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Le symptôme XI

24 avril 1990
Document de travail

La dernière fois....j’étais si fatiguée que à la question qui m’a été posée sur cette exception à propos de la castration, j’ai fini par répondre que ce n’était pas le S1. Je pense que vous avez tous corrigé. (...) Cette castration on ne peut pas l’éviter si on veut véritablement faire le tour de ce qu’est le symptôme pour le psychanalyste. Alors certains n’ont pas très bien compris ce que j’ai dit à propos de ce que j’ai essayé de dire à propos de cette question et je vais le redire autrement.

Ce père de la horde primitive c’est celui qui ne met aucun voile devant le sexe châtré des femmes. Je peux me permettre de dire les choses ainsi parce que dans son article sur l’organisation génitale Freud dit que tout homme met un voile devant le sexe châtré des femmes. Il y a du fétichiste chez tout homme, même s’il n’est pas pervers car le pervers usera différemment du voile qu’il met devant le sexe de la femme. Les choses se passent ainsi nous dit Freud, parce que le petit garçon éprouve de l’horreur en découvrant la castration de la mère. Souvenez vous du petit Hans. Le petit Hans à un moment dit à sa mère " je croyais qu’il n’y avait que les tables, les chaises, " bref tout ce qui était inanimé " qui n’avait pas de fait pipi ". Vous connaissez la réponse de la mère. Elle lui assure que ce fait pipi elle l’a elle aussi. Le petit Hans n’est pas (convaincu) mais il saisit ainsi l’importance qu’a pour sa mère cet objet qui lui manque. Lacan après Freud nous dit que ce n’est pas le seul autoérotisme qui fait que le petit garçon attache de l’importance à son sexe, c’est aussi cette image, ce que ses yeux viennent de découvrir - que l’Autre manque de cet objet - et que non seulement l’Autre manque de cet objet, mais que c’est l’objet de son désir, et que ceci explique ses absences, son va et viens. Et c’est parce qu’il y a absence avec ce manque qu’un signifiant, un 1 peut s’écrire, "un signifiant peut supporter ce manque" nous dit Lacan. Donc le petit garçon est horrifié à la vue de ce sexe, et avec cette découverte va se poser à lui que lui aussi, peut-être, peut le perdre cet objet si précieux.

Pour la fille les choses ne sont pas plus simples. Elle n’a pas cet organe. Elle désire l’avoir et Freud nous dit - et je crois que certains s’en souviennent, lorsque nous avons travaillé différents articles sur la sexualité féminine il y a quelques années rue Claude Bernard - Freud y insiste, Lampl de Groot le rapporte : il se demande si vraiment les femmes arrivent à accepter l’idée qu’elles n’ont jamais eu ce sexe, qu’elles n’ont jamais eu cet objet. Il dit que c’est tellement enraciné qu’il se pose la question, même dans les cas qui lui ont semblé les plus favorables. La petite fille pense qu’elle l’a eu un jour et qu’elle l’a perdu du fait d’un accident, ou si vraiment elle ne l’a pas eu elle pense qu’un jour ça lui poussera. Vous savez que la clinique nous permet d’entendre ceci. Elle espère qu’un jour ça viendra. Donc de ce coté là aussi le problème de la castration n’est pas plus aisé à vivre que de l’autre coté.

