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Le symptôme X

27 mars 1990
Document de travail

Lors de notre dernière rencontre du troisième samedi à Sainte Anne,...le graphe du désir, entre parenthèses il y a d’autres graphes chez Lacan que le graphe du désir, ne serait-ce que celui du fantasme sadien, et d’autres dont il s’est servi dans le séminaire sur l’angoisse. Mais enfin, le graphe que nous utilisons c’est ce graphe du désir. Je pensais faire quelques remarques au sujet du premier graphe, ici nous l’avons étudié, il y a deux ou trois ans, et je me suis servi de ce mot d’esprit, famillionnaire, j’ai quand même mis sur le tableau " Verdrangt" et "Unterdruckt", (les formations de l’inconscient 13 11 1957 p 42) Verdrangt, ça a avoir avec le refoulement Verdrangung, c’est ce qui est refoulé, et Unterdruckt c’est ce qui va tomber dans le dessous, et ce qui va tomber dans le dessous, au sujet de ce mot d’esprit famillionnaire, c’est ce mot " familier", pour une raison bien précise c’est que l’auteur qui est Henri Heine qui met dans la bouche de Hyacinthe Hirsch ce que lui même a sur le cœur concernant son cousin Salomon Rothschild, car il est bien de la famille de Salomon Rothschild, il est un cousin germain, même je crois, mais si Salomon Rothschild est riche, lui est pauvre.

Donc ce familier ne peut pas être dit par lui (autrement que) sous cette forme de famillionnaire et c’est ce familier qui est unterdruckt.

En tenant compte de ceci, on peut mieux comprendre ce mot d’esprit.

Alors, lorsqu’il a construit ce premier graphe, Lacan nous a dit que c’est parce que avec le schéma Saussurien, même en l’inversant, Signifiant sur signifié, il ne lui était pas possible de faire figurer le sujet. Et c’est pour faire figurer le sujet de l’inconscient qu’il a pensé à nous apporter ce graphe du désir. »

Nous allons parler du sujet ce soir. Je vais rappeler certaines choses étudiées l’année dernière en apportant quelques précisions sur des points qui m’ont semblé n’avoir pas pu être bien compris et je pense que c’est parce que ces points sont particulièrement difficiles. Les questions qui ont été posées lors de ces samedis ont porté sur l’incorporation des S1 et également sur ce qui peut différencier la structure du psychotique et celle du névrosé, enfin sur ce qui peut aider à comprendre pourquoi pendant un certain temps qui peut être très grand comme celui de Schreber, pendant un certain temps, le psychotique peut se promener comme tout un chacun tant que la psychose n’a pas éclaté.

Je rappelle brièvement que dans ce graphe où l’enfant n’est pas encore sujet parce qu’il ne parle pas, il rencontre le grand Autre réel. Mais ce grand Autre réel, il ne faut pas en faire unique le père et la mère. Lacan nous dit que c’est tout ce qui a pu être dit de l’enfant, et ça peut venir des grands parents comme d’autres personnes de son entourage et que là au cœur de ce grand Autre réel il y a toute cette chaîne de signifiants, de signifiants S1, et que c’est cet ensemble qui fait que ça parle de lui avant même qu’il ne naisse, avant même qu’il ne soit conçu, donc avant même qu’il ne vagisse. (1)

Donc, cet infans, petit a, objet du réel, non pas objet réel, il est le réel, comme je vous ai expliqué, ce petit a va être confronté, ce bébé va être confronté avec ce - ça parle de lui - et lorsqu’il reçoit le langage, et je pense que cette expression de Lacan qu’on trouve dans - situation de la psychanalyse en 1956 - est à retenir, lorsqu’il reçoit le langage, lorsque le signifiant va trouer le réel, l’enfant qui jusque là ne parle pas, ses cris n’étaient pas encore parole, l’enfant commence à parler et à s’adresser à l’Autre.

Je fais une parenthèse parce que j’ai remarqué dans quelques observations qui m’ont intéressé, et même lorsqu’on discutait dans certains services que j’ai fréquenté, lorsqu’on dit - un enfant ne parle pas - on fait une confusion entre le fait qu’il est dans le langage, qu’il parle comme nous dit Lacan, on fait une confusion entre cette parole et l’utilisation de la langue. Bien souvent les enfants qui sont amenés et qui soit-disant ne parlent pas sont dans le langage, peuvent se faire comprendre par l’adulte familier et comprennent l’adulte, mais refusent d’utiliser la langue, la langue qui est mienne disait Lacan, pour bien différencier ce qu’il en est du langage, de la parole, et de l’utilisation de la langue, l’apprentissage que l’enfant aura à faire pour bien se servir de ces mots dont se sert l’adulte.

Alors je crois que c’est tout de même une chose tout à fait importante, c’est une confusion que l’on fait trop souvent. Et bien souvent on dit - Ah, maintenant, il commence à parler - j’ai lu une très belle observation il n’y a pas très longtemps d’une personne que j’estime beaucoup, et l’observation était - Ah maintenant il commence à parler - alors que lorsque je l’ai reçu pour la première fois il ne parlait pas. Ce qui était manifeste dans l’observation c’est que l’enfant n’utilisait pas la langue, mais cet enfant parlait. Bon, je ferme la parenthèse.

Lorsque l’enfant, donc, commence à parler, lorsqu’il s’adresse à l’Autre, il va décompléter ce grand Autre comme je vous l’ai dit les années passées, et décomplétant ce grand Autre, c’est à dire un des signifiants qui se trouvent en ce lieu de grand Autre réel, un des signifiants qui le recouvrait, va permettre qu’il y ait du sujet, puisque ce signifiant qui décomplète l’Autre va pouvoir représenter le sujet. Et donc dans ce premier temps, cet appel au grand Autre, il y a un signifiant S1 qui va pouvoir représenter le sujet S barré. S barré pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun signifiant qui est signifiant du sujet. Le sujet, parce qu’il rencontre le signifiant, parce qu’il s’adresse à l’Autre va être barré, va être fendu, si j’ose dire aussi, par ce signifiant, et ce signifiant, j’ai mis cette fois ci, c’est le signifiant, un de ces signifiants - ça parle de lui -.

Alors, le sujet prend du sens. C’est à dire que là nous avons ce que Lacan dans les premiers temps de son enseignement lorsqu’il s’est servi du schéma de Saussure, qu’il s’en est servi à sa guise, il a mis le sujet à cette place du signifié, c’est à dire que, signifiant sur signifié, il mettait le sujet. Donc on avait le sens de part ce signifiant. Et lorsqu’il nous est écrit plus tard ce qu’il en est du sujet, lors de sa première adresse au grand Autre, en fait, il ne met plus directement ce sujet barré à cette place du signifié.

Donc le sujet parle, le sujet prend du sens du fait de ce signifiant. Mais pour que ce signifiant puisse jouer son rôle de signifiant, c’est à dire puisse signifier, il faut qu’il s’articule à un autre signifiant, cet autre signifiant, ce S2 qui est en fait un signifiant qui est déjà là - ce grand S2 est déjà là - bon je vais le noter ici pour bien montrer qu’il est en dehors du corps symbolique - pour que ce S1 puisse donc jouer son rôle de signifiant, il va s’adresser à nouveau au grand Autre, et là lorsque nous sommes dans le cas de la névrose, le sujet va appréhender que au sein du grand Autre, dans le corps symbolique du grand Autre, il n’y a aucun signifiant qui puisse permettre à S1 de signifier. Mais il faut absolument qu’il ai ce signifiant qui puisse permettre à S1 de signifier. Et c’est hors du grand Autre, hors du corps symbolique du grand Autre qu’il ira chercher ce deuxième signifiant. Et ce deuxième signifiant, Lacan nous dit dans - position de l’inconscient - que c’est une part qu’il va prélever sur l’être de l’organisme. Je sais que ceci vous a embarrassé mais je pense qu’avec l’exemple qu’ultérieurement je vous ai donné à propos de Dora, de Dora et de sa toux, de Dora et de tout ce qui touche la pulsion orale et la zone orale, je pense que vous avez pu saisir ce qu’est cette part de l’être de l’organisme que le sujet doit prélever pour qu’il y ait ce deuxième signifiant.

