13 mars 1990
Document de travail
J’ai retravaillé le texte de Freud – Un enfant est battu – Je l’ai travaillé pour le groupe du samedi qui cette année-ci travaille le fantasme. Vous pouvez vous demander si c’est là une raison suffisante pour vous parler de ce texte ce soir. Si j’ai pensé à le faire, c’est parce que travaillant en même temps – inhibition symptôme angoisse – je me suis dit que ça valait la peine de parler de ce texte – Un enfant est battu - ne serait-ce que pour vous inviter à le voir ou le revoir, selon, et comparer avec ce texte de Freud tout du moins avec le ton différent de Freud dans - Un enfant est battu – et dans – Inhibition symptôme angoisse -.
Alors, Un enfant est battu, il nous dit là que c’est un fantasme que l’on retrouve dans toutes les structures des névroses, qu’il a six cas qui peuvent étayer ce qu’il avance, et que les autres cas, il y en a beaucoup d’autres…n’en relèvent pas moins de ce qu’il vient de découvrir, c’est à dire ce fantasme, ce fantasme qui, nous dit-il, a aussi son intérêt qu’on peut y voir la genèse des perversions.
Donc six cas, et Freud nous dit « c’est là, je suis sûr, c’est quelque chose qui se retrouve dans toutes les structures de névroses » alors que dans ce texte - Inhibition symptôme angoisse - …Freud s’interroge tout au long de cet article et continue à nous montrer son embarras …
Préparant ce travail, je me suis référée à quelques passages de Lacan dans ses Séminaires, le temps m’ayant manqué de me reporter aux Ecrits. Là, à propos de ce fantasme, à propos de ce texte - Un enfant est battu -, Lacan essaye de montrer en un mot, en tout cas il nous dit quelle relation, et il y en a une, entre le fantasme et le symptôme.
Alors ce texte – Un enfant est battu - c’est un texte que j’ai eu l’occasion avec certaines personnes qui sont ici, j’ai eu l’occasion de travailler à Claude Bernard, dans le cadre de l’Ecole Freudienne de Paris, parce que nous avions pris pour thème de travail – la sexualité féminine – et Lacan au cours d’un directoire nous a fait remarquer que nous ne connaissions pas ce que les femmes analystes avaient pu dire sur ce thème de la sexualité féminine, et j’ai donc décidé de nous arrêter à ce que certaines d’elles avaient pu dire et tout particulièrement Hélène Deutsch avaient pu écrire. Et pour essayer de nous faire saisir, selon elle, ce qu’est la féminité il fallait trouver et de la passivité – ce que nous avons longuement travaillé et critiqué – il fallait trouver du masochisme, du narcissisme, et de la jouissance, tout ceci égalait féminité.
Lorsque nous avons eu à travailler le masochisme, nous nous sommes reporté … à ce que Freud a pu nous dire, et là, - le problème économique du masochisme – a été mis au travail et le passage - le masochisme dit féminin - a été plus particulièrement travaillé, ce qui nous a amené à étudier ce texte – Un enfant est battu -.
Alors, j’ai remarqué depuis, puisque nous avons travaillé uniquement la partie qui concerne la femme, la petite fille, j’ai remarqué que très souvent on oubliait qu’il était aussi question du garçon. Je crois que c’est important …de ne pas l’oublier parce que c’est en lisant le texte dans sa totalité, que on peut saisir ce qu’est le fantasme fondamental.
Freud dit que dans tout ce qu’il a pu saisir, faire dire aux patients, et lorsque Freud nous dit qu’il est arrivé à faire dire quelque chose, vous pouvez être sûr que l’ancien Freud, si je puis dire, celui qui imposait les mains savait faire parler.
Et il nous dit qu’il y a deux phases :
Une phase où - mon père bat un enfant qui n’est pas moi, un enfant que je hais, son père le bat parce qu’il ne l’aime pas –. Je ne vais pas détailler ce texte, ce n’est pas mon but ce soir, c’est pour introduire ce que j’ai à vous dire ensuite sur - inhibition symptôme angoisse –.
