pour ce qui est du phallus imaginaire, ça n’empêche pas le phallus imaginaire.
Intervenant :
Ces moments où ça arrive pour le névrosé, la barrière a l’air de ne plus être...qu’est-ce qui s’est passé ?
Solange Faladé :
Justement qu’est-ce qu’a été le drame d’une vie pour que ce sentiment d’effondrement soit vécu ?
Intervenant :
Alors qu’il y a eut barrière.
Solange Faladé :
Oui il y a eut barrière.
Intervenant :
Il y a effondrement à un moment.
Solange Faladé :
A un moment de la vie, un moment qui est souvent bien précisé, sans qu’on comprenne ce qui s’est passé. Mais par rapport au phallus imaginaire, ça ne change rien, le phallus imaginaire c’est ce qui est attribué à la mère. Je ne vois pas ce qui vous dérange. En fait, ce ne serait pas tellement le phallus imaginaire que ce qui est le signifiant de la jouissance qu’il faudrait essayer de voir les relations qu’il y a à ce moment là. Mais pour en parler de cette jouissance intolérable, si elle venait à se produire et vous ne pouvez pas savoir ce qui peut être fait pour ne pas se trouver aux prises avec on ne sait quoi qui vous poursuit, avec on ne sait quoi qu’on peut trouver au détour, se retrouver dans une maison avec peut-être pas de porte de salut, et seul dans un vide, c’est intolérable. Enfin, il faut l’entendre pour saisir ce que veut dire cette barrière lorsqu’elle s’est effondrée. A ce moment là il est bien difficile de dire la différence qu’il peut y a voir dans certains cas avec le psychotique, avec l’halluciné qui se sent poursuivit, qui entend des voix, qui est persécuté par le regard, croyez moi, c’est souvent très difficile.
Intervenant :
Ce n’est pas de l’ordre de la phobie ?
Solange Faladé :
Qu’il y ait quelque chose de phobique certes, mais je crois qu’on ne peut pas s’arrêter à la seule phobie pour expliquer cela car s’il y a évitement du réel avec la phobie, ça ne prend pas cette allure lorsqu’il s’agit de ce qui touche à la Chose. Parce qu’on est aussi mal quand on est dedans que dehors, c’est qu’on ne sait véritablement pas quoi faire de soi, et ceci aussi bien dedans que dehors. Or en général le phobique, ou il est claustrophobe, ou il est agoraphobe mais il peut à un moment s’arranger pour se mettre à l’abri.
Intervenant :
Vous venez de dire que à l’intérieur du grand Autre la Chose devient ce vide l’enfant croyait retrouver.
Solange Faladé :
Non, il va mettre en place le grand Autre. Lacan nous dit que autour de ce vide qu’il rencontre, puisque l’objet n’y est pas, l’objet est perdu au moment même où il pensait trouver l’objet, il va saisir que cet objet perdu dès le départ, a toujours été perdu et il va de part son appel, son adresse, mettre en place le grand Autre.
Intervenant :
Cet objet qui était perdu, c’est parce que c’était l’objet du père, j’ai l’impression que c’est que le père a été entendu, or pour le psychotique est-ce que le père est entendu ?
Solange Faladé :
Non, le psychotique va aussi trouver à cette place un vide, car cet objet n’est pas pour lui. Là la question du Nom du père fera que du sens sera donné ou pas à ce qui n’est pas trouvé, mais il n’est pas trouvé. Le psychotique ne trouvera pas en ce lieu cet objet, un objet là où il y avait la jouissance. Il pensait que ce qui lui apportait la jouissance était un objet qui était son objet. Or ce n’est pas son objet, pour lui aussi c’est un objet perdu. Le sens il ne le mettra pas sur ce qui est là perdu parce qu’il n’y a pas le signifiant du Nom du Père. Mais n’empêche que là, lui aussi il sera confronté avec ce vide et je crois que c’est important de savoir que pour le psychotique aussi, la Chose a une existence, parce que la Chose a avoir avec ce que l’on pensait être l’objet de la première jouissance, ce que l’on pensait être à soi parce que de là est venue la jouissance
J. Triol :
Quel rapport on ferait alors avec la Chose et le petit a ?
