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Le symptôme II

14 novembre 1989
Document de travail

La dernière fois, après notre réunion de travail on est venu me dire avec gentillesse que je n’avais pas parlé du surmoi. C’est vrai je n’avais pas parlé du surmoi et pourtant le surmoi figurait sur mes tablettes, je ne dirai pas en bonne place car ce n’était pas là où nous aurions ou l’attendre, le trouver, que je l’avais inscris. Ce n’était pas après avoir parlé de l’impact du moi dans la formation du symptôme ni même après avoir parlé de l’article de Freud le moi et le ça. Cela s’inscrit au moment où j’ai fait la différence, la comparaison entre la position de Freud et la position de Jung, ce qui me donne l’occasion d’y revenir Ceci peut rassurer les personnes qui commencent cette année à travailler dans ce groupe. Je leur avais dis la dernière fois que j’avais souvent à revenir sur ce qui s’était déjà dit. Lorsque j’ai fait la comparaison entre la position de Freud et la position de Jung, c’était pour reparler du fantasme.

Cette fois ci je vais repartir de ce qui a été le début de Freud, c’est à dire de ce moment où il a découvert l’inconscient, c’est à dire en 1895. Il déchiffre un de ses rêves et il s’aperçoit qu’il y a une pensée, que l’être parlant a une pensée, une pensée qui lui échappe et il a appelé ceci l’inconscient et il a espéré à partir de ce moment là qu’il lui serait possible puisqu’il y avait une instance (refoulante), qu’il lui serait possible en levant le refoulement d’arriver à apporter la guérison à ses patients.

De 95 à 97 il recueille les dits de ses patients (Je crois qu’il y a encore de la place, il y a des chaises). Il recueille les dits de ses patients. Il est à la recherche d’un événement traumatique, il recueille ceci que chaque fois c’est le père qui est séducteur, c’est le père qui a eut une tentative (inaudible) de séduction sur ses patientes et (inaudible) sur ses patients. Donc pendant deux ans il a recueilli ceci, mais ça l’a embarrassé de trouver tant de pères séducteurs. Ca l’a embarrassé à un point tel qu’il s’est dit qu’en fait, il s’agissait de fantasme.

On peut dire aussi les choses comme ceci en se référant à ce que Lacan nous a apporté, qu’il ne lui était pas possible d’écrire quelque chose qui serait (Solange Faladé écrit au tableau " x f(x)) que pour tout x, f de x, tous ces pères répondraient à cette fonction qui est d’être séducteur de leurs enfants, qu’il ne pouvait pas l’écrire car (Solange Faladé écrit au tableau $ x f(x)) (nota 1) il n’y en avait pas un seul pour ne pas répondre à cette fonction, il n’y avait pas eut un seul père qui n’était pas séducteur. On peut dire quelque chose comme ça sans forcer.

Bref il n’était pas possible pour Freud de déduire de ses dits de ses patients qu’effectivement chaque père était séducteur, et il s’est dit qu’il s’agissait là de fantasme. Il a eut beaucoup de mal à se le dire mais il est arrivé à ce point qu’il s’agissait de fantasme de la part de ses patients. Mais tous ces dits étaient accompagnés d’un tel sentiment de culpabilité qu’il a pensé qu’il y avait eut faute. D’ailleurs je me permets de dire que le psychanalyste n’est pas là pour déculpabiliser ses patients. Il s’est dit qu’il fallait prendre en compte ce sentiment de culpabilité et qu’il y avait eut une faute sûrement et cette faute il l’a reporté à un temps premier, à un temps premier de l’humanité et c’est le meurtre du père primitif.

Ce point est important et Lacan dans La situation de la psychanalyse en 1956à la page 469 il parle de Freud et il dit qu’en fait ce que Freud n’a pas pu accepter de la part de Jung, ce n’est pas tant qu’il ait parlé d’inconscient collectif, ce qu’il n’a pas pu supporter après la publication de métamorphoses de la libido c’est que lui Jung n’a pas tenu compte de cette faute primordiale. Vous le retrouverez à la page 469 des Ecrits. Je crois que c’est important de pouvoir relire ces choses, ou les lire. Donc c’est ce point qui a séparé Freud de Jung à tout jamais, le fait que lui Jung n’a retenu que ce qui touchait le savoir, ce qui touche le savoir et dont il a fait l’inconscient collectif. Ce qui touche le savoir, Freud n’a pas du tout été sans en tenir compte, il en a tenu compte, mais tout comme ce qu’il venait de découvrir, cette faute primordiale, il a pensé que chaque individu en avait trace dans son inconscient. Pour ce qui est de ce savoir, il n’en a pas non plus fait un savoir collectif. Il en a fait un savoir que l’on reçoit de son père (feierlich) Vater, donc de ses parents, de ses grands-parents, des arrière-grands-parents, il en a fait le surmoi.

Donc la position de Freud et de Jung diffèrent, diffèrent à partir des dits de leurs patients, c’est à dire qu’ils ont recueilli le même chose, ils ont recueilli la même chose, mais pour ce que ils en ont tiré, pour ce qui est du dire, ils en ont fait tout à fait autre chose et ceci explique ce qui s’est passé pour Jung, c’est à dire que son éthique, puisque Lacan nous dit que l’éthique de la psychanalyse, éthique du bien dire, l’éthique de Jung diffère de l’éthique de Freud car il y a une chose importante c’est que lui Jung n’a pas tenu compte du réel. Et vous verrez au cours de notre travail de cette année toute l’importance que Lacan après Freud, même si Freud ne l’a pas dégagé comme tel, toute l’importance que Lacan donne à ce registre du réel.

Toujours dans cette page 469 vous verrez ce que Lacan dit de cet archétype, archétype qui découle de ce qu’est l’inconscient pour, pour Jung. Toujours à propos de ces dits et du dire qu’on en tirera, Lacan en a reparlé différemment, il en a parlé différemment lorsque avec la proposition d’octobre 69, non 67, j’ai fait le lapsus parce que je pense à ce qui s’est passé au moment des assises, c’est à dire lorsqu’il a fait connaître publiquement sa proposition. Ce n’est qu’en janvier 69 que ça a été connu, sauf pour les membres du directoire qui l’ont effectivement, qui en ont eut connaissance en octobre 67. Donc dans la proposition d’octobre il parle d’extension et d’intention, il en parle surtout dans le texte que vous avez dans Scilicet 1. J’ai essayé de retrouver le passage dans la première version de la proposition, mais je ne le retrouve pas là ce soir, vous le verrez dans ce qui est paru à Analytica (nota 2), pour là, bien saisir ce que Lacan nous dit de l’extension et de l’intention.