Une phase que Freud arrive très bien à faire dire c’est que là – on ne sait plus qui bat et on bat toute une ronde d’enfants – si je puis dire et Freud demande à la personne qui parle : où elle se trouve ? Et cette personne lui dit que en fait – elle regarde -. Ce regard , ce petit a , Lacan le reprend dans, je crois que c’est – la logique du fantasme –
Freud nous dit qu’il y a entre ces deux phases une autre phase, et qu’il n’est pas arrivé à en faire dire quelque chose . Cette autre phase, il a la preuve qu’elle existe, à cause du changement de ton de la personne qui parle, et que ce qui suit après la première phrase est marqué d’une satisfaction masturbatoire et que pour lui Freud, ceci suffit pour qu’il nous dise que quelque chose s’est passé, et il construit ce quelque chose ce – Je suis battue par mon père - . Ceci c’est pour la fille.
Pour le garçon, il ne sait trop ce qu’il va trouver. Et son étonnement est que là aussi il est sûr que le garçon a une phrase qui précède ce que les garçons vont dire, il est sûr que là aussi , et la logique l’oblige, c’est la construction, le garçon aussi a ce temps pour ce – je suis battu par mon père – il ne peut pas le dire mais ce temps là existe.
Ensuite pour le garçon, le texte continue . Le garçon dit : "Je suis battu par ma mère", or là on a à faire à du masochisme, mais pour le moment je n’en dirai rien de plus. Je m’arrête uniquement sur ce – je suis battu par mon père – cette phrase ne peut pas se dire , et pourtant qui est là, se marque si je puis dire avec la marque qui est imprimée sur l’inconscient.
Lacan le reprend pour nous dire qu’il y a quelque chose qui de toute façon ne peut jamais être dit , parce que impensable , c’est ce - Je - et que le - suis battu par mon père – aussi ne peut pas se dire .Mais dans les discussions que nous avons eu à cette époque , c’était dans les années cinquante et quelques , discussions que nous avions avec l’Internationale... parce que la question du fantasme préoccupait les psychanalystes de cette époque , Lacan a mis l’accent ce temps qui ne peut pas se prononcer, sur cette phrase qui ne peut pas se prononcer, et a dit que là est le fantasme fondamental, pourquoi fondamental , nous y reviendrons tout à l’heure. C’est en cela qu’il nous intéresse pour le symptôme. Mais un point qui avait été l’objet de discussions c’est : Est-ce que ce fantasme peut être rendu conscient ou pas ? Je passe tout ce que de superflu on a pu dire autour de ceci et Lacan, je l’ai retrouvé , j’avais complètement oublié que dans le séminaire sur l’Angoisse ceci s’y trouvait, Lacan dit que ...dans certains cas on peut remarquer l’angoisse qui accompagne ce temps. C’est à cause de l’angoisse que Lacan nous dit que ce fantasme fondamental peut en quelque sorte être rendu conscient.
Alors le fantasme fondamental , ce temps que Freud a bien délimité est important, fantasme fondamental , pourquoi ? Parce que c’est ce qui fait que du Sujet barré est mis en place, ou plus exactement parce que le Sujet barré émerge , se met en place, il y a automatiquement ce fantasme , cette relation entre le grand S qui émerge , le grand S barré et ce qui choit, ce qui reste de ce travail , ce reste de jouissance, le petit a.
A propos de - un enfant est battu - Lacan fait remarquer que ce fantasme fondamental qui va avec le refoulement originaire "Urphantasieren", qui va aussi avec le masochisme primaire, parce que l’enfant se met sous la baguette du père qui va marquer du signifiant cet enfant , Lacan fait remarquer que c’est ce fantasme fondamental - S barré poinçon petit a - qui fait que le grand Autre va entrer dans le monde de l’enfant. Et en même temps il nous fait remarquer que ce fantasme a une relation directe avec le symptôme.
