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Le symptôme XIV

26 juin 1990
Document de travail

Ce soir, je reviens sur ce – il n’y a pas de rapport sexuel – cette vérité insoutenable qui peut à la fin d’une analyse se nouer au savoir parce que le fantasme qui masquait cette vérité, a pu être levé, permettant ainsi que le sujet puisse passer de cette impuissance de la castration au sens de la castration, c’est à dire à ce – il n’y a pas de rapport sexuel -. C’est ce qui est au cœur de la découverte de Freud. La réalité de l’inconscient, certes est une réalité sexuelle, la relation sexuelle qu’il y a entre les deux sexes n’intéresse pas le sexe.

Nous avons vu la dernière fois que c’est à partir de la demande adressée à l’Autre, que se met en place non seulement le sujet qui va émerger des signifiants qui le recouvrent, mais également le désir qui est au-delà et en-deçà, nous dit Lacan. J’en ai parlé plus en détail la dernière fois. Mais avec cette adresse à l’Autre, cette demande, quelque chose se passe qui fait que du fait du passage par le défilé des signifiants, la demande de l’être parlant va être une demande aliénée, demande cocue, dit Lacan, et ce qui va en résulter c’est ceci : Ce qui n’a pas eut de réponse lors de la première demande, disons lors des premières demandes, ne pourra pas être repris lors des demandes ultérieures. Et c’est là, nous dit Lacan dans son article sur la signification du phallus, c’est cela le refoulement originaire – Urverdrängung – ce qui de la demande n’a pas reçu de réponse et qui ne pourra jamais plus être repris lors des demandes à venir.

Alors, cet Urverdrängung ce n’est pas du tout le grand S2. La question m’a été posée la dernière fois, je n’ai jamais dit que c’est le S2. J’ai simplement rappelé un passage de Lacan, un passage des 4 concepts, disant que le grand S2, le deuxième signifiant nécessaire pour que le premier puisse signifier, que ce grand S2 c’est la Vorstellungsrepräsentanz, c’est ce cadre, ce dispositif nécessaire pour qu’il puisse y avoir refoulement. Je dis que ce Vorstellungsrepräsentanz, ce S2, (c’est) ce qui va au cœur du refoulement originaire, frayant ainsi le passage aux refoulements à venir. Donc, si ce refoulement originaire se met en place, lors du deuxième appel au grand Autre, ça ne veut pas dire que le refoulement originaire c’est le grand S2.

Donc, avec cette demande, demande faite à l’Autre, le sujet émerge sous un signifiant, celui qui le représente, le S1 et qui le représente auprès d’un autre signifiant le S2 qui lui, parce que nous sommes au niveau de l’inconscient, ce S2 n’a pas de signifiant pour le signifier, puisque c’est un savoir qui ne se sait pas, nous dit Lacan et c’est pourquoi la batterie qui nous intéresse, l’articulation qui nous intéresse c’est cette articulation S1-S2.

Du fait de la demande, le désir se met en place. Ce désir qui se met en place, vous avez pu la dernière fois, noter que c’est uniquement par la parole que le désir nait et ce désir forme nous dit Lacan un champ clos. Et la question est de savoir : qu’est-ce qui va s’inscrire au cœur ce champ, de ce champ du désir, quelle en sera l’inscription sexuelle ? Nous avons vu que c’est le phallus.

Donc, se met en place ce sujet barré, sujet représenté par le S1, sujet qui du fait de l’appel au grand Autre pour le deuxième signifiant, va être divisé, perdre une partie de son sens, disparaître et au cours de cette disparition le petit a vient à choir. Lors de ce deuxième appel, Lacan souligne que l’enfant, ce sujet qui vient de naitre, rencontre le désir de la mère, et avec le désir de la mère, puisque nous sommes dans le cadre de la névrose et de la perversion, avec le désir de la mère, il va pouvoir identifier l’objet qui est ce désir de la mère. Et nous allons ce soir partir du désir de la mère. Nous pouvons partir de la mère alors que, vous savez, la femme n’existe pas et c’est bien difficile donc, de partir de cette femme qui ne peut être là.

Partons de la mère. Elle existe bel et bien, la mère et son désir. Qui est cette mère ? La mère c’est cette petite fille dont nous avons parlé l’année dernière, cette petite fille qui ne peut sortir de l’œdipe à cause de son manque, qui ne peut sortir de l’œdipe parce que l’amour du père lui est nécessaire. L’amour du père lui est nécessaire car elle espère avoir de ce père l’objet qui lui manque. Mais vous connaissez les avatars qui l’attendent. De la mère, elle n’a pu avoir cet objet convoité, du père qui possède ce que la mère n’a pas, elle va faire la douloureuse expérience qu’elle n’aura pas non plus cet objet qu’elle désire tant. Et vous savez, puisque ce désir est là métonymie, différents objets pourront venir à la place de l’objet du désir, et ça peut être dans ce temps de son enfance, la poupée ou d’autres enfants, comme la jeune fille homosexuelle de Freud, qui vous savez s’intéressait beaucoup aux enfants et à la vue de ceci on avait pensé que pour ce qui était de la maternité, on pouvait être tout à fait rassuré puisqu’elle aimait tellement les enfants. On a du déchanter, et ces enfants qu’elle aimait tellement, c’était en fait cet objet qui lui manque, c’était ce qui venait là, à la place de l’objet désiré et demandé au père. En effet la petite fille demande au père un enfant, mais il n’est pas question qu’il lui donne cet enfant, pas plus que l’objet de son désir. Et le père la renvoie à plus tard, plus tard à un homme qui, nous dit Freud sera toujours vécu comme un père par la petite fille devenue femme. Et à cet homme qui est son partenaire sexuel, qu’est-ce qu’elle lui demande ? Elle lui demande cet objet qui est l’objet de son désir, cet objet que le père lui a refusé. Elle lui demande quoi ? Un objet dont l’image est, que c’est quelque chose, c’est un objet toujours dressé, continuellement dressé. C’est ce qu’elle demande à son partenaire sexuel. Et qu’est-ce qu’elle reçoit ? Empruntons le terme de Lacan, elle reçoit le pénis réel, c’est à dire un organe (qu’il trouve) dans sa tumescence et dans sa détumescence. Ce qui est demandé au partenaire sexuel, c’est le phallus, c’est à dire que ce n’est pas l’organe, ce n’est pas ce qui a avoir avec le sexe biologique.

