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Le symptôme XIX

12 février 1991
Document de travail

Je reviens sur ces graphes de la dernière fois, non pas tellement pour vous parler du moi, mais pour vous dire que ce temps, ce temps réel c’est ce dont Lacan nous parle en disant que tant qu’il n’y a pas de parole, l’enfant ne parle pas, il n’y a pas de sujet, c’est le rien du sujet qui est ici marqué. Et parce qu’il n’y a pas de sujet, qu’il y a ce rien, il faut que la structure soit déjà là. C’est ce que l’on peut trouver dans les remarques au rapport de Daniel Lagache. Et c’est parce que la structure est déjà là que lorsque du grand Autre vient un signifiant, ce signifiant va faire, s’il est reçu et accepté par celui-là qui jusqu’à cet instant est infans, s’il est reçu par lui, va faire qu’il y aura du sujet. Et ce qui caractérise le sujet c’est qu’il n’y a pas de signifiant pour lui-même. Il n’y a pas de signifiant du sujet. Et ce sujet va être représenté par ce signifiant, par ce S1 qui lui vient de l’Autre. Il y aura de la part du petit d’homme une régulation qui fait que tout ce qui est reçu par lui va être traduit en plaisir, va être régulé, régulé d’une façon telle qu’il y aura cette homéostase qui met en place, certes le principe de plaisir, mais ce principe de plaisir va être assuré si je puis dire par le principe de réalité. Ce temps, ce temps réel, ce temps où le petit d’homme est infans, c’est un temps où, il a été dit, il est dans la jouissance et c’est un temps qui a de l’importance même si plus tard il ne pourra pas en être parlé.

De cette jouissance, parce qu’il parle et parce qu’il y a cette structure déjà là, de cette jouissance il va en résulter que l’Autre, l’Autre du signifiant, l’Autre se met en place. Et il y aura exclu mais en même temps proche vacuole dans cet Autre, cette Chose, cette Chose où la jouissance est interdite, interdite parce qu’il y a la loi. Donc, Lacan, dans cette Subversion du sujet qui continue à nous travailler et très précisément à la page 828, Lacan dit donc qu’il y a, pour qui parle comme tel, cette jouissance interdite mais, et en même temps, il y aura entre les dits, jouissance mais cette jouissance ayant à voir avec les restes de jouissance. Vous savez, la dernière fois, je vous ai fait remarquer que Freud lui-même nous dit qu’il y a toujours un reste de cette opération qui fait que du Réel Ich, le Lust Ich se met en place. Ces restes de jouissance c’est ce que Lacan ensuite nommera objet petit a. Et donc, parce qu’il parle, la jouissance, celle-ci, est interdite et parce que celle-ci est interdite, il y aura entre les lignes, entre les dits, ces restes de jouissance justement parce que la loi se fonde du fait de cette interdiction. Lacan joue sur ces deux temps de la jouissance, la jouissance interdite et ce qui pourra en être dit, entre les lignes ce sont ces restes de jouissance.

Je reviens sur ceci parce que je voudrais reprendre avec vous ce que nous avons vu très en détail les années passées. Lorsque du signifiant se présente et que ce signifiant est reçu, et ce qui fait que le sujet va se trouver aliéné, figé, barré par ce signifiant, ce signifiant S1. Souvenez vous, je vous avais dit qu’il n’avait pas de sens, et qu’il ne pourrait avoir de sens que lorsque au cours du deuxième temps de l’aliénation le S2 se mettra en place. C’est à dire, il faut pour que sens soit donné, qu’il y ait un signifiant qui permette que les autres signifiants puissent être représentés pour. Et ce signifiant, Lacan l’a, dans Subversion du sujet, marqué grand S de A barré. Si je reviens sur ce point, c’est parce que lors d’une rencontre récente je me suis aperçue que la différence n’était pas faite entre ce deuxième temps de l’aliénation et ce qui lorsque le deuxième signifiant a pu être mis dans la chaine, ce qui reste ce qui est cette deuxième opération la séparation et qui va donner, résultera l’objet petit a. Alors il y a à s’y arrêter parce que le fait que le sujet de l’inconscient, celui qui nait au champ de l’Autre, le grand Autre, ce sujet de l’inconscient, Lacan nous dit que ce qui va le marquer, c’est que il y a cette aliénation et cette séparation.

Cette aliénation, peut-être que je ne m’y suis pas suffisamment arrêtée, cette aliénation a ceci de particulier qu’il y a toujours un écornage, et Lacan nous a donné comme exemple : la bourse ou la vie. Ça ne peut pas être la bourse et la vie car si on veut que ce soit la bourse et la vie, ce ne sera ni l’un ni l’autre. Si on veut la vie il faut accepter de perdre la bourse. Il y a toujours une perte nécessaire, si je puis dire incontournable, pour ce sujet qui vient d’émerger au champ de l’Autre. Il doit perdre quelque chose, ceci est un point important.

Entre ce qu’il est, pas de signifiant, ensemble vide, et ce qu’il rencontre au champ de l’Autre qui fait que c’est cette liaison S1-S2 qui permet qu’il y ait sens pour ce sujet, pour cet ensemble vide pour ce quelque chose où il n’y a aucun signifiant pour lui, il faut qu’il y ait toujours une perte et il y aura, parce que cette perte se fait à partir de ce qui a été prélevé hors du champ de l’Autre et qui ne sera pas tout porté à la signifiance, il va résulter une opération que Lacan a appelé la séparation et qui fait que l’objet petit a va choir.