Alors , travaillant ce texte... j’ai en même temps repris - inhibition symptôme angoisse- et surtout les passages où Lacan parle d’inhibition symptôme, et là je me suis aperçue que ce que j’avais avancé la dernière fois concernant ce séminaire sur l’Angoisse , n’était pas tout à fait exact, que effectivement Lacan ne nous fait pas la lecture du texte - inhibition symptôme angoisse-, mais en fait dans les premiers séminaires, ce qu’il nous apporte autour de l’angoisse , et à propos de l’angoisse, c’est une façon de nous parler de - inhibition symptôme angoisse- et que même, on peut dire que ce thème de l’angoisse qu’il a travaillé pendant toute une année, il l’a travaillé après avoir avancé un certain nombre de points sur le fantasme, particulièrement au cours de nos journées provinciales, cette angoisse en fait, nous permet de comprendre - tel que Lacan en parle en 62-63 - nous permet de comprendre pourquoi, avec les nœuds, pourquoi avec ce qui nous permet (d’homogénéiser) ce texte de Freud , il met l’angoisse entre inhibition et symptôme.
Ce qui m’a fait revenir sur ceci, c’est le moi. Vous savez que le moi, est un point qui nous travaille, si je puis dire, pour pouvoir comparer ce que Freud nous dit à différents endroits et ce que Lacan a pu nous dire sur le moi. Freud est embarrassé par la question du moi. On le voit déjà dans - Les pulsions - puisque si vous vous souvenez, ceux qui ont travaillé ce texte avec moi, - Les pulsions - il y avait un passage sur le moi - le - Lust-Ich - et le -Real-Ich- et ce passage je ne l’ai pas travaillé, je vous ai dit qu’on verrait ça plus tard, que j’avais à y penser, puis ensuite il y a eut la question du moi, autour du sujet et à propos du sujet . Pour mieux saisir ce que je voulais, je me suis mise à traduire avec les amis germanistes - ceux qu’on appelle maintenant les germanistes de Faladé - je me suis mise à traduire ce moi, le - moi et le ça - ça va faire deux ans et nous venons tout juste de le terminer. Je voulais avoir les termes employés par Freud à propos de ce moi.
Alors, ici, - le moi et le ça - dans - inhibition symptôme angoisse - Freud nous dit que c’est le lieu de l’angoisse . Et ça me fait revenir sur l’angoisse, et non plus ce que j’avais pu cocher autour de ce que Lacan avait pu dire sur - inhibition symptôme angoisse - et j’ai repris ce séminaire, je l’ai repris jusque fin janvier, je n’ai pas pu travailler les pages qui suivent . Et là reprenant ce séminaire de Lacan , j’ai vu qu’en fait il partait du moi, dès le troisième séminaire, il reprenait le moi tel qu’il nous l’avait indiqué avec le schéma optique à propos du stade du miroir, la place qu’il faisait à i(a) dans ce qui était réel - je vais faire ce schéma - et i’(a), et là je me suis aperçue que ce n’était pas tellement la réponse qu’il apportait à la question qui lui avait été posée concernant les modifications qu’il avait eu dans ses positions concernant la psychanalyse et particulièrement ce qui était de l’imaginaire et du symbolique , qu’en fait c’était déjà sa façon de nous introduire à ce qui nous intéressait dans - inhibition symptôme angoisse - et que là aussi c’est autour du moi, moi idéal, i’(a) que Lacan va développer ce qu’il a à nous dire sur l’angoisse.
Je fais une petite parenthèse parce que Lacan répond à une question qui lui avait été posée par une personne de l’Institut de la Société Psychanalytique de Paris , c’était une époque où certaines personnes de la Société Psychanalytique de Paris fréquentaient les séminaires de Lacan et la question lui était posée à propos de ces modifications et entre autres pour ce qui était du désir, non seulement par cette personne de la Société de Paris mais également par ses élèves directs qui lui faisaient remarquer qu’ils aimeraient bien que Lacan leur dise quelle , était sa position par rapport au désir et ce qui le différenciait de Hegel.
Si je fais cette petite parenthèse c’est pour dire que - en tout cas, ceux qui suivaient Lacan - dès le congrès de Royaumont, puisqu’ils avaient eu deux mois pour travailler cette direction de la cure s’étaient aperçu que là il y avait une modification, sur ce que Lacan nous disait du désir et que sa nouvelle position sur le désir l’éloignait de ce que Hegel disait sur le désir à propos de la reconnaissance et que là plus de choses avaient été saisies à cette époque-là que certains qui sont venu faire la leçon ont cru devoir nous faire.