Cette part de l’être de l’organisme, on peut dire qu’elle va se diviser ainsi, se fractionner ainsi :
 une partie sera portée à la signifiance, ce sera ce grand S2
 une autre partie ne sera pas portée à la signifiance ce sera une partie hors sens.Et cette partie hors sens va choir parce que ce qui va revenir au sujet lors de ce deuxième appel au grand Autre, certes il y a eut ce qui a été porté à la signifiance, ce grand S2, mais il y aura aussi
 cette part unique prélevée sur la grand Autre, cette part unique, le trait unaire traduit Lacan, c’est à dire ce qui a à voir avec l’idéal du moi. Et cette part va venir à nouveau refendre - la refente du sujet c’est cela - va refendre le sujet.

Et parce que le parcours qui est celui que le sujet doit faire, doit prendre du fait de sa structure, structure moebienne avec la torsion qui est celle de la bande de Moebius, il y aura une séparation. Et de cette séparation va pouvoir choir cette partie de l’être de l’organisme qui n’a pas été porté à la signifiance.

Alors, les questions qui ont été posées en partie portent sur ce deuxième appel au grand Autre et ce qui peut en résulter, disons d’abord dans la névrose. Alors effectivement lorsque j’ai repensé à ce que je vous avais dit l’année dernière, on ne s’est pas arrêté longuement sur ce deuxième mouvement parce que cet être de l’organisme vous avait donc dérouté et je n’ai pas déroulé tout ce que j’aurai du dérouler autour de ce deuxième appel au grand Autre.

Le deuxième appel au grand Autre : puisque nous sommes dans la névrose, le sujet appréhende, saisit que dans le corps des signifiants du grand Autre, il y a une place vide, il y a un vide qui marque que le grand Autre est vidé de jouissance. Ceci c’est de l’ordre de l’inconsistance du grand Autre. Je ne vais pas refaire les démonstrations faites l’année dernière, vous les retrouverez dans les notes des uns et des autres. Et donc le grand Autre se présente non pas dans une plénitude quelconque, le grand Autre se présente avec cette place vide. Et parce qu’il y a cette place vide, le sujet cherche un signifiant ailleurs mais est confronté avec le grand Autre et son manque (qui) fera que lui le sujet qui est déjà manquant de quelque chose puisqu’il se présente barré, le sujet nous dit Lacan, va recouvrir ce manque, le manque de l’Autre, et ceci aura à voir avec la castration.

Donc, parce qu’il rencontre un grand Autre inconsistant, la castration pourra se vivre, pourra se réaliser, la castration du sujet. Et cette castration va aboutir à ceci que il y a la chute de cet objet petit a. Pour le névrosé j’ai marqué - in loco -. Ce petit a, dans un premier temps dans son séminaire sur l’Identification, Lacan nous dit que c’est le petit a de la castration, cet objet petit a à voir avec la castration.

Donc il faut que cette castration s’opère chez le sujet, parce que c’est ce manque dans le grand Autre qui lui est si je puis dire apparu.

Et c’est à ce moment là que le sujet prendra en compte qu’il a, dans son premier temps d’adresse à l’Autre, il a incorporé les signifiants S1, les signifiants, sous forme de corps du grand Autre. Pourquoi peut-il appréhender ceci ? C’est parce que du fait de la castration il va pouvoir négativer cette part prélevée sur l’être de l’organisme et à ce moment-là faire cette opération qui a à voir avec le jugement de goût. Freud garde ce terme de jugement de goût. Il y a ce jugement de goût qui va opérer. C’est cette opération du tasten qui fait que ce qui a été incorporé peut, dans ce temps là chez le névrosé, du fait de la castration, du fait de cette négativation nécessaire, fera que là aussi, concernant ces S1, il y aura cette opération de - c’est bon ou c’est mauvais - il y aura tout ce qui concerne cette Verneinung qui nous retient depuis plusieurs années.

Alors, je n’avais pas assez insisté sur le fait qu’il y avait là, à ce moment là, castration pour le sujet parce qu’il rencontre, il porte à la signifiance le S2. Ce S2 c’est ce qui peut se dire aussi le signifiant du manque dans l’Autre, le S(A /).Et tout ceci a à voir avec la castration et permet que soient pris dans la symbolisation, tous ces signifiants qui ont été incorporés, ces signifiants S1 qui sont des signifiants qui étaient dans ce grand Autre réel, et un d’eux permet que le sujet puisse émerger. Il y a naissance du sujet, et ensuite il y aura cette subjectivation. Et je crois que c’est un temps essentiel qui a à voir avec le deuxième appel au grand Autre.

Ce temps de subjectivation va faire que le sujet qui était sens du fait de ce grand S1, le sujet va perdre une partie de son sens puisqu’il lui faudra trouver un deuxième signifiant (2) qui lui ne peut être signifié, n’a aucun signifiant. Il n’y a pas de S3 qui lui permette de se signifier. Pourquoi la structure du langage telle que Lacan nous la propose c’est S1-S2 ? C’est parce qu’il s’agit de ce qui intéresse le sujet de l’inconscient. C’est à dire que là, il se sépare des linguistes, et ce sujet de l’inconscient a à faire à un savoir : le S2, qu’à d’autres moments il appelle le savoir, a à faire à un savoir qui ne se sait pas. C’est à dire qu’il est là dans l’inconscient, donc il ne peut pas y avoir quelque chose qui viendra permettre à S2 de signifier. Donc, du fait de la nécessité de ce S2, le sujet perd une partie de son sens en prélevant une partie de l’être de l’organisme, et lorsque cette partie est prélevée et qu’il y a la séparation, donc la chute du petit a, alors, lui, le sujet disparaît, et ceci a à voir avec la castration, avec tout ce qui découle de cette castration, qui est de l’ordre de la négativation. C’est un point sur lequel, je ne me suis pas arrêtée l’année dernière, me contentant de vous dire que le sujet lors du deuxième appel disparaît et ceci est ce temps de la division du sujet avec cette refente du sujet, ce trait unique, ce trait unaire qui va venir, de l’objet, dans l’encoche que présente le sujet du fait de la matrice de l’idéal du moi, qui était au temps réel, au temps où lui enfant, pas encore sujet, ne parlait pas.

Alors, cette négativation, plus exactement, le fait qu’il y ait castration, et c’est de là que Freud est parti, de ce père de l’œdipe, de ce père castrateur, du fait qu’il y a castration, du fait qu’il y a cette possibilité de saisir l’incorporation parce que il y a symbolisation, c’est ça aussi qui fait que le S1 va être le père de la horde primitive, va être le père mort.

Alors, je crois que ce qui embarrassait certains d’entre vous c’était le fait que directement j’ai fait de ce S1 du père orang-outang, du père mort, ce qu’il est en fait. Mais le sujet ne pourra prendre ceci en compte que lors du deuxième temps, parce qu’il faut pour le sujet névrosé qu’il ait eut à faire au père de l’œdipe, au père castrateur, pour que les traces de ce père mort, pour qu’il puisse savoir, mais sur le mode inconscient bien sur, qu’il y a là les traces de ce père qui a été tué.

Je penses qu’en disant les choses ainsi, ça peut faciliter la réception de certains d’entre vous qui se posaient des questions sur cette incorporation, sur ce père mort. En fait, si on voulait prendre les choses de façon logique on parlerait d’abord de ce père mort et ensuite du père de l’œdipe, mais la clinique, puisque revenons à cette clinique, c’est à partir du père de l’œdipe que Freud s’est posé des questions dans ce qu’il entendait sur ce père mort.

