13 Févier 1990
Document de travail
La dernière fois je vous ai donné citation d’un passage de Lacan concernant la responsabilité du psychanalyste « position la plus responsable de toutes » nous disait-il « parce qu’au psychanalyste est confié le soin d’une opération qui introduit le sujet à l’ordre du désir. Il s’agit là d’une conversion éthique radicale » disait-il. La dernière fois je vous avais dit que je ne commenterai pas ce passage, cette citation, mais je vais le faire aujourd’hui parce que samedi j’ai eu à donner ma position sur cette question à propos de ce qui est à l’ordre du jour concernant l’instance ordinale, j’ai eu à donner ma position à Patrick Guyomard qui devait hier enregistrer ce qui sera diffusé samedi prochain, je ne sais plus lequel, mais très prochainement sur France culture dans…je crois que ça s’appelle – Répliques – cette émission, un face à face qu’il devait avoir avec Serge Leclerc à propos de ce qui est pour nous à l’ordre du jour. J’ai donc pensé que je pouvais vous en dire quelques mots avant de passer à ce qui sera peut-être, je ne sais pas encore, un …
Je pense important qu’il faut partir de cet ordre du désir et pour ce faire en revenir à Freud …Non pas tant Freud découvrant l’inconscient, mais Freud au cours de sa recherche, pendant sa recherche de plusieurs années. Et je prendrai pour le résumer ce que l’un de vous m’a dit récemment, c’est que Freud là, médecin, psychiatre, avec des douleurs, des souffrances qui n’avaient aucune base organique. Je crois que c’est une chose à ne pas oublier. Freud lui-même nous le dit dans son manuscrit H, faisant remarquer qu’à partir de maintenant il se séparait des autres psychiatres, des autres médecins. Et prenant en considération ces douleurs, ces souffrances, sans base organique, il s’est efforcé, il va s’efforcer, de trouver comment répondre à la demande qui venait de ses patients.
Je rappellerai quelle a été l’attitude de Liébeault, le médecin professeur de la faculté de Nancy, reconnu, ayant eu à soigner des hystériques, s’est lui aussi aperçu que là il n’y avait aucune base organique et que l’hypnose faisait beaucoup mieux que tous les sulfonals qu’on pouvait leur administrer, et à partir de ce moment là, il a retiré le titre de médecin sur sa plaque. Donc, Freud va s’intéresser à ses patients et il s’aperçoit que ce qui est au cœur, ce qui peut expliquer, ce qui va donner sens à ces douleurs ça va être quelque chose qui est de l’ordre du désir. Et je crois que c’est de là que nous devons partir pour essayer de donner une réponse à ce qui se pose à nous aujourd’hui.
Le patient qui vient nous voir, vient nous voir, et la réponse que la psychanalyse peut lui apporter, c’est non pas quelque chose qui apportera de l’apaisement uniquement, vous savez que cette libre association ce pouvoir des mots, lorsqu’on la suit tel que Freud nous l’a enseigné, c’est à dire se séparant tout à fait de ce Jung a pu ensuite mettre en état, lorsqu’on suit ce que Freud propose, il y a un apaisement. Tous maintenant, nous le savons, les patients qui viennent nous voir, au bout de quelque temps, on peut dire – regardez maintenant comme ils vont bien, comme ils vont mieux – il y a des apaisements.
En fait, ce que la psychanalyse peut apporter, ce qu’on vient lui demander c’est d’un autre ordre, c’est avec cet apaisement quelque chose qui va permettre effectivement cette conversion éthique radicale, cette conversion qui fait que la traduction fera que une Anna O. pourra effectivement être Bertha von Pappenheim, et faire de sa vie autre chose que ce que jusque là elle pouvait vivre de fauteuil en fauteuil, enfin, reprenez son observation, ce qui fait que Dora la petite hystérique a pu prendre sa vie en main. Et vous savez qu’en Amérique, puisqu’elle a du fuir les Nazis, elle a là mené une vie qui est très intéressante.
Donc, ce que la psychanalyse a apporté c’est de cet ordre là.
Et je crois qu’il faut ne pas l’oublier. Il faut ne pas l’oublier surtout maintenant, car la psychanalyse ne peut pas être traitée comme un bien de consommation.
Lorsqu’on vient nous voir, lorsqu’on vient voir le psychanalyste, lorsque le psychanalyste a à faire à un patient, il ne peut pas avoir la même attitude que le médecin, le médecin qui doit traiter une variole, ou une peste, vous comprenez que si on reprend, très rapidement Lafontaine – tous en moururent – tous risquent d’en mourir lorsqu’il s’agit de peste ou de quelque chose de cet ordre, c’est à dire que la société a à se défendre de ce qui se passe là, tandis que pour ce qui touche le psychanalyste, il faut laisser à, celui-là qui est confronté avec les aléas de son désir, il faut lui laisser la possibilité de dire – oui – ou de dire – non – à une psychanalyse, et ceci ne peut se faire que si effectivement ce sujet qui vient à la psychanalyse accepte de payer le prix à payer et c’est là que vient ce moi j’appelle – le juste prix – le juste prix à proposer pour celui-là qui vient, certes parler de sa souffrance, mais qui vient aussi nous parler, venir exposer ce qui est de sa difficulté à vivre. Et il peut refuser ce qu’on lui propose, on va lui laisser la possibilité de refuser.