Solange Faladé :
La Chose, on ne peut pas y toucher, on pourra y mettre les objets petits a, dit Lacan, dans cette vacuole il pourra y avoir des restes de jouissance, pourra y être apportés des restes de jouissance. Mais la Chose ce n’est pas l’équivalent des restes de jouissance. La Chose est mise en place à partir de la jouissance première, de ce temps où on baignait dans la Befriedigung, dans la jouissance. Et au moment où on pense trouver ce qui apporte la jouissance, là, on saisit, on est obligé de faire cette expérience qu’il n’y a rien, que il n’y a pas d’objet pour vous. Ce n’est pas les restes de jouissance. L’objet petit a ce sont des restes de jouissance et ces restes de jouissance peuvent être apportés en cette vacuole dit Lacan dans son séminaire du 12 mars 69. La Chose n’est pas un reste de jouissance.
Intervenant :
Puisque pour le psychotique, vous avez dit, la jouissance existe, mais existe dans le cœur de l’Autre. Donc, c’est le grand Autre qui baigne dans la jouissance, donc, dans ce sens la Chose existe parce que c’est l’Autre qui l’a ?
Solange Faladé :
Non, justement, il ne faut pas penser, parce que la jouissance a été identifiée au cœur, en ce lieu du grand Autre que le grand Autre est pour autant la Chose, pas du tout. Il y a du fait du sujet qui se met en place du fait du cri qui devient parole, et du sujet, il y a cette adresse en ce lieu où on pensait trouver l’objet de jouissance et ce qui va se mettre en place c’est le grand Autre et cette vacuole qui est la Chose.
Donc il y a là séparation, parce qu’on est sujet du signifiant, il y a cette séparation entre cette vacuole qu’est la Chose et ce qui se met autour qui est un versant de l’Autre. Ce n’est pas la même chose. Pour le psychotique ça ne va pas se confondre pour autant, pas du tout. La séparation de la Chose et du grand Autre existe pour toutes les structures du fait du signifiant, du fait de la parole. Ce prochain, le plus proche,
Intervenant :
Le Nebenmensch
Solange Faladé :
C’est ça et bien ça va devenir cette vacuole au sein... parce qu’on a mis en place l’Autre à qui on s’adresse
Intervenant :
qui n’est pas le Nebenmensch
Solange Faladé :
et non !
Intervenant :
j’avais confondu le Nebenmensch et le grand Autre...
Solange Faladé :
C’est ce qu’on a de plus proche, le plus prochain que nous avons, mais l’Autre qui se met en place, c’est ce qui est évidé de la jouissance. Dans le séminaire sur l’Éthique, Lacan dit c’est la Chose évidée de la jouissance, ça veut dire que ce n’est pas la Chose, sinon il aurait dit : c’est la Chose, point. Ce sont des façons de dire les choses de Lacan. Si l’Autre et la Chose c’était la même chose, il l’aurait dit : l’Autre est la Chose, l’Autre c’est la Chose, point. Il ne dit pas ça. Il dit que c’est la Chose évidée de la jouissance, ça veut dire que ce n’est pas la Chose.
C’est à dire que là où on a reçu cette jouissance qui va être ce lieu de la Chose, il va y avoir quelque chose qui est mis en place et qui est évidé de la jouissance. Et il le précise plus tard dans son séminaire du 12 mars 69, c’est cette vacuole qui va être au cœur de l’Autre. L’Autre n’est pas la Chose, sinon dès le départ il nous aurait dit : L’Autre c’est la Chose. C’est la Chose évidée de jouissance. Ce sera ce qui est à la fois extérieur et le plus intime en moi. Ce n’est pas l’Autre. L’Autre, c’est le désir qui fait que je met l’Autre en place, le désir, on nous dit aussi l’amour, parce que je suis concerné avec ce qui m’apporte du plaisir, dit Freud. Or ce qui m’apporte du plaisir ce n’est plus ce qui a avoir avec la jouissance. Ce qui a avoir avec la jouissance chez Freud c’est ce temps du Real Ich, ce temps de l’autoérotisme, de la jouissance autoérotique où je cherche à retrouver la satisfaction de la première fois, mais la réalité va m’obliger à y renoncer. J’en garderai une trace mais je serai obligé d’y renoncer, donc je vais avoir à faire avec le plaisir et là encore je serai obligé de soumettre ce plaisir à ce que Freud a appelé le principe de plaisir. Ce n’est pas la jouissance, la jouissance elle, est interdite. La jouissance c’est quoi ? C’est jouir de la mère et elle est interdite. Dès qu’on va parler, on sait qu’elle est interdite, ce n’est pas notre objet, elle est interdite. C’est ça la jouissance.
Donc la Chose ce n’est pas l’Autre. C’est ce qui va enclore cette jouissance, cette jouissance interdite. Pensez bien que à partir du moment où, cette barrière, on a le sentiment que ça s’effondre on est aux prises avec cette jouissance interdite, et croyez moi que c’est là qu’on comprend que ça a avoir avec cette jouissance première avec la mère.
