Accueil / Espace membres / Archives / Solange Faladé / Le symptôme / Le symptôme IV

Le symptôme IV

12 décembre 1989
Document de travail

« On ne saurait en cette matière aller trop lentement » nous disait Lacan à propos du symptôme et de l’acting out au cours d’un de ses séminaires sur l’angoisse. J’insiste donc et je reparle ce soir de la Verwerfung. J’ai mis au tableau le verbe Verwerfen - rejeter, parfois Lacan l’a traduit par - retrancher, particulièrement lors de ses échanges avec Hyppolite autour de la Verneinung, en dessous le substantif - la Verwerfung - le rejet, retranchement, et à propos du Nom du Père et avec le Nom du Père, le signifiant du Nom du Père, Lacan a parlé de forclusion du Nom du Père. La forclusion du Nom du Père n’est pas à opposer à la Bejahung primitive. Je sais que ceci a dérangé beaucoup d’entre vous l’année dernière et c’est pourquoi j’y reviens cette année. Ce qui est à opposer à la Bejahung primitive, c’est la Verwerfung primitive. Lacan en parle dans un de ses séminaires sur les psychoses (1) à la page 95 du texte établit. Je n’ai pas eu le temps de vérifier avec d’autres notes et avec la sténographie, la sténotypie, mais je fais référence à ce que de la bouche même de Lacan j’ai reçu.

Cette Verwerfung primitive, lorsqu’on en a parlé, c’était au moment où on s’intéressait, où on faisait une étude sur ces enfants d’une crèche de l’assistance publique les enfants de la crèche Parents de Rozan qui faisait parti du service de madame Aubry. Toute une équipe s’intéressait à ces enfants et vous en avez si je puis dire un échantillon dans ce que Rosine Lefort dans le séminaire 2 a apporté autour de l’enfant loup, véritables autistes, avaient un aspect tel que ce qui se posait à ce moment là, à la vue de ces enfants qui se présentaient, hébétés, ne s’intéressant à rien de ce qui les entouraient, enfants qui la plus part du temps étaient là bavant, se balançant, et ne parlant pas. C’est à propos de ces enfants, de ces enfants qui n’étaient pas introduits dans le langage, que la question s’était posée de la verwerfung primitive.

Vous savez qu’il y a eu des essais de traitement et en particulier nous avons le traitement que Rosine Lefort avait essayé auprès des enfants loup, le petit Robert, et ce traitement, on ne peut pas dire que l’enfant a été introduit au langage. Mais quelque chose s’est passé au cours de ce traitement, et la question qui s’était posée, c’était de savoir si pour ces enfants qui semblaient ne pas avoir à faire à un Autre déjà là, si dans ce cas on pouvait dire qu’il y avait eu émergence d’un Autre d’un grand Autre dans le champ, dans l’environnement de cet enfant. En fait on ne peut pas vraiment répondre dans la mesure où ce traitement, si traitement il y a eu, a duré très peu de temps et qu’ensuite on n’a pas su ce qu’étaient devenu ces enfants.

Lorsque dans certains cas moins sévères que ces enfants, genre - enfant loup -, lorsqu’on obtenait une parole, il faut bien dire que presque toujours, ci ce n’est pas toujours c’était une parole folle. C’est à propos de ces enfants, c’était à l’époque où on les travaillait, où on étudiait ces carences des soins maternels, ce qu’on a appelé l’hospitalisme, c’est à ce moment là qu’on a parlé de Verwerfung, de Verwerfung primitive. C’est cette Verwerfung primitive qui est à opposer à la Bejahung primitive.

Alors cette Bejahung primitive en fait c’est celle qui nous intéresse le plus directement puisque les structures qui nous intéresse dans la psychanalyse relèvent toutes de la Bejahung primitive.

J’ai au tableau repris le graphe, ce graphe de l’enfant qui ne parle pas encore. Mais ce graphe ne peut pas correspondre à ce qui était ces enfants de Parent de Rozan car il faut véritablement dire que pour eux il n’y avait aucun environnement, rien ne les intéressait, alors que ce n’est pas le cas pour le petit d’homme d’une façon habituelle.

Alors ici j’ai marqué - existence, Lacan aussi l’écrit comme ceci - ek-sistence. J’ai préféré marquer ici ek-sistence et non pas inexistence car quand on compare avec les enfants de Parent de Rozan on ne peut pas dire que c’est de (l’inexistence.) Après tout si Lacan a fabriqué ce mot, c’est bien pour quelque chose, c’est bien parce que ça dit autre chose que l’inexistence. Donc en ce temps où l’enfant n’est pas encore introduit dans le langage, où il n’a pas encore reçu le langage, il est dans cette période d’ek-sistence.

Alors tout le problème c’est : qu’est-ce qui fait qu’on peut passer de ce temps d’ek-sistence à ce temps où la Bejahung est possible ? Et bien c’est le fait qu’il y a un grand Autre réel, un grand Autre que Lacan dira préalable et c’est parce qu’il y a ce grand Autre que l’enfant peut recevoir le langage et qu’il peut dire oui, c’est ça la Bejahung, il peut dire oui à ce signifiant, ce signifiant S1 qui se trouve au lieu de l’Autre, au lieu du grand A. Donc Bejahung parce qu’il y a un grand Autre qui va introduire l’enfant dans le langage et qui fait que cet enfant, ce petit d’homme va dire un oui, un oui à ce S1.

Dans ce qui se passe là, Lacan dans le séminaire, je crois, La logique du fantasme, nous dit qu’à propos de ce oui, de cette existence qui est là posée il n’y a ni vrai ni faux, il n’y a ni bon ni mauvais. Lorsqu’il y a ce oui dit au S1 qui va représenter le sujet, c’est ni bon ni mauvais. Il y a simplement une existence qui est posée.