Et actuellement tel que les pouvoir publics veulent traiter la psychanalyse, ça va être quoi ? Il faut dit-on faire en sorte que tous puissent avoir une psychanalyse ; or la psychanalyse ne peut pas être de l’ordre de tous, car tous ne vont pas en périr. C’est de l’ordre du pas tous nous dit Lacan. Donc, ceux-là qui veulent payer le prix accepterons cette conversion éthique, mais il n’y a pas à les obliger. Lorsque je parle du juste prix, ça intéresse aussi le psychanalyste, car effectivement si sa psychanalyse a pu faire en sorte que son désir de psychanalyste soit effectif, alors ce juste prix aussi, pour lui, fera qu’il ne sera pas un psychanalyste à prix unique. Et on ne peut pas être psychanalyste si on dit – moi je suis pour …que pour tant, que pour tant, non. Ce juste prix c’est quelque chose qui doit faire partie de l’acte. C’est à dire au moment où le psychanalyste a à décider de la mise en acte d’une analyse il doit aussi prendre en compte ce qui est de part et d’autre un juste prix. Demande cinquante francs peut être un prix très lourd, demander cinq cent francs ou plus peut n’être pas un prix très lourd. Donc la question ne peut pas se poser ainsi. C’est l’analyste, c’est dans sa responsabilité d’analyste qu’il doit pouvoir, parce que son désir aussi est là intéressé, proposer ce juste prix, pour que si celui-là qui vient, accepte de payer le prix, celui-là puisse entreprendre une analyse.
Si je parle ainsi, c’est parce que maintenant nous avons un recul, nous avons l’expérience des dispensaires, et nous savons que la plus part du temps, on ne rend pas service à ceux-là qui viennent. Certes, on les prend en charge, mais on ne leur permet pas de se prendre en charge. Et nous avons maintenant, au bout de dix ans, quinze ans de recul, bientôt vingt, que certains qui sont allés pendant des années dans les dispensaires n’ont pas pu opérer cette conversion éthique, qui leur aurait permis de véritablement prendre en charge ce qui est leur désir et de réaliser ce désir. Il y a eu un apaisement mais la psychanalyse n’a pas opéré là où elle devait opérer.
Donc, parce que c’est le désir qui est en cause, et c’est parce que c’est ce désir qui cause ce qui est là, perturbation, le psychanalyste doit pouvoir être responsable de son acte, être responsable certes du prix, je viens d’en parler, responsable de la disposition, s’il estime que la personne doit être vue tous les jours, tous les trois jours ou pour certains ça n’a aucune espèce d’importance, c’est lui qui prend en charge. Ca ne peut pas être les pouvoirs publics. On ne peut pas dire – au bout de cent vingt séances, une personne doit en avoir terminé avec la psychanalyse. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que ça veut dire au regard de ce que Freud s’est efforcé année après année pendant presque un demi-siècle de nous faire comprendre, de nous faire saisir, qu’il y a là quelque chose de radical que la psychanalyse apporte et que ceci ne peut avoir son efficacité, que si le psychanalyste accepte lui aussi de se conformer, c’est à dire de ne pas oublier que c’est aussi son désir qui est là concerné.
Enfin, je ne vais pas développer ceci plus longuement, mais je tenais quand même, puisque Patrick Guyomard en parlera et nous en avons très longuement discuté, il y a d’autres points que j’ai soulevés avec lui, peut-être pourra-t-il les faire entendre, mais je tenais quand même à ce qu’ici vous puissiez au moins connaître tout simplement ma position face à ce qui en ce moment essaie de se mettre en route. Il ne peut pas y avoir de tiers payant. Il ne peut pas non plus y avoir d’instance tierce. Ca ne peut être que le fait du psychanalyste et de l’analysant. L’acte doit se poser dans le cabinet du psychanalyste, mais ça ne peut pas se décider ailleurs. Alors, me direz-vous, il y a tous les problèmes de ceux-là qui ne sont pas médecins. Je dirai que ceux qui ne sont pas médecin, sont à meilleure enseigne, par rapport à l’accomplissement de cet acte, je m’entends et par rapport à ce qui se trame actuellement, c’est à dire, tout ce qui se dit autour de cette feuille que le médecin lui, peut signer. Or le médecin, lorsqu’il est analyste, lorsque c’est en tant qu’analyste qu’il fonctionne, il n’a aucune feuille à signer ; naturellement il y a des pesanteurs, il y a un certain réel qui fait que puisque c’est de l’ordre du pas-tout, il peut y avoir dans certains cas, mais enfin, encore ceci se discute, mais pour ce qui est de la psychanalyse, la question ne peut pas se poser ainsi. Il n’y a pas plus de feuille à signer… quand on est médecin ou pas médecin. Et c’est quand même ça qu’on est en train, cette espèce de miroir, cette espèce de je ne sais quoi, qu’on essaie de brandir devant les non-médecins, en leur disant – mais vous aussi maintenant que l’état va prendre ça en charge, vous allez pouvoir signer des feuilles. Mais ce n’est pas là la question de la psychanalyse. La question de la psychanalyse n’est pas de signer des feuilles ou pas signer des feuilles. Mais vous aussi vous allez pouvoir ne plus payer de TVA. Mais ce n’est pas ça la question de la psychanalyse, vous comprenez. Freud lui-même a voulu que les psychanalystes viennent d’horizons divers.