Pour le psychotique aussi elle est interdite, mais lui ne donnera pas sens à cela.
Enfin, j’ai pensé qu’il y avait un intérêt à revenir à ce temps du Real Ich, de ce Lust Ich purifié dont on n’avait pas parlé. J’aurai l’occasion de revenir encore sur certains passages de la pulsion qui nous avait retenu deux ans. Freud dit que c’est d’abord là le Real Ich, donc ce réel dont nous parle Lacan c’est le Real Ich nous dit Freud.
Intervenant :
Question sur la jouissance
Solange Faladé :
Vous dites bien que c’est parce qu’on est parle-être qu’on a à y renoncer. C’est bien ce qui est marqué ici. Quand le cri devient parole, c’est à ce moment là qu’on saisit qu’on a à renoncer à ce qui apportait la jouissance en tant que telle. Et là, je ne fais pas entrer en ligne de compte ce que Lacan dit dans le séminaire Encore que c’est avec les (appareils) de la jouissance, enfin, je ne veux pas en parler ce soir pour ne pas compliquer. Mais c’est bien, c’est quand il parle qu’il a à renoncer à cet objet qui n’est pas le sien. Il y aura ces restes de jouissance qui ont avoir avec le regard, la voix, les fèces, les seins, mais ce n’est pas la mère.
Le signifiant c’est la parole. C’est ce qui fait qu’il y a du sujet barré. Je l’ai marqué là.
C’est à ce moment là que on est aussi confronté avec ce qui est le désir de la mère, c’est vrai, on est confronté à cela avec la parole. Le désir de la mère a pour support aussi cet objet d’où est venu la jouissance et qui n’est pas notre objet, qui est, en tant qu’objet vous avez à y renoncer, en tant qu’objet vous avez à y renoncer. Le signifiant c’est la parole et c’est pour ça qu’il y a du sujet barré et c’est aussi pour ça que de jouissance Lacan a fait son jeux de mot, c’est à cause de la parole, du signifiant qui nous barre de la jouissance.
Intervenant :
Avec la mère ?
Solange Faladé :
Écoutez, c’est quand même ce dont on jouit, les autres ce ne sont que des restes de jouissance, ce qui est porté par les objets petit a. L’objet qui est perdu irrémédiablement, oui, c’est la mère.
Intervenant :
En tant qu’objet ?
Solange Faladé :
Mais oui, c’est ça, on n’aura jamais à jouir de la mère.
Intervenant :
Et la relation du bébé animal avec sa mère ?
Solange Faladé :
Le petit chat quand il deviendra adulte copulera avec sa mère, ne saura pas que c’est sa mère. Le singe ou le macaque, c’est la même chose. Quand il devient adulte, si à ce moment là c’est la mère qui est à coté, il ne sait pas que c’est sa mère, c’est une femelle. Parce que c’est de ça qu’il s’agit, c’est de jouir de sa mère et ça c’est interdit, et c’est parce qu’on parle.
Ce n’est pas parce qu’il continue à prendre le sein que la mère pour autant lui est permise.
On rentre dans l’humanité avec le signifiant. On voit bien que celui qui ne parle pas, l’autiste, c’est quand même tout un problème. Bon. Dès qu’on parle on a à renoncer à la jouissance de la mère.
Je sais que c’est difficile mais c’est ça la découverte de Freud. C’est ce qui fait que c’est à partir de (ça) que son appareil psychique se met en place de cette façon là, à cause du signifiant, parce qu’on perle, parce que l’inconscient ce sont ces chaines de signifiants qui constituent l’inconscient.
Bon nous allons en rester là.
Note (1) De la pulsion et de ses tribulations – Traduction : Gilbert Bortzmeyer, Solange Faladé, Michèle Wague. Documentation psychanalytique de l’Ecole Freudienne.
Note (2) Gesammelte Werke tome X p 222
Note (3) wandelt
Note (4) Angoisse et vie de la pulsion – Traduction : Gilbert Bortzmeyer, Solange Faladé, Michèle Wague. Documentation psychanalytique de l’Ecole Freudienne.
Note (5) Névrose, psychose et perversion – PUF – page 12. « Une jeune fille... »
Note (6) Solange Faladé - Amphithéâtre Magnan Hôpital Sainte Anne- samedi 19 janvier 1991 : ( les évènements de janvier 1991 : la première guerre du Golfe)