Et lorsqu’elle recevra, en retour, quelque chose de cette conjugaison sexuelle, lorsqu’elle recevra un enfant, c’est facile de comprendre que cet enfant tient lieu de l’objet de son désir, que cet enfant représente le phallus tant attendu par elle. Et c’est pourquoi, parce que nous sommes dans la névrose, la castration va jouer, le père remplissant sa fonction de père, c’est à dire permettant qu’il y ait cette père-version, cette version vers le père fera que la mère ne pourra faire de cet enfant l’objet de son désir, puisque l’enfant pourra être tourné vers le père. C’est ce qui est demandé à un père.

Donc vous voyez là, en reprenant les choses de cette façon, qu’il n’y a pas de rapport sexuel entre les deux sexes. Voici pour ce qui est de la femme, la femme qui nous dit Lacan est une dit-femme.

Pour ce qui est de l’homme, le partenaire sexuel nous dit Lacan, le grand Autre de l’autre sexe c’est son symptôme. Nous n’allons pas détailler ceci ce soir, j’en dirai un mot tout à l’heure.

Nous allons revenir au symptôme, le symptôme qui vous le savez est ce qui vient du réel, celui qui nous a intéressé jusqu’à présent qui s’est mis en place du fait de l’adresse à l’Autre. Ce symptôme a une autre figure, plus exactement, dans tout symptôme il y a la jouissance, jouissance fourrée dit Freud à propos de l’Homme aux rats. Mais déjà dans le cas d’Élisabeth von R. cette observation qui nous retient depuis longtemps, il a pu noter qu’il y avait une jouissance, une jouissance cachée au sujet. Je vous rappelle brièvement cette partie de l’observation.

Élisabeth von R. qui ne peut plus marcher, qui a des troubles de locomotion, est adressée à Freud par Breuer. Freud l’examine très sérieusement, en bon médecin, en bon neurologue qu’il est. Il s’aperçoit que rien de neurologique ne vient expliquer cette paralysie présentée par sa patiente. Au cours de l’examen il s’aperçoit que à un certain endroit, lorsqu’il touche cet endroit qui en principe lui fait mal, devrait lui faire mal, son visage s’éclaire, et il note qu’il y a là quelque chose de tout à fait pas normal. Ce quelque chose de tout à fait pas normal c’est cette jouissance que présente Élisabeth. Et ce n’est que plus tard qu’il saura – parce que Élisabeth au cours du travail qu’elle fait avec Freud va pouvoir se rappeler que à cet endroit là, son père malade, dont elle s’occupait, posait le pied, alors que elle avait à lui faire ses pansements, les différents soins qui lui étaient nécessaires.

Le symptôme c’est ce savoir auquel résiste la vérité. Le symptôme c’est également la jouissance et de cela nous allons parler un peu plus longuement ce soir, puisque jusqu’à présent nous n’avons pas pu le faire et que ce – il n’y a pas de rapport sexuel – nous oblige au moins à en parler ne serait-ce que rapidement.

Et pour ce faire je reviens à cet enfant infans, ce bébé qui ne parle pas encore. Et pour étayer ce que j’ai à dire ce soir, je vais me reporter à l’article de Freud l’autoérotisme. J’avais commencé la dernière fois à en dire quelques mots. J’y reviens aujourd’hui essentiellement pour parler du début de cet article. Vous vous souvenez que Freud nous dit que la zone bucco-labiale de l’enfant va être excitée par l’apport de lait chaud qu’il a reçut, que cette excitation va lui procurer une Befriedigung. Après tout nous pouvons traduire cette Befriedigung, cette satisfaction par jouissance puisque je me suis aperçue, que pour jouissance fourrée, cette jouissance de l’Homme aux rats c’est bien ce mot Befriedigung que Freud a employé, la traduction maintenant admise est de parler de jouissance fourrée.