L’exemple qu’il nous donne c’est autour de l’œdipe. Il dit que si on retire l’œdipe de l’extension et il met la psychanalyse dans l’extension, c’est à dire que si l’œdipe reste uniquement dans l’intention, je ne vais pas développer extension et intention, il dit qu’à ce moment là ce qu’on peut en dire revient au délire de Schreber. Je crois que c’est un point important pour nous de savoir que ce qui est recueilli en extension, c’est à dire, les dits du patient, ce qui est recueilli au chevet, ce qui est recueilli au cours d’une analyse, la propriété qu’on en tirera, le concept qu’on en tirera, de ceci, de ce concept, de cette propriété donnée à ces dits, la conséquence va être que ce qui est retrouvé en extension peut être fidèle aux dits des patients ou alors ce qui sera retrouvé en extension, sera un tout autre objet. Et c’est ce qui s’est passé entre Freud et Jung puisque le concept tiré de part et d’autre, n’est pas le même et ce que l’on fait des dits du patient diffère totalement.

Je crois qu’il y avait ce soir à en dire un mot puisque cette question du surmoi m’a amenée à vous dire ce que j’avais omis (inaudible) la dernière fois de vous dire. Les positions de Freud et de Jung ont eut une importance telle que la thérapeutique proposée de part et d’autre n’ont plus rien à voir, tout à fait différent. La conduite d’une cure chez les jungiens, pour moi il ne s’agit pas de psychanalyse, et la conduite d’une cure chez les freudiens diffèrent totalement. Le problème des archétypes, je vous l’ai dit la dernière fois, ce n’est pas rien et véritablement je crois que ça a eut une répercussion telle sur le comportement des patients qu’il faut quand même prendre garde à cela et surtout ne pas entériner comme psychanalyse ce qui a pu se faire dans un cadre pareil.

Ceci dit j’en viens à ce que je pensais vous dire ce soir et que je vais essayer de dire le mieux possible. Je vais revenir sur ce que la dernière fois j’ai annoncé que le symptôme vient du réel. Le symptôme vient du réel, et vous verrez toute l’importance qu’il y a à penser que le symptôme vient du réel. Je dis penser, je fais référence à ce que dans ses premières versions de la proposition d’octobre 67, Lacan parle de la pensée analytique et de la pensée normative pour parler d’extension et d’intention, mais enfin, le passage vous le retrouverez. Et pour parler de cela ce soir, je vais partir d’un passage de Lacan dans le séminaire Encore Vous savez que l’année où nous devions travailler l’inconscient, je vous ai dis que le séminaire Encore nous aiderait à comprendre, à saisir ce qu’est l’inconscient freudien.

Alors donc dans Encore à la page 129, le bas de la page 129 et la page 130 Lacan introduit ce chapitre, enfin ce qu’on a mis là comme chapitre dans le texte établit, c’est à dire le chapitre 3 de ce séminaire de juin 74, Lacan parle de, disons, du ça tourne pour Copernic, du ça tourne copernicien et du ça tombe de Newton. Il dit qu’en fait le ça tourne c’est la même chose que la ça tombe et Lacan nous dit que cette hypothèse, enfin le (inaudible) qu’il vérifie, qu’il en donne des preuves. Mais enfin c’est le début de ce passage, je vous le dis très rapidement pour que vous puissiez vous y retrouver, en fait ce qui nous intéresse c’est la suite.

Lacan dit « mon hypothèse c’est que l’individu, l’individu affecté d’inconscient, c’est le même que le sujet du signifiant. » Il en profite pour nous donner à nouveau la formule du signifiant : Le signifiant qui représente un sujet pour un autre signifiant. Il en profite pour nous dire que ce qui nous intéresse, c’est le fait qu’il soit pure différence Et je pense que nous pouvons nous arrêter un instant pour parler de ce signifiant, du signifiant que l’on dit lacanien, mais c’est en fait le signifiant, celui qui est le signifiant de la psychanalyse, et ce signifiant diffère du signifiant du linguiste, en ceci que bon nombre de linguistes ne tiennent pas compte de l’inconscient, ne tiennent pas compte du refoulement.

Et à ce propos, j’ouvre une parenthèse parce que récemment un travail nous a été apporté sur un linguiste Guillaume, travail qui a suivit un travail beaucoup plus important qui nous a été apporté aux journées de Vaucresson et la remarque était que Lacan n’avait pas beaucoup mentionné Guillaume. Il l’a fait, mais je dois dire qu’il n’a pas eut pour Guillaume le coup de cœur qu’il a eut pour Jakobson. J’ai écouté ce travail, c’était les journées de Vaucresson qui suivaient l’année où nous avions travaillé l’inconscient et je me rappelais le dernier chapitre de l’inconscient, l’article de Freud, et Freud disait que la reconnaissance de l’inconscient demandait que l’on prenne en compte ce qui se passe chez les schizophrènes, chez le paranoïaque, et vous vous souvenez que pendant quelques séances ici, Bernard Mary nous en a parlé. Donc lorsque à Vaucresson, Jamain a fait ce travail énorme (nota 3), je dois dire, lorsque je l’écoutais, je me posais cette question : est-ce que lui Guillaume s’est intéressé à la parole du fou ? Il ne m’a pas semblé. Encore une fois je ne connais pas suffisamment Guillaume et je dois le travailler, il ne m’a pas semblé que la parole du fou ait eu une place dans ce qu’il nous disait de sa linguistique.

On ne peut pas en dire autant de Jakobson qui vous savez, s’est intéressé au travail de Freud sur l’aphasie, qui s’est intéressé aussi à la parole du fou, pourquoi ne pas le dire ainsi ? Mais une chose a fait que Lacan et vous le verrez dans le texte de Radiophonie, dit qu’il s’est séparé de Jakobson, certes Jakobson l’a intéressé, il a prit, et là il s’en explique, métaphore métonymie, chez Jakobson. Mais il se sépare de Jakobson parce que Jakobson ne tient pas compte du réel. Et il nous dit que ce qu’il fait lui Lacan ce n’est pas de la linguistique, mais de la linguisterie. Donc, pour nous c’est tout à fait important de savoir dès maintenant, que les personnes qui commencent, et de rappeler pour les personnes qui depuis quelque temps travaillent sur ce point de la théorie analytique que le signifiant qui est celui qui nous intéresse est un signifiant frappé du refoulement.