Donc, nous avons à faire à une première identification, une identification qui a à voir avec cette incorporation de ces S1, et vous savez que quelque part Lacan nous dit que tout ça c’est miam-miam et que si on fait miam-miam c’est parce qu’on aime. Donc, cette première identification, identification au grand Autre réel, avec l’incorporation de ses signifiants, du grand Autre réel, a à voir avec l’amour. C’est là la première identification, identification au réel.

Mais ça s’éclaire parce qu’il y a cette deuxième identification qui se fait lors du deuxième appel au grand Autre, et ç’est là que la question se pose du passage de l’amour au désir, puisque lorsque le sujet, lors du deuxième appel rencontre le grand Autre et saisit son manque, il est concerné aussi par ce qui est le désir du grand Autre.

Alors, il y a ce passage - on le dit comme cela parce que c’est en fait que chronologiquement c’est ainsi que les choses se sont passées - de l’amour porté à ce grand Autre à ce désir porté sur le grand Autre. C’est parce qu’il y a ce désir qu’il y a cette deuxième identification, identification symbolique qui va donner cet idéal du moi, c’est à dire ce trait unaire. D’ailleurs Lacan dans Subversion du sujet dit que ce trait unaire qui est un signifiant, va rejoindre le corps des autres signifiants. Enfin ce soir je n’en parle pas, les choses sont suffisamment compliquées comme cela.

Donc, première identification, deuxième identification, et il y a aussi cette troisième identification, qui se fait dans ce même temps. Et en préparant ce que je voulais apporter ce soir, en pensant à ce père de la horde primitive, ce père qui doit être tué par le sujet, c’est le sujet qui doit décider de sa mort, nous en parlerons plus en détail tout à l’heure, donc, reprenant ce père de la horde primitive, qui est pour ce qui nous intéresse, le père mort, le grand S1, ce grand S1 sous lequel se met le sujet, c’est à dire les enfants de ce père, lorsqu’ils l’ont tué, se reconnaissent être ses fils. Ils sont sujets, ils sont sous ce S1, mais en même temps ils s’acceptent comme frères, et c’est parce qu’ils s’acceptent comme frères c’est à dire qu’ils supposent à chacun d’entre eux le même désir que celui qu’ils portent. C’est parce qu’ils supposent cela qu’ils peuvent être groupe, qu’ils vont former un groupe, un groupe qui se soumet à la loi du père, un groupe qui se met au travail, pour apporter les fruits du travail au père. La troisième identification imaginaire, cette identification qui est identification hystérique, identification que Lacan lorsqu’il en a reparlé en 75, avait dit qu’elle était nécessaire, cette identification hystérique, pour qu’un cartel puisse se mettre en place, pour qu’il puisse y avoir un petit groupe. C’est ce qui s’est passé pour les fils du père de la horde primitive pour qu’ils se pensent, qu’ils s’acceptent comme frères et puissent former un groupe. C’est là l’identification hystérique. C’est la troisième identification.

La première avait l’incorporation et l’amour pour le grand Autre réel, le père. La deuxième, parce que l’Autre symbolique est là désiré, et puisqu’on ne peut pas l’avoir comme objet, on prélèvera une partie de cet objet, et c’est ça l’identification symbolique, l’idéal du moi, le trait unaire. Et la troisième identification c’est l’identification que le sujet suppose à un autre sujet et elle va permettre que on fasse groupe.

Alors, tout à l’heure je vous ai dit que je reviendrai sur ce point de - il faut que ce soit le sujet qui décide de la mort du père, du père de la horde, donc vous comprenez que pour le cas de la névrose ceci peut - encore une fois je dis - appréhendé par le sujet lorsqu’il y a eut cette symbolisation, grâce au deuxième appel au grand Autre. Mais n’oubliez pas qu’il s’agit de l’inconscient et que ce n’est que le travail analytique, la cure analytique qui a permis à Freud de pouvoir mettre en place ceci. Ce qui est repris par Lacan, pour nous aider - par la logique - à saisir ce qu’est le rapport du sujet et du grand Autre, avec cette subjectivation qui égale en fait une castration, du sujet.

Alors, il faut que ce soit le sujet qui décide de la mort du père de la horde primitive et chaque symptôme - si je puis dire - la névrose mais aussi la perversion, va se conduire différemment par rapport à cette mort du père de la horde primitive, du grand Autre réel.

Alors pour l’hystérique, il faut que le père ait été tué parce que l’hystérique, la femme hystérique, l’homme hystérique également, il faut qu’il puisse se penser- et là il faut prendre - se penser - au sens que Freud a donné à ses Gedanken, c’est à dire ce qui a à voir avec l’inconscient et qui un jour peut se faire savoir - lorsqu’il y a une cure analytique, il faut que l’hystérique se pense avoir été l’objet de la jouissance du père. Il faut qu’il y ait ce père jouisseur.Et ce père jouisseur l’hystérique va décider de sa mort parce que ce père jouisseur se présente comme parfaitement castré puisqu’il peut jouir de toutes les femmes.

Et dans un article de Freud, un papier qu’il envoya à Ferenczi, et dont on a pu avoir connaissance depuis la mort de Balint, Freud met aussi les fils dedans, - les enfants de l’orang-outang qu’ils soient filles ou garçons. C’est pour ça que je vous dis que pour l’hystérique homme, c’est la même chose.

L’hystérique se pense comme ayant été l’objet de la jouissance du père de ce père qui se présente comme parfaitement castré puisqu’il peut jouir de tous ses enfants, de ce père que les enfants, continuons à dire les fils, n’ont pas pu castrer, et de ce père qui ne pourra pas être castré ne pourra plus être castré une fois mort.

C’est à dire que ce qui est de sa puissance de la possibilité de préserver sa castration, va être réalisé par la mort du père, père de la horde primitive. (3) L’hystérique décide de la mort du père parce qu’il faut qu’il y ai cette exception que Lacan a pointé après Freud avec ce mathème - vous retrouverez tout ceci dans les notes de l’année dernière, je m’y suis arrêtée très longuement - Donc, ce père, ce S1, chaque névrose, chacun avec son symptôme se conduit différemment. Voici pour l’hystérique.

Pour l’obsessionnel, revenons à ce que je vous ai dis la dernière fois, ce passage du séminaire sur l’angoisse où Lacan nous dit que la relation de l’obsessionnel est une relation particulière au signifiant, que l’obsessionnel est là pour triturer le signifiant, faire un jeu avec le signifiant, un jeu tel que c’est le doute qui s’installe. Le doute est quelque chose d’essentiel dans la névrose obsessionnelle. Et là, l’obsessionnel à cause de son rapport au signifiant, donc à ce S1, à cause de ceci, va se demander si c’est vraiment lui qui a tué le père. C’est à dire qu’il aura ce doute perpétuel, si c’est vraiment lui ou si ce n’est pas le père lui-même qui a décidé de sa mort.

Pour ce qui est du pervers, n’oublions pas que le symptôme est ce qui nous intéresse cette année, le pervers sait qu’il a tué le père, mais le pervers espère que le père aura ressuscité, pour à nouveau en jouir et pour le faire jouir.

Donc, la relation (avec) ce signifiant, ce signifiant qui est découvert comme étant le signifiant du père mort, la relation de chaque symptôme diffère.

Alors pour ce qui est du névrosé, ce qu’il a pu avoir de réponse du grand Autre lors du deuxième appel, réponse qui fait que ce qui voilait le grand Autre a pu être déchiré que le grand Autre apparaît avec son manque, pour celui là, nous dit Lacan dans La question préliminaire, il nous dit que tout se passe dans ce lieu où la symbolisation se fait. Il nous dit que pour l’un c’est in loco, et pour l’autre c’est en un autre lieu, in altero.

Mais je vais avoir encore à parler du névrosé, le névrosé qui par la réponse du grand Autre va là pouvoir vivre la castration - chaque symptôme suivant un mode différent, je ne vais pas développer ceci ce soir - donc, va pouvoir vivre cette castration. Pour ce qui est des trois identifications ça va pouvoir se passer en ce temps où il y a le deuxième signifiant, ce signifiant du trait unaire et chute du petit a.