Au cours du deuxième temps de cet appel, que j’ai développé l’année dernière, il y aura, parce que le manque du grand Autre a été appréhendé, il y aura un deuxième signifiant qui va permettre à ce signifiant S1 de représenter véritablement le sujet pour un autre signifiant. Et c’est au cours de ce deuxième appel que va se passer ce qu’il en est de l’attribution.

Donc dans un premier temps admission, c’est ni bon ni mauvais, cela est, il y a du S1, et dans un deuxième temps, avec l’appel au deuxième signifiant, avec la mise en place du refoulement originaire, il y a ce deuxième signifiant S2, c’est à ce moment là, il va y avoir ce jugement : Est-ce bon ? Est-ce mauvais ?

Et je crois que ceci on peut le comprendre très facilement, Lacan nous dit que ce S2 c’est la Vorstellungsrepräsentanz. Je vous en ai donné les références l’année dernière dans les quatre concepts à la page 198 / 199 lorsqu’il nous parle du signifiant binaire, il nous dit que ce signifiant binaire en fait c’est la Vorstellungsrepräsentanz, c’est ce représentant, c’est ce dispositif, c’est ce qui va permettre qu’il y ai au cœur du refoulement originaire, qu’il puisse y avoir attrait et possibilité de tous les refoulements, c’est à dire que c’est à partir de ce S2 qu’il y aura possibilité de tous les refoulements secondaires. Et c’est au cours de ceci que va se passer cette opération : Est-ce bon ? Est-ce mauvais ?

Est-ce bon ? Alors c’est l’introduction. On introduit tous ces signifiants S1 qui sont bons. C’est mauvais, alors ça va être expulsé, ce sera, et le terme allemand c’est Ausstossung, je vous l’ai écrit ici, le terme allemand c’est Ausstossung, ça va être expulsé, ça va être craché, mais ça ne revient pas dans le réel. Ce n’est pas du tout ce dont je vous ai parlé la dernière fois, ça reste dans le symbolique, ça va former nous dit Lacan ce champ de l’Unlust, de ce qui a avoir avec le déplaisir, et ce champ de l’Unlust, de ce qui est déplaisir a un rapport direct avec le symptôme.

Alors, ceci est important parce que ça ne peut se faire que quand il y a refoulement. Ca ne peut se faire que parce qu’il y a eu ce S2 qui a pu être prélevé et qui fait que des S1 vont effectivement représenter. Et ce temps qui a avoir avec le refoulement, Lacan nous dit à la fin de son article sur la question préliminaire dans les Ecrits, dans son post-scriptum, il nous dit que pour ce qui est du refoulement ça se fait in loco, (3) ça se fait sur place, alors que la dernière fois lorsque je vous ai parlé de la psychose, le fait qu’il n’y ai pas ce S2, le fait qu’en fait le sujet n’est qu’aliéné et non pas divisé puisqu’il n’y a pas ce S2, la psychose va se déclencher si Un père se présente, je ne reprend pas les schémas de la dernière fois en opposition au sujet. Et à ce moment là nous dit Lacan, ce qui va se passer c’est in altero, ce n’est pas in loco, c’est ailleurs et cet ailleurs fait qu’il y a retour dans le réel. Donc, c’est tout à fait une chose bien importante à saisir, la Verwerfung du Nom-du-Père, n’est pas à mettre en opposition avec la Bejahung primitive. Ce qui est à mettre en opposition avec cette Bejahung primitive c’est la Verwerfung primitive et ceci intéresse les enfants, les êtres qui n’ont pas pu entrer dans le langage.

Je crois que c’est clair, en tous cas pour moi cela l’était et je ne comprenais pas très bien ce qui vous arrêtait l’année dernière lorsque je vous ai fait ce schéma de Bejahung ensuite Verdrangung pour ce qui intéresse la névrose, Verwerfung pour ce qui intéresse la psychose, et Verleugnung pour la perversion. Ce n’est que cette année en essayant de comprendre pourquoi il y avait cette difficulté que j’ai retrouvé ce passage et je l’ai rapporté à ce qui était à ce moment là nos discussions puisque j’étais présente. Je vous dirai que c’est le privilège de l’age d’avoir pu être à ce moment là présente au cours de ces discussions, au cours de cette mise en place de l’enseignement de Lacan, de ce qui allait devenir cet (inaudible.)

Premier temps Bejahung : Ni bon ni mauvais.

Deuxième temps, avec le S2, alors il y a ce jugement, ce jugement qui fait qu’on trouve que c’est bon ou qu’on trouve que ce n’est pas bon, mais c’est craché, c’est expulsé, mais c’est quelque chose d’actif, ce n’est pas du tout passif. Et lorsqu’on a vu ces enfants de Parent de Rozan, bavant, s’intéressant à rien, et lorsqu’on compare avec les autres enfants qui ne veulent pas d’une chose et qui mettent en œuvre tout ce qui est de la pulsion orale. Souvenez vous de ce que Freud nous dit dans l’autoérotisme lorsque nous l’avons travaillé, ce qui, intéresse la pulsion orale, c’est certes la bouche, ce sont les lèvres, ce sont les dents, c’est toutes ces zones avec le palais. Et vraiment quand un enfant ne veut pas qu’on introduise quelque chose dans sa bouche, c’est avec force qu’il arrive à empêcher toute introduction et lorsqu’il laisse (couler) ce n’est pas du tout d’une façon passive. Donc, premier temps…

Alors cette Vorstellungsreprasentanz ne se trouve pas chez le psychotique, c’est pourquoi on pose la question de l’inconscient chez le psychotique, mais il ne faut pas oublier que le psychotique, dans ce premier temps où lui aussi a dit oui au S1, il n’y a pas de Ververfung à cet endroit, à ce niveau, pour le psychotique. Il a dit oui au S1.Il sera représenté par le S1. Il sera aliéné à ce S1. Au cours du deuxième appel, et je crois que c’est très important ce séminaire où Lacan l’a détaillé ce qui se passait lors de la subjectivation, il ne le fera plus, ailleurs, il nous renverra simplement à l’aliénation et au rapport du sujet avec le grand S de grand A barré et dans ce séminaire, le livre XI, il détaille. Et pour le psychotique, le psychotique aussi, je vous l’ai dit, il y a ce deuxième appel au grand Autre, en vue de ce signifiant grand S2.