Je vais très rapidement marquer au tableau ce que à propos donc ce signifiant, (Solange Faladé écrit au tableau : S1/S barré à S2) Lacan nous dit que l’individu affecté d’inconscient, c’est le même que le sujet du signifiant et il nous rappelle que un signifiant, pur différence, donc pour être signifiant doit avoir dans la chaîne signifiante au moins un autre signifiant, et que cet autre signifiant, ce S2 permet à ce signifiant S1 de représenter le sujet. J’aurai à y revenir parce qu’on m’a de nouveau parlé de ce S2 de ce S2 qui se dégage différemment dans les textes de Lacan mais je pense que c’est important de prendre toutes les différentes façons que Lacan a eut de parler du S2.

Je le ferai tout à l’heure après avoir parlé de ce qui nous intéresse ce soir très précisément c’est à dire, partir de l’individu qui n’est pas encore affecté d’inconscient, c’est à dire de celui qui ek-siste. (Solange Faladé écrit au tableau : ek-siste)

Cet individu qui n’est donc pas encore affecté d’inconscient, cet individu, nous pouvons dire que c’est l’enfant qui choit dans le monde, cet enfant qui choit dans le monde va rencontrer un langage, (Solange Faladé dessine au tableau le graphe de l’infans) puisqu’il choit dans un monde où on parle, mais lui cet enfant, ce bébé infans comme dit Lacan, lui ne parle pas. Il ne parle pas mais il est intéressé par les objets qui l’entourent, ces objets sont réels pour lui, pourquoi ? Parce qu’il ne peut pas les nommer. Le réel, c’est ce qu’on ne peut pas nommer, c’est ce qui ne peut être nommé. Donc, cet enfant qui ne parle pas qui vient de naître et qui choit dans le monde, gardons cette expression de Lacan, choit dans le réel, puisque ce qui l’entoure, lui, cet enfant ne peut pas le nommer encore, que ce soit les sons qu’il entend, le langage qui lui est tenu, que ce soient les objets qui l’entourent, tous ceux-la sont des objets du réel.

Cet enfant nous dit Lacan, c’est, je mets ici l’objet petit a, (Solange Faladé écrit au tableau : S1/S barré à S2/a) et je vous dis tout de suite que cet objet petit a qui est le reste de la division du sujet comme je vous ai dis la dernière fois, ce n’est pas le bébé infans. C’est un objet qui choit soit d’une demande orale, d’une demande anale, du regard ou de la voix, mais ce n’est pas le bébé infans.

Le bébé infans est l’objet petit a par excellence nous dit Lacan, et l’objet petit a parce qu’il a telles caractéristiques. Cet enfant donc un objet réel, cet enfant est le produit de la conjonction sexuelle entre un homme et une femme. Cet enfant est donc un reste de jouissance, donc c’est un produit, c’est un reste de jouissance. C’est un objet qui est séparé du corps maternel et de plus, du plus de jouir qui le marque, et ce plus de jouir Lacan l’a inventé en se basant sur la plus value de Marx. Et d’ailleurs à un moment, il nous faudra rapidement, il nous faudra quand même parler de Marx puisque nous travaillons le symptôme cette année.

Donc cet enfant en ce temps est un objet petit a, et il a toutes ces caractéristiques de l’objet petit a. Il a également aussi cette autre caractéristique, c’est qu’il n’a pas d’image en ce sens qu’il n’y a pas d’altérité. (Solange Faladé poursuit au tableau le graphe de l’infans) Donc, cet objet petit a, à un moment, dés la naissance d’ailleurs, il va pousser un cri, il poussera plusieurs cris et, je voulais développer le graphe, (inaudible) et cet enfant qui ne parle pas pousse un cri, un cri qui n’est pas encore une parole, mais un cri qui va, c’est pourquoi ceci est en pointillé, mais un cri qui va rencontrer ce discours commun, ce discours qui se tient autour de lui. Et là il y aura une réaction de qui rencontre ce cri, et donc c’est un grand Autre comme dit Lacan. Et là il va y avoir une réponse, une réponse qui va être donnée à ce cri. Et la personne qui donne cette réponse se comporte véritablement comme quelqu’un qui suppose savoir ce qu’est le cri de l’enfant. Et vous savez que dans certains cas, ça peut être dramatique, le grand Autre n’arrivant pas à calmer l’enfant, n’arrivant pas à faire en sorte que le cri cesse peut se dire : « mais je ne sais pas ce qu’il a cet enfant, qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui lui arrive ? » ça peut être l’affolement. C’est pour vous dire que ce que l’enfant rencontre là ce n’est pas une chose du tout qui est à négliger.

La réponse qui va lui être donnée, je m’excuse auprès des personnes qui connaissent cette astuce de Lacan, il le dit dans un de ses séminairesLe désir et son interprétation qu’on lui donne le sein, mais en fait avec ce sein, ce qu’il reçoit c’est le seing, c’est le sceau, c’est la marque de cet Autre, c’est ce qu’il appellera également la matrice de l’idéal du moi. (Solange Faladé écrit au tableau sur le graphe de l’infans : sein, seing, matrice de l’idéal de I(A))

Alors ce qu’il reçoit, et c’est important par rapport au symptôme, ce qu’il reçoit, nous dit Lacan va être tel que puisse s’inscrire ici, le zéro de départ qui est le meurtre du père primitif. Il en parle dans le séminaire D’un discours qui ne serait pas du semblant, il en parle dans les deux derniers séminaires de l’année et en particulier dans celui du 16 juin, où là, il dit que c’est important que puisse là (Solange Faladé écrit au tableau écrit 0 sur la chaîne 0_1_2_3_ de Peano) s’inscrire ce zéro, ce meurtre du père.