Alors pour ce qui est de cet objet petit a, Lacan insiste, montre et ça a de l’importance pour la clinique que nous aurons à aborder, que ce n’est possible, que ce qui va se passer c’est, le sujet qui n’a pas de signifiant, ce sujet qui du fait de ce qu’il rencontre au champ de l’Autre va de son vide recouvrir un vide qu’il rencontre au cœur de l’Autre, et ce vide, c’est ce qui résulte de ce que entre les signifiants il n’y a pas de signifiant, il y a là un manque. Et le manque du sujet va venir recouvrir ce manque qui est au cœur de l’Autre et c’est de cela que résulte l’objet petit a. L’objet petit a tout comme le sujet manque de signifiant, le sujet est manque à être et ce qui est son être qu’il va trouver du fait de son recouvrement avec le vide, le manque qui est au champ de l’Autre, ce qui est son être qu’il retrouve ainsi est également manque de signifiant.

Donc, ce deuxième temps de l’aliénation, ce n’est pas la séparation, ce n’est pas : deuxième temps de l’aliénation ou séparation. C’est important de bien le savoir, puisque si nous reprenons ce que nous avons dans un premier temps détaillé : le sujet qui vient à émerger du fait de ce signifiant qui se présente à lui, ce sujet qui vient à émerger et qui est là sous ce signifiant S1 qui le barre, ce sujet n’aura sens, ne trouvera sens que si à son appel un deuxième signifiant vient. Et vous savez qu’il peut ne pas y avoir deuxième signifiant qui se présente à l’appel du sujet. C’est à dire que ce deuxième temps de l’aliénation, cet appel fait à l’Autre peut ne pas trouver de réponse. Et il n’y aura pas un deuxième signifiant qui va permettre que sens soit donné à ce premier signifiant. C’est quelque chose que nous trouvons dans la clinique. Et pour la psychose, commentant le Président Schreber, Lacan fait remarquer que en ce lieu de l’Autre où l’appel est fait et que le père toujours appelé n’adviendra jamais.

Donc, c’est bien important de séparer ces deux temps, ces deux temps de l’aliénation, et de bien saisir qu’il y a à en faire autre chose que le temps de la séparation puisque le temps de la séparation c’est ce qui fait que le – pas de signifiant du sujet va rencontrer cet espace où il n’y a pas de signifiant dans l’Autre.

Aliénation-séparation, Lacan emploie pour nous rendre sensibles à ce qu’il apporte, les deux opérations logiques où d’un coté il y a la réunion pour l’aliénation, et de l’autre l’intersection. Vous retrouverez ceci dans les 4 concepts le séminaire de 1964 et également dans position de l’inconscient, je vous avais donné les références précises lorsque nous avons détaillé cette naissance, cette émergence du sujet.

Donc, j’y reviens pour préciser ce qui m’a semblé n’avoir pas été bien saisit mais aussi pour reparler de ce sujet, sujet de l’inconscient, sujet qui est cette réponse, cette réponse qui est une réponse du réel qui fait que le sujet ne sait pas qui il est et parce qu’il ne sait pas qui il est, il va à partir du champ de l’Autre de là où il peut prendre sens, il va là poser ses questions, ses interrogations. Cette division, enfin, ce que Lacan nous propose, aliénation et séparation, a des traductions cliniques qui nous permettent de distinguer par exemple la névrose obsessionnelle de la névrose hystérique.

L’aliénation, nous avons vu que c’est ce temps où il y a concaténation de signifiants, où il y a cette articulation signifiante, et la séparation c’est ce qui fait que l’objet petit a, ce qui va être l’être du sujet se met en place.

L’obsessionnel à cause de son rapport au signifiant va se conduire tout à fait différemment avec ce qui est la question. On peut dire qu’il s’y aliène. Il est là avec ses pensées avec ce qui pourra se traduire par son doute, avec ce qui du fait de son jeux avec ses signifiants pourra se traduire pour lui par de l’inhibition. Lui l’obsessionnel a un rapport tout particulier à ses chaines signifiantes, ses chaines signifiantes qui sont ce qui résulte de l’aliénation. C’est parce qu’il a ce rapport particulier au signifiant, c’est pour cela qu’il aura une attitude tout à fait différente avec l’objet petit a, une attitude tout à fait différente d’avec l’attitude qui sera celle de l’hystérique, lui l’obsessionnel à cause de cette préférence, le mot n’est pas bon, au signifiant, va faire, va s’efforcer de faire que cet objet petit a qui si vous vous souvenez, la dernière fois, je vous ai dit qu’il le porte au champ de l’Autre, l’Autre étant le 1, il porte cet objet petit a. L’obsessionnel va s’efforcer de faire en sorte que, ou tout du moins se conduire avec cet objet petit a, comme s’il était un signifiant et vous savez l’importance du comptage pour l’obsessionnel qui va s’efforcer de compter ses restes de jouissance, ces objets qui ont à voir dans certains cas avec la demande et l’obsessionnel passera son temps à compter, à compter avec cet objet petit a. Donc son attitude sera autre que ce qui va se passer pour l’hystérique.