Donc Lacan fait remarquer qu’on ne peut pas vraiment dire qu’il y a rupture entre ce qu’il faisait avant - je me reporte aux propos sur la causalité psychique qu’il avait écrit en 46 - et pour ce qu’il pouvait dire de l’imaginaire, mais aussi déjà ce qu’il disait à ce moment là, du symbolique - car on ne peut pas pour l’être parlant envisager l’imaginaire sans que le symbolique soit là présent. Il fait simplement remarque que peut-être quelque chose de l’ordre d’une coupure - avec ce que lui entend être la coupure - peut être saisit dans son enseignement.
Alors je reviens sur ce schéma optique, schéma que nous avons travaillé longuement à propos des pulsions, mais également lorsque nous avions décidé d’étudier le fantasme. Nous nous étions reporté à ce séminaire sur l’Angoisse , et là, suivant les conseils de Lacan nous avions tout particulièrement travaillé Das Unheimliche c’est à dire L’inquiétante étrangeté. Et nous l’avions travaillé à un point tel que ça a été pour au moins l’un d’entre nous objet d’un travail personnel puisqu’il nous a apporté - je veux parler là de Bernard Mary - un travail sur l’homme des sables et surtout un travail sur le double, qu’il a centré autour de Guy de Maupassant et particulièrement le Horla.(1).Ce schéma nous l’avons également travaillé lorsque nous avons étudié la pulsion.
Je le fais ici rapidement. C’est ce miroir concave. Ici il y a le corps, si je puis dire, fermé dans une boite, et l’image du miroir concave va faire qu’ici , il y aura une image réelle de ce vase , de ce corps qui est caché, une image réelle qui va enserrer dans son col des fleurs qu’on a déjà disposé et c’est au milieu de ces fleurs qu’il y a cet objet petit a qui vient marquer le manque, ce manque moins phi . Il schématise ici le fait que le phi ne peut pas être saisit autrement que par ce manque, c’est à dire que nous sommes tous confronté à une castration imaginaire. Et donc ceci va se retrouver dans l’image réelle mais sous forme d’objet petit a. Cet objet a, à cette époque Lacan nous dit que ce sont les équivalents du phi, équivalents parce que - la question de ces objets équivalents - ne peuvent intéresser que dans la mesure où ces objets sont à la fois aimables et désirables tout comme le phallus.
Alors, cette partie ne peut pas être vue par le sujet et il met ici un miroir plan qui va donner une image virtuelle . C’est cette image virtuelle que le sujet va voir. Le sujet on va le mettre là, le grand I on le met là. Mais ce qui est important c’est que là il n’y a pas d’image du petit a. C’est à dire que dans ce bord qui du coté du réel enserrait avec les fleurs l’objet petit a, - cet objet qu’il nous dira plus tard être cause de désir - , ici il n’y a pas cet objet, cet objet n’a pas d’image spéculaire. Alors cet objet - petit a - a un rapport direct avec ce que Lacan appelle structure de bord, puisqu’on ne peut le trouver que dans les parties du corps qui font bord c’est à dire le sein avec la bouche, le scybale avec la marge de l’anus, à cette époque-là il met encore le phallus, mais vous savez que quelques années plus tard dans d’un Autre à l’autre il ne retiendra plus que quatre objets petit a . Donc il y en a deux autres qu’il va dégager dans ce séminaire .
Ce qui est important nous dit-il c’est que de ce coté de l’image virtuelle où il y a ce - petit i prime de petit a - i’(a) -, c’est à dire le moi idéal, aucun objet ne doit venir en ce lieu où il y a cette structure de bord. C’est là le point important. Il faut que à cette place le manque soit respecté, que le manque demeure manque . Si un objet vient à cette place, c’est à dire ce qui fait que le manque ne manque plus, alors c’est l’angoisse. Donc on peut dire que là, Lacan reprend sous une autre forme, sous une forme qui permet de mieux saisir les questions qui se posent à Freud autour de ce moi. Lacan avec la fonction du moi, et dans ce séminaire sur l’angoisse, le manque est au premier plan : pour qu’il n’y ait pas d’angoisse il faut que au niveau du moi rien ne vienne à la place du manque.