Donc l’enfant, cet enfant qui ne parle pas et qui reçoit cette (première) jouissance du premier lait chaud, et ensuite (… inaudible...) compulsion de répétition (... inaudible...) les différentes parties qu’il peut toucher à partir de sa bouche. C’est à dire que c’est à partir de cette zone qui a été érogèneisée et qui a été la première source de jouissance, c’est à partir de cette zone que l’enfant pourra à nouveau se satisfaire. Cette première marque, cette jouissance, c’est ce que, dans son séminaire sur l’identification, Lacan a essayé de présentifier avec les différents traits qui se trouvaient sur l’os – je ne sais plus quel os de l’animal qui se trouvait à Saint-Germain – différents traits identiques, c’est à dire (1) qu’il va y avoir là marqué un trait, pas n’importe quel trait, trait unaire nous dit Lacan, c’est la première fois qu’il traduit ainsi le trait unique de Freud, trait unaire. Et ce trait unaire est un signifiant, mais un signifiant pas comme les autres signifiants qui viennent de la communication, qui viennent de l’adresse à l’Autre.

Ce signifiant, c’est en fait la lettre. C’est ce signifiant de la jouissance. C’est un signifiant qui ne représente pas le sujet contrairement aux signifiants dont nous avons parlé jusqu’à ce jour. C’est le signifiant de la jouissance, c’est la lettre. Et avec cette lettre, avec cette marque, va se mettre en place quelque chose qui s’écrit nous dit Lacan, parce que à cause de cette compulsion de répétition, il va y avoir d’autres traits, d’autres 1 qui vont se marquer – puisque ce signifiant de la jouissance c’est un 1 -, d’autres 1 qui vont se marquer, et donc de ce fait quelque chose s’écrit. Et ce qui s’écrit ici, n’a rien à voir avec ce qui a pu s’écrire avec le désir puisque le désir étant métonymique, il y aura toujours un autre objet qui pourra venir à la place de l’objet désiré.

Donc quelque chose s’écrit. Ce sont des 1. Ces 1 sont des signifiants. C’est ça la lettre.

Et ces signifiants qui s’écrivent, il va y avoir une particularité, cette particularité dit Lacan, c’est que du pareil au même il y a une différence, il y a toujours quelque chose qui fait que la jouissance trouvée une deuxième fois une troisième fois et ainsi de suite, ne sera jamais la première jouissance. Et c’est bien parce que cette première jouissance ne peut pas être trouvée que à nouveau on s’efforce de retrouver cette jouissance. Il y a donc toujours une différence. Et cette différence Lacan l’écrit – a -. C’est l’objet - a - qui se met là en place, du fait de la jouissance et parce que les jouissances éprouvées ne seront jamais plus la toute première jouissance.

Ce qui s’est mis là en place, ce qui s’écrit à partir de ces signifiants de la jouissance, à partir de la lettre, ce qui s’écrit là, n’a pas besoin du grand Autre, alors que jusqu’à présent, lorsque nous nous sommes intéressé au symptôme et que nous avons essayé de mettre en parce le symptôme, nous sommes partis du sujet représenté par un signifiant et pour que ce sujet puisse advenir, il faut l’adresse à l’Autre, il faut l’adresse au grand Autre, alors qu’ici ces signifiants de la jouissance n’ont pas besoin du grand Autre et on peut très bien le comprendre.

L’objet qui est présenté à l’enfant, qui lui permet d’avoir cette première jouissance, cet objet c’est le sein. C’est un objet qui n’appartient ni à la mère ni à l’enfant. Cet objet il le reçoit, l’objet disparaît, l’objet reparaitra. S’il ne reparait pas, l’enfant pourra trouver une façon pour se satisfaire. C’est à dire que là, ce qui se présente à l’enfant, n’a absolument rien à voir avec le grand Autre. Ce n’est pas la communication, ce n’est pas l’adresse à l’Autre qui fait que se met là en place cette jouissance et les signifiants qui étayent cette jouissance.

C’est aussi ça le symptôme. C’est ce qui est là réel, le symptôme. C’est cette jouissance qui est le symptôme. Et c’est ce point que Lacan s’est efforcé d’éclairer et de bien montrer en quoi il ne peut pas y avoir de symptôme sans qu’il y ait, et ce qui vient de l’adresse à l’Autre et ce qui vient de la jouissance.

Ce qui vient de la jouissance ce sont des 1. Et ces 1 forcément vont se retrouver au niveau de l’inconscient puisque tout ceci est refoulé par l’enfant qui n’est pas forcement encore sujet, qui le deviendra. Cette jouissance, ces 1 prennent place au niveau de l’inconscient. Et ça, la symptomatologie nous permet de le saisir, c’est ce – ça compte – au niveau de l’inconscient. C’est ce – il y a du comptage – au niveau de l’inconscient. Ce sont tous ces 1 de la jouissance qui sont là au niveau de l’inconscient. Et vous savez que l’obsessionnel par exemple, lui qui compte et compte et compte, ne trouvera jamais le compte car il manquera toujours quelque chose et ce qui manquera, ce sera du fait de cet objet qui se met en place avec les signifiants de la jouissance.

Donc il y a du 1, Lacan dira plus tard – il y a de l’Un. Il y a du 1 qui vient de l’adresse, il y a aussi du 1 qui vient de la jouissance et tout le problème, c’est là ce qui est crucial, c’est comment on passe de l’un à l’autre.