Au cours de ce deuxième appel, il se passe pour lui ce qui se passe aussi pour le névrosé, c’est à dire que sa demande, sa première demande qui n’a pas reçu pleine satisfaction, parce qu’aliénée, parce que nous dit Lacan, cocue du fait de sa traversée des signifiants, cette demande, cette deuxième demande ne va pas pouvoir reprendre tout ce qui est de la première demande, c’est là l’origine du refoulement originaire, du Urverdrangung et ceci existe chez le psychotique, puisque le psychotique, c’est bien avec des signifiants qu’il parle et il a ces S1, ces S1 qui sont les Vorstellungen ceux qui sont les représentations qui se trouvent au niveau de l’inconscient.

Tout le problème pour nous c’est ce qui se passe parce qu’il n’y a pas refoulements secondaires parce qu’il n’y aura pas ce frayage possible pour les autres refoulements. Mais le refoulement primordial existe chez le psychotique. Le psychotique est un parlêtre. Le psychotique est un être vivant, un être sujet du signifiant, mais c’est un parlêtre et ce parlêtre se sert de ses S1, de ses S1 qui sont les représentations qui sont au niveau de l’inconscient.

Donc, représentations, ce sont tous ces S1, je ne sais si vous vous souvenez, l’année où nous avons travaillé ce texte de Freud sur l’inconscient je vous avais fait remarquer que Lacan nous disait que tous ces chaînes signifiantes, toutes ces Vorstellungen c’étaient ces représentations, mais qui pour l’inconscient, Freud avait trouvé que c’était évidé de ce qui était leur matérialité et que ce qui restait, c’était ce qui va permettre cette chaîne, cette chaîne du savoir.

Alors donc, le psychotique, il y a ces représentations, il y a ces S1. Donc, lorsqu’il va ou délirer ou même pas délirer, car le président Schreber, il faut bien, lorsque jusqu’à cinquante et un an, il est allé, il est venu, il a rempli ce qu’il avait à remplir dans sa vie, le président Schreber, c’est quand même bien avec les mots de tout le monde, c’est avec ses S1. Mais lorsque la psychose s’est déclarée, et cette psychose se déclare parce qu’il y a l’absence de ce signifiant S2, de ce signifiant qui fait que le Nom-du-Père peut donner sens à tous les signifiants de la chaîne, alors ceux qui étaient de ces S1 vont jouer dans le réel nous dit Lacan. Mais ce n’est pas parce que ça joue dans le réel qu’il n’y a pas eu à un moment, un oui dit à tous ces S1. Il y a eu une tentative de symbolisation qui peut rester précaire, et qui lorsque la psychose éclate, et la psychose éclate, non pas parce qu’uniquement il y a eu Verwerfung du Nom-du-Père, Lacan nous dit que c’est là, la condition essentielle, structurale, les choses peuvent rester ainsi, la psychose éclate parce qu’il va y avoir Un père, Un père en opposition symbolique au sujet.(4) Donc il faut bien faire les deux distinctions. Dans la chaîne signifiante une maille est rompue, mais les choses peuvent tenir comme cela, ça arrive, mais si la psychose vient à se déclencher, alors c’est tout autre chose, c’est un véritable naufrage.

Alors, cette Ververfung, Lacan l’a tiré de l’Homme aux loups. Je crois que c’est important de le dire ainsi parce que dans les psychonévroses de défense le texte de Freud de 1894, où Freud nous parle des représentations inconciliables et le mécanisme qui est en jeu lorsqu’il s’agit de névrose et de celui qui, est en jeu lorsqu’il s’agit des psychoses, (5) Freud n’emploie pas le même terme pour les deux structures, pour la psychose il emploie déjà ce verbe de Verwerfen, mais ce n’est pas là, que Lacan a tiré cette Verwerfung, cette Verwerfung qu’il a appliqué essentiellement au Nom-du-Père. Il l’a tiré dans l’Homme aux loups.

C’est l’occasion pour nous de revenir à cet Homme aux loups qui nous a causé beaucoup de soucis, qui je crois continue à en causer aux psychanalystes. Du temps de Freud, c’était son nom que Freud voulait taire, et on y est parfaitement arrivé, puisque Wolfsmann était devenu son nom propre, c’est ainsi qu’il se présentait. Ce n’est que vraiment à la fin de sa vie qu’on a su qu’il s’appelait Sergueï, bon. Mais il garde quand même toujours son mystère et on continue à se poser la question : mais qui est-il au juste ? Qui est-il au juste ? Mais c’est à propos de cette Verwerfung dont Freud parle en nous rapportant son histoire, que se pose cette question : qui est l’Homme aux loups ?

Pour l’Homme aux loups, Freud nous dit que pour ce qui est de la castration, il en a connu quelque chose. Dés que le jugement d’existence a eu lieu, la castration, si je puis dire, lui a été présenté. L’Homme aux loups a préféré en rester à ce qui était, disons son premier point de vue, c’est à dire en rester au rapport par le commerce anal, pour dire la traduction très rapidement. Il refusa cette castration et n’en voulu rien savoir au sens du refoulement.