Et déjà, lorsqu’il nous avait fait le petit Hans , dans les années 56-57 , à propos de l’angoisse du petit Hans , ou des moments d’angoisse du petit Hans, il nous avait fait remarquer que pour le petit Hans , la mère qui est cet objet du manque...
Alors, lorsqu’il a commencé à nous parler du graphe, à nous mettre le grand A ici, et le sujet barré là, (Solange Faladé dessine le graphe au tableau) il dit que l’enfant dans un premier temps rencontre en ce lieu, à cet endroit, le grand Autre maternel, et lorsque à nouveau l’enfant va essayer de retrouver en ce lieu ce grand Autre qu’il a rencontré, - là en l’occurrence la mère - il ne trouvera qu’une place évidée c’est à dire que la mère manquera à cette place, manquera pourquoi , nous disait-il ? Parce que il y a la loi du père.
C’était l’époque où encore il y avait un autre qui faisait la loi à la mère, moyennant quoi il effaçait ce lieu , il l’évidait de la présence de la mère, parce que le père faisait entendre que cet objet que lui l’enfant a rencontré , plus exactement, a cru rencontrer, et qu’il prenait pour son objet, le père lui fait entendre que cet objet n’est pas son objet à lui l’enfant mais l’objet de ( la mère ?). Donc ce que l’enfant rencontre en essayant de trouver à nouveau à la même place la mère, ça va être un lieu évidé, la mère ne s’y trouve pas . Et ce qui va marquer la relation de l’enfant avec sa mère, c’est justement ce jeu de présence et d’absence, ce qui fait que la mère est ce qui vient signifier à l’enfant le manque. Donc la mère va prendre cette place du manque et nous disait Lacan, à propos du petit Hans, quand le manque vient à manquer,- donc, - c’était bien avant le séminaire sur l’Angoisse,- alors c’est l’angoisse. Il faisait remarquer, après tout que le petit Hans avait sa mère sur le dos tout le temps. Elle le traînait partout avec elle , que ce soit dans les WC ,- c’est ainsi qu’il a pu savoir que sa mère portait une culotte noire - que ce soit lorsqu’elle sortait et allait dans les différents endroits où on peut avoir des rafraîchissements, partout le petit Hans était avec elle et ce malgré les défenses du père. La mère qui aurait du être cet objet qui manque , ne manquait pas . et c’était l’angoisse...déjà à cette époque.
Alors, ce schéma qu’il reprend dans le séminaire sur l’Angoisse . Il le reprend pour nous parler à nouveau du moi idéal, du moi, il le reprend pour bien nous signifier qu’à cette place aucun objet ne doit venir et que lorsqu’un objet s’y présente , le manque venant à manquer, alors c’est l’angoisse.
Alors cette angoisse , ce manque, Lacan lui donne une grande importance . Et déjà avec le fantasme fondamental, Il peut saisir nous dit-il quelque chose du fantasme fondamental, qu’on est autour de ce fantasme fondamental quand l’angoisse vient à poindre. Et ceci aussi a à voir avec le sujet , et forcement a à voir avec le symptôme.
Donc l’angoisse est au centre de ce qu’il nous développe,- ce que je ne ferai pas ce soir - Et on voit dans ce qu’il nous dit, à propos des névroses il nous dit pour ce qui est de l’hystérie : l’hystérique s’arrange, si je puis dire, pour que le manque soit présent. Il nous parle de l’anesthésie, il nous parle des paralysies, des cécités, tout ce qui fait qu’il y a manque . Et grâce à cela, nous dit Lacan, le manque étant présent dans ces manifestations que vient montrer l’hystérique au médecin, il fera remarquer que lorsque le manque là, s’est installé, il n’y a pas d’angoisse. C’est quand même quelque chose d’important ça vaudra la peine de reprendre quelques observations des études sur l’hystérie, pour bien montrer le moment où apparaît l’angoisse, et à partir de quel moment il n’y a plus d’angoisse.