Je ne sais pas si vous vous souvenez, dans son séminaire D’un Autre à l’autre, nous avons eu l’occasion à différentes reprises de nous référer à ce séminaire, dans ce séminaire, lorsque Lacan commence ce séminaire, il part de - l’un à l’autre – et il dit écrivez - l’autre - comme vous voulez. Je ne sais pas si dans la transcription qui circule, ceci a été marqué. C’est tout à fait important car effectivement – de l’un à l’autre – ne s’écrit pas de la même façon si on part du 1 de l’adresse, du 1 de la communication, il faut passer à l’Autre grand A, alors que si on part du 1 de la jouissance, si on part de la lettre c’est à l’autre mais un petit autre avec un petit a. Donc quand Lacan dit écrivez le comme vous voulez, c’était sa façon à lui d’éveiller notre attention, que si il a intitulé son séminaire – d’un Autre, grand Autre, à un autre, petit autre, pour ce qui est de - l’un à l’autre - les choses ne sont pas si simples.

Pour ce qui est de l’un à l’Autre, pour ce qui du S1, signifiant de la communication, nous avons dit qu’il est par l’adresse, c’est à dire lorsque l’enfant reçoit le langage (...inaudible...) c’est ainsi que l’on passera du 1 signifiant, du S1 au signifiant S2 c’est à dire à l’Autre. Et ensuite les choses se mettent en place, ce que nous avons fait ensemble depuis plusieurs mois, avec ce qui va en résulter, certes du sujet barré, mais un objet qui choit, c’est le petit a.

Alors que pour le 1 de la jouissance, alors que pour la lettre, là les choses sont beaucoup plus difficiles puisqu’en fait il n’est pas nécessaire pour l’enfant d’être confronté avec l’Autre, avec la jouissance de l’Autre A, pour que se marquent ces 1 de jouissance, pour que la lettre fasse son apparition.

Alors, comment passer de l’un à l’autre, comment passer de la jouissance, jouissance autoérotique - il faut y insister, jouissance autoérotique, puisque l’enfant n’a besoin que d’un objet, le sein, qui l’excite, cet objet fait que la jouissance qu’il va ressentir n’est nullement une jouissance sexuelle, dit Lacan, jouissance autoérotique, - comment passer de la jouissance autoérotique à l’Autre. C’est là que Lacan dit quelque part dans subversion du sujet : comment la jouissance condescend-elle au désir ?

Alors là, je vais rappeler parce que nous l’avons très longuement étudié, ce qui s’est dit autour de la pulsion. Vous vous souvenez de ce phénomène autoérotique, c’est par ce phénomène autoérotique que la jouissance va pouvoir être régulée, que l’homéostase se mettra en place, et que on aura à faire au plaisir. Mais encore une fois, pour que ceci puisse être, il faut, nous dit Lacan, que le grand Autre se soit mis en place pour le sujet, pour l’enfant. C’est ainsi qu’il le dit dans les 4 concepts, et ce que j’avais proposé pour l’étayer,(2) c’était le schéma optique avec le miroir plan, le grand Autre qui faisait que la pulsion se met en place, c’est à dire que là, il nous faut reprendre ce que nous avons ces dernières années étudié pour comprendre ce qui va se jouer là autour de la jouissance, de cette jouissance qui va condescendre au désir. Vous savez très bien que l’enfant peut ne pas en sortir de cette jouissance.

Et j’ai eu récemment l’occasion de voir ces films qui ont été fait sur les enfants autistes et on voit toute la peine de l’autre pour que l’enfant puisse sortit de son enfermement. Mais ce qui échappe me semble-t-il à l’observateur c’est que l’enfant est dans une jouissance, et que ne tenant pas compte de cela, je ne vois pas ce qu’on peut faire pour que l’enfant condescende à avoir quelque désir pour celui-là qui s’efforce de l’intéresser à je ne sais quoi. Enfin, c’est tout de même très...je ne sais quel adjectif trouver, de voir comment l’Autre, ce grand Autre, cet homme s’évertue en pure perte, et s’efforce de se convaincre lui-même que l’enfant retient quelque chose de lui, alors que manifestement on voit bien qu’il n’en n’est rien, sur ces films, enfin.

Alors revenons à cette jouissance, revenons à ces 1. Mais pour pouvoir passer au grand Autre, il y a le petit autre, et c’est là ce qui fait le problème crucial de la jouissance. Je ne le développerai pas plus ce soir, ça mérite qu’on y aille pas à pas, comme ce que nous avons pu faire jusqu’à présent à propos de la communication. Il y a ce petit autre et derrière ce petit autre, ce grand Autre.

Ce qui nous intéresse ce soir c’est ce qui a avoir avec le – il n’y a pas de rapport sexuel – Mais avant de revenir à ce – il n’y a pas de rapport sexuel – à partir de ce symptôme, de ce réel du symptôme, de ce qui ne cesse pas de s’écrire, c’est ça le réel du symptôme, vous voyez tous ces 1 vont continuer à marquer à venir marquer l’enfant puis le sujet.