Ce névrosé, lors du deuxième appel - Lacan dans son séminaire Les quatre concepts, le passage sur le sujet et le grand Autre, le chapitre, donc, qu’il a appelé : la subjectivation - lors de cet appel, Lacan nous dit que il va rencontrer le désir de la mère, il va rencontrer le désir de la mère, et il va s’identifier à l’objet du désir de la mère. Ici aussi les choses se passent différemment pour l’hystérique, pour l’obsessionnel, et pour le pervers.

L’hystérique s’identifie à cet objet, mais n’essaie pas comme l’obsessionnel d’être cet objet. L’hystérique a pour rival, le père de l’œdipe, alors que l’obsessionnel, certes l’œdipe pour lui a fonctionné, mais il est devant ceci que la mère va reporter sur un autre, un autre que le père, toute son admiration. Elle va revêtir cet autre de toutes les qualités. Et vous savez que dans la clinique de l’obsessionnel on trouve presque toujours un homme qui est tellement mieux que le père, selon la mère, un homme qui est vraiment - pour reprendre un terme que Lacan employait au début de son enseignement - qui est là vraiment le phallus symbolique et c’est ce phallus, ce qui est là, l’objet du désir de la mère. C’est là cet objet que l’obsessionnel va essayer de s’identifier. Dans les formations de l’inconscient Lacan nous le détaille, lorsqu’il nous parle du symptôme obsessionnel. L’obsessionnel veut véritablement être cet objet du désir de la mère.

Quant au pervers, le pervers lui, s’identifie à cet objet. Il est cet objet du désir de la mère. Il est cet objet que la mère recherche. Il l’est tellement que par ses différents comportements il essaye de faire savoir qu’il l’est, puisque lui le pervers est cet objet. Et dans le cas du travesti - je vous avais donné comme exemple l’abbé de Choisy, il est véritablement, sous la robe qu’il porte, avec quoi il se déguise, il est véritablement le phallus de sa mère, puisqu’il porte une robe. Mai il n’en a pas moins cet objet qui manque à la mère. Donc la mère aussi peut l’avoir.

Donc, cette identification, toute capitale pour le sujet de la parole - je dis les choses ainsi - le sujet de l’inconscient, car tout à l’heure nous allons voir que pour le psychotique, c’est une identification qui est aussi capitale.

Donc pour le névrosé les choses se passent ainsi.

Il y a nous dit Lacan, lors de cette première demande - il nous parle du refoulement originaire sous ces termes qui je crois simplifient la compréhension - Il nous dit que lors de la première demande et des premières demandes, si vous voulez, puisque s’il y a synchronie signifiante, pour que signification phallique puisse advenir, il y a aussi quelque chose de l’ordre de la diachronie. Et pour l’imager, il a dit que le sujet pouvait être représenté par la bouteille de Klein. Vous savez, le goulot est rentré à l’intérieur, il va déboucher soit dans le cul de la bouteille, soit sur une paroi latérale, et c’est tout ce trajet que le sujet a à faire pour advenir comme sujet de la névrose, car il me semble que c’est du sujet de la névrose qu’il nous parle à propos de cette bouteille de Klein. Il donne une autre image dans le séminaire sur l’angoisse. Il dit que le sujet a à parcourir un labyrinthe. Bref, ce sujet qui appelle cette synchronie signifiante dans le même temps il y a diachronie, il y a tout ce que du fait de ses demandes réitérées, tout ce qui va faire que le sujet se met en place comme il se met en place.

Mais la réponse qui est donnée à la première demande, cette réponse ne va pas tenir compte de tout ce qui est cette demande de celui-là qui est appelé à devenir sujet.

Et Lacan dit que lorsqu’il va réitérer sa demande, ce qui n’a pas été pris en compte la première fois - c’est à dire que la réponse qu’il reçoit ne prend pas en compte tout ce que contient cette demande - ce qui n’a pas été pris en compte, ce sera ça le refoulement originaire. Et ce refoulement originaire, grâce au deuxième signifiant, ce deuxième signifiant qu’il a essayé d’identifier dans son séminaire XI, toujours dans le chapitre sur le sujet et le grand Autre, le chapitre sur la subjectivation - ce deuxième signifiant qu’il appelle la Vorstellungsrepräsentanz - je pense que tous ici vous pouvez l’écrire puisque je l’ai mis plusieurs fois au tableau - c’est ce deuxième signifiant qui va faire un frayage vers ce refoulement originaire qui va permettre qu’il y ait les autres refoulements, c’est à dire qu’il y ait ces refoulements secondaires - ce à quoi nous avons, nous, à faire dans notre pratique de tous les jours, dans ce que l’expérience clinique nous permet de saisir.

Je crois que je ne vais pas parler du totem ce soir, peut-être que ça n’a pas à voir directement avec ce que j’essaie de reprendre.

Donc le névrosé va se présenter comme cela, le névrosé se présente. Chez lui il y a véritablement subjectivation. Lorsqu’on relit ce que Lacan a pu écrire dans les quatre concepts, dans la position de l’inconscient, la subjectivation va avec la castration. Il y a ce moins phi qui opère, ce moins phi. Je ne sais pas si vous vous souvenez, l’année dernière je vous ai dit que - reprenant un passage de Lacan - que dès que le sujet reçoit le langage, parle, il est en proie à un symbole qui est le phallus mais ce qu’il peut en écrire c’est ce moins phi. Et c’est ce qui va - lors de cette subjectivation - pouvoir s’écrire, et qui a avoir avec la castration.

Donc, importance de ce deuxième temps de l’aliénation, de ce deuxième appel au grand Autre, du fait que le grand Autre est appréhendé comme manquant, avec son manque, un manque qui a avoir là avec l’inconsistance. Et l’année dernière, j’ai bien insisté sur le fait que cette inconsistance n’est pas l’incomplétude, puisque lorsque nous avons à faire à cette incomplétude c’est ce qui se passe lors du premier appel où un signifiant va décompléter le grand Autre. Mais ce signifiant qui décomplète le grand Autre peut à nouveau reprendre sa place au sein du grand Autre. Tandis que ce qui vient marquer l’inconsistance c’est à dire cette place vide, cette place qui peut quand même se dire comme place, ce n’est pas la même chose que le trou de la psychose, cette place qui peut se dire comme place vide, puisqu’il va y avoir un signifiant qui permet de la dire, et c’est ce signifiant de grand A barré, à cette place il n’y aura pas un signifiant qui pourra s’y mettre. Le signifiant qui permettra de saisir cette place sera toujours un signifiant qui dira que l’Autre manque, l’Autre manque de jouissance.

Donc, incomplétude et inconsistance ce n’est pas la même chose, mais je crois que l’année dernière en reprenant l’algèbre de Lacan j’ai pu vous le faire comprendre.

Venons en maintenant à la psychose. Je vous ai marqué là : in altero, en dessous : la psychose. Pour le futur psychotique on peut dire que les choses vont se passer dans un premier temps (de cette façon) : il reçoit le langage et il adresse à l’Autre sa demande et donc du sujet va émerger, du sujet S barré, qui va être représenté par un signifiant : ce signifiant - ça parle de lui -. Chez le psychotique aussi il y a ce deuxième appel au grand Autre. J’y ai insisté l’année dernière en me reportant à un passage de Lacan dans la question préliminaire, et je crois même que j’ai du en reparler cette année, où Lacan nous dit que le père est toujours appelé et que toujours appelé jamais advenu. Le père ne répond pas. Le psychotique fait ce deuxième appel au grand Autre puisqu’il y a la nécessité du deuxième signifiant, pour que le premier puisse signifier mais il n’y a pas de réponse du grand Autre. C’est à dire qu’il ne lui est pas possible de saisir le manque du grand Autre, le fait que la grand Autre manque d’un signifiant. Parce que ceci ne peut pas être saisit par lui, il n’y aura pas ce prélèvement qui se fait, il n’y aura pas la possibilité de ce S2 qui va s’inscrire, le psychotique reste avec ce deuxième appel : pas de réponse. Et donc, pour ce qui est du psychotique, il est avec ce - ça parle de lui - comme signifiant, et ce signifiant ne peut pas véritablement le représenter, puisqu’il n’y aura pas de possibilité de deuxième signifiant. C’est à dire que il est dans la structure du langage, il y a forcement ce S1-S2, nous dit Lacan puisqu’il insiste sur le fait que pas de S1 sans S2, mais pour le psychotique ce S2 ne pourra pas s’inscrire. Il y aura là une absence, une absence qui fera que le signifiant du nom du père, ce qui fait que castration peut être vécue chez le névrosé, il n’y aura pas ceci, donc la question de la castration, ne se posera pas chez le psychotique.