Quand Elisabeth von R vient voir Freud, il n’y a plus d’angoisse, elle vient le voir parce qu’elle a cette paralysie, et qu’elle ne peut plus marcher, mais au moment où la paralysie va se mettre en place , c’est à dire lors de cette promenade avec son beau-frère, à un moment l’angoisse apparaît et ensuite il y a cette paralysie, paralysie, qui si on s’en tient à ce que Lacan nous dit , paralysie qui fait que le manque ne pourra pas manquer.
Et pour la névrose obsessionnelle, c’est autour du doute qu’il met l’accent et éventuellement le rapport de l’obsessionnel avec le signifiant , le signifiant , nous dit-il - cette marque - il prend l’exemple de Macbeth qui essaie d’effacer ce qui est là, cette marque, pour pouvoir retrouver le signe. Toujours est-il que l’obsessionnel, avec le doute, avec son jeu autour du signifiant, l’obsessionnel ne présentera pas d’angoisse .
Alors ça nous permet de revenir à ce que nous avions travaillé, il y a quelques années où , toujours (dans ) ce séminaire de l’Angoisse, il nous faisait remarquer que si Freud a pu mettre en place si rapidement les pulsions, c’est que le névrosé, faisant en sorte que l’angoisse n’apparaisse pas, parce que son fantasme va équivaloir à la pulsion... (Solange Faladé s’interromps pour écrire, dessiner au tableau)
Le névrosé va s’arranger pour qu’en fait cet objet petit a réponde à l’objet de la demande. Ce qui fait que Freud a pu très rapidement saisir, mettre en place, ce qui est de la pulsion, parce que le névrosé s’arrange pour que l’objet du fantasme soit un objet de la demande . C’est là un point important puisque il parle aussi de régression, j’y reviendrai avec ce que Freud nous dit dans Inhibition symptôme angoisse, cette régression, puisqu’à cette époque là de son enseignement, il nous dit que les objets qui ont précédé le stade phallique, ces objets qui prendront leur sens, leur signification avec le phallus, lorsqu’il y a régression, on passe à l’objet fécal, le mamelon enfin tout ce qui a à voir avec le sein, ceci fait que on aura à faire à des objets qui ont à voir avec la demande .Donc pulsion, permet de saisir ceci que pas d’angoisse chez le névrosé. Le névrosé fera en sorte que si quelque chose se présente en cette place du manque, ce quelque chose sera un objet qui a à voir avec la demande. Et même à un moment, mais je ne l’ai pas retrouvé dans ce séminaire, à propos du névrosé il parle d’un petit a postiche qui peut venir à cette place mais qui fait que le manque ne vient pas à manquer.
Alors, vous avez pu remarquer, pour ce qui est de l’hystérique, ce que Lacan apporte avec les manifestations de l’hystérique, que ce soit paralysie, que ce soit anesthésie, que ce soit cécité, on peut dire que tout ceci peut être rangé sous la rubrique inhibition. C’est à dire que si on reprend tout le passage dont nous parle Freud à propos d’inhibition, ceci va rentrer dans cette rubrique d’inhibition. Et je vous ai dit la dernière fois que s’interrogeant sur l’angoisse, Freud s’est demandé si l’angoisse pouvait accompagner l’inhibition, à un certain moment, une partie de ce qu’il nous dit, sur l’inhibition, il nous dit que oui, il nous dit que il peut y avoir angoisse. Mais je pense que c’est au moment où va s’installer cette inhibition qu’il y l’angoisse .Mais lorsque l’inhibition est présente, lorsque l’inhibition prend corps si je puis dire, avec le corps du patient , alors Lacan nous fait remarquer qu’il ne peut pas y avoir d’angoisse puisque le manque est là installé et que rien ne pourra faire que le manque vienne à manquer. C’est tout à fait important. C’est en deux lignes que Lacan nous dit ceci. Donc la question de l’inhibition peut être repris à partir de ce que Lacan nous dit du manque.