Alors, déjà ce premier point a causé, enfin, on en a beaucoup discuté. Et en se reportant au texte allemand, on voit que ce que Freud dit c’est que – Tel que moi Freud j’ai décris le refoulement, lui l’homme aux loups lorsqu’il en est arrivé à ce moment où la castration lui est présentée, il n’en voulu rien savoir et en revint à la régression – puisque lorsque Freud parle de refoulement, il ne faut pas oublier que pour lui, il y a cette régression toujours possible. Donc, l’Homme aux loups, la castration lui a été proposée, il n’en a rien voulu savoir, mais nous dit Freud, continuons toujours ce passage, il nous dit que ce ne fut pas définitif, que même pour la névrose infantile, on ne peut pas dire que cette attitude de refus de la castration ait existé, ça n’a pas été définitif.

Je crois que c’est là un point tout à fait important car Freud nous dit que l’Homme aux loups n’est pas psychotique. Il n’a rien voulu savoir de la castration, certes, mais pas d’une façon définitive, et même pas au temps de son enfance lors de sa névrose infantile, de sa névrose obsessionnelle. Mais nous dit Freud, son comportement était tel qu’on pouvait penser qu’il ne tenait pas compte de cette castration. Et Freud continue en nous disant que cette observation, pour lui a été particulièrement difficile à décrire, et que sa compréhension a été également difficile. Donc je crois que c’est tout à fait important de bien lire ce passage qui est page 389 dans la vieille édition, la traduction de Marie Bonaparte, même s’il y a des points de mauvaise traduction qui sont à reprendre, elle donne l’allure générale de ce que Freud veut nous dire.

Donc, cet Homme aux loups, il a eut un comportement particulier par rapport à la castration, et Freud fini ce paragraphe en nous disant qu’il y avait deux courants chez l’Homme aux loups : Un courant qui était hérissé par ce qui avait à voir avec la castration, et un autre courant qui s’en accommodait, mais nous dit Freud en substituant la féminité. Et vous savez que dans cette observation, Freud insiste beaucoup sur la position féminine de l’Homme aux loups, et il explique cette position féminine par rapport à son attitude vis à vis de la castration. Alors, n’oubliez pas que lorsque nous parlons de Freud, qu’il y a les stades, pour Freud. Lacan, avec la métaphore paternelle ne parle plus de ces stades, mais lorsque Freud nous décrit une de ses observations, n’oubliez pas qu’il y a le stade oral, le stade anal et le stade génital, ou le phallus, il y aura le prima du phallus. Donc, c’est par rapport à ces stades qu’il faut comprendre ce que Freud nous dit. La castration, le troisième stade phallique a été connu par l’Homme aux loups.

Mais ce qu’il y a et ce qui m’a retenu, lorsque j’ai repris ce travail de l’Homme aux loups, l’année dernière, Freud nous parle des deux courants, je viens de vous les donner, il parle d’un troisième courant, et ce troisième courant, on n’en tient pas compte m’a-t-il semblé, où il nous dit : Pour ce qui a été rejeté et c’est bien le verbe Verwerfen qu’il emploie, pour ce qui a été Verwerfen, dans les temps anciens, au tout début, quelque chose en est resté. Et alors on peut se demander, si ceci ne peut pas expliquer l’épisode psychotique de l’Homme aux loups.

Mais enfin, je ne vais pas insister plus longtemps sur l’Homme aux loups. Je le fais parce que la Verwerfung nous y oblige, puisque c’est là que Freud emploie ce terme de Verwerfung. Il nous dit que ce qui s’est joué pour l’Homme aux loups, il y avait d’un coté un refoulement, mais il y a quelque chose d’autre qui ne relève pas du refoulement et qui est la Verwerfung. Et c’est là que Lacan a tiré cette Verwerfung, Verwerfung du Nom-du-Père, ce rejet, ce qui est retranché, et je crois qu’à propos du Nom-du-Père, le fait même que Lacan ai pu employer, comme première traduction - retranché - ça veut bien dire qu’il fallait qu’il y ai une chaîne signifiante, pour que ça puisse être retranché. S’il y avait eu une Verwerfung primitive, il n’y aurait pas eu de chaîne signifiante, il n’y aurait eu aucune admission de S1, puisque cette Verwerfung primitive, encore une fois, je vous dit que c’était à propos de ces enfants de Parent de Rozan, qui ne prononçaient pas un mot, on ne savait même pas s’ils entendaient ce qu’on leur disait. Ils ne parlaient pas ou ils disaient quelques syllabes – loup, au loup – enfin, dans cette observation, c’était…Pour ces enfants là, il n’y avait pas de chaîne signifiante. Lacan n’aurait pas parlé de quelque chose qui est retranché de la chaîne signifiante, s’il y avait eu une Verwerfung primitive. Donc Verwerfung du Nom du Père lorsqu’il y a psychose.

Alors, ce qui nous intéresse nous, par rapport à la psychose et au symptôme, pour le président Schreber, est-ce qu’on peut dire que la castration lui a été présentée ? Ce que nous savons du président Schreber, ce que nous savons de sa biographie, puisque cette biographie a intéressé, son père est connu, on savait qui il était, ce on, je veux dire les psychiatres et en particulier les personnes comme Lacan, qui se sont après Freud intéressé à cette observation. Tout laisse penser qu’on ne peut pas dire pour le président Schreber ce que l’on peut dire pour l’Homme aux loups, on ne peut pas dire que la castration lui a été présentée. Et ce problème de la castration a soucié Freud et il a essayé de faire un travail comparant et le psychotique et le névrosé dans ce qu’il a appelé les pertes de la réalité dans la névrose et dans la psychose, et là ce qu’il met en avant ce sont les rapports du névrosé ou du psychotique avec la réalité extérieure, dit-il, et c’est à ce moment là qu’il pose la question de la castration. A ce moment là il pose la question de la castration, et le terme qu’il emploie ce n’est plus ce Verwerfen qu’il avait employé lorsqu’il étudiait les psychonévroses de défense, qu’il avait employé pour cette confusion hallucinatoire, cette paranoïa, ce n’est plus le terme de Verwerfung, c’est celui de Verleugnung. Or ce terme de Verleugnung, on a l’habitude de le traduire par - déni de la castration.