Donc il y a pour chacun des pesanteurs, et chacun doit savoir, chacun doit pouvoir faire avec ces pesanteurs. Donc, celui qui n’est pas médecin, aura peut-être la TVA à payer, mais le médecin aura autre chose. Je crois que si nous n’essayons pas de reprendre ce qu’est, ce que doit être la position du psychanalyste, que c’est dans le cabinet du psychanalyste que les choses doivent chaque fois se décider, c’est du un par un, ça ne peut pas se décider pour tous. C’est du un par un que ça doit se décider. Alors vraisemblablement, il n’y aura plus de psychanalyse.
Le dernier point, et ceci avait été rappelé par quelqu’un dans cette salle, c’est que le psychanalyste n’exerce pas en tant que psychanalyste une profession. Ce n’est pas un métier. Et c’est une chose qu’on oublie de dire de plus en plus dans les institutions pour la psychanalyse lorsque nous autres nous nous présentions pour devenir psychanalystes, puisque c’était ainsi qu’on parlait à cette époque là, et qu’on faisait nos tours de commission d’enseignement et que sais-je, au moins nous entendions ceci : C’est qu’il fallait avoir une profession avant de commencer une psychanalyse, oui, parce que nous disait-on, vous ne savez pas si au bout du compte, vous serez psychanalystes, vous ne savez pas, et c’est ce que Lacan a repris, que ce ne sont pas tous ceux qui se sont étendus sur un divan qui en s’en relevant seront psychanalystes. Donc il y a là quelque chose à rappeler, et à rappeler toute urgence, car trop de personnes s’imaginent que la psychanalyse c’est une profession. Si un jour on peut en vivre tant mieux, mais au départ il faut savoir que ce n’est pas ainsi qu’il faut prendre les choses. Une profession, on peut être enseignant, on peut être médecin, on peut être ingénieur, on peut être tant de choses, on peut être forgeron, on peut être…l’essentiel, il faut d’abord avoir quelque chose qui vous fasse vivre et ensuite on verra, on verra. Il y aura un, il y aura peut-être deux, Lacan dit que pour être analyste il suffit d’avoir une fois conduit une cure à son terme. Donc, toutes ces choses sont à rappeler dans nos institutions de psychanalyse.
Toutes ces choses sont à rappeler pour que justement dans les conditions à exiger pour la formation du psychanalyste, il puisse y avoir des personnes qui pourront dire – je suis psychanalyste, des personnes de qui on pourra dire – il y du psychanalyste.
Je voulais dire ces choses rapidement parce que je crois que c’est actuellement important, et dans un de ses séminaires Lacan disait que – peut-être la psychanalyse défuntera. Peut-être que la psychanalyse défuntera mais ce sera de la faute des psychanalystes.
Maintenant j’en viens à ce qui devrait être mon cours, puisque j’avais pensé prendre avec vous Inhibition Symptôme Angoisse.
Je dois dire que j’ai été empêchée, empêchée de faire le travail que je voulais faire autour de ce texte de Freud, qui par ailleurs m’embarrasse ou m’a embarrassé, je ne peux pas dire tout à fait maintenant qu’il m’embarrasse. Je n’ai pas pu faire ce travail que j’espérais, j’ai été empêchée, empêchée une première fois lorsqu’il y a eu ce papier que nous avons reçu sur une instance ordinale. J’ai laissé ce texte pour m’occuper de la réponse à donner. Ca m’a pris beaucoup de temps. Et puis, je l’ai repris, ce travail, et puis j’ai été de nouveau empêchée. Et de nouveau je n’ai pas pu consacrer le temps que je voulais à ce texte. Alors, je peux poser la question puisque je n’ai pas pu effectivement avoir autre chose en tête que ce qui faisait mon empêchement. Etait-ce de l’ordre de l’inhibition ?
Je vous ai dis que ce texte m’a embarrassé. Ce texte m’intéressait mais était particulièrement difficile et il s’est trouvé qu’il y a eu des évènements qui m’ont empêché de travailler. Est-ce une inhibition ? Après tout, pourquoi ne pas commencer à parler de ce texte à partir de ce qui est arrivé là ?
Freud dit dans ce texte, se pose la question : L’inhibition, est-ce toujours un symptôme ? Je ne répondrais pas pour ce qui m’a empêché de faire le travail que je m’étais proposé. Mais avec Freud, on peut se poser la question : est-ce que toute inhibition est symptôme ? Ce travail de Freud m’a intéressé, m’intéresse pourquoi ? Parce qu’il me semble que ce texte est là, témoin de ce qui est la quête de Freud, de ce qui est sa recherche, de ce qui l’embarrasse lui-même. Si vous l’avez lu, vous avez pu vous rendre compte qu’il est embarrassé. C’est quoi un symptôme ? C’est quoi pour le psychanalyste un symptôme ?
Et il commence à nous parler de l’inhibition, de ce qui, je pourrai dire est le plus apparent, de ce qui peut toucher le corps et de ce qui fait qu’on vient voir le psychanalyste. Mais est-ce là le symptôme ? C’est la question que se pose Freud.
Lorsque Elisabeth von R. vient le voir parce qu’elle a des troubles de la locomotion, parce quelle a cette paralysie, cette astasie-abasie, est-ce que c’est ça le symptôme d’Elisabeth ? Freud se pose la question.