Alors ce problème de la castration il nous faut bien l’étudier puisque le symptôme est à l’ordre du jour. Je ne pensais pas le faire maintenant et pourquoi pas aujourd’hui puisque les choses se présentent ainsi. Et nous allons partir de ce graphe, ce graphe au dessus du quel j’ai mis le réel. Lorsque nous avons commencé à travailler ce problème du sujet, j’avais un moment dit que c’est dans ce réel qu’il y a inscrit qu’il n’y a pas de rapport sexuel. Il y a bien d’autres choses qui y est inscrit, mais y est inscrit ce - pas de rapport sexuel -. L’année dernière je me suis référée au séminaire de Lacan du 19 avril 1961, un des séminaires du Transfert où Lacan dit que - lorsque le petit d’homme commence à parler, il est en proie au symbole, et il dit que il n’y a pas à mettre symbole au pluriel qu’il s’agit d’un symbole - le Phallus - le grand Phi que j’ai inscrit là-haut, mais que ce qui va s’en écrire pour lui ce sera le phallus négativé, ce sera ce phallus imaginaire, ce sera le moins phi. Et avec ce moins phi qui vient là s’inscrire, le voile du fantasme aussi se met en place. Le voile du fantasme se met en place. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que c’est parce que du sujet vient à émerger, et avec le sujet qui émerge il y a cet objet petit a qui choit et le fantasme ainsi mis en place, va venir obturer, va venir faire voile sur ce réel. Et c’est là, à partir de ceci que la question de la castration se pose pour le sujet de l’inconscient. C’est à dire que c’est ce voile que le sujet met en place, ce voile qui est mis en place qui permet de ne rien savoir de ce qui est là du coté du réel.

La dernière fois je vous ai beaucoup parlé, mais il y a une chose dont je ne vous ai pas parlé, c’est ce qui se passe lorsque le sujet vient à naitre et que c’est un sujet barré, sujet aliéné par le signifiant, divisé par le signifiant, un autre signifiant et du fait de (l’introduction) de ce deuxième signifiant, de ce grand S2, le nom du père est là aussi inscrit dans la chaine signifiante, et ceci fait que la signification phallique s’inscrit également. Cette signification phallique c’est la signification de la castration, nous dit Lacan. Et cette signification de la castration va de pair avec le fantasme. Et la signification de la castration est du coté de l’impuissance.

En fait lorsque le sujet vient à naitre le fantasme se met en place avec ce moins phi de la castration et ce fantasme permet au sujet de mettre un voile sur son impuissance, sur ce qui est - je ne dirai pas son impuissance, c’est mal dire les choses que de dire les choses ainsi - sur ce qui est de l’impuissance. L’impuissance est voilée grâce au fantasme.

C’est pourquoi, pour ce qui est du père de la horde primitive, j’aurai du vous dire au lieu de ce parfaitement castré qui a choqué certains d’entre vous, j’aurai du vous dire : le père de la horde primitive est celui qui (potant), c’est celui qui est puissant, c’est celui qui n’a pas besoin de ce voile pour cacher l’impuissance, de ce voile du fantasme, c’est celui qui ne met aucun voile devant le sexe caché des femmes.

Alors, ce voile du fantasme, ce fantasme que Lacan écrit $ <> a ce voile du fantasme, chaque structure se comporte différemment avec elle. Dans son enseignement, à différentes reprises à propos du petit Hans en particulier, Lacan nous dit que, il le dit après Freud bien sur, que devant la découverte de cette béance qui est du coté de la mère, il met en place certes le fantasme, mais surtout, le temps de la phobie, ce qui est mis là pour boucher cette béance, c’est le cheval, ce cheval qui peut mordre, ce cheval qui lui a un grand fait-pipi, ce cheval qui est nous dit Lacan le signifiant à tout faire. Et c’est ce signifiant à tout faire que l’enfant phobique va mettre pour boucher cette béance qui est du coté de la mère.

Pour le névrosé il jouera avec son fantasme de différentes façons qu’il soit hystérique ou obsessionnel, nous ne le développerons pas ce soir. Je vais seulement dire que pour ce qui est du pervers, le pervers lui, contrairement au phobique ne va pas mettre un signifiant à tout faire. Le pervers va se servir de cet objet qui manque à la mère, du phallus dans certains cas et dans d’autres du pénis réel, va se servir de cet objet et cet objet il faut que le partenaire sexuel le possède. Et vous savez que les différentes perversions s’en débrouillent d’une façon propre à chaque perversion. Pour ce qui est, par exemple du travesti, c’est lui même qui a cet objet qui manque à la mère ce qui lui permet de dire que sous sa robe, elle aussi peut avoir cet objet qui manque à la mère. Le travesti s’intéresse - sauf dans cette observation de l’Abbé de Choisy – va s’intéresser à un autre qui possède aussi le sexe, avec cet objet qui manque, cet objet le moins phi. Pour le pervers, il faut absolument que l’objet soit sur le partenaire sexuel.