Freud pose la question de la castration pour le psychotique et il conclu qu’il y a un déni. Mais là où il n’a pas été suivi, c’est qu’il fait bien une distinction avec le névrosé mais il essaie d’expliquer le phénomène de la psychose par le même terme qu’il a employé pour la perversion. Et là Lacan a fait remarqué que ceci ne peut pas être confondu, car chez le pervers il y a eu admission de ces S1, il y a eu Bejahung. Non seulement il y a eu Bejahung, mais il y a eu également division du sujet. Et je crois que j’ai eu l’occasion d’en parler dans le groupe sur le fantasme, il y a eu division du sujet. Et cette division, justement c’est cette Verleugnung qui permet de le saisir, de le saisir par le biais du fétiche. Le pervers reconnaît la castration de la mère, et dans le même temps, il le désavoue, il dément cette castration, puisqu’il y a un objet, un objet qui est le pénis qui manque à la mère, c’est l’objet fétiche. Donc, il se présente en tant que sujet divisé, divisé il reconnaît la castration, et en même temps il va désavouer cette castration et c’est ce terme de Verleugnung qui est retenu dans la perversion.

C’est pourquoi l’année dernière je vous avais fait, à propos de ce qui nous intéressait à ce moment là, (Solange Faladé écrit au tableau) Bejahung, il va y avoir :
 Verdrangung, on est dans la névrose,
 Verwerfung du Nom-du-Père bien sûr, on est dans la psychose,
 Verleugnung, cette Verleugnung intéresse la castration de la mère. C’est ce démenti que le pervers (fait face à) la castration.

Donc la castration est un point tout à fait important : pour ce qui est du névrosé, il refoule, et il refoule immédiatement dès qu’il porte le jugement, c’est bon c’est mauvais, et on peut dire que c’est ce qui s’est passé pour l’Homme aux loups. Il a refusé pendant un certain temps, mais ça n’a pas été définitif, donc la question de la castration pour lui a été refoulée.

Chez le psychotique la question ne peut même pas se poser puisque la castration ne lui a pas été présentée. Donc du fait de la forclusion, du retranchement du signifiant du Nom du Père, la question de la métaphore paternelle ne se posant pas, la castration, c’est à dire le phallus, ne peut pas être mis en jeu.

Quant au pervers, la castration, il connaît, il connaît très bien, et il va désavouer ce qu’il connaît.

Alors pour le psychotique, toujours à propos de la castration, si pour le psychotique on peut dire qu’il y a de l’Un, il y a du S1, c’est un des passages de Lacan, il y a de l’Un, le chiffre 2 ne peut pas s’écrire, parce qu’il n’y aura pas ce S2 qui est dans la chaîne signifiante et donc la question du rapport sexuel ne peut pas se poser à lui. Cet énoncé qui vient du réel, il n’y a pas de rapport sexuel, lui le psychotique ne peut pas le dire, ne peut pas le dire parce que justement il n’y a pas de 2. Il y a bien un 1, il y a de l’Un, mais le 2 ne viendra pas s’écrire. Et là, mais ce soir je ne le referai pas, dans RSI Lacan reprend toutes les formes d’opération qu’on peut faire avec le 1 et le 2 pour arriver toujours au zéro, pour dire qu’il n’y a pas de rapport sexuel. Mais ce – il n’y a pas de rapport sexuel - on le trouve aussi chez Freud, mais on le trouve chez Freud, non pas sous cette forme de – il n’y a pas de rapport sexuel – on le trouve sous cette forme – il y a la castration -. C’est ce qui est au bout d’un travail psychanalytique. C’est ce qu’il nous dit à la fin de - analyse finie analyse infinie - c’est bien la castration, or pour le psychotique ceci ne peut pas se dire parce que pour lui dès le départ le – il n’y a pas de rapport sexuel – n’a pas pu être énoncé.

Bien.

Revenons à l’Homme aux loups à propos de – il n’en voulu rien savoir au sens du refoulement -. Ce – il n’en voulu rien savoir au sens du refoulement – Freud nous dit que ça n’a duré qu’un temps, que ça n’a pas été définitif, et même pas pour la névrose infantile, ça veut dire que quelque chose par lui a été accepté, compris, concernant la castration. Et ce – il n’en voulu rien savoir – Lacan le reprend. Lacan le reprend à propos du – je n’en veux rien savoir -. Ce – je n’en veux rien savoir – il nous en parle dans son séminaire Encore. Il dit « votre – je n’en veux rien savoir – n’est pas le même que le mien. » Mais enfin ceci ce n’est pas pour le développer que je le prend ce soir. Je le prend ce soir par rapport à ce qu’il avait pu nous dire avant, et que l’Homme aux loups vient éclairer, c’est ce temps pour comprendre. Le temps pour comprendre c’est tout ce temps de – je n’en veux rien savoir-. C’est tout ce temps nécessaire pour accepter d’en savoir quelque chose de la castration. Et c’est bien ce qui s’est passé pour l’Homme aux loups. Nous ne savons pas le temps que ça a duré, Freud nous dit simplement que ça n’a pas été définitif, que même déjà pour la névrose infantile, ça n’était plus. Ce – je n’en veux rien savoir - que Lacan a repris et qu’il a développé, c’est ce qui dans son premier temps, avec le temps logique répond au – temps pour comprendre. J’ai pensé que c’était l’occasion de le souligner puisque tout ce passage de l’Homme aux loups est là pour nous le faire mieux comprendre.