Alors, une des questions posées était ce qui concerne l’incorporation pour le psychotique. Il y a incorporation des S1 puis que il y a ce - ça parle de lui - que l’un d’eux va représenter. Je ne sais pas si j’ai parlé de ce séminaire - d’un autre à l’Autre - où Lacan nous signifie que tous les S1 sont sur un tableau et puis ils vont se diriger vers le grand Autre,(4) c’est à dire qu’il y aura la possibilité que le S2 puisse s’inscrire, mais " il est hors du tableau " nous disait-il. Ce S2 qui est hors du tableau, lui le psychotique ne pourra jamais l’atteindre. Alors il reste avec ce qui le représente, ce S1, sous lequel il est. Il y a ce deuxième appel à l’Autre, et au cours de ce deuxième appel à l’Autre il rencontre le désir de la mère. C’est à dire que cet objet du désir de la mère, ce phallus imaginaire de la mère, le psychotique pourra s’identifier à ce phallus imaginaire, à ce qui est l’objet du désir de la mère et cette identification est capitale et je vais y revenir.

Le psychotique donc est dans le langage, son comportement par rapport au langage n’est pas le même que celui du névrosé. L’année dernière je vous ai rappelé cette façon de différencier le névrosé et le psychotique : Lacan nous disait que le névrosé habite le langage alors que le psychotique est habité par le langage parce qu’il n’y a pas ce S2 pour lui, que la structure du langage n’est pas totalement réalisée. Il y aura par rapport au langage une autre façon d’être chez le psychotique.

Alors, nous avons dit, lorsque nous parlions du névrosé, que le névrosé appelle le grand Autre. Le grand Autre répond. Et le névrosé dans ce temps de la réponse du grand Autre, une partie du sens qui le portait par ce S1 sous lequel il est, une partie de ce sens va disparaître, il va perdre une partie de ce sens, et lui sujet disparaît. C’est ça ce temps du fading, ce temps de l’aphanisis. Le sujet disparaît ce qui fait que le petit a va choir. Il disparaît et le fantasme apparaît.

Alors qu’est-ce qui nous donne une trace possible de ce mouvement chez le psychotique ? Chez le psychotique les choses ne peuvent pas se faire sur place, puisqu’il n’y a pas symbolisation, tout va revenir dans ce registre du réel. Alors, comment le psychotique peut-il traduire cela ?

Il y a tout d’abord cette disparition du sujet. Et dans l’observation du président Schreber vous trouvez ceci, c’est que il y aura une hallucination qui va lui annoncer sa mort à lui, cette mort a avoir avec la disparition du sujet. Mais ça ne peut être que sous cette forme là, c’est à dire avec les symptômes qui caractérisent le psychotique que lui va le traduire mais sous une façon réelle.

Ce deuxième temps avec ce prélèvement de l’être de l’organisme, ce prélèvement de l’être de l’organisme qui se fait d’une façon telle que la libido va être intéressée, ce deuxième temps avec ce que le sujet névrosé apporte à l’Autre par la chute du petit a, et qu’il apportera différemment selon qu’il est névrosé ou pervers, ce temps peut aussi se saisir chez le psychotique, et chez le président Schreber. Il entend qu’il lui est ordonné de s’émasculer. C’est à dire que cette part de l’être de l’organisme, qu’il aurait pu prélever si les symbolisations avaient été possibles, là c’est dans ce qui est son délire. Je n’ai pas repris l’observation pour bien vous pointer les choses comme je l’ai fait l’année dernière, mais enfin. C’est cette émasculation qui lui est demandée, c’est ça qui va représenter cette part de l’être de l’organisme qu’il pourrait apporter, et en même temps la question de la castration va être là apportée sous un mode réel, mais pas symbolique, puisque la castration ne pourra pas s’inscrire symboliquement chez le psychotique.

Alors, reste la question du fantasme. Encore une fois, en reprenant les choses, je maintiens que ce fantasme que certains disent être, ce moment où le président Schreber entre dans la psychose par cette espèce de pensée, de rêve, qui est : - qu’il est bon d’être une femme accomplissant l’accouplement - ça, ça n’est pas le fantasme, ce n’est pas ce qui est l’équivalent du fantasme chez le névrosé.. L’équivalent du fantasme chez le névrosé doit pouvoir intéresser et le sujet et ce qui est de l’ordre du petit a chez le psychotique. C’est une chose que j’essaie de préciser, parce que dans l’observation du président Schreber on doit pouvoir trouver ce qu’est l’équivalent. Mais ce n’est pas le fantasme, nous ne sommes pas dans la symbolisation, c’est quelque chose de réel, de même que l’éviration qui lui est demandée, si ça peut être l’équivalent de la part de l’être de l’organisme prélevé, ça ne se traduit pas de la même façon. Nous sommes dans ce qui n’a pas été symbolisé et qui est dans le symptôme du psychotique.

Donc il y a des équivalents, mais ce n’est sûrement pas cette phrase qui marque l’entrée de Schreber dans la psychose - qu’il est bon d’être une femme accomplissant l’accouplement -, ça ne peut pas être cela si on suit ce que Lacan par la logique qu’il met en place essaie de nous faire comprendre pour ce qu’il en est du sujet.

Alors chez le névrosé, il y a cette séparation qui fait que du petit a va choir. Ce petit a qui choit a avoir avec ce qui cause le désir. Si pour le fantasme c’est son rapport avec ce désir de petit a, c’est quand même un petit a qui vient des objets qui causent le désir. Et ces objet qui causent le désir c’est ce qui a avoir avec la voix et ce qui a avoir avec le regard. Dans son article - le moi et le ça - Freud à la fin, pour ce qui est des héritiers du complexe d’Oedipe, il nous parle du surmoi et il nous parle de l’idéal du moi. Le surmoi a avoir avec la voix, et l’idéal du moi avec le regard. Ces objets chez le psychotique vont être des objets hallucinés. Le psychotique, il y aura cette hallucination verbale qui intéresse la voix, et sur laquelle Lacan a tellement insisté pour bien faire comprendre ce qu’est l’hallucination du psychotique, et qui n’a rien avoir avec d’autres hallucinations que l’on peut rencontrer chez le névrosé. Donc il y a cette voix hallucinée. Et pour ce qui est du regard qui peut être halluciné et effectivement est un regard qui persécute le sujet psychotique, donc ces objets qui ont avoir avec le désir vont se retrouver dans la clinique du psychotique mais sous cette forme hallucinée.

Une question m’a été posée concernant le refoulement chez le psychotique, je ne dis pas que la réponse que j’apporte ce soir doit être définitive, mais peut être que ça peut nous mettre sur le chemin.

Le psychotique comme le névrosé fait sa demande à l’Autre, mais il aura aussi comme l’autre une réponse à coté, et lors de son deuxième appel, puisqu’il y a ce deuxième appel au grand Autre, tout laisse penser que ce qui n’a pas reçu de réponse lors de cette première demande, sera refoulé. On ne voit pas pourquoi un autre sort lui serait réservé, un autre sort que ce qui se passe chez le névrosé. La question est de savoir si on peut appeler ceci refoulement originaire puisque pour qu’il y ait refoulement secondaire - on ne dit originaire que parce qu’il y a refoulement secondaire - il faut qu’il y ait ce S2, il faut qu’il y ait cette Vorstellungsrepräsentanz qui fraye le chemin aux autres refoulements. Alors, une présentation de Lacan m’a fait penser que ce refoulement, le refoulement existe chez le psychotique, mais peut être pas du refoulement secondaire. Il y a ce refoulement premier qui se fait parce que, deuxième appel au grand Autre, parce que comme le névrosé il a reçu des réponses à coté et que tout ce qui n’a pas pu avoir une réponse va être refoulé au cours de ce deuxième appel. Cette présentation de Lacan, je vous en ai déjà parlé, mais je ne vous ai parlé que d’une partie de cette présentation.