Le névrosé lui, va avec ses fantasmagories, cette phrase qui découle de ce – je suis battu par le père - c’est à dire de cette phrase qui ne peut pas se dire mais qui a trait à la castration, puisque cette castration ne peut pas être reconnue – reconnaître cette castration c’est reconnaître aussi qu’on est du coté de l’impuissance – le névrosé va avec tout ce qu’il bâtît autour de cette phrase, va faire face, va voiler cette béance, cette béance qui est du coté de l’autre sexe.

En ce qui concerne la castration, ce n’est pas simplement la signification de la castration qui nous intéresse pour ce qui est du fantasme - il en sera de même pour le symptôme mais nous verrons cela la prochaine fois – ce n’est pas simplement la signification phallique, la signification de la castration qui nous intéresse, Lacan met l’accent sur ceci : il y a aussi quelque chose que le fantasme voile à tout jamais, c’est ce qui a à voir avec le sens de la castration. Dans L’Etourdit il insiste sur ce qui est la différence entre le sens de la castration et la signification de la castration.

Donc, le fantasme va, si je puis dire à tout jamais voiler ce qui est le sens de la castration.

Ce qui est le sens de la castration c’est ce - il n’y a pas de rapport sexuel. Au niveau de l’inconscient il n’y a rien qui écrit le rapport homme-femme. Ceci c’est le sens de la castration. Et pour que ce sens de la castration puisse se dévoiler, se révéler, il faut ce parcours que la psychanalyse permet. Et si vous vous souvenez, lorsque Lacan amis ses quatre discours (Solange Faladé écrit au tableau) de ce coté-ci (1) il met l’impossible, de ce coté-ci il met l’impuissance. Et c’est le parcours qui va se faire en cours d’analyse qui fait qu’on arrivera à la séparation, l’ouverture de ce poinçon qui permettra de savoir quel est le petit a qui est là celui qui est propre à ce sujet. C’est à ce moment là que de l’impuissance on passera à l’impossible.

L’impossible de la castration c’est ce – pas de rapport sexuel - et c’est ce que le névrosé ne veut pas savoir. Le névrosé ne veut pas savoir qu’il n’y a pas de rapport sexuel, Lacan dit que le rapport au sexe : oui, mais ce qui ferait ce rapport sexuel ne peut pas être. Et c’est ce réel, ce qui est là au départ, ce qui avec la parole nous est apporté. C’est cela qui est voilé.

Alors, ce fantasme, Lacan, je vais insister la dessus ce soir puisque ça fait l’objet de bon nombre de discussions, dans Subversion du sujet, Lacan nous dit que pour ce qui est de la structure du fantasme, la structure du fantasme c’est un objet, objet petit a, écrit-il, qui a avoir avec le désir ou la demande, et que cet objet petit a est en relation avec quelque chose qui est toujours de l’ordre de la division. Pour le névrosé ça peut s’écrire comme ceci : le $<>a ou le a<>$, donc toujours un objet en relation avec une division. Je dis les choses comme cela, et vous allez voir pourquoi je dis les choses comme cela.

Pour le pervers, je le dis très rapidement, le pervers, lui va être cet objet, il va se mettre à la place de l’objet. Il va se mettre à la place de l’objet pour pouvoir provoquer chez l’Autre la division. C’est le sujet pervers qui n’ignore pas sa propre division. C’est le sujet pervers qui dans ses scénarios, dans tout ce qui touche au fantasme va être cet objet, cet objet qui va provoquer la division chez l’Autre.