D’autre part, la façon dont ce zéro sera inscrit, sera là apporté à l ‘enfant, cette façon va déterminer ce qui se passera par la suite. Comment ? Alors c’est là où il nous parle de l’axiomatique de Peano. Le zéro est à l’origine, c’est le père primitif, puisqu’il n’y a de père que de père mort nous dit Freud dans Totem et tabou, il faut que ce qui est là apporté en ce temps, en ce temps réel pour l’enfant, puisqu’on est dans le registre du réel, soit tel que puisse s’inscrire le 1, c’est à dire qu’il y ait la fonction du successeur qui soit marquée, puis s’inscrire le 2, le 3, et ainsi de suite. Pour que ceci puisse s’inscrire, il faut, pour qu’il puisse y avoir cette production, il faut qu’il y ait eut perte, c’est à dire que le zéro puisse subir une perte (et Solange Faladé au tableau écrit une croix ´ sur le zéro 0 de la chaîne 0_1_2_3_ de Peano), pour que le 1 puisse être nommé, et ainsi de suite.

Si le zéro qui est apporté, c’est à dire ce meurtre du père est apporté d’une façon telle, c’est à dire, ce seing qui lui est donné, est apportée d’une façon telle, que ce qui va suivre va être un 1, puis un autre 1, puis un autre 1, (et Solange Faladé au tableau écrit la chaîne 0_1_1_1_), c’est à dire que toutes les fois qu’il y aura une production, ce qui suivra sera toujours de l’ordre du 1, parce qu’il n’y a pas cette perte qui fait que le 1 puisse venir, il n’y a pas cette perte qui fait que du 2, pourra s’inscrire, et ainsi de suite. Il y aura une série de 1, parce que la perte, c’est à dire ce qui a avoir avec la castration ne peut pas se produire.

C’est tout à fait important, nous dit Lacan qu’en ce temps, en ce temps où l’enfant est cet objet petit a, en ce temps où il ne parle pas encore, c’est important que ce qui va lui être apporté, ce qui va lui être apporté donc, par et l’homme et la femme, dans ce temps, soit tel que le zéro qui va s’inscrire, soit un zéro qui pourra faire place à une nomination, nomination du 1, puis du 2, et ainsi de suite, mais qu’on ait pas cette suite de 1, c’est à dire qu’il n’y ait pas cette perte qui permet qu’il y ait une nomination.

Donc dans ce temps réel, dans ce temps réel, ce qui va se jouer aura une importance pour le futur de cet enfant, c’est à dire aura une importance lorsqu’il aura à recevoir le langage. Je prends cette façon de dire de Lacan et vous le trouverez, toujours à cette page 469 des Ecrits dans le texte sur la situation de la psychanalyse en 56, ce texte aussi parle de la formation des analystes, donc Lacan dit « lorsqu’il reçoit le langage », ailleurs il dira « lorsqu’il y aura la rencontre avec le symbolique ». C’est le symbolique qui vient de l’extérieur. Et toujours dans cet article à la page 468, c’est à dire les quelques lignes qui précèdent les passages que je vous cite, Lacan insiste sur ce fait, que, de l’extériorité du symbolique. Donc lorsqu’il va recevoir le langage, lorsqu’il y aura donc cette signifiance du fait de ce S1 qui va pouvoir le représenter, alors ce S1, il faut, et ça je crois que l’année dernière je n’y ai pas beaucoup insisté, il faut pour qu’il puisse être le représentant, il faut qu’il y ait cette chaîne de S1, (Solange Faladé au tableau écrit la chaîne S1(S1(S1(S1->S2))) ) ce n’est que lorsqu’il y a cette chaîne de S1 qu’il y aura un qui représentera le sujet.

C’est à dire qu’il y a la signifiance lorsque le sujet reçoit le langage, mais il faut qu’il y ait cette chaîne métonymique, cette chaîne métonymique de S1 pour que le sujet soit représenté et soit représenté auprès d’un autre signifiant S2. (Solange Faladé au tableau écrit la chaîne S1-S1-S1-> S1/S barré -> S2/ a).

Et lorsque nous avons étudié dans le séminaire 11 la subjectivation, Lacan a adopté cette façon minimum d’écrire les choses.

Donc lorsqu’il va y avoir ce S1, ce S1 je vous ai dit que c’est ce qui représente ce qui s’est dit de lui, le - ça parle de lui – que Lacan dit de cette façon dans les remarques au rapport de Daniel Lagache dans les Ecrits, je ne sais plus la page exacte mais vous le retrouverez, ou vous le retrouverez dans les notes des autres personnes, c’est ce S1, ce – ça parle de lui – qui va représenter le sujet. Mais lorsqu’il reçoit le langage, il y a une chose tout à fait importante, Lacan nous dit toujours dans la situation de la psychanalyse à cette page 469, enfin, Lacan nous dit que l’enfant va s’engouffrer, lorsqu’il reçoit le langage il s’engouffre avec ses instincts. C’est à dire que pendant ce temps où il est réel, enfin, il ne faut pas penser que l’enfant est un objet qui ne vit pas. C’est d’abord un être intelligent, un être qui vit et il s’y engouffre, nous dit Lacan, dans ce langage qu’il reçoit, et ceci avec l’écho du signifiant. Je ne retrouve pas la page exacte pour vous en donner la lecture, mais c’est la substance de ce qu’il dit, enfin vous le retrouverez à la page 469 (nota 4).

Alors, c’est important de prendre en compte ceci, c’est que pendant tout ce temps qui durera plus ou moins longtemps, ce qui se passe là du réel, de ce registre réel, ce qui se passe à ce moment là a une importance et que l’enfant dans ce temps où il sent l’adulte, il le sent ou il ne le sent pas, nous dit Lacan, dans ce temps ce qui est vécu par l’enfant aura plus tard une répercussion lorsque le symbolique viendra à sa rencontre, lorsqu’il y aura donc cette rencontre avec le symbolique, ce qui se met en place c’est ce que je vous ait écrit là, un sujet, c’est à dire qu’à ce moment là il est affecté d’inconscient, c’est un individu affecté d’inconscient. C’est à dire qu’il y aura un signifiant qui va le représenter (Solange Faladé au tableau écrit S1/S barré -> S2/ a), parce qu’être affecté d’inconscient, ça veut dire qu’on est le sujet du signifiant, ça veut dire que donc, le registre du symbolique s’est mis en place, et le registre du symbolique, je vais faire le graphe, mais cette fois-ci l’enfant parle (Solange Faladé au tableau dessine le graphe), sa première demande rencontre comme ici, c’est souvent un cri, c’est un babil, rencontre l’Autre, mais qui n’est plus un Autre réel, puisque la réponse qu’il aura de l’Autre va faire qu’il y aura du sujet.