Avant de venir à ce – il n’y a pas de rapport sexuel – je voudrai donner un exemple, je voudrai parler de Gide de l’adolescent Gide. Je pense que 12 ans c’est l’adolescence et cet épisode bien connu de sa vie, de cette séduction qu’il a vécu, séduction venant de sa tante, et à propos de cette séduction, Lacan nous dit qu’il est là, marqué d’un trait, trait de l’idéal du moi, ce qui – à cette époque là il parle ainsi – jusqu’à présent alors que l’idéal du moi, forcément s’est produit pour l’enfant Gide, nous ne sommes pas du tout dans la psychose, mais que dire de l’enfant Gide jusqu’à cette séduction faite par la tante ? Ce que Lacan voulait nous montrer à cette époque c’est qu’il y avait un trait, un trait unaire, un trait similaire à ce que l’année d’après je crois, peut-être le séminaire sur l’identification, un trait qui vient marquer l’enfant Gide, l’adolescent Gide et qui fait qu’à partir de ce jour là, ce trait de jouissance va être quelque chose d’indélébile et qui fait que l’enfant Gide qui pouvait dire – je suis je ne sais pas quoi- du fait du symptôme qui s’était mis en place par l’adresse faite à l’Autre, du fait de la communication, à partir de ce jour là, c’est nous dit Lacan – se jouis – Il fait un jeu de mots entre le – je suis - qui a avoir avec les signifiants de la communication, et le – se jouis- qui a avoir avec les signifiants de la jouissance.

Ce qui va définitivement marquer Gide, ce qui définitivement va faire le symptôme de Gide, ce n’est pas tant ce qui avait marqué son enfance, avec vous savez ses difficultés scolaires, sa masturbation, on n’avait pas pu le laisser à l’école, il a fallu le retirer, enfin toutes ces choses que vous connaissez si bien. Ce qui l’a marqué, c’est ce qui s’est produit à partir de ce - jouis -, ce qui fait que Gide sera cet homme qui toute sa vie, parce que c’est là son symptôme, qui toute sa vie s’intéressera aux petits garçons de 12 ans qui présentent un trait particulier qui a avoir avec cette sensation de jouissance qui a été la sienne lorsque sa tante lui a caressé le bras. Que serait-il devenu, nous ne le savons pas, s’il n’y avait pas eu cette sensation, cette séduction de la part de la tante. Nous ne savons pas ce qu’il serait devenu. On peut toujours penser ceci ou cela.

Ce qui importe c’est de voir que le symptôme, c’est en fait ce qui est la jouissance, cette jouissance qui définitivement marque Gide.

Pour ce qui est de son écriture, on peut se demander et on a toute raison de le penser, on peut se demander s’il n’y avait pas eu cette jouissance là, s’il n’y avait pas eu ce – se jouis – est-ce que Gide serait devenu l’écrivain que nous connaissons.

Ceci nous amène à cet autre aspect du symptôme, cet autre aspect de ce réel du symptôme que Lacan écrit sinthome pour nous parler de Joyce et ce qui a avoir avec l’art. C’est un autre aspect du symptôme qui nous intéressera puisque ce soir il ne nous est pas possible de le développer, mais il n’était pas non plus possible de ne pas en parler puisqu’il nous faut revenir à ce – il n’y a pas de rapport sexuel -

Ce – il n’y a pas de rapport sexuel – lorsque nous partons de la jouissance et du symptôme qui s’est mis en place, ce – il n’y a pas de rapport sexuel – lorsque pour sortir de cette jouissance autoérotique, Lacan nous dit que c’est par l’amour, c’est par la parole d’amour. C’est en cela que l’Autre sera derrière ce petit autre, qui a avoir avec la jouissance, c’est par la parole d’amour.

Mais lorsque à partir de ce qui s’est mis en place, que un peu plus tard, se sont mis en place avec la jouissance, lorsque le sujet s’adressera à l’autre en tant que partenaire sexuel, on pense et on peut penser, et vous verrez lorsque nous y reviendrons l’année prochaine que ça ne peut être que tromperie ou mensonge dans la mesure où ce qui s’est mis en place autour de ces signifiants de la jouissance s’est mis en place sans le grand Autre. Il n’est pas nécessaire que le grand Autre soit là. Donc ce qui va être présenté au grand Autre, ce qui a avoir avec ces petit a, c’est à dire ce qui cause le désir c’est ce quelque chose de manquant. Je pense que c’est à partir de ceci que on peut comprendre en quoi une femme pour un homme c’est là son symptôme, puisque c’est à partir de ces - a - qui ont à voir avec le réel du symptôme que se fera la relation avec l’autre partenaire. Donc lorsque l’homme qui s’y arrête et pourquoi pas, s’arrête à ce qui est son symptôme. Je pense que ça ne peut être qu’à partir du réel du symptôme que Lacan peut dire que une femme est pour un homme son symptôme.

Alors pour mieux dire ce – pas de rapport sexuel – il m’a semblé pour le moment difficile de partir de la seule jouissance, je me suis reporté à ce que Lacan dit dans le séminaire Encore. Dans le séminaire Encore, je crois que c’est le séminaire de janvier 73, ça doit être le deuxième de Janvier, du 16 janvier, Lacan pour revenir sur son – il n’y a pas de rapport sexuel – après avoir parlé des (dits), c’est à dire ce dont nous avons parlé la dernière fois, reviens sur le temps logique, plus exactement les trois personnages du temps logique, son article le temps logique, et il fait remarquer que en fait on a pas à faire à trois sujets, on a à faire à deux sujet et un regard. Il y a, pour que chacun puisse savoir qui il est, il ne peut le savoir qu’à partir des deux qui sont les deux autres compagnons, et à partir de son regard, et il conclu rapidement que si un sujet… reconnaître un 1 pour un sujet, un 1 pour un autre sujet, pour les deux autres sujets de toute façon il est nécessaire d’écrire le petit a, c’est à dire qu’il ne peut pas y avoir de rapport entre les 1 sujets, sans que le petit a ne vienne s’écrire. Il ne peut pas y avoir entre homme et femme, mettons des 1 - c’est un peu rapide, puisque nous ne l’avons pas fait en détail - donc chacun des prisonniers : 1 et 1, mais pour se reconnaître, il faut le regard sur ces deux, donc le regard, c’est l’objet petit a.