Pour ce qui est de l’obsessionnel, je pense que les personnes qui ont lu Inhibition symptôme angoisse, ont pu remarquer la part spéciale - à part, si je puis dire - que fait Freud de l’obsessionnel, de cette névrose obsessionnelle, névrose si je puis dire parfaite. Ce n’est pas tout à fait le mot qu’apporte Lacan mais enfin. Cette névrose obsessionnelle est à prendre différemment de la névrose hystérique . Donc là , Freud pose une question mais une question qui peut être résolue à partir du moi. Mais le moi est là pour nous difficulté. Et on peut mieux saisir ce qu’il nous dit du ça si on se rappelle que Lacan dans les remarques faites à Daniel Lagache, à Royaumont, à propos du ça, il nous fait remarquer à nous analystes - parce que était présente toute la communauté analytique - il fait remarquer que c’est là le réservoir des pulsions. Je pense que si on se souvient de ceci, si on tient compte de ce qui est dit dès le début, dans ce séminaire sur l’angoisse, alors on peut mieux saisir, peut-être apporter, essayer d’apporter une réponse à partir de ce qui se passe entre le moi et le ça - c’est à dire ce moi qui peut être lieu d’angoisse mais que le névrosé s’arrange pour qu’il n’y ait pas angoisse - et ce qui se passe au niveau du ça, au niveau du réservoir des pulsions, et donc retomber sur ce que Lacan nous fait remarquer à propos du fantasme, plus exactement au fait que le névrosé va faire en sorte que cet objet soit objet de demande.
Donc à partir de cette angoisse , à partir de ce qui peut être là, à cette place du manque, rien ne doit venir. Lacan insiste donc sur le manque, et permet ainsi qu’on puisse mieux appréhender , et ce qu’il en est de l’inhibition, et ce que ensuite le symptôme va permettre de nommer dans toutes ces manifestations que présente le névrosé. Alors c’est très important de bien mettre l’accent sur ce que - Lacan insiste et je crois Freud aussi -, sur le névrosé, et autour de cela revenir à ce que à propos de un enfant est battu, Freud a pu remarquer.
Tout d’abord une chose que je n’ai pas dite tout à l’heure, le réservant pour maintenant, c’est que Freud , étonné par sa découverte, à propos de un enfant est battu ,(Il) trouve exactement la même chose pour ce qui est du fantasme fondamental, chez la fille et chez le garçon, Freud fait une remarque qui a son importance pour l’hystérique, une remarque qui est la suivante. Fliess n’aurait pas pu accepter ce que lui Freud venait de découvrir et qu’il accepte. Il n’aurait pas pu l’accepter puisque pour lui il y a le sexe biologique mâle d’un coté femelle de l’autre - homme , femme - et que ce qui intéresse la femme ne peut pas se trouver chez l’homme. Alors je dis ceci , parce que la question de la sexualité a été développée que ce soir je ne peux pas le reprendre, mais je tenais à ( l’apporter là,) parce que si Freud continue à parler de bisexualité chez l’hystérique en particulier et dans un texte que nous avons travaillé - les fantasmes hystériques - au début de l’année, où c’est par rapport à la bisexualité , déjà à cette époque on peut dire que Freud continue à employer ce mot de bisexualité mais que ça n’a plus rien à voir avec ce que Fliess entendait par bisexualité. Vous vous souvenez que Freud nous dit que chez la femme hystérique on peut trouver deux attitudes : une attitude féminine, et une attitude masculine. Donc ça n’a rien à voir avec le sexe biologique.
Cette parenthèse faite , je reviens à ce que là , Lacan a pointé d’essentiel, qui est cette question du manque, qu’il conservera tout au long de son enseignement puisque déjà il nous en parle en 1956, et qu’il le maintiendra, surtout à partir de ce qu’il met au tableau pour ce schéma optique.