Donc il s’engouffre avec ses instincts nous dit Lacan, le sujet qu’il y a maintenant va à nouveau poser une demande, demande qui rencontre l’adulte, voyez qu’ici c’était ce que Lacan a appelé le pur sujet du besoin, c’était une demande (Solange Faladé au tableau indique le delta) une demande adressée à l’Autre, je mets un delta majuscule, une demande adressée à l’Autre, mais comme il parle, cette fois ci, il va décompléter l’Autre, il va y avoir ce signifiant du – ça parle de lui – qui va décompléter l’Autre mais ce signifiant là, ce S1 ce n’est pas l’équivalent du sujet. Le sujet n’a pas de signifiant, c’est pourquoi Lacan l’inscrit ainsi, ce grand S barré. Il n’a pas de signifiant, il ne peut qu’être représenté.

Donc, il fait une autre, plusieurs demandes, il va y avoir une somme de ces demandes et ici, (Solange Faladé au tableau écrit sur le graphe S barré poinçon grand D) s’inscrit la pulsion. C’est à dire que ses instincts dans ce temps du réel, Lacan parle de ses instincts, ce n’est pas uniquement * (parce qu’à cette époque) la discussion autour de la traduction de Trieb en allemand n’avait pas trouvé sa chute, si je puis dire, qu’on ne s’était pas rallié à traduire par pulsion * ce mot de Trieb, mais Lacan faisait déjà remarquer à cette époque qu’on ne pouvait pas donner à instinct l’équivalent du mot, parce que ce mot là existe aussi (Solange Faladé au tableau écrit : ? Instinkt), parce qu’en allemand lorsque le mot instinct est employé c’est uniquement pour les animaux, mais il y a une distinction à faire avec ce temps réel où l’enfant ne parle pas et ce qui se met en place ensuite lorsque l’enfant parle.

A ce moment là c’est la pulsion, et la pulsion c’est la somme de toutes ces demandes faites à l’Autre. En même temps il y aura cette rencontre, rencontre de ce qu’est l’Autre, l’Autre avec son manque. (Solange Faladé au tableau écrit sur le graphe : S (A barré))Et donc Lacan l’écrit avec ce grand S de grand A barré. Il y aura cela, et puis il y aura aussi dès qu’il parle ce qui est de l’ordre imaginaire qui est cette image, Lacan dit : l’image de l’autre semblable. C’est à dire qu’à partir du moment où il y a du signifiant qui circule où l’Autre est là non plus en tant qu’Autre réel mais l’Autre qui répond à une demande et non pas à un cri quelconque, à partir de ce moment là, le stade du miroir, ce que Lacan a appelé stade du miroir, aussi se met en place. C’est à dire que l’enfant va se reconnaître dans l’image que lui donne l’autre, mais l’autre semblable, l’autre semblable, Lacan l’écrit avec le petit a, et cette image de l’autre semblable en fait, c’est ça le moi. C’est à dire que dès que la parole, dès que l’enfant se sert de la parole, dès qu’il a reçu le langage, ces trois registres Réel, Symbolique et Imaginaire se sont mis en place. (Solange Faladé au tableau dessine les trois anneaux)

Alors tout le problème, c’est de savoir s’il va y avoir au niveau de ces trois ronds, le rond du réel, le rond du symbolique, et le rond de l’imaginaire, est-ce qu’il va y avoir nœud ? Est-ce que les choses vont se passer d’une façon telle que ces trois ronds vont se nouer et se nouent d’une façon telle nous dit Lacan, je mets ici le symbolique, ici l’imaginaire, ici le réel, nous dit Lacan dans le séminaire Les non-dupes errent séminaire de 73-74, se nouent de façon telle qu’imaginaire et symbolique vont se nouer d’une façon olympique. Le nœud olympique, vous savez ce que c’est, c’est à dire qu’on coupe, mais ça reste toujours noué, puisque la façon dont s’est noué est telle que ça ne partira pas. Et le réel va se nouer à ces deux registres, mais d’une façon borroméenne nous dit-il, c’est à dire qu’on peut le couper lui le réel. Mais enfin, symbolique et imaginaire restent toujours collés, il nous dit que c’est ça la chose importante, que c’est une façon olympique d’être noué et que ceci se voit lorsqu’il y a une névrose. C’est à dire qu’au sortir de ce temps réel se mettent en place le symbolique, l’imaginaire, et le tout se noue d’une façon telle que c’est une chaîne olympique, on est dans le registre de la névrose.

Mais il n’y a pas que la névrose. Et vous savez que si on se reporte à ce que Freud dit et ensuite ce qu’on trouve dans la théorie que Lacan a tenté de faire, il faut pour saisir ce qu’est l’inconscient, il faut s’intéresser au psychotique et c’est bien ce que tout au long de son enseignement Lacan a fait. Alors pour le psychotique il est dans ce réel comme tout enfant, celui la qui va devenir psychotique. Lorsqu’il va recevoir le langage, c’est à ce moment là que les choses vont se présenter différemment. Il y aura certes du symbolique, il y aura certes de l’imaginaire, mais ça ne pourra pas se nouer comme ça s’est noué tout à l’heure, et peut-être pour en rendre compte je vais faire rapidement, faire le schéma I. (Solange Faladé au tableau dessine le schéma I) C’est à dire que ce réel est ici représenté, que le symbolique ne pourra se nouer et que l’imaginaire également ne pourra pas. C’est à dire qu’on aura deux hyperboles et avec pas d’anneaux, plus exactement le psychotique va tenter de nouer cela. Et Lacan dans la question préliminaire comme je vous ai dit l’année dernière, dans cette question préliminaire Lacan nous dit que le père est appelé, le père appelé, s’il peut être saisit comme ce qui est ce grand S de grand A barré, c’est à dire le signifiant qui vient signifier que l’Autre, le grand Autre manque, si ceci peut être, il peut avoir ça en retour, l’enfant, donc le S2 va s’inscrire dans la chaîne. Mais pour le psychotique, il y a bien cet appel au deuxième signifiant, cet appel au père, mais le père toujours appelé et jamais venu. C’est à dire qu’il y aura tentative de lier, de faire en sorte que ça devienne un anneau de part et d’autre, mais à l’appel au deuxième signifiant, l’appel au père, il n’y a pas de père qui puisse venir à cette place, et donc à nouveau les anneaux, enfin la ligature tentée, ne tiendra pas.