Prenons l’exhibitionniste. L’exhibitionniste, il est ce spectacle qu’il offre au monde, cet objet qu’il offre au monde, et cet objet va provoquer chez l’Autre, va provoquer la division, division qui se verra s’il y a cette rougeur au front, mais surtout division qui existe parce que par un objet qui est exhibé, il y a toujours le désir qui est causé. Donc l’exhibitionniste va provoquer la division chez l’Autre parce que lui-même devient l’objet, que ce soit l’exhibitionniste, je vous ai donné cet exemple, que ce soit le sadique.

Le sadique se rigidifie, devient cet objet qui est du coté de la voix et provoque chez la victime surprise, va provoquer la division. Et il en est ainsi pour les deux autres que ce soit :

Le masochiste ou le voyeur qui sont objet. Et c’est chez l’Autre qu’ils provoquent, tout du moins s’efforcent de masquer cette division si on est masochiste ou s’efforce de trouver par le trou de la serrure ce qui pourrait là marquer la division de l’Autre, c’est à dire cet objet qui manque à l’Autre. Et Lacan dit quelque part en s’amusant que cet Autre peut être un barbu poilu, ça ne fait rien, le voyeur lui est à cette place où il est objet, où il est regard, ce qu’il cherche c’est ce qui vient signer la division de l’Autre.

Donc vous voyez que chez le pervers même s’il se place différemment par rapport à ce fantasme, s’il se place différemment d’une façon différente que le névrosé, ce qui va être réalisé, sera toujours un objet et une division.

Alors, pour le psychotique, d’abord la question du fantasme doit se poser, parce que le fantasme chez le névrosé comme chez le pervers, le fantasme va de pair avec le moins phi, avec la castration. Le fantasme va de pair avec ce qui fait que lors de l’émergence du sujet le S2 s’inscrit dans la chaine signifiante et avec le S2 le nom du père c’est à dire ce qui fait que du moins phi peut là être inscrit. Qu’est-ce qui se passe chez le, psychotique ?

Chez le psychotique, nous avons vu qu’il y a bien ce premier temps de l’aliénation qui fait qu’il y a du S barré, mais au deuxième appel il n’y a pas de réponse du coté de l’Autre, il n’y a donc pas le nom du père qui vient s’inscrire, et donc la signification de la castration ne se trouvera pas inscrite chez le psychotique. Alors s’il y a fantasme il y a déjà la question de la castration, il y a la question du moins phi qui n’est pas là inscrite chez le psychotique, d’une part. D’autre part, ce sujet qui est barré du fait du premier signifiant, ce sujet ne disparaît pas. Donc chez le psychotique il y aura cette aliénation au premier signifiant, mais il n’y aura pas disparition et il n’y aura pas perte de sens, c’est à dire que la signification phallique ne sera pas là chez le psychotique.