L’hystérique a, disons elle, bien que on trouve des hystériques hommes, l’hystérique va se conduire avec cet objet petit a, va le prendre pour ce qu’il est : un manque, ce qui vient signifier qu’il y a au cœur de l’Autre un manque. Et c’est avec ce manque que l’hystérique va se comporter avec l’Autre, le grand Autre, ce S1, d’une façon telle que son manque à elle, l’hystérique, qui est cette chose qui vient en position de vérité, qui est la chose cachée, cette chose précieuse, elle va en jouer avec le grand Autre, qui, bien que pouvant produire du savoir parce que questionné par l’hystérique, ce savoir qu’il produit, nous dit Lacan, est barré de ce petit a. Si bien que tout son savoir, quel qu’il soit, lui le grand Autre n’aura aucun savoir sur cet objet qui est ce qu’elle tient en réserve, ce qui pour elle est une chose précieuse. Elle joue avec le manque, son propre manque. Elle joue également avec le manque de l’Autre, et jouant avec le manque de l’Autre, elle peut ainsi faire savoir qu’il y a là du côté du grand Autre, impuissance. Il ne peut savoir ce qu’est son manque, lui-même manque de quelque chose, et au cœur du grand Autre il n’y a aucun signifiant qui permette à l’hystérique femme, aucun signifiant qui lui permette de savoir qui elle est comme femme, puisqu’il n’y a pas de signifiant de La Femme.

Donc l’Autre, le père, ne peut en aucun cas donner réponse à l’hystérique sur qui elle est puisque en son cœur il n’y a aucun signifiant qui permette de saisir, de savoir qui est La Femme.

Mais la chose va plus loin, car il n’y a aucun signifiant qui vient dire ce qu’est le sujet. Le sujet est un ensemble vide. Il n’y a pas de signifiant qui peut dire qui est le sujet. Donc, là, le manque dans l’Autre à une importance très grande, et on peut comprendre que l’homme également puisse être hystérique, car il n’y aura aucune réponse pour lui dire qui il est en tant que sujet.

Donc, ce manque que l’hystérique prend comme tel, ce manque au cœur que l’hystérique prend comme tel vient là signer l’impuissance du père et en même temps peut être vécu comme une véritable imposture. Souvenez vous de Dora, Dora, lorsqu’elle saisit qu’en fait elle est comme une espèce de jouet de la part de son père, Dora aura une réaction qui peut être cataloguée nous dit Lacan, quelque chose de proche du psychotique. Cette imposture paternelle peut trouver sa traduction de cette façon et cette observation que nous trouvons dans les remarques sur les psychonévroses, (1) cet article de Freud de 1894, où il y a cette observation de la psychose hallucinatoire, je vous avais dit la dernière fois que je comparerai avec ce qui se passe lorsqu’on est malade de la Chose, mais en y revenant je me suis aperçue qu’il y avait une traduction qui était plus facile à percevoir dans cette observation, c’est que cette jeune fille qui attend ce fiancé qui ne viendra pas, qui se comporte quand même comme s’il va venir, cette jeune fille a une réaction, a un comportement qui a avoir avec ce qui est cette imposture paternelle, ce dont Lacan nous a parlé dans son commentaire sur le Président Schreber.

En effet, qu’est-ce qui se passe pour la psychose ? Pour la psychose il y a bien un signifiant qui fait que du sujet barré vient en place. Il n’y a aucun signifiant qui va permettre que sens soit donné à ce signifiant qui est là, à ce signifiant S1. Donc, le fait que là aussi il n’y ait pas de signifiant qui permette que le père puisse y être dans sa fonction de père fait que du coté du psychotique il y a un comportement, une réaction face à cette imposture paternelle. Donc, l’hystérique parce qu’elle ne trouve pas au champ de l’Autre, au cœur de l’Autre de signifiant qui permette qu’il y ait un signifiant propre à la femme, peut avoir à certains moments un comportement qui ressemble à un comportement psychotique.

Avant de parler d’une autre clinique qui a avoir avec la perversion, je dirai un mot rapide de la phobie que Lacan présente comme être cette névrose radicale mais qui, vous savez, lorsqu’il en reparle à nouveau fait de cette phobie à partir de cet objet, de la séparation, fait de la phobie une plaque tournante. Mais ceci ne nous empêche pas de nous interroger sur ce que déjà dans Freud nous trouvons à propos du petit Hans, qu’il pointe dans Inhibition symptôme angoisse que Lacan reprend dans son commentaire du petit Hans, ceci ne nous empêche pas de nous interroger sur ce signifiant, signifiant à tout faire nous dit Lacan et dans le cas du petit Hans il s’agit du cheval. Je ne m’étendrai pas sur la phobie ce soir.