C’est la même chose qui se passe entre deux partenaires sexuels, le 1 d’un sujet et le 1 de l’autre sujet ne peuvent jamais être sans qu’il y ai du petit a, que ce soit le petit a qui provient de la torsion, lors de la division du sujet, ou les petits a qui sont mis en place avec la jouissance. Il y a toujours du petit a qui vient là s’inscrire. Ce qui fait que on ne peut jamais avoir quelque chose d’un rapport 1 sur 1. Il faut qu’il y ai le petit a à coté et ce petit a - soit qu’on le multiplie, c’est la même chose parce que si on le multiplie on aurait 1, et là aussi on aurait 1, mais comme il est nécessaire d’ajouter ce petit a – donc c’est ce petit a qui fait qu’il ne peut pas y avoir de rapport sexuel.

Ce sont ces objets cause de désir, ces différents objets qui ont eu avoir avec la jouissance, qui ont eu avoir avec les signifiants de la jouissance, ce sont ces objets qui sont toujours là dès que des 1 se mettent en place et qui font que il ne peut pas y avoir un rapport, rapport tel que il y aurait 1 sur 1 qui donnerait 1, 1 multiplié par 1 qui donnerait 1. Il y a toujours ce petit a, ce petit a Lacan en a fait le nombre d’or. II s’en explique, ce soir nous n’allons pas rentrer dans tout ceci. Il s’en explique, et donc il y aura toujours 1 virgule quelque chose, ou zéro virgule quelque chose, selon que le petit a sera inversé ou pas. Donc c’est tout à fait important de bien comprendre que parce que lorsque le 1 se met en place, le 1 de la jouissance, il y a toujours du petit a dans la mesure où il y a une différence entre le premier 1 qui s’est mis en place et les 1 qui vont suivre.

Il m’a paru plus simple pour expliquer ce – pas de rapport sexuel – concernant ces 1, concernant cette jouissance autoérotique, d’en revenir en fait à ce qu’il a dit du temps logique et qu’il reprend dans ce séminaire Encore. Dans ce séminaire Encore vous vous en souvenez peut-être, il y avait des passages qui déjà nous ont intéressé l’année dernière et en particulier un passage sur lalangue, parce que jusqu’à maintenant je vous ai parlé de cette jouissance, de cette lettre qui vient là marquer, de ces signifiants qui ne représentent pas le sujet, mais la question est de savoir comment va se mettre en place ce qui est la castration. La castration, pour ce qui est du signifiant qui représente le sujet se met en place du fait du S2, du Nom du Père. Ici nous dit Lacan, la castration se mettra en place du fait de lalangue. Il dit que c’est une mortification.

Prenez les choses comme cela pour ce soir. Nous aurons à le détailler lors de nos prochaines rencontres. Je ne voulais pas que vous pensiez qu’il n’y avait pas, touchant ces signifiants de la jouissance, qu’il n’y avait pas la castration. Mais le mécanisme qui fera qu’il y aura castration n’est pas le même que celui qui fait castration lorsqu’on a à faire au S1 qui représente le sujet.

Je crois qu’il y a un point que j’ai oublié, c’est ce qui concerne justement ces S1 et l’écriture que Lacan en donne dans ce passage dans Encore, ça doit se trouver autour de la page 130 où Lacan met bien en place le S1—> S2 de la représentation du sujet, et il ajoute ici un S1. Ce S1 qui n’a rien à voir avec l’articulation de la langue, l’articulation langagière, c’est en fait le S1 qui vient des S1 de la jouissance. Ce qu’il a tenu à marquer, c’est ce dont je voulais parler très rapidement et j’ai oublié de vous reporter à cette écriture, ce qu’il a voulu marquer, c’est que ce S1 qui ne représente pas le sujet, va s’accrocher, puisqu’il sera au niveau de l’inconscient, va s’accrocher à ces autres S1 mais n’aura pas de relation avec le S2.

Donc, avec cet autre aspect du symptôme, ce qui fait que là le symptôme est réel... c’est à dire qu’en fait, ce symptôme est composé de quelque chose qui vient du réel, c’est ce qui nous a retenu toute l’année, et de quelque chose qui est réel, c’est ce que Lacan a apporté dans la deuxième partie de son enseignement, autour de la jouissance. Cette partie du symptôme est réelle et s’appelle aussi le symptôme. Au niveau d’Élisabeth von R. la jouissance qu’elle présente, qu’elle montre plus exactement, qu’elle exhibe presque, qu’elle montre lorsque Freud touche cette partie du corps, cette jouissance c’est le symptôme d’Élisabeth. Il y a la paralysie et la jouissance.