Alors je reviens à cette idée nous dit Lacan que Schreber a eut au moment où il allait s’endormir, cette idée qui est celle-ci – qu’il serait beau d’être une femme accomplissant l’accouplement – Lacan discute la position de Ida Macalpine qui fait de cette phrase un fantasme de procréation. Il en discute très longuement dans la question préliminaire dans les pages 544-547. Ida Macalpine dit que fantasme de procréation parce que il y a de l’hypocondrie, Lacan nous dit que oui dans sa pratique, en 66-67 au moment où il écrit ce texte, il lui est arrivé une fois de rencontrer un fantasme de procréation chez un homme et que ce n’était ni un hypocondriaque, ni un hystérique. Il continue à discuter de ce fantasme qu’il dit être le pont aux ânes de la littérature Schreberienne et il dit que cette phrase, il y a à souligner le – il serait beau – c’est à dire que on est là du coté de cette image spéculaire et qui a à voir avec le narcissisme et que d’autre part ce qui sort là, cette idée que Schreber a, Lacan nous dit que on peut saisir, en trouver le sens, si on se reporte à l’identification phallique. Ce dont je vous ai parlé la dernière fois : l’enfant va, dans son rapport à la mère, à cause de ce qui lui manque à elle la mère,, du désir qui la tient et de l’objet de ce désir, va s’identifier à ce phallus imaginaire de la mère. Mais chez le psychotique, comme je vous ai dit tout à l’heure, le moins phi ne s’inscrit pas, donc Lacan nous dit que la divination de l’inconscient fera que ne pouvant être le phallus qui manque à la mère il sera la femme qui manque aux hommes. Dans cette phrase, ce fameux fantasme de procréation, Lacan nous dit que le sens peut en être saisit si on tient compte de ce qui s’est joué dès le départ pour le psychotique qui est l’identification qu’il va faire à une mère, à sa mère pour prendre Schreber, et non pas cette identification phallique puisque le moins phi ne s’inscrit pas.

Alors, je me pose la question de savoir si c’est vraiment là ce fantasme, pour que Lacan en parle sur ce ton, en nous disant que c’est là le pont aux ânes de la littérature Schreberienne, je me demande s’il n’y a pas à chercher ailleurs une réponse à donner au fantasme chez le psychotique, si tant est que on peut dire fantasme. De toute façon, si la structure du fantasme est, comme nous le rappelle Lacan dans Subversion du sujet, un objet en relation avec quelque chose de l’ordre d’une division - et vous savez que cette division, que ce soit division du sujet ou division de l’objet, dès le début de son enseignement, Lacan s’y est arrêté, l’a souligné, y a insisté, donc - il faut pouvoir retrouver quelque chose de cet ordre chez le psychotique. Mais comment pouvoir retrouver quelque chose de cet ordre chez le psychotique puisque lui, psychotique, s’il est sujet barré, certes, il n’est pas sujet divisé de par le deuxième signifiant, alors la question doit se poser.

Alors, quelque part dans la question préliminaire, Lacan nous parle de l’être du sujet Schreber. Et cet être du sujet de Schreber il en fait quelque chose qui a à voir avec le(faire), avec l’objet anal. Je ne sais si vous vous souvenez, l’année dernière, je crois que c’est à Censier, je crois qu’ici aussi, j’avais souligné toute cette jouissance, que Schreber (montre), lui-même nous le dit, lors de la défécation. Donc c’est du coté de cet objet anal que quelque chose de l’être du sujet - l’être du sujet c’est toujours le petit a - l’être du sujet, lors que nous sommes dans ce graphe (...du réel) l’être du sujet c’est ce petit a qui lorsque le signifiant vient à parcourir le réel, c’est ce petit a, c’est sur lui que va être opérée cette métaphore, substitution métaphorique, qui fait que du S1 va venir représenter le sujet, l’être du sujet qui est toujours le petit a. Donc là c’est du coté de l’objet anal, que Lacan nous porte.

Mais pour ce qui est de la division, la seule chose qui se divise, et Lacan nous dit : les royaumes démultipliés du grand Autre, plus exactement de ses dieux : le dieu supérieur, le dieu inférieur. Alors je me demande si c’est avec cela qu’il faut faire du fantasme. Est-ce qu’on peut appeler ceci fantasme ? C’est une question que je me pose pensant que cette phrase n’est pas (un) fantasme. Donc je crois que la question du fantasme chez le psychotique est véritablement à reprendre. Il y a à s’interroger pour savoir si du coté du psychotique, si on s’en tient à ce que Lacan nous dit pour ce qui est la structure du fantasme, il y a quelque chose que l’on peut appeler fantasme. Qu’il y ait un objet, objet prêt à porter le fantasme, on peut le trouver. On le trouve pour ce qui est de Schreber avec l’objet anal. Pour ce qui est de l’importance de cette division, dans ce que Lacan nous dit de Schreber il met l’accent que sur ce qui est là démultiplié. Il ne nous parle pas de divisé, il nous dit démultiplié pour ces deux dieux celui du royaume supérieur et celui du royaume inférieur. Si quelque chose peut nous faire penser au fantasme, ça peut être ce – être laissé tomber en plan - cet objet qui, est laissé tomber par Dieu, par cet Autre avec lequel il se débat. Et en lisant ce que Lacan nous dit dans son article j’ai pensé à ceci : Schreber se présente un peu comme étant la chiure de Dieu. Donc la question du fantasme du psychotique se pose, moi je ne donnerai pas une réponse à l’heure actuelle. C’est surement quelque chose que nous aurons à étudier.