C’est cette personne qui s’appelait Patrick Desjardins ; Or Desjardins n’est pas son patronyme, son patronyme je ne l’ai jamais su, et peu importe. Donc, on était intrigués par ce nom qu’il se donne puisqu’il se présente toujours comme Patrick Desjardins. Alors, ce qui nous avait été dit lors de cette présentation, présentation qui s’est faite devant quelques personnes seulement, très peu de personnes, parce que cet homme était emprisonné et qu’une demande avait été faite pour qu’on puisse comprendre ce qui s’est joué, et ce qui a amené cet homme à commettre cet acte qui l’a mené en prison. Alors ce qu’on savait de cet homme lorsqu’il a été arrêté, c’est qu’il vivait chez une de ses sœurs, qu’il était d’un caractère difficile, mais enfin que les choses se passaient là (c’était l’une des sœurs proche avec qui) il s’entendait bien. Et un jour, on ne sait ce qui lui a pris, il est sortit - j’allais dire comme un fou - et là il a commis cet acte qui l’a amené en prison. On ne savait pas tellement plus de choses, et un soir, je crois c’était dans sa cellule, il a eut comme une espèce de transe et subitement, il s’est rappelé ce qui a joué dans sa vie et l’a fait basculer dans la psychose. C’est à dire que c’est une chose tout à fait effacée et que lui seul pouvait savoir et la personne qui était là au moment où cet évènement se passait. Il s’est rappelé qu’un après-midi, il avait environ 18 ans, il faisait beau, il était dans le petit jardin de la maison, enfin, c’était une petite maison de banlieue, il était dans ce jardin, jardin qui communiquait avec le jardin du voisin. On s’entendait bien. Il y avait un trou dans la haie, enfin, dans ce qui faisait la séparation, et on avait l’habitude, d’un coté comme de l’autre de passer par là, chemin de raccourci, lorsqu’on avait besoin d’aller chez l’un ou chez l’autre. Donc cet après-midi là, il était dans son jardin et il voit la fille du voisin qui devait avoir, je crois, 12-13 ans. Il l’appelle. Elle vient. Et là, il lui montre son sexe et lui demande une fellation. Et c’est après ceci que les choses vont basculer pour lui. Et il disait que vraisemblablement sa mère qui était à l’intérieur, qui vaquait à je ne sais quoi, avait du le voir faire, avait du voir ce qui se passait, mais qu’elle n’avait rien dit.

Alors, Lacan, en commentaire de cela, nous dit que vraisemblablement cette brave femme n’avait rien vu du tout et que ce qu’il nous signifiait là c’est que c’était une personne qui ne savait pas dire les non, n-o-n qui auraient pu permettre à son enfant d’entendre le nom, n-o-m du père c’est à dire ce qui est de la loi du père. Donc Lacan nous dit que vraisemblablement elle n’a rien dit du tout ce jour là mais que ce qu’il nous disait traduisait la façon d’être de cette femme au regard de la loi du père et donc ce qui est du Nom du Père n’a pas pu jouer, n’a pas pu fonctionner. C’est à dire que cette fonction phallique qui peut jouer chez le névrosé du fait de ce S2 c’est à dire cette symbolisation phallique, n’a pas pu jouer chez ce garçon et donc il se souvient de cela. Et c’est ainsi qu’on a pu savoir pourquoi il s’appelait Patrick Desjardins.

Alors il m’a semblé que ce qui s’est passé cette nuit là, avec cette espèce de transe, et qui lui a permis que revienne, que surgisse cet évènement qui a été à l’origine de sa psychose, il me semble quand même que peut-être ça a avoir avec quelque chose d’un refoulement qui se lève. Parce que si on suit ce que Lacan nous dit, chez le psychotique on ne voit pas pourquoi, ce qui n’a pas reçu une réponse adéquate au départ ne serait pas refoulé lors du deuxième appel au grand Autre. Mais peut-on l’appeler refoulement originaire, je ne le crois pas puisque le frayage qui ira au cœur de ce premier refoulement et qui permettra le refoulement secondaire, n’a pu se faire puisqu’il n’y a pas de S2 qui va là être symbolisé et donc pouvoir s’inscrire.

Alors, reste la question posée par l’un d’entre vous : Qu’est-ce qui fait que le psychotique peut tenir, si je puis dire, sur ses deux pieds parfois pendant plusieurs années ? Schreber a duré, (il avait) 50 ans. Il me semble, mais ça, je le prends chez Lacan, c’est cette identification à l’objet du désir de la mère et que cette identification à l’objet du désir de la mère peut être plus ou moins grande, plus ou moins solide et que cette identification à l’objet du désir de la mère est telle qu’en reprenant les cas d’enfants de cette crèche Parent de Rosan étudiée chez madame Aubry Roudinesco dans ces années 50, les années après la guerre - (et) la séparation d’avec la Société de Paris, du fait qu’un certain nombre d’observations ont été gardées par ceux qui sont restés à la Société de Paris - lorsqu’on reprend ces observations, on peut dire que les cas précoces de psychose, les cas particulièrement graves ce sont des cas où l’enfant n’a pas eut à rencontrer ce désir de la mère, l’objet du désir de la mère, rien du désir de la mère ; ces enfants que la mère oubliait, oubliait de nourrir là à coté d’elles, sans aucun intérêt. Il me semble que les cas précoces et graves sont marqués de ce - pas d’identification au désir de la mère - et que suivant ce qu’a été la rencontre avec ce désir de la mère et l’importance de l’identification, à l’objet du désir de la mère, suivant cela, la psychose va éclore plus ou moins tôt et lorsque j’ai repris certaines observations d’adolescents que j’ai suivi au moment où justement il y avait cette bascule, il me semble que là, si on reprenait bien les choses, l’importance de ce qu’a été la rencontre avec le désir de la mère, et l’identification à l’objet de ce désir, peut nous aider à comprendre, à mieux saisir ce qui se passe et pourquoi les choses se passent ainsi à ces âges où l’enfant est adolescent.

Lui Patrick Desjardins était un grand adolescent. Vu ce qu’il nous a dit, comment a-t-il rencontré le désir de la mère, c’est une question qu’on peut se poser. En tout cas pour Schreber il semble qu’il y avait là quelque chose de particulièrement solide et l’un de vous m’a apporté la poésie qu’il a composé pour sa mère pour son anniversaire de 80 ans ; là on peut peut-être noter quelle a été l’importance de cette rencontre avec le désir de la mère. En tout cas cette identification à cet objet du désir de la mère a permis à Schreber lors de sa première sortie de la clinique, enfin de (...) en se déguisant en femme, d’être chaque jour au plus près de la féminité. Ceci lui a permis de tenir quand même un temps non négligeable puisqu’il (a eu rémission) de tenir et de faire croire à sa guérison.

Un autre point pour ce qui est de ce qui permet au psychotique de tenir sur ses pieds, c’est, mais là encore je m’avance, il y aura à y revenir, je n’ai pas pu remettre la main sur ce séminaire - les noms du père - unique, que Lacan nous a fait, je ne peux pas vraiment étayer ce que je vous avance, c’est que un des noms du père, pas ce nom du père qui fait que la loi est édictée, qui fait que l’enfant aura à vivre la castration, un de ces noms du père doit vraisemblablement jouer un rôle dans ce qui maintient le psychotique dans la vie de tous les jours et faire que la psychose éclate très tardivement ou parfois fait que ces psychotiques peuvent avoir une vie sociale tout à fait valable.