Alors une question se pose, je pense que ça fait partie de ce que Lacan a appelé les problèmes cruciaux de la psychanalyse, une question se pose ou on a à se la poser : ces deux parties du symptôme, je dis les choses comme ça ce soir, quel seront leur sort ?

Pour ce qui s’est mis en place avec l’adresse à l’Autre, l’interprétation est possible. En fait, ce qu’on interprète c’est toujours ce qui a avoir avec ce S1- S2 et le sujet qui supporte tout cela, et l’objet qui vient de choir. C’est cela qui est la chose interprétable, et c’est ce qu’on interprète.

Pour ce qui est de l’autre partie du symptôme, de ce qui fait que le symptôme est réel, il n’y a pas d’interprétation, c’est in-interprétable. Et c’est ce que, avec Joyce, Lacan a voulu nous montrer, que cette écriture de Joyce, par le biais de l’interprétation, puisque ça a avoir avec le réel du symptôme, avec ce qu’il appellera le sinthome, et nous avons donc à faire à ceci lorsque nous nous occupons d’un patient. Il y a toujours ce qui ne pourra pas être (noté) mais qui pourra être touché si le travail analytique peut être mené à ce point de finitude, dont parle Lacan, puisqu’à ce moment là il y aura une disjonction telle que le sens de la castration - avec ce que ce sens de la castration a de non-sens puisqu’il n’y a pas de sens sans non-sens, c’est ce qu’avec les deux opérations de aliénation-séparation il avait essayé de... nous en avons parlé très rapidement, il y a toujours quelque chose du non-sens qui se cache sous le sens, quelque chose du non-sens parce que la jouissance est intéressée - donc la fin de l’analyse, si elle permet qu’il puisse y avoir cette disjonction parce que le fantasme ne fait plus masque, alors ce sens de la castration, ce – pas de rapport sexuel – pourra être touché du doigt, non pas pour ce qui en fait son impuissance, mais ce qui en fait l’impossible. L’impossible c’est ce contre quoi on se cogne. Mais c’est quand même ça qui est au cœur de la découverte de Freud.

Il y aurait bien d’autres choses à dire à propos de ce réel du symptôme à propos de ce qui vient là s’écrire et qui ne peut pas s’interpréter mais je crois que la question de l’art sera abordée aux journées de Vaucresson, ce sera l’occasion pour nous d’en reparler, de même que nous aurons l’occasion de parler de la jouissance, de cette jouissance qui doit condescendre au désir pour qu’il y ai du parle-être.

Bien voilà.


Questions

Intervenant :
Quand vous avez parlé de Gide, vous avez dit qu’il n’était pas psychotique, vous avez parlé à propos de son propos de sinthome. J’avais compris que le sinthome c’était quelque chose qui fonctionnait pour le psychotique mais pas pour le névrosé.

Solange Faladé :
Le sinthome, Lacan l’a apporté avec Joyce, pour mettre l’accent sur le réel du symptôme. Et il nous dit que pour Joyce, cette écriture qui est la sienne et qui l’a tenu toute sa vie, c’est ce qui a permis à Joyce de ne pas... c’est ce qui a permis que sa psychose ne vienne pas à éclosion, si je puis dire, mais en même temps, lorsqu’il nous apporte ce sinthome et ce qui touche à la jouissance et la mise en place de ces signifiants de la jouissance, c’est à dire avec la lettre et l’objet qui l’accompagne, il met aussi en place ce qui intéresse le non-interprétable, ce qui va intéresser (…inaudible...) là, c’est pourquoi je me suis permise de dire que pour Gide, ce qui s’est mis en place avec ce – jouis – avec ce trait en fait indélébile, ce trait unaire qui est venu là, le marquer, ça a aussi avoir avec cette partie, ce réel du symptôme que Lacan a appelé le sinthome, pour Joyce, c’est vrai. Mais je ne pense pas qu’on puisse simplement s’arrêter à Joyce.

A partir du moment où ce qui est de l’art ne peut pas s’interpréter, que ça a avoir avec ce réel du symptôme, on peut se poser la question, se demander pourquoi ce ne serait pas sinthome puisque le Non du Père aussi a avoir avec le sinthome. Vous faites bien de poser la question. En tout cas c’est autour de cela que je pense moi, aborder la discussion et ce qui se dira sur la (...inaudible...).

Intervenant :
Le signifiant de la jouissance, signifiant qui ne vient pas de l’Autre, ça n’a rien à voir avec le – ça parle de lui- ?

Solange Faladé :
Ah non, ça n’a rien à voir avec le – ça parle de lui-, le - ça parle de lui - c’est ce qui vient du champ de l’Autre, de l’Autre.