Mais ce que je voulais ce soir vous dire à propos de ce problème du fantasme du psychotique, c’est ce que autour de la castration, ce que autour du moins phi, de ce moins phi qui intéresse directement le fantasme, Lacan nous a apporté. Ce n’est pas uniquement à cause du fantasme que la castration nous intéresse, mais cette castration, nous sommes obligés de passer par le fantasme si je puis dire, pour pouvoir ensuite voir par rapport au symptôme en quoi ce symptôme joue un rôle important, Lacan nous dit que c’en est la clef, la clef de ce qui fait qu’il y a symptôme.

Alors, ce qui fait qu’il y a symptôme, ça a à voir avec le sujet barré. C’est ce dont je vous ai parlé la toute première fois lorsque je vous présentais le travail de cette année. Ça a à voir avec le sujet barré puisque pour qu’il y ai du sujet barré il faut qu’il y ait ce rapport au symbole grand phi, ce rapport au symbole grand phi qui peut être un signifiant nous dit Lacan dans ce séminaire, ce rapport au symbole phi intéresse aussi, comme je l’ai écrit là, le S(A barré). C’est Lacan qui le dit dans subversion du sujet. Je m’y arrête un instant parce que ça nous intéresse et que ça a posé question à un certain nombre d’entre vous.

Ce symbole n’est pas uniquement symbole, il est aussi signifiant, et il vient – si je puis dire – au jour de ce qui intéresse le sujet à cause du manque. C’est parce que le sujet est confronté avec le manque et ce manque est dès le départ. C’est à dire que Lacan met les choses au départ, c’est à dire n’attend pas, ce que Freud, parce que Freud commençait, mais à ce moment de découverte de la castration de la femme, de la mère, Lacan le met dès le départ, se servant de la logique, et donc ce signifiant, ce symbole. Vous vous souvenez, l’année dernière on en avait parlé à propos de l’hystérique et de cette présence réelle, ce que l’hystérique recherche derrière le sourire de la madone ou ce que madame K pourrait révéler de la féminité, enfin, ce symbole est là au le départ, mais au départ pour marquer le manque. Et en fait Lacan nous dit que ce symbole, il viendra se placer dans le grand Autre, dans le corps des signifiants du grand Autre parce que il est l’équivalent du grand S de grand A barré.

Mais ce qui nous intéresse nous c’est le moins phi. Et le moins phi intéresse le symptôme d’une façon tout à fait différente que pour le fantasme. Vous vous souvenez que le premier jour à propos de ce symptôme, j’ai dit qu’on pouvait l’écrire avec le grand S barré. Ce grand S barré c’est à dire barré par le savoir et la vérité et maintenu nous dit Lacan par l’objet petit a – ceci c’est dans son séminaire sur l’objet de la psychanalyse c’est là qu’il l’a mis en place – et le savoir ce savoir qui est cette articulation signifiante – c’est une chose qui a à séparer de la vérité. Et c’est par rapport à cette différence qu’il y a entre savoir et vérité que le symptôme va pouvoir mettre en place ce qui est du - pas de rapport sexuel.

Je n’irai pas plus loin ce soir.


(1) Encore 19 décembre 1972 page 26