Je vais revenir sur la perversion et je reviens sur la perversion parce que là aussi il y a entre ce qui est l’être du sujet, cet objet petit a, qui est le résultat de cette opération, la séparation, et le sujet aliéné, aliéné au signifiant, il va y avoir une façon d’être qui ne ressemble pas à la façon, à la traduction que le névrosé va donner. Lacan insiste, a fait remarquer que le pervers lorsqu’il joue au pervers, si je puis dire, que ce soit dans son fantasme ou dans la réalisation de son agir pervers, va être lui, cet objet, va se présenter comme ce objet et va provoquer chez l’Autre la division du sujet. Et ce point, la division du sujet a questionné certains d’entre vous, c’est pourquoi j’y reviens. J’avais d’abord pensé le faire à partir de ce que Lacan nous donne dans son article Kant avec Sade, lorsque la semaine dernière j’ai suivit une émission sur Masoch, et, je me suis dit que peut-être ce serait plus facile de parler de ce qui a été vécu par cet homme, ou plus exactement, ce que l’on trouve dans les confessions de Wanda, c’est cela qui m’a arrêté. C’est à dire Aurore, cette femme qui à la lecture de Masoch, s’est présentée à lui comme étant Wanda, c’est à dire celle qui peut vivre ce que Masoch fait vivre à Wanda, ce qui m’a frappé, et malheureusement je n’avais pas à porté de main les confessions de Wanda pour m’y reporter plus largement, mais enfin, ce qui m’a frappé, c’est ce qu’elle dit dans cette confession après sa séparation avec Masoch. Elle dit ceci : elle a pu dans un premier temps, elle pouvait revêtir la fourrure et les bottes, mais à son grand étonnement elle ne pouvait pas prendre le fouet devant ce Masoch qui s’était transformé en ce rien, en cet objet petit a, en ce déchet, en cet esclave. Il ne lui était pas possible de prendre le fouet et de s’en servir. Dans cette confession, elle nous fait savoir que en face, effectivement, c’est à dire au pied du mur, ayant à agir cet acte, à agir ce qui lui est demandé, de voir Masoch devenu cet objet petit a, ce qu’elle vit, c’est sa division du sujet. C’est ça la division du sujet. Il y a l’étonnement, ne comprenant pas, quelque chose qui fait qu’elle ne peut pas aller au bout de ce qui était son contrat, elle ne peut pas prendre le fouet et s’en servir. Elle continue et ajoute qu’elle a du surmonter ce dernier et remplir son contrat. Il m’a semblé que c’était peut être beaucoup plus simple à comprendre que ce que à propos de Kant, Lacan nous pointe. Mais nous y reviendrons car pour nous c’est tout à fait important ce qui se joue dans le cas de Sade.

Mais la division du sujet c’est cela, et cette division du sujet c’est ce qui se passe également dans cette opération qui est le discours analytique ce qui se joue dans une analyse. Ce qui se joue dans une analyse nous l’entendons, à certains moments le sujet en analyse sait. Et il lui arrive de parler de toute une série de choses, de s’arrêter et de dire : mais non ce n’était pas du tout ce que je voulais dire et voilà ce que je voulais dire. C’est à dire que là, là le sujet a eut à faire à sa division et le fait savoir. Alors, qu’est-ce qui fait que cette division du sujet peut être au travail dans une analyse ? C’est que l’analyste tout comme le pervers va être support de petit a. Lacan, c’est à partir essentiellement de Sade qu’il met l’accent sur ce point et il le fait à partir de Sade parce que nous dit-il, Sade lorsqu’il se fige en cet objet petit a, lorsqu’il a ce fouet entre les mains, ce fouet qui est l’instrument qui va provoquer la jouissance - mais nous n’allons pas développer ce point de la jouissance, ce n’est pas aisé et ce n’est pas mon propos de ce soir - mais qui va provoquer la division chez l’Autre, et même si ça passe par la douleur, il y a quelque chose de cette division. Mais ce soir je ne rentrerai pas dans Sade. Je voulais simplement par le biais de Masoch, puisque ça m’a été donné cette occasion, pendant que je pensais à ce que je vous dirai ce soir, par le biais de Masoch, préciser ce qu’est la division du sujet.

Et je vais m’étendre un peu plus longuement sur l’acte qui se joue dans une psychanalyse, ce qui se met en place avec le discours analytique. Dans son séminaire l’acte psychanalytique, très exactement le séminaire du 17 janvier 1968, Lacan nous dit que, le psychanalyste dans son acte y est en tant que sujet divisé. Et il explique pourquoi. Il explique que lui l’analyste doit être, doit accepter d’être le support de l’objet petit a, mais pas du sien. Il doit être le support de l’objet petit a que requiert le psychanalysant en s’adressant à lui comme grand Autre. Et c’est quelque chose que nous pouvons comprendre si nous faisons de ce petit a, non seulement un objet de déchet mais ce que Lacan dans son séminaire sur le transfert, ce que à propos de l’hystérique il nous dit, ce précieux qui est au cœur de l’Autre, que l’on met (hors) de l’Autre, pensez à Alcibiade et à Socrate. Donc, lui le psychanalyste doit accepter d’être le support de l’objet petit a que requiert en lui le psychanalysant. Et en (se présentant) divisé du fait de devoir être support de cet objet petit a, c’est parce que bien que divisé il se présente comme objet petit a qu’il va permettre que chez le sujet en analyse puisse se mettre au travail ce qui est sa division du sujet.

Et pour ce qui est de la division du sujet, il faut bien saisir qu’il ne s’agit pas uniquement, en tout cas il n’y a pas à s’arrêter à ce qui peut être manifestation du sujet, manifestation qui se traduit par lapsus ou par acte manqué. Car là ce qui se fait savoir, ce qui se fait entendre ne concerne pas tout ce qui supporte le sujet divisé, c’est à dire cette articulation S1-S2. C’est uniquement du S1 qui vient, du S1 qui aura sens ou pas sens. La division du sujet a avoir avec ce qui se dit et qui n’est pas attendu par celui là qui parle. C’est possible parce que l’analyste dans son acte, a accepté d’être support du petit a qui est demandé à lui par le psychanalysant.