Il se pose la question : Est-ce qu’après toute inhibition il y a quelque chose de l’ordre de l’angoisse ? Et pour ce faire, il nous parle du petit Hans.
Là, je dois dire que je vous parle un peu sans plan. Je n’ai pas véritablement préparé ce cours, mais je me suis dis que j’allais venir vous apporter les points que j’ai retenus, et qui auraient du me permettre de faire un travail qui aurait pu être une leçon comme les fois passées. Donc, il se pose la question : Est-ce qu’après une inhibition, est-ce que toute inhibition peut être suivie d’angoisse ? Et il nous parle du petit Hans.
Le petit Hans, si vous vous souvenez, le petit Hans, un jour fait savoir qu’il ne veut plus sortir, qu’il ne veut plus aller dans ce parc où il a l’habitude d’aller jouer. Il ne veut plus sortir avec la gouvernante qui s’occupe de lui. Les parents ne comprennent pas très bien ce qui se passe, et la mère s’imagine que c’est parce qu’il ne veut plus sortir avec la nurse. Elle-même essaie de l’accompagner et il fait autant de difficultés. Il ne veut plus sortir, il ne veut plus sortir. Il y a là une inhibition que manifeste le petit Hans, il ne veut plus sortir. Mais très vite il y a l’angoisse. Et cette angoisse, vous savez, a embarrassé, étonné la famille puisqu’elle pensait, en suivant les prescriptions de Freud, prévenir la névrose.
Donc il y a l’angoisse, les parents ne comprennent pas, et à propos de cette angoisse, Freud à un moment dit que chez l’enfant l’angoisse est sans objet.
C’est un passage que j’ai retenu, car quelqu’un qui dans le temps suivait le travail d’ici, était venu pour un piège, me disant – comment, Freud a dit telle chose ! - bon, donc, sans objet. Mais très vite on a su que ce qui empêchait le petit Hans de sortir, ce qui était à l’origine de l’angoisse, c’était le cheval. Il avait peur du cheval. Et à propos de cette peur Freud nous dit que tant qu’il n’y a que la peur du cheval, on ne peut pas parler de symptôme, mais à partir du moment où on sait que cette peur du cheval, la peur d’être mordu par le cheval, plus précisément, est là une formation substitutive de la peur que le père ne le castre, alors nous avons à faire à un symptôme.
Mais enfin, Freud continue, interroge ce que peut être le symptôme, pose la question de l’angoisse, vient à poser la question du refoulement, et là à propos de ce refoulement, on voit qu’il est embarrassé. Il parle du moi.
J’avais pensé à ce propos que je pouvais, faire ce travail sur le moi, puisque maintenant le texte le moi et le ça, nous venons de finir de le traduire. (1) Il nous a fallu quand même presque deux ans, c’était un travail particulièrement difficile.
Enfin, Freud pose là la question du moi. La part du moi dans la formation du symptôme, quand est-il de la motion pulsionnelle ? C’est tout autant de questions que lui Freud se pose, car en fait, il n’arrive pas véritablement à dégager ce qu’est le symptôme. C’est certes une formation substitutive, mais ceci ne suffit pas.
Et vous verrez à lire ce texte, nous y reviendrons sûrement, il nous donne des exemples, l’exemple de l’Homme aux loups, bref, Freud est là avec sa pratique et je crois que c’est ce qui est intéressant avec ce texte, c’est de sa pratique qu’il nous parle, et de cette pratique il nous dit quels sont ses embarras, ce qui est question pour lui. Et c’est en cela que ceci m’a paru, pour moi, être un texte que nous devions connaître, un texte pas facile c’est vrai, mais un texte qui je crois peut être éclairé par l’enseignement de Lacan, parce que là, nous ne pouvons pas dire qu’il y a eu une lecture, que Lacan a fait, de ce texte.
Lorsqu’on se reporte à l’enseignement de Lacan, à partir du séminaire sur l’angoisse, c’est avec le séminaire sur l’angoisse, que Lacan introduit, nous parle de l’inhibition symptôme angoisse, dès la première leçon, je dirai même dès les premiers mots, les premières phrases. Il nous parle de cette inhibition symptôme angoisse, il parle essentiellement de l’inhibition, de ce qui là, vient empêcher le sujet, de ce qui fait qu’il est pris au piège, de ce qui fait que le sujet va être arrêté, ne plus pouvoir fonctionner. Et immédiatement après nous avoir parlé de ceci, de l’embarras, il nous dit – je n’entrerai pas dans le texte aujourd’hui. Et il le promettait pour la fois suivante, mais la fois suivante il n’est pas non plus entré dans le texte. On lui avait demandé de parler de l’acting out et du passage à l’acte. Et puis il n’a jamais pu, il n’est jamais rentré dans ce texte. Même lorsqu’il a eu à reparler d’inhibition symptôme angoisse, plusieurs années après, il n’est pas rentré non plus dans le texte. Mais ce qui m’a intéressé, ce qui m’a paru pouvoir nous aider, dans notre travail, ce n’était pas tellement la lecture qu’il aurait du en faire, on ne l’a pas, mais ce qu’il a pu nous dire de ces trois mots : Inhibition, symptôme, angoisse. Il commence essentiellement lorsqu’il prend les nœuds, lorsqu’il introduit les nœuds dans son enseignement, surtout dans le séminaire RSI, il nous fait remarquer qu’il y a chez Freud une triade – inhibition symptôme angoisse, une triade hétérogène et il dit que cette triade est aussi hétérogène que sa propre triade du Réel du Symbolique et de l’Imaginaire, et que ce qui est à faire c’est d’homogénéiser cette triade c’est à dire son Réel son Symbolique et son Imaginaire et pour cela les nœuds vont l’aider à pouvoir homogénéiser ceci, et il aura des consistances homogènes, enfin je ne rentre pas dans tout ce détail…Donc il se sert de cette consistance homogène du Réel du Symbolique et de l’Imaginaire pour parler de l’inhibition symptôme angoisse. Et là, peut être que d’autres que moi l’ont remarqué, Lacan ne parle plus d’inhibition symptôme angoisse, mais d’inhibition angoisse symptôme. Et je crois que ceci peut nous servir de clef pour trouver une réponse à la question que Freud tout au long de son article inhibition symptôme angoisse pose, pour pouvoir trouver la réponse à – qu’est-ce qu’un symptôme, un symptôme qui intéresse le psychanalyste ?