Tout à l’heure je vous ai donc parlé de l’Unlust à propos de ce temps de la Verneinung, de ce qui va être, va former ce champ du déplaisir. Ce champ du déplaisir je vous ai dit tout à l’heure, nous intéresse pourquoi ? Parce que nous dit Lacan dans ce séminaire sur l’angoisse du 23 janvier 63 dont je vous ai parlé au début, j’ai commencé par le – j’insiste et on ne saurait en ces matières aller trop lentement, c’est à propos du symptôme qu’il en parle. Et il nous dit qu’il ne faut pas oublier que le symptôme c’est une jouissance, c’est une jouissance fourrée, certes, mais c’est une jouissance, et parce que c’est une jouissance, le symptôme va vers la Chose, avec un grand C, das Ding, va vers la Chose, que le symptôme passe la barrière du bien, c’est à dire du principe du plaisir, et il finit en disant « c’est pour cela que cette jouissance peut avoir pour traduction l’Unlust. » Dans ce champ, cet Unlust, ce qui a trait avec l’Ausstossung, vous voyez que, on ne peut pas ne pas le laisser du coté du symbolique puisque Lacan nous dit, et nous dit dans ces termes, vous le retrouverez dans le séminaire sur l’angoisse, nous dit que cette jouissance qui est la jouissance du symptôme peut avoir pour traduction l’Unlust, c’est à dire le déplaisir.

Alors, nous en arrivons au plaisir. Le symptôme, la dernière fois je vous ai dit que son rapport au savoir était tel que pour ce qui est des différentes structures, le savoir nous aidera à mieux les différencier. Aujourd’hui je vais terminer avec la jouissance puisque Lacan nous dit que le symptôme est une jouissance, et il nous dit dans ce passage de l’angoisse, c’est très exactement ce que Freud nous dit. Donc, c’est une jouissance. Et toujours pour en revenir à cet Homme aux loups, la question de la jouissance est là. Freud, vous savez, nous parle de fixation à propos du refoulement, il nous parle de fixation, et la fixation a avoir avec la jouissance. L’Homme aux loups, sa jouissance, pour ce qui était de la pulsion anale était telle que pendant un certain temps, il a rejeté ce qui pouvait être apporté de jouissance, mais de jouissance touchée par la castration. Donc la jouissance c’est le symptôme, mais cette jouissance a avoir avec ce que Freud appelait fixation. J’y reviendrais. Mais ce que je voulais dire tout de suite, puisque c’est là dans ce que Lacan nous souligne, c’est qu’en fait ce qui va être conflictuel, puisqu’il nous parle de l’Unlust, ce qui va être conflictuel, ce qui de cette jouissance va être conflictuel, ça a avoir avec le symptôme, et lorsqu’on prend l’Homme aux loups, on peut se demander si son symptôme, c’est ce qui touche à la pulsion anale. Car en fait, pour ce qui est de sa pulsion anale, l’Homme aux loups n’est pas trop gêné, non seulement il l’affiche très haut, puisqu’il vient accompagné non seulement de son médecin, mais de celui-là qui est chargé de lui faire ses lavements. Il n’en cache rien. Et pour ce que Freud nous dit à propos de ses relations à ses selles, et tout ce qui l’entoure, il ne semble pas qu’il y ait conflit chez l’Homme aux loups concernant tout ce qui touche à la pulsion anale.

Le conflit est ailleurs, et le conflit est avec ce qui est cause de déplaisir. C’est pourquoi c’est important ce que Lacan nous dit à propos de cet Unlust, que cette jouissance peut avoir pour traduction cette jouissance fourrée, peut avoir pour traduction l’Unlust. Et lorsque nous reprendrons ce qui est autour du symptôme, sa relation à la jouissance avec ce que Freud nous dit de la fixation, et je crois qu’on est, à ce moment là on est obligé de le reprendre tout ce qu’il nous dit pour bien comprendre l’enseignement que Lacan tire, lorsqu’on prendra le symptôme avec son rapport au savoir.

Et cette jouissance a avoir aussi avec ce savoir. C’est à dire que ce que ce soir j’ai essayé là de représenter avec ces S1, c’est à dire ces représentations qui sont au niveau de l’inconscient, avec ce qui est du champ de l’Unlust, le savoir est intéressé ainsi que la jouissance. Le savoir est intéressé par ces chaînes de S1 au niveau de l’inconscient, et la jouissance est intéressée avec ce qui du jugement d’attribution a été mis de coté, mais mis de coté dans un champ qui est un champ qui continue à intéresser le sujet.

Bon, voilà c’était ce que ce soir je voulais vous apporter pour bien faire comprendre, je l’espère tout du moins, ce qu’il en est de la forclusion du Nom du Père, et pour bien vous montrer qu’en aucun cas la forclusion du nom du Père ne peut être mise en opposition avec la Bejahung primordiale.

Si on reprend le discours analytique, ce qui choit, la production c’est des S1, les S1 qui vont faire un savoir mis en position de vérité, mais la production, le travail de l’analysant ce qui choit ce sont des bouts de S1, ce sont des S1.

Une chose aussi que je voulais vous dire à propos de ce travail de Rosine Lefort, on peut très bien comprendre pourquoi elle a mis la naissance d’un Autre (2), car effectivement c’était toute la question : est-ce qu’il y a eut un grand Autre qui a émergé dans l’environnement de cet enfant Loup, de ce …Robert.

Intervenant :
Est-ce que dans la cure, pour le psychotique ce qui choit, ce qui est travaillé, ce qui est perdu, ce sont aussi les…Et puis est-ce qu’il y a appel ?

Solange Faladé :
Mais ce qui pourra le faire connaître ça ne pourra être que des S1, ça ne pourra être que des bouts de savoir. Si un travail analytique est possible…En tout cas dans ce travail qui se fait avec le psychotique, ces essais de cure, ce sont des bouts de savoir qui nous sont communiqués, et ces bouts de savoir ce sont des S1. Ca a avoir avec les représentations, ça a avoir les Vorstellungen, les représentations qui sont au niveau de l’inconscient. C’est à dire là, on reprend le texte de Freud sur l’inconscient où il nous dit que ce sont ces représentations qui sont au niveau de l’inconscient, mais tout ce qui concerne la pulsion va être porté par ce Vorstellungsrepräsentanz. Mais ce qu’on peut recueillir ça ne peut pas être autre chose que des bouts de savoir, c’est pourquoi j’ai bien pris soin de mettre au niveau de ces chaînes de S1 : Vorstellungen, ce n’est pas les représentations.