Et le desêtre porte sur ceci que cet objet petit a sera rejeté. Il est le support de cet objet petit a qui sera rejeté. C’est à dire que lorsque le parcours analytique a eu lieu, le sujet va s’apercevoir que ce qu’il croyait trouver au cœur de celui-là, et bien il ne le recèle pas. Donc il va y avoir rejet de cet objet petit a dont le psychanalyste a accepté d’être support. C’est ceci le desêtre. Et c’est Lacan, lorsqu’une analyse a pu être menée à ce point où le fantasme ayant été traversé c’est à dire qu’il a pu y avoir cette disjonction entre le sujet manque à être et ce qui est son être cet objet petit a, ce reste de jouissance qui conjugué, en conjonction avec le sujet fait le fantasme, lorsqu’il y a pu y avoir cette disjonction qui fait que le sujet saisit ce qu’est son être, à ce moment là, celui-là qui a pu atteindre ce point, celui-là, s’il décide de rester dans l’analyse, c’est d’y rester en tant que psychanalyste, sait ce qui l’attend, c’est que lui-même ayant accepté avec ce acte de départ, unique, d’être objet petit a, c’est à dire d’être le support de l’objet petit a que le psychanalysant va requérir de lui, sait que au bout du compte cet objet petit a sera rejeté, puisqu’il sera saisit que en dedans de lui, il n’y a rien qui puisse être quelque précieux que ce soit.

Alors, parce que le sujet de l’inconscient, celui qui ne trouve son sens qu’au champ de l’Autre, parce que ce sujet est le résultat de ce qui est aliénation, c’est à dire de ce qui s’est joué dans l’articulation des signifiants au champ de l’Autre, parce qu’il est ce résultat avec ce qui va s’en séparer l’objet petit a, ce sujet s’il se soumet à l’analyse parce qu’il est, si je puis dire ce que je viens de vous rappeler, il ne peut pas y avoir quoique ce soit qui puisse être de l’ordre d’une synthèse à la fin d’une analyse qui a pu ne pas s’arrêter à cette butée qu’est la castration, une analyse qui a pu traverser le fantasme, il ne peut pas y avoir quelque chose de l’ordre d’une synthèse. Ce qu’il y aura c’est que se met en place ce que Lacan a appelé le désir de l’analyste. Ce désir de l’analyste fait que le signifiant primordial qui a fait que du sujet a pu surgir, le sujet qu’il est, il pourra peut-être le saisir. Mais ça ne pourra pas être quoique ce soit qui ressemble à une synthèse. S’il reste dans l’analyse, s’il fait cet acte de s’autoriser et d’être analyste, ce désir de l’analyste, cet X dont parle Lacan à certains endroits, ce désir aura à être apuré, et apuré du savoir, de ce savoir qui de toute façon, ce qui a pu avec le travail de l’analyse, travail de psychanalyse, être saisit est toujours marqué de la castration.

Donc il y aura à apurer ce désir de l’analyste. A la fin d’une analyse il n’y a pas de synthèse, à la fin d’une analyse, il ne faut pas penser que ce que l’analyse vous a permis de saisir va être quelque chose qui pourra servir à tous. C’est à dire que ce particulier qui a pu être mis au travail ne pourra pas trouver sa place dans quoi que ce soit qui serait universel. Si témoignage on veut donner de ce qui s’est joué pour soi dans l’analyse, Lacan propose, pense que c’est de l’ordre de la passe, c’est à dire de pouvoir parler de ce que on a pu arriver à ce point où le fantasme a pu être traversé et ce que avec ces signifiants qui vous ont aliéné, on a pu être désaliéné. Je crois que ce sont des points importants à rappeler et qu’il faut le faire à partir de la clinique qui nous intéresse, que cette clinique qui nous intéresse et à laquelle nous avons à faire quotidiennement, nous permet de saisir que le sujet qui vient à l’analyse est un sujet aliéné, aliéné au signifiant qui se trouve au champ de l’Autre que ce sujet ne peut trouver son sens au champ de l’Autre, et que ce qui est son être, c’est ce reste, cet objet petit a, cet objet qui est le résultat de ce qui est son manque à lui et le manque qu’il trouve au champ de l’Autre.

Je ne crois pas que nous ayons fait un très grand tour en parlant de ceci ce soir. Il m’a semblé que là où nous en étions arrivés avec les questions qui sont les questions du sujet, avec ce qui s’amorce entre l’objet qui est l’être du sujet et son rapport au savoir, nous nous trouvons dans quelque chose qui amorce ce que le premier jours je vous ai dit ici qui serait le discours de l’analyste, ce qui pourrait aussi traduire ce que le pervers met en place et ce qui va nous interroger avec le psychotique puisque lui le psychotique n’a pas ce signifiant deuxième qui permet qu’il ne soit pas figé sous le signifiant S1 qui lui a permis de surgir en tant que sujet.

Bien voilà ce que ce soir je voulais vous apporter.