L’inhibition, nous dit Lacan, relève de l’Imaginaire, c’est le corps qui est intéressé, et c’est le corps dans son fonctionnement qui va être empêché. L’étymologie, nous permet, c’est dans le séminaire sur l’angoisse, ce soir je ne vais pas m’y attarder, de dire qu’en fait c’est là qu’on est pris au piège. On est arrêté. L’inhibition, c’est cela, et c’est le corps, ce qui relève de l’Imaginaire, qui permet de le saisir. Mais avec cette inhibition, et presque toujours si on analyse bien, le matériel qui est le nôtre, il y a l’angoisse.
L’angoisse c’est ce quelque chose de réel. L’angoisse, c’est nous dit Lacan, ce qui nous permet de saisir qu’il y a là du sujet. Cette angoisse fait partie de ce registre du réel. Si on prend les choses ainsi, en retournant au texte de Freud, et à propos de ce passage autour du Réal-Angst, vous savez, ce Réal-Angst, les traducteurs ont eu beaucoup de mal, pour en donner une traduction, qui permette de faire saisir les différences qu’il y a entre Réal et Wirklich, Réal se rapproche beaucoup plus de ce réel dont nous parle Lacan. Il faudrait le définir ce Réel, et je ne vais pas m’y hasarder ce soir, enfin, il y a déjà le travail que Triol a fait et qui est paru, il n’y a pas très longtemps dans un de nos bulletins (2) et qui peut aider les personnes qui depuis peu entendent parler de ce Réel.
Donc ce Réal-Angst, et vous verrez dans la traduction que nous avons en main, toutes les difficultés que les traducteurs ont eues, ce Réal-Angst que Freud distingue de l’angoisse, qui est attenant à la névrose, ce Réal-Angst je crois que c’est véritablement ce qui est de ce registre du Réel, ce devant quoi on se cogne, ce contre quoi on se cogne, c’est ça cette angoisse, c’est ce qui fait que le petit Hans ne peut que se cogner contre les vitres de sa maison, parce que le cheval est à coté, et qu’il ne peut pas mettre un pied dehors. L’angoisse le terrasse. C’est ce quelque chose qui vient du Réel et qui, nous dit Lacan, et qui accompagne l’inhibition.
Et pour le troisième terme, le symptôme, Lacan dit que c’est de l’ordre du symbolique, que c’est ceci qui va permettre d’identifier ce à quoi nous avons à faire lorsqu’il y a perturbation dans le champ du réel. Et dans un séminaire, …C’est la fin de ce séminaire RSI où à propos des nominations, il revient sur inhibition symptôme angoisse, pour dire qu’en fait c’est ce symbolique qui va permettre effectivement de donner un nom à ce qui se joue, c’est à dire ce symptôme qui permet de comprendre devant quoi le sujet… enfin, ce qui dérange le sujet. Mais lorsqu’il nous parle de ces trois registres, lui Lacan, de l’imaginaire du réel et du symbolique, il nous dit que ces trois registres tels que lui Lacan le prend, permettent d’expliquer ce qu’est un symptôme. Mais Freud, parce qu’il n’avait pas ceci en sa possession, pour pouvoir s’en sortir doit mettre un quatrième anneau et cet anneau nous dit-il, c’est ce qui a à voir avec le Nom-du-Père, avec la réalité psychique, mais très essentiellement avec le Nom-du-Père.
Alors, reprenons le texte de Freud Inhibition Symptôme Angoisse ? Qu’est-ce que nous voyons ? Après avoir discuté ce qu’il en est de l’inhibition, s’être posé la question si l’inhibition peut être un symptôme, en venir à nous parler du petit Hans, de l’Homme aux loups, et de ce petit Américain, qu’est-ce que nous pouvons déduire ?
En fait, il met en place le Père, je ne dirai même pas…si on peut dire le complexe d’œdipe puisque c’est la rivalité pour l’amour de la mère qui est mis en avant dans le cas du petit Hans, mais c’est le père qui est là campé, le père dans les différentes situations qui peuvent être vécues, connues dans sa relation avec l’enfant, que ce soit ce qui se passe avec Hans, Hans qui aimerait bien être débarrassé de ce père, s’il pouvait comme le cheval, tomber, se casser la figure, comme on serait en paix avec maman. Donc, c’est cet aspect que Freud met en avant. Donc c’est le père, le père qui est là, et qui va permettre de saisir, de nouer nous dit Lacan.