On ne peut recueillir que du savoir. Mais toute la question comme je vous l’ai dis la dernière fois, avec le psychotique, c’est que lui se présente comme sachant. Il est du coté du savoir.

Intervenante :
Alors, s’il est du coté du savoir, quand il choit les S1, ça ébranlerait cette position de savoir ?

Solange Faladé :
C’est bien la question que nous nous posons avec le psychotique. Qu’est-ce que nous faisons avec les psychotiques ?

Et-ce qu’il y a eut nouage savoir vérité chez le psychotique ? Qu’en est-il de la vérité ? Je crois que c’est ça que nous aurons à essayer d’éclairer, parce que pour le névrosé ce qui est produit c’est bien des bouts de savoir, c’est des S1, mais ces S1 du fait de la situation analytique, ça va faire du savoir en position de vérité, c’est à dire que va se nouer aux émergences de vérité venant de l’analysant, ses dits, ce sont des émergences de vérité, mais la position du psychanalyste est telle, c’est ce que j’avais essayé la dernière fois …Le fait qu’il soit, lui être de savoir, et ce savoir dont il peut avoir horreur nous dit Lacan, fait que les émergences de vérité de l’analysant vont pouvoir se nouer au savoir, au savoir que lui le psychanalyste lui présente. Il y a des S1 qui choient, ces S1 ça a avoir avec des émergences de vérité, mais ces S1, savoir, si on les prend comme ça dans la chaîne signifiante, vont pouvoir, parce que le psychanalyste vient avec son être de savoir s’accrocher au savoir et être un savoir en position de vérité. C’est à dire que ce savoir là, parce qu’il va pouvoir être en position de vérité, est touché par la castration. Est-ce qu’on peut dire cela pour le psychotique ? C’est pourquoi tout à l’heure par rapport à la castration, après ce que Freud nous dit de l’Homme aux loups, j’ai bien essayé de montrer que pour le Président Schreber et donc pour le psychotique on ne peut pas dire que la castration leur a été présentée au moment où ils avaient à dire ce oui au S1. Je crois qu’il faut, pour essayer de saisir ce qui est en jeu, prendre tous les éléments, on ne peut pas les prendre séparément.

Au moment où il a dit ce oui au S1, il faut dire que cet énoncé – il n’y a pas de rapport sexuel – n’a pas pu se faire entendre, puisqu’il n’y aura pas de 2. Alors donc la question de la castration reste là toujours posée, et c’est bien ce qui s’est posé à Freud et qu’il a essayé d’apporter, pour ce qui est du psychotique, on dira pas un début de solution, tout au moins de poser la question, et il a essayé de poser cette question avec la perte de la réalité. Je ne crois pas qu’on puisse répondre aussi facilement, vous savez. Mais on ne peut faire quelque chose avec le psychotique que parce qu’il a dit, qu’il y a eu la Bejahung primitive, que parce qu’il y a eu cette chaîne de S1 au niveau de l’inconscient. Maintenant nous avons à réfléchir sur ce qu’est l’inconscient du psychotique, parce qu’il n’y a pas de S2 et donc, les refoulements secondaires, il ne peut pas y en avoir, si on s’en tient strictement à ce que Freud nous a apporté. Et sur ce plan là, je n’ai pas l’impression que Lacan s’en est éloigné. Lacan nous rappelle que l’inconscient du psychotique on a à en tenir compte et il ne nous en dit pas tellement plus à ma connaissance, mais enfin. …

Il faut reprendre tout cela…Je ne peux pas vous donner une réponse nette ce soir.

Enfin, je crois que lorsque j’ai apporté (inaudible) sur la Verwerfung, je crois que les difficultés, les doutes de l’année dernière sont levés, du moins j’espère.

Il ne peut pas y avoir de Verwerfung primitive pour le psychotique (s’il a été possible) tout ce que nous dit Freud et tout ce que nous dit Lacan et ce que nous même nous sommes amenés à connaître chaque jour, tout cela ne veut plus rien dire.


Questions :

Intervenant :
Comment joindre la notion de rejet avec celle de non-présentation du nom du père ?

Solange Faladé :
C’est le rejet, je n’ai pas dit que c’était autre chose.

Intervenant :
Au départ il y a donc une Bejahung primitive, c’est à dire qu’il y a un sujet, un être qui est barré par la parole. Ca parle de lui.

Solange Faladé :
Oui, qui l’aliène

Intervenant :
Oui qui l’aliène, c’est ça. Puis dans le deuxième appel, tout n’est pas repris, et comme tout n’est pas repris, il y a là quelque chose qui manque

Solange Faladé :
Il y a le refoulement originaire

Intervenant :
Mais ensuite au moment où le névrosé, lui, devant le manque dans l’Autre, va faire appel à ce signifiant S2 qui reste d’ailleurs, ça reste toujours très difficile, ce S2 il ne vient pas de l’Autre

Solange Faladé :
Non, il vient nous signifier que dans l’Autre il y a un manque, mais c’est un signifiant qui vient faire savoir que dans l’Autre il y a une place vide, et ce manque c’est un signifiant grand S de grand A barré. C’est à dire que ce n’est pas au lieu de l’Autre, ce n’est pas dans le corps des signifiants de l’Autre, que S2 sera prélevé. C’est hors du corps des signifiants du grand Autre

Intervenant :
Et ceci parce qu’il y a là le nom du père qui est inscrit.

Solange Faladé :
Parce que le sujet a pu appréhender, que l’Autre manque.