Je dois dire que dans les premiers temps, dans ces années 53-54-55 où on s’intéressait aux psychotiques et où toute une équipe essayait de trouver si un traitement était possible, si on pouvait les guérir, l’un des objectifs était quand même de faire en sorte que, de rendre la psychose et ces malades, d’en faire une psychose sociale, enfin quelque chose qui permette qu’une vie sociale puisse être vécue. Je pense que la question préliminaire est sûrement quelque chose que Lacan à cette époque là a pensé nous apporter pour nous mettre en garde : pas trop d’espoir de rendre certains de ces psychotiques à une vie sociale possible.

Un point que j’ai oublié en cours de route c’est ce qui concerne l’identification du psychotique. Cette identification du psychotique, on est obligé (pour le moment) - je ne sais pas si la clinique permettra de dire autre chose - on est obligé de penser que ça s’arrête à cette identification réelle, cette identification au père, au grand Autre réel, c’est à dire à cette incorporation de ces signifiants, signifiants qui ne peuvent pas tomber sous la loi de l’opération du tasten, du bon ou du mauvais, parce qu’il n’y a pas eut cette négativation, que rend possible la symbolisation, c’est à dire ce qui est du fait de la castration.

Maintenant, comment par rapport au trait unique prélevé, il semble que là on ne peut rien prouver, mais qu’il y a une encoche, il y a cette matrice de l’idéal du moi, mais qui a avoir avec ce - ça parle de lui - avec ce qui est de l’ordre du grand Autre réel et ce - ça parle de lui - n’englobe pas uniquement le père et la mère, mais tous ceux, les ascendants et ce qui va faire l’environnement de ce grand Autre réel.

Bien, j’ai essayé de ne pas trop nous éloigner du symptôme, puisqu’il y a quand même cette symptomatologie propre à chaque sujet selon le versant qui est le sien. Ce que nous dit Freud, Lacan le reprend puisque ce qui n’a pas été symbolisé revient dans le réel, c’est Freud qui l’a dit ainsi pour la première fois.


Questions

MBB :
A propos de la mort du père comment les différentes structures l’appréhendent ?

Solange Faladé :
Il faut que le sujet hystérique ait tué le père, c’est le sujet qui décide de la mort du père de la horde.

MBB :
parce qu’il y a un père jouisseur qui a joui de toutes les femmes,

Solange Faladé :
qui a joui donc d’elle,

MBB :
un père parfaitement castré, c’est là où je bute. Ce père de la horde qui jouit de toutes les femmes, c’est celui qui n’a pas connu la fonction phallique ?

Solange Faladé :
Je ne sais pas si on peut dire cela. On peut dire que pour jouir des femmes il faut que par rapport à la castration, on ait subi la castration, la vérité est du coté de la castration....

MBB :
le S1 par rapport au mathème de la castration,(8) il y en a un qui n’a pas connu la fonction phallique.

Solange Faladé :
Je ne vous ai pas dit que l’exception c’était le S1.Il faut qu’il y en ait un qui dise non à la fonction phallique, mais dire non à la fonction phallique ne veut pas dire que pour autant : on ne jouit pas des femmes. Ca veut dire que pour ce qui est d’être castré par ce qui serait le grand Autre, on ne l’est pas. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Lacan. Il faut qu’il y en ait Un qui dise non à la fonction phallique pour que tous puissent dire oui à la fonction phallique.

En fait, si vous vous souvenez de ce que j’ai essayé d’illustrer à propos du petit Sigismund, Freud nous dit, ça vient de sa clinique et donc on peut penser que c’est de sa propre observation, il faut parmi toute cette horde d’hommes autour de sa mère, il y en avait un qui était l’exception, qui pouvait jouir de la mère, et tous les autres ne pouvaient pas jouir de la mère. Mais comme je vous ai dit, avec l’œdipe, lui le petit Freud, le petit Sigismund s’est aperçu que celui qui jouissait de la mère, de sa mère à lui, celui-la en fait jouissait de sa femme. Je ne sais pas si vous vous souvenez. Il faut - qu’il y en ait un qui dise non à la fonction phallique -, et en face - qu’il n’en existe pas un qui dise non à la fonction phallique -, c’est deux lignes qu’il faut lire ensemble puisqu’en fait on va saisir que celui qui fait l’exception tombe aussi sous le coup de la loi.

MBB :
- Il y en a un qui fait exception à la fonction phallique - est soutenu par - il n’y en a pas un pour dire non à la fonction phallique -

Solange Faladé :
Oui. Pour faire comprendre la chose, j’étais partie du jeune Freud, ce petit garçon intelligent de 2 ans et demi, c’est de lui qu’il parle, s’est rendu compte d’une chose, que aucun de ses frères ni lui ne pouvaient avoir avec sa mère le rapport que son père avait. Mais avec l’œdipe et la castration il s’est rendu compte qu’en fait cette femme qui partageait le lit de son père, en fait n’est pas la mère du père, c’est sa femme, moyennant quoi, lui aussi tombe sous le coup de la loi qui est que pour tous....Dans un premier temps cet enfant s’est demandé, mais à un âge précoce, a remarqué que tous ces garçons puisqu’il y avait même de ses frères qui avaient le même âge que sa mère, et même pour ceux-là il n’était pas question d’aller partager le lit de la mère.

MBB :
J’ai toujours pensé que pour que tous puissent dire oui à la fonction phallique il fallait qu’il y en ait un à qui il était possible de dire non, c’était le père mort.

Solange Faladé :
Au niveau de l’inconscient ça se présente comme cela

MBB :
Maintenant si j’ai bien compris pour qu’il y en ai un qui puisse dire non à la fonction phallique, il faut qu’il n’y en ai pas un qui puisse dire non.

Solange Faladé :
Lacan nous a fait remarquer qu’il écrivait sur la même ligne ceci : (Solange Faladé l’écrit au tableau) qu’il y en avait un qui disait non à la fonction phallique et sous cette ligne il écrit - il n’y en a pas un qui dise non à la fonction phallique -. Alors puisqu’il n’y en a pas un qui puisse dire non à la fonction phallique on peut écrire ici - pour tout x phi de x -. Je crois qu’il s’est référé au théorème de Gödel pour nous le faire comprendre. J’y ai beaucoup insisté l’année dernière. J’ai donné comme exemple, il me semblais qu’on pouvait comprendre, parce qu’il s’agissait de Freud lui- même.

MBB :
pouvoir écrire dans la première ligne - il y en a un qui dit non à la fonction phallique - c’est justement celui qui n’a pas été castré ;

Solange Faladé :
Ou celui qui l’est aussi, parfaitement, c’est parce que aussi il y a ce qui est là de l’ordre de l’indécidable qu’ici on peut écrire. Mais au niveau de l’inconscient c’est vécu comme - il y en a un qui dit non à la fonction phallique -. De même que pour les signifiants on peut reprendre ce que Lacan nous dit qu’il existe un signifiant qui ne fait pas partie du corps des signifiants c’est l’exception. Moyennant quoi on peut dire que tous les autres signifiants font partie du corps des signifiants, c’est à dire que ce qui pour les logiciens et les mathématiciens ferait qu’on laisserait tomber ceci à cause de l’inconsistance, lui Lacan dit que pour nous parce que l’inconscient est ce qu’il est lui l’inconscient et les pensées de l’inconscient sont ce qu’elles sont, à cause de cela ce qui est de l’ordre de cette inconsistance, pour ce qui est du grand Autre et ce qui est de l’ordre de ce qui est de l’indécidable, nous nous en servons. C’est parce que on peut penser qu’il y en a un qui échappe à la fonction phallique qu’on peut écrire ici que - pas tout x phi de x - ; Sil n’écrivait que ça pour ce qui est la sexuation, il ne pourrait pas écrire l’homme d’un coté et la femme de l’autre. Il faut qu’il écrive cette ligne là entièrement pour qu’il puisse...parce que, - il en existe pas un qui dise non à la fonction phallique - ça veut dire que - pour tous on dit oui à la fonction phallique -.