Intervenant :
Comment une jouissance peut-elle faire effet de signifiant sur un être qui n’a pas encore le contact avec le signifiant ? (3)

Solange Faladé :
Je suis partie de l’article de Freud sur l’autoérotisme. Cet article de Freud met en place ce qui se passe pour un enfant avec la première jouissance, cette première jouissance, cette première marque que Lacan traduit par le trait unaire. Au commencement est le trait unaire. J’ai écrit quelque part avec la matrice de l’idéal du moi, le sein lui est donné, la façon dont il recevra ce sein, il y aura une marque, cette marque, cette jouissance va le marquer d’une façon telle qu’il cherchera à nouveau à éprouver cette jouissance. Mais il ne retrouvera jamais la jouissance de la toute première fois. La jouissance de la toute première fois c’est un signifiant, qui vient là le marquer, ce signifiant Lacan l’appelle la lettre. Reprenez le séminaire sur l’identification où il parle de la lettre et où il parle des signifiants qui sont pure différence, ne se signifient que parce qu’un autre signifiant... et il parle de ce qui vient là marquer, de la lettre. C’est le signifiant de la jouissance qui s’est mis en place uniquement parce qu’il y a eu cette excitation venue d’un objet, d’un objet dont l’enfant a jouis, et sa jouissance le marque. C’est un signifiant qui ne représente pas le sujet, c’est la lettre.

Intervenant :
La toute première fois où le lait est venu dans la cavité buccale, les animaux aussi ressentent cela.

Solange Faladé :
Les animaux n’ont pas à faire à lalangue comme dit Lacan, cette expression de Lacan : lalangue et qu’il met dans le réel. Je ne sais pas si on peut toujours comparer à l’animal dans la mesure où le cerveau du petit d’homme est un cerveau autrement plus perfectionné que le cerveau de n’importe quel animal.

Tout ceci sera repris lorsque l’inconscient se mettra en place et c’est pourquoi dans son écriture de S1―S2, Lacan accroche le signifiant de la jouissance mais qui n’est pas dans la parenthèse qu’il fait pour les signifiants qui viennent de l’adresse à l’Autre. Il y là, la lettre et le signifiant. La lettre aussi est un signifiant mais c’est un signifiant qui ne représente pas le sujet, c’est un signifiant qui est venu marquer l’être, parce qu’il y a eu jouissance, ce qui fait que l’après ne sera jamais plus comme l’avant, cette compulsion à retrouver la première jouissance, est-ce qu’on la retrouve comme cela chez l’animal ? Il faut voir ce qui nous est dit de l’éthologie. Je ne sais pas si ça fait une même marque, ce même caractère, de toute façon, ça va être repris au niveau de l’inconscient. Certaines pathologies nous le font savoir.

Intervenant :
le trait unaire ?

Solange Faladé :
Lacan dit bien : au commencement est le trait unaire. Il dit que le trait unaire est ce qui précède tout et il le met avec la jouissance. Enfin, cet article de Freud l’autoérotisme qui est ce par quoi nous avons recommencé, lorsque nous avons quitté la rue Claude Bernard et que je n’ai pas pu terminer ce que je pensais apporter sur la sexualité féminine, il y a eut ce cycle qui commençait autour de l’autoérotisme, nous n’avons pas étudié les trois essais dans sa totalité. Nous avons commencé avec l’autoérotisme car il m’a semblé que dans cet article de Freud qui nous a retenu pratiquement une année, qu’était là bien marqué, quelque chose qui a une importance chez l’être humain. Cet être humain pourra devenir un être parlant qui pourra sortir de cette jouissance autoérotique ou pas. C’est là toute la question.

Mais l’être humain est marqué de la jouissance, cette jouissance est telle que ça s’écrit. Il y a un 1 et puis à nouveau, reprenez l’article de Freud, le début de cet autoérotisme. Moi, ça m’a fait comprendre cette nécessité que vit l’être humain à partir de ce qui a été sa première jouissance.

Le trait unaire, Lacan dit que c’est ainsi qu’il traduit le - Einziger Zug – à propos de l’idéal du moi, mais il a étendu ce trait unaire, parce que quand il nous parle de l’os mal taillé, les traits qui sont sur cet os, il en fait quelque chose d’un trait unaire, or là on ne peut pas dire que ça a été prélevé sur l’Autre. C’est à dire que, étant ce qu’il y a là d’unique, qui vient marquer, qui va se répéter, mais se répéter avec une différence. Il dit - je traduit ainsi - il ne le fait pas automatiquement dépendre de l’idéal du moi.

D’abord pour Gide, lorsqu’il a commencé à nous parler de ce...il n’avait pas encore dit trait unaire. Mais il nous a parlé là de ce signifiant, de ce qui vient là marquer Gide. Il n’y a pas de doute qu’à douze ans Gide qui apparemment était un enfant comme d’autres enfants malgré des difficultés, ce qui a été prélevé chez l’Autre, l’a été, mais ce qui a été prélevé chez l’Autre, Lacan fait remarquer que justement du coté de l’Autre à qui il avait à faire, et qui l’a constitué sujet, la question de la jouissance était en défaut. C’est ce que Lacan nous dit pour nous permettre de saisir, pour l’adolescent Gide, et c’est avec l’intérêt de sa tante que quelque chose a changé, a changé à un point tel que même son image, lui qui était un petit garçon pas beau, enfin tout ce qu’on dit de lui, quelque chose là s’est modifié, parce qu’il y a eu cette marque de la jouissance. Je crois qu’il ne faut pas uniquement s’arrêter à ce qui a été prélevé chez l’Autre au moment de la mise en place du sujet barré sinon on ne pourrait pas comprendre des pathologies comme celle de Gide et Lacan après (…inaudible...) l’idéal du moi, puisque même, il y a eut transformation pour ce qui est de son moi idéal.