Pour l’Homme aux loups, c’est également le père aussi, mais le père dans une relation différente avec son fils et c’est cette position passive dont nous parle Freud.
Le troisième exemple c’est ce petit Américain, c’est une histoire où…je crois que c’est un chasseur qui court après un gibier qui est tout en sucre, enfin bref, qu’on peut manger, et Freud nous dit que le chasseur c’est forcément le père et que le gibier, c’est l’enfant, et que là, là aussi c’est le père.
Enfin, ce qui moi, lorsque je reprendrai peut être ce texte, que je ne peux arriver à travailler, parce que j’ai des empêchements qui ne viennent pas de moi… ce qui m’a intéressé, c’est de retrouver là ce que Lacan nous dit de la nécessité de ce quatrième anneau, ce quatrième anneau du Nom-du-Père qui va permettre de raccrocher et ce qu’il en est de l’inhibition, et ce qu’il en est de l’angoisse, et ce qui est le symptôme pour Freud.
Et je crois que dans ce texte, on le comprend beaucoup mieux que dans celui sur Totem et Tabou où certes il y a la réalité psychique, mais il n’y a pas toute cette discussion clinique de Freud.
Un autre point, je crois, nous intéresse et nous permettra, je crois de faire une lecture plus aisée, c’est que Lacan nous dit qu’en fait la question de l’angoisse a embarrassé Freud. Et je crois, mais je n’ai pas eu le temps d’en prendre vraiment connaissance, Strachey, dans sa petite note introductrice à ce texte, le souligne, en tout cas Lacan nous dit que cette question de l’angoisse embarrasse Freud. Et dans ce livre on peut en avoir une petite idée, puisque le complément qu’il a ajouté, c’est aussi autour de l’angoisse. Donc, l’angoisse a embarrassé, disons Freud, « il n’a pas su très bien ce qu’est l’angoisse » nous dit Lacan, et c’est aussi une raison pour laquelle Lacan a consacré tout un séminaire sur l ‘angoisse. Et lorsque vous travaillerez ce séminaire, vous verrez que le symptôme a une place très grande dans ce séminaire sur l’angoisse. J’aurai l’occasion de vous donner des passages.
Autre point, mais qui n’est plus dans le séminaire RSI, autre point qui je crois éclaire ce travail de Freud, c’est ce que Lacan nous dit dans ce qu’il a appelé la structure du symptôme, et ceci dans ce séminaire du 5 mai 65, l’année où il a traité les problèmes cruciaux pour la psychanalyse, c’est le séminaire, le passage que je vous ai cité sur la responsabilité du psychanalyste, dans ce séminaire, Lacan nous parle de la structure du symptôme, et il nous dit et je crois que c’est effectivement ça, il ne nous dit pas que c’est ça qui dérange Freud, mais si on part de cette structure du symptôme telle qu’il nous la présente, alors on peut comprendre, trouver une réponse aux questions de Freud.
Et pour ça il nous donne un exemple.
Enfin moi je ne prends que cet exemple qu’il nous a donné, l’aphonie de Dora. L’aphonie, qu’est-ce que c’est ? C’est une inhibition. On ne peut pas parler, on ne peut pas se faire entendre, l’aphonie de Dora, nous dit-il, on ne peut pas rester sur le signe, ce qui a fait signe. L’aphonie de Dora nous dit-il c’est ce signifiant. C’est Le signifiant S1. C’est ce signifiant S1 qui va représenter le sujet Dora auprès de Madame K., mais pas à n’importe quel moment. C’est à dire que ce n’est pas à tout instant que le symptôme est là, pas à n’importe quel moment. C’est quand elle est seule avec madame K. Quand monsieur K est en voyage et qu’elle se trouve seule avec madame K, alors à ce moment là il y a cette inhibition. Elle ne peut plus parler lorsqu’elle est face à madame K, elle est seule avec madame K. Et vous savez que la dernière fois, très rapidement, autour de ce - seul à quand la rencontre - lorsqu’il y a possibilité de ce qui pourrait être une rencontre, alors le symptôme se signale, si je puis dire, se signale par cette inhibition, cette inhibition devant l’Autre, devant ce S2.
Prenons l’exemple d’Elisabeth von R. J’avais pensé essentiellement étayer le travail que je voulais faire sur ce cas Elisabeth von R, quand est-ce que le symptôme se fait connaître ? C’est lorsque Elisabeth se trouve être seule avec son beau-frère. Ils sont allés se promener, sa sœur est malade, elle est seule avec le beau-frère, la rencontre est peut-être possible, c’est peut-être l’heure de la rencontre. Et qu’est-ce qui se passe ? Elisabeth ne peut plus marcher, cette inhibition, cette paralysie, cette abasie, c’est cela qui est le signifiant qui représente le sujet Elisabeth, lorsqu‘elle est seule avec son beau-frère. Donc, la question que se pose Freud, Lacan nous dit que c’est à partir du signifiant, de cette structure signifiante qui est celle qui nous intéresse, qu’on peut donner une réponse, identifier ce qu’est le symptôme. C’est à dire que là, ces trois, ce qui fait la triade va être mis en place. L’inhibition, c’est le signifiant, ce n’est plus ce qui fait signe, on ne peut pas rester au niveau du signe. Effectivement en restant au niveau du signe, de ce qui fait que ça nous a fait signe, et que Elisabeth est venue, Freud ne peut pas répondre. Il ne sait pas si c’est ça le symptôme. Il ne peut pas répondre.