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Discussion

Marguerite Bonnet-Bidaud :
Au sujet du rapport de l’hystérique à l’objet petit a vous avez pris soin de dire que l’hystérique elle, il y a aussi des sujets hommes qui sont hystériques, mais quand vous en êtes venue à parler du père de l’hystérique qui est reçu comme un véritable imposteur parce qu’il ne peut pas dire à l’hystérique ce qu’elle est en tant que femme, comment est vécu le père de l’hystérique homme ?

Solange Faladé :
Je vous ai dit que il ne peut pas là aussi donner le signifiant du sujet puisqu’il n’y a aucun signifiant qui soit le signifiant du sujet…

Marguerite Bonnet-Bidaud :
Pourquoi, dans un cas dire qu’on ne pas peut dire qu’il y a rien pour dire ce qu’on est comme femme et dans l’autre cas dire qu’il n’y a rien pour dire ce qu’on est comme sujet ?

Solange Faladé :
De toute façon au cœur de l’Autre il n’y a rien qui puisse dire ce qu’est le sujet puisqu’il n’y a pas de signifiant. C’est pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’être une femme pour vivre ce manque là d’une façon hystérique, que si chez la femme, ça se double de ceci qu’il n’y a aucun signifiant qui permette de savoir ce qu’est le signifiant de la femme, de toute façon en tant que sujet, au cœur de l’Autre, il n’y a aucun signifiant qui permette de savoir ce qu’est le sujet, et donc, ça peut être vécu hystériquement par un homme.

Marguerite Bonnet-Bidaud :
C’est ça qui... c’est posé : hystériquement, alors que chez la femme c’est quelque chose qui...

Solange Faladé :
Ça se double, ça peut faire que un homme est hystérique. Puisque la structure est déjà là, lorsque ce S1 se présente et qu’il sera accepté, c’est à dire qu’il y aura ce choix forcé, dès qu’il est présenté - et le sujet sera la réponse ( ) signifiante - va se structurer ou un obsessionnel ou un hystérique. Mais l’hystérique se voit plus souvent du côté de la femme parce que le signifiant de La Femme n’existe pas. Mais l’hystérique aussi se voit chez l’homme, et a pour base le fait que il n’y a aucune réponse possible de l’Autre, du lieu de l’Autre, qui puisse permettre de savoir quel sujet on est. Il n’y a aucun signifiant. Ce quelque chose qui fait qu’une hystérisation est possible et se réalise dans une analyse, c’est parce qu’il n’y a aucun signifiant qui vient dire ce qu’est le sujet.

Qu’est-ce que l’hystérique homme va faire savoir avec son interrogation, que si il se sent du côté homme... prenons (3) l’exemple que nous donne Lacan (2) à propos de ce conducteur de bus, de cette personne qui prend l’autobus et qui tombe, il sait bien qu’il est du côté homme, mais en même temps parce qu’il a ce rapport particulier au manque, qui est le manque du sujet, il se pose la question de ce que c’est que procréer, c’est-à-dire ce que une femme réalise. Et c’est bien ça qui nous permet de saisir qu’il a une sensibilité, il a du coté de ce manque un rapport particulier qui est un rapport hystérique.

Marguerite Bonnet-Bidaud :
Est-ce qu’on peut aller jusqu’à dire que ce signifiant qui manque a avoir avec le signifiant Femme ?

Solange Faladé :
Il y a au niveau de l’inconscient quelque chose qui vient signifier — homme — mais pas — femme —. Et puis il y a tout simplement, parce qu’on est sujet du signifiant, il y a, qu’il n’y a aucun signifiant, qui vient, qui est le signifiant du sujet effet du signifiant. C’est un vide, c’est un ensemble vide. Il n’y a à cette place aucun signifiant. Ceci déjà met du côté de l’hystérie. Ceci fait que une hystérisation est possible. De l’Autre, du champ de l’Autre, il n’y a aucun signifiant qui vienne faire savoir ce qu’est le sujet. C’est un manque. C’est un ensemble vide, pour reprendre ce que avec la théorie des ensembles Lacan a essayé de rendre, de nous faire savoir, pour rendre plus sensibles à ce qui nous intéresse.

Marguerite Bonnet-Bidaud :
Quand un sujet homme est hystérique il en vient à se poser la question de La Femme ?

Solange Faladé :
Oui, effectivement parce qu’il y est aussi de sa division, bien que se sachant du coté homme, il se pose à l’occasion... prenons cet accident qui est arrivé à cet homme. Va se faire savoir... la traduction de ce qui est au cœur de lui, c’est quoi ? Il y a eu cette chute, cette chute qui peut être vécue comme ce qui est de l’ordre d’un accouchement. Mais il va, il se pose cette question, qu’est-ce qu’est procréer ? Je ne vois pas là ce qui vous arrête, puisque nous sommes sujets divisés.

Marguerite Bonnet-Bidaud :
Il est devant, lui-même, l’absence du signifiant qui permette de dire une Femme ?

Solange Faladé :
De toute façon il ne sait pas ce qu’est l’autre sexe. Souvenez vous, nous avons commencé par les questions que le sujet se pose, il ne sait pas ce qu’est l’autre sexe. Lui non plus il ne le sait pas, mais il a ce rapport au manque qu’un obsessionnel n’a pas, mais qu’il peut très bien avoir bien qu’ homme, et qui lui fait poser de cette façon là, la question de la procréation. Il sait très bien qu’il n’est pas une femme.