Alors qu’est-ce qui fait que les choses peuvent se passer ainsi différemment ? C’est ce qui s’est joué dans ce temps réel, c’est ce qui s’est joué autour de ce père primordial, c’est ce qui fait qu’avec la parole, avec l’entrée dans le langage il y aura aussi la castration. Et la castration n’est possible que si peut s’écrire 0, 1, 2, etc., c’est à dire qu’il peut y avoir perte de ce qui précède, et qui fait que le successeur peut être nommé. Alors à ce moment là, effectivement on aura ce nœud qui tient. Dans le cas où ceci ne peut pas s’écrire, c’est à dire que la castration comme telle ne peut pas être reconnue par celui-là qui devient sujet du signifiant, mais un signifiant qui ne peut pas le représenter auprès du deuxième signifiant, et là, c’est important de faire la chaîne métonymique des signifiants S1 (Solange Faladé au tableau écrit S1 S1 S1 S1/ S barré) il n’y aura pas de S2 qui permette que ce sujet qui est là sous ce S1, puisse être véritablement représenté, puisqu’il n’y a pas un deuxième signifiant qui permet à ce signifiant 1 de jouer totalement son rôle. Donc il ne pourra pas y avoir cette nœudalité, une nœudalité telle que ça puisse tenir quels que soient les coups de ciseaux. Ce sera une tentative de nœud borroméen qui peut à tout instant se défaire.

Alors pour le psychotique Lacan nous dit que ce qui a été forclos du symbolique, c’est à dire ce qui n’a pas pu se jouer au niveau du symbolique comme pour le névrosé, ce qui a été forclos du symbolique revient dans le réel. Alors c’est un point je crois qui a toujours été un peut difficile à saisir, en tout cas au moment où Lacan l’a énoncé, mais la suite de son enseignement permet de savoir, de penser que les choses ne restent pas forcément en l’état. Ce n’est pas parce que ce qui a été forclos revient dans le réel que nous revenons à l’étape précédente, non ce n’est pas cela. C’est à dire qu’il y a eut ce va et vient et ce retour ici dans le réel permet en fait qu’il y ait cette inscription de la structure. Et c’est important dans la clinique parce que tant que les choses restent comme ceci, tant que rien ne permet de faire savoir qu’il y a ce retour dans le réel, la structure ne peut pas être connue.

Prenons le Président Schreber, le Président Schreber que, Freud en a étudié les Mémoires, le Président Schreber, pendant cinquante ans a vécu comme tout un chacun, c’était un homme qui a comme on dit réalisé sa vie, à ceci prés qu’il ne pouvait pas avoir d‘enfant. Sa femme a fait une série de fausses couches, mais sur le plan de la vie sociale, il a passé les différentes étapes (de la réussite) sociale et puis un jour, cet homme délire. C’est à dire que pendant cinquante ans je pense qu’on ne pouvait pas savoir qu’il était psychotique. Si on s’en tient à ses Mémoires, si on se reporte à ce que nous pouvons connaître de la clinique, rien ne pouvait faire savoir que cet homme était psychotique, jusqu’à ce fameux rêve où il rêve que « ah ! Comme il est agréable d’être une femme subissant l’accouplement ! » Ceci c’est l’équivalent d’un phénomène élémentaire et Lacan nous dit qu’en fait devant tout phénomène élémentaire, il faut savoir qu’on a à faire à une psychose, rien que cela ! Et là il l’a répété tout au long de ses présentations, on a à faire à une psychose. C’est à dire qu’il y a ce retour dans le réel, et avec ce retour dans le réel, c’est l’inscription de la structure qui se fait. Donc ce n’est pas comme si c’était comme par avance, non. De toute façon il y a un va et vient et donc on doit penser que quelque chose a changé.

Alors pour le névrosé, il va y avoir ce nœud, il va y avoir ce qui fait qu’il peut toujours être sur ses pieds. Et Lacan nous dit que quoiqu’il arrive, et il donne l’exemple de ce qu’il a connu pendant la guerre auprès de ses patients, mais ils tiennent, le névrosé tient le coup. Pour le psychotique les choses diffèrent.

Et ceci c’est à cause de ce qui s’est joué dans ce temps réel, ce temps réel, ce temps où l’enfant est cet objet petit a, ce qu’il reçoit, ce qu’il a à vivre en ce temps là, avec ce que les parents lui apportent, tout ceci le marque d’une façon telle que la structure à venir en dépend.

Je voulais revenir sur ce S1 S2 peut être que je ne le ferai pas ce soir, de même que sur les graphes, (inaudible).

Ce qu’il y a à retenir, c’est que le réel, le réel du sujet, il faut en tenir compte et ce réel va subvertir le symptôme. Et on peut très bien le comprendre puisque Lacan nous dit, pour la psychanalyse, pour le symptôme analytique, la dernière fois, j’ai essayé de bien, enfin de le dire, que le symptôme qui nous intéresse c’est le symptôme analytique. Et dans certains cas on peut se demander si le symptôme analytique sera analysable. Je ne reviens pas dessus ce soir. Donc, le fait que la psychanalyse ait à tenir compte du réel fait que le symptôme sera autre chose que le symptôme psychiatrique. La psychanalyse subvertit le symptôme psychiatrique, et ceci il n’y a pas à s’en étonner puisqu’il y a cette subversion du sujet et je vous ai dit que parmi les écritures possibles pour le symptôme, Lacan dans certains de ses séminaires que je vous ai cité la dernière fois dit que ce symptôme peut s’écrire par un S barré comme le sujet.

Donc pour la psychanalyse le symptôme psychiatrique ne peut être que subvertit parce que la psychanalyse a à tenir compte du réel. C’est cela qui fait que pour la psychanalyse les manifestations symptomatiques ne sont pas forcément le symptôme. Et pour vous en donner un exemple je vais prendre ce qui est du domaine de l’obsessionnel. Pour ce qui est de l’obsessionnalité, bon, maintenant on parle de pensées obsédantes, d’idées obsessionnelles, on a fait un effort pour séparer les deux structures qui peuvent se présenter avec une obsessionnalité telle que c’est remarqué, c’est à dire dans certains cas la psychose, et dans d’autres la névrose obsessionnelle.