Intervenant :
Alors chez le psychotique où se place le rejet ?

Solange Faladé :
Chez le psychotique, justement, le rejet vient de ce que pour lui, l’Autre ne manque pas, l’Autre n’est pas barré. L’Autre est un Autre avec sa complétude. C’est un grand A avec sa complétude. Il n’y a pas d’incomplétude pour le psychotique, il n’y a pas d’inconsistance dans l’Autre, c’est à dire, ce qui est la jouissance de l’Autre, c’est à dire l’Autre manquant de jouissance, pour le psychotique, cela n’est pas, si bien qu’il n’y a pas de prélèvement de S2, puisque ce prélèvement de S2 ne se fait que parce que le sujet a appréhender le vide dans l’Autre.

Intervenant :
Pourquoi on parle de Verwerfung ?

Solange Faladé :
Lui le psychotique, ce vide, ce manque dans l’Autre, il ne l’appréhende pas, il ne le symbolise pas, il n’a pas, si je puis dire les instruments qui lui permettraient. Pour lui, l’Autre n’est pas un grand Autre barré.

Intervenant :
Je pensais que c’était le sujet psychotique qui rejetait le nom du Père, mais ce n’est pas ça. Le Nom du Père est rejeté d’emblée.

Solange Faladé :
Oui, il ne le trouve pas. Le père toujours appelé, jamais venu nous dit Lacan dans le séminaire..

Intervenant :
En fait, il n’y est pour rien, si je puis dire.

Solange Faladé :
Alors justement il y avait un passage que j’ai laissé pour ce soir : il y a le problème de la responsabilité du Sujet. Lacan nous parle de la responsabilité du sujet. J’avais pensé d’abord en parler et puis, bon.

L’Homme aux loups, on peut bien comprendre la responsabilité du sujet. Il n’y est pour rien, et en même temps, on peut toujours se demander s’il n’aurait pas pu ne pas être du coté de la psychose.

Vous savez ça ne peut pas être, comme ça, un pur déterminisme.

Intervenant :
On en arrive à se demander comment un sujet psychotique tient, puisqu’il n’y a pas de S2 pour le représenter ?

Solange Faladé :
C’est ce que la dernière fois j’ai essayé de redire. Il semble que c’est à cause de ce qu’il a rencontré au cours de ce deuxième appel, qui est le désir de la mère, que, c’est un des points d’appuie du psychotique. Et en tout cas le président Schreber le montre en clair. Et si on prend d’autres observations et d’autres cas cliniques de psychotiques, ceci aussi peut être saisi. Il tient parce qu’il y a cette relation au désir de la mère, et c’est bien le triomphe de Freud, d’avoir compris que Schreber pouvait aller mieux parce qu’il s’habillait en femme chez lui. Alors (est-ce qu’il) n’y est pour rien le psychotique ? Ce qui est sûr c’est que le deuxième appel ne lui permet pas de prélever ce qui pourrait être le deuxième signifiant.

Intervenant :
Vous dites qu’on ne peut pas parler de pur déterminisme, retirons l’adjectif, mais déterminisme reste quand même ?

Solange Faladé :
Il y a forcément, mais la question de la responsabilité du sujet, Lacan la pose, et Freud aussi. Mais ça ne peut pas être mathématique, dire voilà. C’est vrai, la question de la castration n’a pas été posée, n’était pas là au moment de ce oui au S1, de ce oui au langage qui était présenté, mais comment cela l’a-t-il été, c’est (inaudible) quelque chose qu’on trouve dans l’enseignement de Lacan : Comment le savoir le petit a la jouissance ont été présentés au sujet ? A partir du moment où on peut poser la question ainsi, ça n’était pas un échange automatique, enfin, comment l’a-t-il reçu ? Comment cela lui a été présenté ? On est obligé d’en tenir compte.

Dans la chaîne, le S2 n’a pas sa place pour le psychotique. Le S2 ne s’inscrit pas. C’est une maille qui a été rompue dans la chaîne, nous dit Lacan.

Bon, je vais vous dire bonne fin d’année, à l’année prochaine, au 9 janvier.


(1) J. Lacan : Les psychoses. Seuil. Page 95. « Au niveau de cette Bejahung pure, primitive, qui peut avoir lieu ou non, une première dichotomie s’établit - ce qui aura été soumis à la Bejahung, à la symbolisation primitive, aura divers destins, ce qui est tombé sous le coup de la Verwerfung primitive en aura un autre…Il y a donc à l’origine Bejahung, c’est à dire affirmation de ce qui est ou Verwerfung. »

(2) La naissance de l’Autre Seuil.

(3) J. Lacan : Les psychoses. Seuil. Page 120. « Dans le cas des névroses le refoulé reparaît in loco, là où il a été refoulé, c’est à dire dans le milieu même des symboles, pour autant que l’homme s’y intègre et y participe comme agent et comme acteur. Il reparaît in loco sous un masque. Le refoulé dans la psychose, si nous savons lire Freud, reparaît dans un autre lieu, in altero, dans l’imaginaire, et là en effet sans masque. »

(4) J. Lacan : Ecrits. Seuil. Page 577. « Pour que la psychose se déclenche, il faut que le nom-du-père, wervorfen, forclos, c’est à dire jamais advenu à la place de l’Autre, y soit appelé en opposition symbolique au sujet. »

(5) S. Freud : Les psychonévroses de défense. Névrose, psychose et perversion. PUF. Page 12. « Il existe pourtant une espèce beaucoup plus énergique et efficace de défense. Elle consiste en ceci que le moi rejette - Verwift – la représentation insupportable – unerträglich – ((inconciliable – unverträglich)) en même temps que son affect et se comporte comme si la représentation n’était jamais venue jusqu’au moi. Mais au moment où ceci est accompli, la personne se trouve dans une psychose que l’on ne peut classifier que comme – confusion hallucinatoire. »