Cette observation dont nous parle Lacan, je crois que c’est une observation de Ferenczi qu’il a apporté, et on peut trouver d’autres observations. Je crois que dans la communication préliminaire il doit y avoir une observation, je ne sais plus si c’est de Breuer ou de Freud.

De toute façon, de l’autre sexe on ne sait pas, qu’on soit homme ou qu’on soit femme, on ne sait pas ce qu’est l’autre sexe, mais on peut l’interroger comme hystérique ou comme obsessionnel. Comme obsessionnel on se dit : ni mâle, ni femelle.

Je crois qu’il faut reprendre point par point ces différentes choses que nous avons au cours de ces semaines et années, maintenant, apportées. Et à ce moment là on peut saisir. Et ne surtout pas oublier que nous sommes sujets divisés.

Jacqueline Darbord :
Le fait qu’il n’y ait pas de synthèse à la fin de l’analyse et qu’en réalité celui qui a passé par la castration a passé le fantasme va reprendre justement cette castration à son compte mais en sachant qu’il va être en quelque sorte sous cette forme d’objet petit a qui n’est pas le sien mais où il ne sert que de support à son analysant. Il va accepter d’être lui, ce qu’a été son analyste, c’est à dire d’être rejeté à un moment donné, donc revivre quelque chose qu’il a déjà vécu et qui, ce qui lui a permis de vivre peut-être et d’en sortir. C’est un peu comme si il n’y a pas de synthèse, mais il y a une transmission.

Solange Faladé :
Oui, c’est quelque chose de cet ordre puisque ce qu’on trouve, c’est quelque chose que Lacan a appelé le désir de l’analyste. C’est à dire que il n’est pas nécessaire qu’il y ait eu ou qu’il y ait quelque pratique, c’est à dire qu’on soit, soit-même analyste. Le fait d’accepter d’être support d’un objet petit a qui n’est pas le sien, je crois que c’est important. Vous le trouverez bien nettement dit dans l’acte analytique et en particulier dans ce séminaire du 17 janvier 68 (4). C’est celui que l’analysant requiert de l’analyste, c’est à dire l’analysant, celui-là qui vient vous voir, vient vous voir et pense que en vous il y a quelque chose de l’ordre de l’agalma, que au bout du compte il saura qu’il n’en n’est rien et que ce qu’il avait placé en vous, sera rejeté. C’est là le desêtre. Cet objet que l’on pense que vous avez, au bout du compte, le travail analytique doit permettre, doit faire qu’on aille jusque là. Parce que souvent on pense que c’est l’objet petit a qu’on est qui doit être support d’une analyse, pas du tout.

Jacqueline Darbord :
C’est pour ça qu’il y a l’X, ce désir de l’analyste, c’est à dire que à chaque patient que l’on a, on n’est pas le même petit a.

Solange Faladé :
Bien, non puisque celui qui sera...Je crois que pour ça, pour ce qui est du désir de l’analyste avec cet X, il y a quand même beaucoup de choses qu’il faut essayer d’apporter là. Ce qui est important c’est de savoir, comme le pervers qui est sujet divisé, l’analyste aussi y est de sa division. Comme le pervers, si on est objet petit a, si on se présente objet petit a ; alors l’autre, celui-là qui est en analyse peut mettre au travail sa division. Tout comme le pervers va faire que la division soit chez l’autre parce qu’il se présente à l’autre objet petit a.

Intervenant : :
Vous dites : en vous il pense qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’agalma et après vous dites : desêtre, C’est ça ?

Solange Faladé :
Le desêtre c’est cet objet petit a... ca va être rejeté dit Lacan dans ce passage de ce séminaire du 17 janvier 68.(4) Ce sera rejeté puisqu’en fait vous ne l’avez pas en vous ce qui vous est demandé. Donc, l’objet petit a qui sera rejeté, c’est celui-là, mais vous avez quand même eut à être le support de cet objet, donc quelque chose du desêtre sera vécu par vous. Oui, c’est le desêtre de l’analyste puisque l’objet petit a qui sera rejeté, c’est celui dont vous êtes le support, que l’analysant vous a demandé d’être, si vous voulez, et que vous allez accepter d’être le support de cet objet petit a, à partir du moment où vous vous autorisez analyste.

J. Triol :
Et Aurore et Vanda ? La division du sujet c’est parce que Masoch se présente comme objet petit a, ou bien c’est parce qu’elle ne peut pas se mettre sous le signifiant phallique ?

Solange Faladé :
Non, c’est de voir cet homme qui se transforme en serviteur, en esclave qu’elle ne peut pas aller jusqu’au bout de ce qu’elle a réalisé dans son contrat. Elle ne peut prendre en fait cet instrument.

J. Triol :
Elle ne peut se mettre sous le signifiant phallique.

Solange Faladé :
Moi, je ne dirai pas aussi rapidement qu’elle ne peut pas se mettre sous le signifiant phallique, parce que ce fouet, c’est quand même ce qui fera que de la jouissance sera. Mais qui va jouir ? C’est là la question.