On dit donc, pour la névrose obsessionnelle idée obsessionnelle, pour la psychose pensée obsédante, mais la conduite à tenir devant les deux types, disons, de pensée obsédante ou d’idée obsessionnelle, ne peut pas être le même. Et on voit bien, lorsqu’on a à faire à quelqu’un, même si on ne sait pas encore qu’il est psychotique, devant ces pensées obsédantes, ces idées qu’on pourrait prendre pour obsessionnelles, on se rend compte très vite que lorsqu’on veut aller un peut trop loin, il y a un espèce d’affolement qui se met en place, il y a cette espèce de, ce quelque chose qui se passe, dit Lacan dans La question préliminaire, où le sujet est prés du gouffre, prés de ce trou, et gouffre, trou tels qu’il n’y a aucun signifiant pour soutenir. C’est à dire que ce signifiant du nom du père qui est forclos, n’est pas là pour soutenir le sujet, et vraiment la seule chose qu’on ait à faire c’est de battre en retraite, c’est à dire de ne pas vouloir aller trop loin, car on risque quand même d’avoir une catastrophe et mieux vaut l’éviter, quand on peut, pas toujours. Bon.

Parmi les manifestations obsessionnelles, prenons, le comportement de certains sujets, face, enfin ce qu’on peut appeler le rituel, certains sujets rentrent dans une pièce, et leur premier souci, c’est de voir si tout est bien à sa place. Mais ce n’est pas la même, ce qui pousse l’un et l’autre des deux sujets diffère. Pour le psychotique il semble que c’est la question du réel qui est en jeux, de ne pas retrouver quelque chose à sa place, et bien à sa place fait que le réel ce n’est plus le réel puisqu’il ne revient pas à la même place. Pour beaucoup c’est effectivement de remettre (inaudible).

Chez l’obsessionnel on peut trouver cela, mais ce qui est là en cause c’est surtout aucun vide, qu’aucun vide ne se mette, ne soit là car ce qui pourrait apparaître c’est le désir et ce désir, le désir de l’homme nous dit Lacan, c’est le désir de l’Autre, donc avec ce désir c’est aussi ce qui pourrait présentifier l’Autre, qui serait perçu, et c’est bien ce que l’obsessionnel ne veut en aucun cas connaître. Et on pourrait reprendre d’autres points concernant l’obsessionnalité, et l’examen c’est à dire l’entretient, doit permettre de ne pas faire le même, les sujets qui présentent des manifestations obsessionnelles. Les manifestations symptomatiques, ce n’est pas le symptôme, ce n’est pas le symptôme analytique, ce n’est pas le symptôme qui nous intéresse, car le symptôme c’est la structure. Et Lacan dans tel ou tel de ses séminaires l’a dit très nettement, le symptôme c’est la structure.

Et donc lorsqu’on a à faire à un psychotique, ce qui va s’inscrire c’est la structure, qui va s’inscrire dans le réel qui va revenir dans le réel, ce qui fait, qui va nous dire qu‘on a à faire à un psychotique, qu’on a à faire à une structure. Le symptôme c’est la structure. Les manifestations symptomatiques, pour nous ne peuvent pas équivaloir à la structure, ne peuvent pas équivaloir au symptôme. Il nous faut dégager la structure pour que nous puissions savoir à quel symptôme nous avons à faire.

Bien, je m’arrêterai là pour ce soir.

L’essentiel de ce que je voulais apporter, je vous l’ai dis ce soir. Mais il faut bien saisir ce que Lacan nous dit lorsqu’il nous dit que le symptôme vient du réel. (Ce qui se passe) dans ce temps réel va avoir des conséquences quant à la structure qui sera mise en place dés que l’enfant parlera.


Questions

Michèle Aquien :
Je voudrais savoir ce que vous appelez phénomènes élémentaires ?

Solange Faladé :
Alors là, c’est tout à fait psychiatrique.

A propos du Président Schreber la question était : est-ce que ce rêve, cette pensée qu’il a eut lui le Président Schreber, est-ce que c’est un fantasme ? C’était à ce moment là. J’en ai parlé, je crois, lorsqu’on s’était réuni autour des phénomènes psychosomatiques. Et personnellement je dis que ce n’est pas un fantasme même si dans tel article de Lacan des premiers temps de son enseignement il dit que c’est un fantasme, ce qu’il va apporter ensuite concernant le fantasme est tel que lui-même nous dit qu’il n’y a pas fantasme chez le psychotique et je pense que ce sont ces phénomènes. Mais je crois qu’il y avait un travail récent dans une page de l’Ecole de Patrick Herbert sur le phénomène élémentaire.

Je dis que c’est quelque chose de cet ordre.

Le fantasme, on pourrait revenir sur ce que Lacan nous dit dans Subversion du sujet, et ce que dans le séminaire Encore il dit (inaudible) autour de la chaîne, doit être, et je crois que certains d’entre vous, certains sont allés au Grand Palais, lorsqu’il y a eut cette exposition autour du travail de Jean-François Chabot.

Alors la relation entre le sujet et l’objet est telle qu’on ne peut pas vraiment dire qu’il y a fantasme chez le psychotique même si dans les dits du psychotique, en tout cas dans les présentations de malades que Lacan avait fait dans les années 70, on pouvait trouver une équivalence entre le sujet et objet. Ca c’est encore toute une autre discussion puisque qu’en est-il de l’objet chez le psychotique ? Mais enfin je ne vais pas ce soir rentrer dans ceci.

Luc Vachet :
A partir du zéro, de l’inscription du 1 du 2 du 3, est-ce que c’est toujours la même perte qui se répercute du 1 au 2 au 3 ?

Solange Faladé :
Il faut que cette perte puisse être au départ, qu’il puisse y avoir cette chute pour que le 1 non seulement puisse s’écrire mais, se nommer et ensuite pour que le 2 puisse être nommé, enfin je crois que c’est pour nous faire comprendre, si on s’arrête simplement au 1 on ne peut pas saisir que le 2 le 3 le 4 ne peut pas venir. Pour qu’on puisse écrire 3, il faut que le 2 choit. Si on laisse 2 +1 il faut savoir que ça fait 3, mais si le 2 ne tombe pas, nous ne pourrons pas écrire 3. Si j’ai donné la suite, c’est pour mieux faire comprendre, parce que si j’en restais au 1, alors (Solange Faladé écrit au tableau 0+1+1+1) zéro +1+1+1 on croit que (je peut dire, oui) nous en sommes à 3 ou 4, enfin, je ne sais pas. Mais ce qui importe c’est que ça puisse s’écrire et se nommer, que la nomination du 3 par exemple, ou du 2 puisse se faire qu’il y ait la chute, la perte, du chiffre qui précède. Sinon on écrira indéfiniment 1+1+1+1+1, mais jamais le successeur ne pourra être nommé.