Alors, les pulsions ont pu être saisies rapidement par Freud , nous dit-il, à cause de ceci que le névrosé s’arrange pour l’objet qui est un objet de la demande, et à partir de cela - lorsque nous avions étudié les pulsions - autour ( Solange Faladé écrit et dessine au tableau) de ces deux images i(a) et i’(a), à partir du moment où le grand Autre est introduit j’ai pu faire passer ce qui est de la pulsion et de son trajet avec la torsion qu’il y a, du fait que ce trajet de la pulsion prend la même structure que la structure du sujet, c’est à dire aura une structure moebienne qui aura cette torsion. Et vous vous souvenez que dans cette rétroversion dont parlait Freud et que Lacan a repris, particulièrement à propos du sadisme et du masochisme, cette rétroversion que Freud fait du sadisme au masochisme, Lacan y insiste dans ce séminaire déjà : il n’y a aucune symétrie entre sadisme et masochisme et là déjà il nous parle de ses quarts de tours, ( 3 ) que c’est par un quart de tour qu’on va passer du sadisme au masochisme qu’il n’y a aucune symétrie et qu’on ne peut pas passer du masochisme au sadisme ( aussi ?) que en fait c’est bien là deux choses séparées . Et c’est deux choses séparées , dans le séminaire sur l’angoisse , il ne dit pas pourquoi, mais il nous parle de l’angoisse de l’Autre et de la jouissance de l’Autre.
C’est à dire que dans un temps où il y a un trajet autour du grand Autre , si on est du coté du sadisme , ce qui va être recherché c’est l’angoisse de l’Autre, c’est à dire que le sujet, celui-la qui est du coté du sadisme , ce premier point que Freud nous dit être sadique, et qu’ensuite il va y avoir cette rétroversion du fait du trajet de la pulsion, qui n’est pas le même. Plus exactement c’est Lacan qui nous explique ça. Dans ce premier temps ce qui va être recherché c’est l’angoisse de l’Autre .Ca veut dire qu’en ce lieu de l’Autre on va faire en sorte qu’un objet puisse là survenir et cet objet c’est la voix. C’est quand même ce que le sadique recherche sur la victime. Et c’est la voix qui va nous faire saisir ce qui est de son angoisse.
Alors que dans le tour où le masochisme se fait connaître , il y a bien quelque chose aussi qui est provoqué au niveau de l’Autre c’est la jouissance, la jouissance de l’Autre, mais ici aussi l’objet qui va être en cause, cet objet c’est également la voix. Mais le sadique (2), lui, prête la voix à l’Autre et fait en sorte que maltraité par l’Autre il va provoquer, faire surgir chez l’Autre la jouissance.
Alors , je suis revenu donc sur une partie de ce travail autour de Inhibition symptôme angoisse, car il m’est apparu qu’il fallait faire une part plus importante que celle que je voulais faire . Ce qui vous explique pourquoi ce soir je ne suis pas revenu sur ce que je vous ai dit la dernière fois même si je vous l’ai dit plutôt rapidement . Je n’y suis pas revenu parce qu’il m’a semblé que c’était que c’était d’abord important de bien mettre en place l’angoisse, de comprendre ce que à partir de l’angoisse Lacan par le biais du manque , nous fait comprendre, ou essaie de nous faire comprendre par rapport à ce texte Inhibition symptôme angoisse. Et on peut tout à fait saisir par la suite avec son nœud borroméen, (qu’) il puisse mettre l’angoisse à la place du symptôme et le symptôme en dernier puisque c’est le symptôme qui va en quelque sorte si je puis dire, faire l’unité entre inhibition - angoisse.
En fait pour ce qui est du symptôme, pour bien saisir ce qu’est le symptôme, il faut s’arrêter sur ceci que l’inhibition et l’angoisse sont à prendre en compte.
Donc voila ce que ce soir j’avais pensé vous apporter, à partir de - un enfant est battu -de ce fantasme fondamental et ce que Lacan a pu en dire tout du moins deux ou trois choses qui nous intéressent ici, le fait que le symptôme a avoir avec le fantasme fondamental, qui fait que l’Autre rentre dans le monde du petit d’homme, et ensuite ce que avec l’angoisse (Lacan ) peut reprendre et du fantasme, de la pulsion, et de la façon d’être des structures névrotiques par rapport à l’angoisse et fait remarquer que le fantasme qui nous intéresse et qui aura à voir avec ce symptôme chez le névrosé, ne peut prendre que l’aspect d’un fantasme pervers mais qui n’a rien à voir avec la fantasme du pervers.
Voila.
(1) Bulletin N° 7 - juillet 85
(2) Le masochiste ?
(3) L’angoisse 13 mars 1963 p207