Pourquoi les bottes ne seraient pas le signifiant phallique ? Elle fait remarquer qu’elle peut mettre la fourrure, qu’elle peut mettre les bottes, mais prendre le fouet, ça, elle n’a pas pu ! Dans ce premier temps elle en a eut un dégout, elle n’a pas pu. Je pense que c’est vraiment quelque chose de l’ordre de sa division qui se présente à elle. Elle ne s’y attendait pas. Elle avait écrit, etc… Ils étaient persuadés, elle se voyait dans la peau de ce personnage, quand, au pied du mur, l’autre est là, le valet. Enfin, elle ne peut pas.

Je crois que ça, on ne lui fait pas dire, puisque c’est sa confession.

On trouvera aussi pour les victimes de Sade, mais pas forcement du même type quelque chose qui vient là marquer la division avec en plus du fait de la douleur, l’évanouissement. Il va y avoir un véritable évanouissement du sujet.

Pour Wanda, ce n’est pas qu’elle ne peut pas, c’est que pour achever ce qui est demandé, il faudrait qu’elle puisse le prendre, or, elle s’aperçoit, elle n’y a pas pensé, ça a été pour elle quelque chose de l’ordre d’une révélation. Elle s’affuble de ce qui lui est demandé et voilà qu’elle ne peut pas. Je crois que le sujet divisé est là. Je ne pense pas que ce soit défaillance dans son rôle, mais elle est surprise. De même quand quelqu’un arrive sur le divan, il arrive à certains moments de partir dans toute une...et de s’apercevoir : je ne voulait pas parler de ça, etc...

Elle est sujet divisé et c’est là qu’on peut le saisir. Enfin, elle ne le dit pas comme ça, mais ça revient à ça, parce qu’elle se présente très phalliquement vous savez. Moi il m’a semblé que ce qui provoque la division du sujet est là.

J. Triol :
C’est Masoch en petit a qui provoque la division du sujet ?

Solange Faladé :
Bien oui puisque tant qu’ils étaient ensemble, etc... Mais quand il s’est présenté à elle comme cet objet de déchet, ce chien, ce valet, il y a eut quelque chose qui s’est passé et qu’elle traduit. Elle ne s’y attendait pas du tout. Elle était persuadée du contraire puisque dans leurs lettres, leurs échanges, elle était sure que, enfin elle était véritablement ce qu’il attendait. Elle se voyait dans son rôle et puis au pied du mur, ce n’est pas possible. Je pense que si on reprenait...mais comme il n’y a pas eu confession... ça ne m’a pas autant frappé dans son aventure en Italie. Quelque chose de cet ordre a du se passer. Mais enfin elle, elle a écrit. Et elle dit. Et elle commence par ça.

Intervenant : :
Le desêtre de l’analyste, c’est quelque chose… dans l’analyse de contrôle, pas dans l’analyse ?

Solange Faladé :
C’est l’analyste qu’on vient voir, à qui on demande une analyse et on lui demande une analyse puisqu’on suppose qu’en dedans de lui il recèle quelque chose que Lacan dans un premier temps a dit être l’agalma, c’est l’objet petit a, c’est ça qui est pensé qu’il possède.

Dans l’analyse de contrôle, la personne que vous venez voir, ce n’est pas votre analyste, ce n’est pas en tant que c’est avec lui que vous voulez faire votre analyse que vous venez le voir. Vous venez le voir pour lui parler de ce que analyste, dans cette position d’analyste vous faites en conduisant une cure. Votre analyste, celui avec qui vous voulez faire votre propre analyse, c’est avec celui-là que ça se passe.

Avec l’analyste de contrôle, quand vous voulez faire une analyse de contrôle, vous ne venez pas demander une analyse, vous venez parler de comment vous conduisez une cure. Et si on dit analyse de contrôle, c’est parce que ce qui est du transfert de la personne qui vient faire contrôler son travail, sera analysé et que la question de son écoute analytique sera prise en compte. Mais ce n’est pas l’analyse de la personne.

Intervenant :
Mais il rencontre cet objet petit a dont il est support pour l’analysant ?

Solange Faladé :
Il pourra le rencontrer. On pourra peut-être voir comment il s’en débrouille. Le desêtre ne sera pas vécu là. Le désêtre c’est au cours du travail analytique. Quand on vient en analyse de contrôle, quand on vient en contrôle on ne vient pas en tant que sujet divisé faire un travail sur soi, on ne vient pas faire que du S1 choit c’est à dire prendre en compte ce qui vous a aliéné. Ce n’est pas ça l’analyse de contrôle.

Bon, on va en rester là.


Note (1) Les psychonévroses de défense in Névrose, psychose et perversion – PUF – page 12.

Note (2) Sous le tableau d’une hystérie traumatique un fantasme de grossesse chez un homme - contribution clinique à propos de l’érotisme anal - par Michaël Joseph EISLER (Budapest) (Texte Hongrois n’a pu être trouvé - Texte Allemand Eine Unbewuste Schwangrschaftsphantasie bei eine Manne unter dem Bilde einer traumatischen Hysterie (Klinischer Beitrag zur Analerotik)- Texte Anglais in The international journal of Psycho-Analysis (Vol II sept/déc 1921 Part 3-4) - Documentation psychanalytique de l’Ecole Freudienne - commenté par Lacan Séminaire Les psychoses le 14 mars 1956 page 191.

Note (3) voir aussi Séminaires de Solange Faladé du mardi 11 juin 2002 et samedi 8 juin 2002.

Note (4) voir aussi Séminaire du 10 janvier 1968