Le S1 c’est le père mort, bon. Le - E de x pas Phi de x - il en fait un moment, et je crois que c’est le seul moment et le dernier dans son séminaire écrit l’Etourdit, il en fait quelque chose qui fait de l’ordre de l’orang-outang (7). Enfin, il met quand même le père orang-outang. Il ajoute quand même père devant, le père orang. C’est de l’ordre de ce qui est paradoxal dans ce que l’inconscient nous oblige.

MBB :
Ce qui m’a troublé c’est cette phrase - parfaitement castré -

Solange Faladé :
Pour jouir de toutes les femmes il faut l’être parfaitement castré. Il faut être celui que les fils aussi n’ont pas pu castrer. Il faut être celui qu’on ne pourra plus castrer...Pour pouvoir dire non à quelque chose il faut que ce quelque chose on le connaisse. C’est à dire que la fonction phallique ce n’est pas quelque chose qui lui a échappé et qu’il ignore. On ne peut pas dire non à quelque chose qui n’a pas d’existence. Ce n’est pas possible....Dans ses discours il met effectivement l’impossible sur la première ligne....

MBB :
à propos de la symbolisation et de l’incorporation des signifiants, chez le névrosé, il y a donc des signifiants qui restent dans le réel, parce que pour ceux-là le sujet n’a pas la ressource de faire appel à S2 ?

Solange Faladé :
J’ai dit que pour ce qui est de cette incorporation de ces S1, et pour ce qui a avoir avec l’identification au grand Autre réel, disons identification première, il faut pour le sujet, celui qui va être névrosé, il faut qu’il y ait eu cette symbolisation et donc la rencontre avec le père de l’œdipe et ce qui va en résulter la castration pour que du fait de cette symbolisation possible, ce qui s’est joué dans ce premier temps avec ces signifiants qui étaient dans le corps du grand Autre réel des signifiants, pour que ce sujet saisisse qu’il y a eut incorporation de ces S1 et que l’opération du tasten, du bon et du mauvais, puisse se faire. Elle ne peut se faire que parce que quelque chose a été négativé de la part de ces (127.38 ?) qui donnera du S2 un signifiant qui ne peut pas se signifier puisqu’il n’y aura aucun autre signifiant qui le permette, et une partie qui ne sera pas porté à la signifiance et qui lors du mouvement de séparation, que le deuxième temps de l’aliénation porte si je puis dire avec lui, que cette autre partie puisse choir (comme) objet petit a.

Mais je n’ai pas dit qu’il y avait ces S1 qui n’avaient pas pu être reconnus comme ayant été incorporés puisque il y a symbolisation.

MBB :
pourtant chez le névrosé il y a bien des signifiants réels qui ne peuvent pas être...

Solange Faladé :
Lesquels, qu’est-ce que vous entendez par ces signifiants réels ? Ces signifiants réels qui formaient le corps de ce grand Autre, ces signifiants qui ont avoir avec le - ça parle de lui - puisque je suis partie de - La remarque faite à Daniel Lagache -...Ces signifiants ont été incorporés par le sujet qui sera névrosé, incorporés et reconnus comme tels parce que symbolisés. Il y a ces signifiants qui étaient des signifiants du réel puisque le grand Autre dans ce temps est vécu comme un grand Autre réel, un grand Autre qui a dans son corps tous ces signifiants S1. Mais lorsque le sujet parle et lorsqu’il y a eut réponse au deuxième appel, parce que symbolisation, il y a eut cette possibilité, et conséquence de reconnaître, de savoir, savoir inconscient certes, c’est ce savoir inconscient qui nous permet à nous lors de la pratique de savoir que ça a été incorporé, mais le sujet peut reconnaître ces signifiants comme signifiants venants de ce temps. Ces signifiants sont symbolisés. La symbolisation ça amène à ceci qu’on puisse dire oui ou non à ces signifiants. Quand Lacan parle de signifiants réels il parle de ce temps là, vous savez, quand il parle de signifiants réels, il en parle dans son enseignement.

JT :
La complétude liée au S1 on peut la marquer sous forme d’un A barré ?

Solange Faladé :
En fait le A barré comprend cette incomplétude, cette inexistence, cette inconsistance. Ce grand Autre, le manque pour l’Autre comprend ces trois manques là. A partir du moment où le grand A est décomplété, qu’un signifiant se barre, lui aussi on met la barre dessus, sur ce grand Autre.

JT :
Au temps des S1, le sujet S barré, on peut barrer grand A

Solange Faladé :
Puisqu’il y a un signifiant qui l’a décomplété.

JT :
Et est-ce que c’est lié à ce désir de la mère pour le psychotique ?

Solange Faladé :
Pour le psychotique le grand A ne se barre jamais. Le grand A est vécu avec une complétude. Pour qu’on puisse prendre en compte, qu’on puisse se dire que le grand A est barré, il faut qu’il y ait eu lors du deuxième appel au grand Autre, réponse du grand Autre.

On peut le barrer si vous voulez quand on est dans le cadre de ce qui sera symbolisé. Ce qui dérange dans ce que nous faisons, c’est que il y a certes cette synchronie signifiante qui fait que le grand S2 va s’écrire, mais il y a aussi cette diachronie qui fait que il y a l’étagement de tout ce qui est demandé par le sujet, de tout ce qui est intentionnalité du sujet, qui compte aussi dans ce qui se joue. C’est à dire que le grand A on va pas le barrer immédiatement lorsqu’on a fait ce S1 sur S barré, on ne le barrera que lorsque il y aura eut cette (symbolisation ?), c’est à dire que le manque du grand Autre, c’est la symbolisation qui va permettre. Car pour le psychotique, le grand Autre restera un grand Autre réel, un grand Autre avec sa complétude, un grand Autre sans inconsistance. Et on peut dire que pour le psychotique le grand Autre existe, il lui parle.

JT :
Qu’est-ce que ça veut dire l’incomplétude ?

Solange Faladé :
Ca veut dire que un signifiant peut décompléter le grand A mais ceci ne sera pris en compte que parce qu’il y aura eut symbolisation.

JT :
Ce que vous voulez dire que c’est que de même que c’est par le père de l’œdipe qu’on peut impliquer ce père premier de la horde mort, (de même) il y a inconsistance pour ce temps premier d’incomplétude.

Solange Faladé :
Il faut ce temps premier d’incomplétude qui fait que le sujet peut émerger et avoir un signifiant qui le représente.

JT :
Si on prend le sens mathématique de incomplétude c’est que ce A est pas complet, qu’il y a une vérité qui lui échappe

Solange Faladé :
Ce A, ce que Lacan fait de l’incomplétude c’est que tout le corps des signifiants qui a avoir avec le langage un des signifiants peut décompléter le grand Autre. On ne le fait pas disparaître puisqu’il va être celui qui va représenter (le sujet). C’est un des signifiants du grand A, signifiant qui aliène le sujet ; mais c’est quand même ce signifiant qui dans le corps des signifiants du grand A permet que le sujet puisse venir au jour et ces signifiants, ensuite, tous ces S1 vont être incorporés. Lacan sépare tous ces signifiants, dans le séminaire - d’un autre à l’Autre - il met tous ces signifiants S1 sur une feuille et il met...dans un premier séminaire (5) il met le S2 et dans un autre séminaire (6) toujours d’un autre à l’Autre il met le grand Autre.Je n’ai plus la date en tête.

Nous nous reverrons le 24 avril.


(1) (2) Voir aussi leçon du 22 mai 1990

(3) voir aussi 28 02 1989

(4) voir schéma

(5) (d’un autre à l’Autre 11-12-1968)

(6) (d’un autre à l’Autre 04-12-1968)

(7) (Le savoir du psychanalyste 01-06-1972)

(8) Solange Faladé y revient au début de la leçon suivante sur le symptome le 24 avril 1990