Mais si on le prend avec la structure signifiante qui est celle qu’il nous a proposée pour le sujet, alors - elle ne peut pas marcher – c’est ça le signifiant qui va représenter le sujet Elisabeth seule, avec ce qui pourrait peut être signer l’heure de la rencontre - seule devant le beau-frère – C’est tout ceci qui fait le symptôme. Et ce qui nous fait savoir que du sujet il y a, c’est cette angoisse qui accompagne ce qui est en train de se jouer. Si vous vous souvenez de cette observation d’Elisabeth von R, l’angoisse est là. Tout le mal qu’elle a eut à pouvoir rentrer chez elle, l’angoisse est là.
Donc si on reprend cette structure signifiante, ce sur quoi Lacan a insisté pour mettre en place le sujet. Le sujet, vous vous souvenez que, le premier jour, je vous ai dit que le symptôme avait aussi cette structure du sujet, qu’on pouvait l’écrire S barré, et pour pouvoir donner une réponse à la question que Freud se pose, il faut partir donc de ce mathème de Lacan, de cette écriture de Lacan, et savoir qu’en fait c’est toute cette triade qui permet de pouvoir identifier le symptôme, de nommer le symptôme. C’est en considérant tout ceci sous l’angle du signifiant que l’on peut donner cette réponse à ce qui nous intéresse, nous psychanalyste.
Je voulais en venir …Miss Lucy R. Je ne le ferai pas vraiment ce soir, je dirai simplement le point qui m’avait retenu, et qui était ceci autour du savoir, puisque la question du savoir nous intéressait, ainsi que la question de la jouissance. Je voulais revenir sur cette question du savoir et le reprendre à partir de ceci, ce – Il ne savait pas – je ne le savais pas – si vous vous souvenez de ce passage de Lucy R, ce - je ne savais pas –
Lacan reprend, non pas pour Lucy R, mais Lucy R peut nous servir d’exemple, reprend ceci, et à ce moment-là, la question de cette substitution métaphorique, va se poser différemment. C’est à dire qu’on va partir de ce réel, de ce S1 qui fait partie de ce – je ne savais pas – pour ensuite lors de l’émergence du sujet, là, ce savoir pourra toujours venir, mais tout en étant au départ ce – je ne savais pas –
Mais enfin, je vous dirai ça mieux la prochaine fois.
C’était les points que j’avais retenus.
Et aussi un dernier point à propos du Réel. J’aurai du en parler tout à l’heure, mais ça ne fait rien. C’est à propos des pulsions. La question que Freud se pose à propos des motions pulsionnelles, Lacan y revient à propos du réel et des orifices, les orifices, et ce qui là, va pouvoir être refoulé, parce que la pulsion et les orifices sont intéressés.
Bon, je crois tout de même qu’il faut que je m’arrête là pour ce que je voulais très rapidement tracer pour vous ce soir. Je n’ai pas pu, je n’ai pas eu le temps de reprendre ceci. Mais je voulais vous donner les lignes qui j’espère, vont pouvoir vous aider à vous intéresser vous-même à ce texte de Freud – inhibition symptôme angoisse – …
Je reviendrai sûrement sur ce travail, car je trouve que c’est tout à fait au cœur de ce qui nous intéresse à propos du symptôme.
Questions
Michèle Aquien :
Je n’ai pas très bien compris ce que vous avez dis à propos du Réal-Angst, par rapport à l’angoisse.
Solange Faladé :
C’est à dire que l’angoisse est cet objet du Rée… la traduction c’est qu’on ne sait jamais le traduire. Faut-il traduire – angoisse réelle ? Si on traduit – angoisse réelle – à ce moment là, en français, on risque de confondre (avec) ce quelque chose qui a à voir avec l’effectif. Or en allemand ce qui est effectif se dit Wirklich. Donc ce – Réal-Angst – qui embarrasse les traducteurs, si on se sert des registres de Lacan, des registres de Lacan, qui fait que l’angoisse est du coté du Réel, est dans ce registre du Réel.
Cet objet devant quoi le sujet éprouve de l’angoisse, c’est un objet, nous dit Lacan, du Réel.
En fait ce cheval pour ce qui est du petit Hans, on peut considérer que c’est un objet du réel, ce cheval qui est toujours de ce coté de la vitre. Enfin, il faudrait reprendre tout ce que Lacan dit du Réel, et ce soir je ne peux pas le faire. Je ne sais pas si je vous ai plus éclairé…C’est à dire que ce n’est pas du registre de l’imaginaire. Ce cheval qui est de l’autre coté de la vitre, Lacan nous dit que cet objet qui surgit. Et après tout on peut comprendre pourquoi à un moment Freud dit que chez l’enfant, l’angoisse est sans objet, tant que ce n’est pas nommé. Mais enfin - c’est devant quelque chose – dit Freud quelque part, que l’angoisse surgit. Ce – devant quelque chose – ce n’est pas forcement quelque chose qui peut être nommé. Là on dit que c’est le cheval, mais ça peut être devant quelque chose, c’est cela le Réal-Angst. Il y a là quelque chose de très difficile à traduire en français, mais si on le colle au registre du Réel, on peut, je crois mieux comprendre, ce que Freud essaie de traduire, la différence qu’il veut faire entre ce qui est de l’angoisse névrotique et de cette angoisse qui surgit, et qui fait qu’il y a du sujet.