Enfin ce que j’ai trouvé intéressant dans ce séminaire du 16 juin, donc c’est D’un discours qui ne serait pas du semblant, donc c’est 71, c’est ce que Lacan, la précision apportée par Lacan de la nécessité que ce zéro, le meurtre du père soit porté, soit inscrit, soit marqué dans ce temps, dans ce temps réel il faut que ce soit marqué. Et je dois dire que c‘est un des séminaires où il en parle ainsi D’un discours qui ne serait pas du semblant. C’est à partir de ce séminaire qu’il va mettre en place les formules de la sexuation, enfin tout ce qu’on trouvera dans Ou pire et dans Encore. Et on comprend l’importance que Freud donne à ces traces mnésiques, à ce temps qui maintenant est réel pour l’humanité, de ce meurtre du père orang-outang comme nous dit Lacan, avec tous les jeux de mot qu’il fait sur ce père orang-outang dans L’étourdit. Freud a trouvé ceci (pouvait) avoir une importance telle qu’il a écrit quand même Totem et tabou.

Luc Vachet :
(il peut) répéter la trace.

Solange Faladé :
Exactement, et il faut que cette trace soit répétée. Il faut que dans l’inconscient de chaque individu cette trace soit retrouvée, cette trace, la trace de ce père mort, soit retrouvée.

Dominique Lecoq :
Si le symptôme c’est la structure comment se fait-il que les manifestations symptomatiques entraînent une autre structure ?

Solange Faladé :
Ca n’entraîne pas une autre structure, mais ça aura une autre signification parce que ce n’est pas dans la même structure. On peut avoir des éléments hystériques chez un obsessionnel mais ce n’est pas pour ça qu’il devient hystérique. Je crois que c’est véritablement ça qui différencie la psychanalyse, la médecine et la psychiatrie. Il y avait eut une réunion de Daumézon, où c’était l’apport de la psychanalyse à la sémiologie psychiatrique, Lacan était intervenu et c’est là qu’il avait employé ce terme de subversion. On peut trouver des manifestations, mais à quoi rapporter ces manifestations, c’est à cela que nous, nous avons à faire. Et on peut comprendre que le psychiatre ne tenant pas compte du réel de ce qui se joue là, en ce temps, pour le psychiatre on peut très bien passer de la psychose à la névrose obsessionnelle et vous savez que c’est avec Lacan que cette question a été tranchée, c’est la question de la structure. Les premiers séminaires de Lacan, Lacan dit que ce n’est pas parce qu’on trouve des signes d’obsessionnalité chez un psychotique qu’on va dire qu’il est guéri et qu’il a une névrose obsessionnelle. Il dit que les choses sont tranchées. Pourquoi ça a (inaudible) ? Je ne sais pas si je peux répondre à cela. Mais il y a des éléments de différents types que chaque structure peut manifester. Mais le tout c’est d’abord d’essayer de reconnaître la structure et de savoir de cette façon quel est le symptôme, puisque la conduite à tenir ne sera pas la même. Est-ce parce qu’on est être parlant ? C’est possible, je ne peux pas répondre à cette question. Pourquoi (cela entraine) ? Ce que je peux dire c’est que ça se constate et qu’on a à être sur ses gardes.

Alain Jamain :
Comment ça se subvertit ? Quel l’agencement de cette subversion qui signe la structure ? Ce ne sont pas les éléments cliniques qui sont effectivement subvertis, qui signent la structure mais la manière dont ça va se.

Solange Faladé :
(Ceci) dépend de ce que dans ce temps réel où l’enfant était cet objet du réel, chu dans le réel, ce qui lui est apporté par les parents. Par exemple, oui, il y avait un passage que j’ai laissé volontairement, à propos de : il est produit. Il est produit donc de la jouissance entre un homme et une femme. Lacan lorsqu’il en parle, c’est essentiellement dans le séminaire La logique du fantasme, là il dit : il n’y a que l’acte sexuel et il n’y a pas d’acte sexuel. Mais ceci il le reprend plus tard en disant, il n’y a pas de rapport sexuel. Or, ce il n’y a pas de rapport sexuel qui est cet énoncé, cet énoncé qui doit être, qui doit pouvoir rester dans ce temps réel, s’il a pu être énoncé, ce qui va suivre diffèrera de s’il n’a pas pu être énoncé. Je crois, enfin c’est, mais il m’est apparu en reprenant donc, ce que Lacan après Freud nous dit, il m’est apparu que l’importance, il y a insisté sur ce temps, que ce temps n’est pas un temps qui compte pour du beurre et que de bien saisir ce qui vient à cette époque là, va permettre de penser qu’il puisse y avoir (eut) subversion, que ça peut, ce qui va suivre va dépendre de ce qui a été vécu à ce moment là.

Je ne sais pas si je vais dans le sens de ce que vous voulez dire.

A propos de Guillaume est-ce que vous pensez comme moi qu’il ne s’est pas intéressé à la parole du fou ?

Alain Jamain :
Oui, oui tout à fait. Il s’est intéressé aux langues.

Solange Faladé :
Oui mais pas du tout à ce qui pourrait être pathologique

Alain Jamain :
Pas à ma connaissance

Solange Faladé :
Oui c’est ça, parce que lorsque vous nous avez apporté ce travail la première fois, c’était très prés de ce qui s’était fait dans le courant de l’année, de ce passage, de l’importance que Freud donne en définitive à la connaissance du psychotique pour savoir quelque chose de l’inconscient. Et je me suis posé la question : mais Guillaume ne semble pas s’être intéressé à la parole du fou, ce que Jakobson a fait.

Alain Jamain :
Guillaume est en très mauvaise santé

Solange Faladé :
Il est en très mauvaise santé donc il préférait ne pas les connaître ?

Solange Faladé :
Est-ce qu’il y a d’autres choses ?

(Fin de l’enregistrement)


(Nota 1) ((il y a lieu de faire la barre de la négation sur les caractères $ x et f(x) ))

(nota 2) Autres écrits p 577

(nota 3) Alain Jamain Vaucresson samedi 2 juillet 1988 bulletin n°19

(nota 4) p.469 « ce langage il le reçoit, et pour le supporter il y engouffre bien plus que son ame : ses instincts même dont le fond ne résonne en profondeur que de répercuter l’écho du signifiant. »