Marguerite Bonnet :
Est-ce que ça a à voir avec ce que Lacan dit dans le séminaire sur l’angoisse, en disant que l’angoisse au fond se présente sous le même mathème que vis à vis du fantasme en disant que c’est S barré poinçon de petit a ?
Solange Faladé :
Mais écoutez, ce n’est pas tout à fait la même chose. Effectivement, il nous dit dès le premier séminaire de l’angoisse, qu’on pourrait l’écrire S barré poinçon petit a, mais à cette condition, de dire pour le fantasme, c’est le sujet face à son désir de petit a, tandis que pour l’angoisse, c’est le sujet face à ce qui cause son désir, c’est à dire que le petit a, dans le cas du fantasme, a à voir avec le désir, c’est pour ça que je n’ai pas voulu mettre ce petit a (3) pour qu’on ne parle de….
Dans le fantasme, le sujet est face à ce qui est, ce qui pourrait être l’objet de son désir. Reprenons la position féminine, ce que Lacan dans les formulations de la sexuation, écrit : ici du coté Homme, le sujet est dans sa relation, ici à la Femme qui est barrée, le petit a est là. Ce petit a, l’intéresse en tant qu’il peut être objet de son désir. La femme y vient là, pour une femme, en tant qu’elle peut être cet objet désiré.
Dans ce qui est l’angoisse, le petit a c’est en tant que cause le désir.
Le mathème d’écriture est le même, mais la lecture ne peut pas être la même.
C’est ça le mathème. Le mathème, il y a plusieurs lectures possibles…On peut l’écrire de la même façon, mais d’un coté c’est l’objet du désir et de l’autre c’est ce qui cause le désir. Et dans l’angoisse, prenez le petit Hans c’est bien ce qui cause son désir, puisqu’il y a la rivalité avec le père, mais le désir pour la mère. C’est un objet qui cause le désir. Le cheval n’est pas l’objet de son désir.
Claude Lecoq :
Je pense que quand vous dites que dans l’inhibition qui relève de l’imaginaire, que le corps est empêché, vous nous donniez un exemple, mais ce n’est pas toujours le corps, l’inhibition intellectuelle …
Solange Faladé :
Mais l’inhibition intellectuelle se traduit quand même par quelque chose du corps, nous dit Freud. Dans ce qu’il dit… l’inhibition intellectuelle, pourquoi vous le détachez du corps ? Est-ce que ça ne fait pas partie du corps tout ce qui intéresse l’intellectuel ? Le fait de ne plus pouvoir lire, de ne plus pouvoir s’intéresser ? …
C’est le symbolique qui va vous permettre de le nommer, mais ce qui vous inhibe c’est quand même avec votre corps, sinon avec quoi ? Votre cerveau, votre intellect, tout ce qui est …c’est quoi ? C’est pas le corps ?
Ce qui va vous permettre de mettre un nom, ne pas savoir, mais ce qui fait que vous ne vous intéressez pas, ce qui fait que vous vous figez, ce qui fait que vous êtes pris au piège, c’est quand même bien votre corps ? Ou alors quelle distinction faites-vous avec le corps et je ne sais quoi ?
Claude Lecoq :
Je pense à l’inhibition scolaire, on dit les symptômes scolaires.
Solange Faladé :
Oui, on dit les difficultés scolaires aussi. Lorsqu’on nous les envoie, on dit – c’est pour des difficultés scolaires –
Claude Lecoq :
On parle de fonction.
Solange Faladé :
C’est pas le corps, quand la mémoire ne fonctionne plus ?
Quand on parle de la paralysie d’Elisabeth, le corps n’est pas lésé du tout. Ce qui est intéressant dans l’observation d’Elisabeth c’est que Freud a fait un examen neurologique tout à fait minutieux. Et ça, je crois que pour nous c’est exemplaire, naturellement, nous n’avons plus à le faire nous même, si besoin est, on confie au spécialiste. Freud a fait un examen tout à fait minutieux, neurologique, et il s’est aperçu qu’aucun territoire neurologique était touché, que le corps n’était nullement lésé, mais qu’il ne fonctionnait pas, car ce qui compte nous dit Lacan, c’est pas tellement tel territoire, c’est que c’est – le bras – ou – la jambe – qui est en cause lorsqu’on a à faire à la névrose. Le corps n’est pas touché. La crampe des écrivains… Freud, la description qu’il nous donne de l’inhibition, avec toutes les questions qu’il se pose, vaut d’être lu dans – inhibition symptôme angoisse – C’est le corps qui est touché, parce que je ne vois pas, nous ne sommes pas des êtres incorporels. C’est notre corps, là, qui est touché, même dans la mémoire, quand vous nous parlez de la mémoire.
S’il n’y a rien de plus…
(1) Le moi et le ça (1923) Das Ich und das Es Traduction S. Faladé, G. Bortzmeyer et M. Wague. La Documentation Psychanalytique de l’École Freudienne.
(2) Bulletin N° 24 décembre 1989
(3) (A la place de la production dans le discours du maître.)