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Autour de la Chose VI

25 janvier 1994
Document de travail

Je vais vous refaire la même chose que ce que je vous ai fait la dernière fois, mais comme mon disque n’est pas rayé, peut-être que ça ne se dira pas tout à fait de la même façon. Si je reviens sur ce que j’ai entrepris la dernière fois, c’est parce que il me semble tout à fait important de bien marquer ces étapes pour que l’on puisse bien saisir ce qu’est das Ding, la Chose, cette réalité muette dont nous parle Lacan qui affecte le sujet naissant avant tout refoulement. Das Ding, nous dit Lacan, est hors signifié et nous aurons à essayer de bien préciser ce qu’il y a à entendre par ce est hors signifié et le sujet naissant en est affecté, la clinique est là pour nous le faire savoir, puisque l’hystérique fera entendre ce qui l’a affecté d’une façon différente de l’obsessionnel.

Alors, je reprends toujours les mêmes schémas, je les ai détaillés et j’ai commencé par mettre, isolé le symbolique déjà-là, c’est-à-dire le discours qui préexiste, tous ces S1 qui parlent de celui-là qui va venir, puisque c’est un monde de langage qui va recevoir l’enfant. Donc le symbolique déjà là. Et cet enfant quand il arrive, ce vivant, cet infans lui, tombe certes dans ce symbolique déjà là, mais il est dans le réel, ce réel préalable et ce qui marque ce réel dans lequel il baigne, c’est la jouissance, jouissance qui intéresse tout son être, tout son être de vivant. Nous avons vu, je le répète, que, parce qu’il est vivant, il le fera savoir mais, dans ce monde de langage où il est, ce qui est son cri, mais qui n’est pas encore parole, sera reçu et il y aura une traduction, c’est-à-dire que, quand ce cri rencontrera ce symbolique déjà là, il aura une réponse, une réponse qui va affecter celui-là, cette matrice de l’Idéal du Moi, et la répétition de ses réponses marque celui-là et, s’il n’est pas encore sujet de la parole, parce qu’il ne parle pas, il n’en est pas moins marqué par la réponse qui lui vient de ce symbolique qui lui préexiste, de ce discours qui lui préexiste.

Dès qu’il parle, dès que ces… j’allais dire paroles… et ce n’est pas encore l’apprentissage du langage, c’est tout ce babil qui est adressé à l’autre, dès qu’il parle, il y a une négativation de la jouissance et, parce qu’il y a cette négativation de la jouissance, lui-même constitue une chaîne symbolique, puisqu’il a du signifiant à sa disposition et si vous vous rappelez ce séminaire de Lacan auquel je vous ai souvent renvoyé, ce séminaire du 19 avril ou du 12 avril du Transfert où Lacan dit que, dès que le petit d’homme parle, il est en proie au symbole et au signifiant. En fait c’est ça, cette fameuse ligne que je reprends ici de Lacan, dès qu’il parle, il est en proie au symbole et le symbole, c’est le grand F, ce signifiant de la jouissance, ce signifiant qui ne peut s’écrire que parce que, au cœur de l’Autre qu’il rencontre, il va saisir le manque. Parce qu’il y a entrée dans le signifiant, il y a, vous ai-je dit, prise en compte du manque. Je crois qu’il est important de bien saisir que ce manque qui est radical, qui est là dès le départ, ce manque qui fait qu’il a cette relation particulière à cette réalité muette qu’est das Ding, la Chose, ce manque, parce que il devient sujet parlant, ce manque va être là pour lui présentifié, à cause de ce qu’est le signifiant. Avec la négativation de la jouissance, c’est-à-dire avec la symbolisation de ce que Lacan dit être le réel préalable, c’est-à-dire ce qui est pour lui jouissance, avec cette symbolisation, se met en place ce qui est la castration.

Je vous ai dit, je crois l’année dernière, lorsque nous commencions à essayer de traiter ce qui nous intéresse cette année, je vous ai dit que la castration, c’est de ne pas trouver, là où on pensait trouver un objet, de ne rien trouver. C’est ça la castration, c’est le manque, c’est ce vide et, pour nous, je crois que c’est tout à fait important de bien marquer ceci. Cette jouissance, c’est ce qui intéresse ce vivant qu’est le petit d’homme. Dès qu’il commence à parler, il y a cette négativation, parce que symbolisation, il y a donc cette négativation de la jouissance, et ce qui est important de bien comprendre, c’est parce que cette jouissance qui l’intéresse, dans laquelle il est baigné, cette jouissance qui est négativée et qui fait que du symbolique s’écrit aussi pour lui, cette jouissance n’est pas totalement négativée et il y a des restes de jouissance. C’est important de saisir que c’est quelque chose qui vient de lui et qui l’intéresse. Lorsque le professeur Basquin m’avait demandé de venir faire une intervention chez lui, j’avais proposé de parler de l’enfant, d’interroger : qu’est-ce qu’un enfant ? Je m’étais donné un certain nombre de canevas, et j’avais pensé d’abord reprendre le terme d’infans et de le reprendre en fonction d’une phrase que l’on trouve tout au long de l’enseignement de Lacan concernant Saint-Augustin, et j’avais demandé à l’un de vous, parce que je ne retrouvais plus mon dictionnaire étymologique de latin, je lui avais demandé de me retrouver la différence entre fari, l’infans, et ce qui est du loquor, et c’était par rapport à Saint-Augustin, où il nous est dit que il ne parlait pas encore, mais devant son frère de lait au sein de la mère, il faisait connaître sa jalousie, cette invidia, et par cette pâleur mortelle et donc non loquebatur, il ne parlait pas encore, alors c’était important pour moi dans ce travail que je devais faire, je voulais bien voir s’il y avait une différence nette entre ce qui est du fari et de ce qu’il y avait à voir avec le loquor et surtout voir pourquoi Lacan nous le proposait. J’ai décidé d’aborder autrement cette question, « qu’est-ce qu’un enfant ? », chez Basquin, mais ce travail je l’avais fait, et je pense qu’on peut bien comprendre pourquoi Lacan insiste sur ce point, cet exemple qu’il nous donne avec Saint-Augustin. Si on a bien à l’esprit que ces restes de jouissance, ce qui est ces objets a, ces objets cause du désir, si on a bien à l’esprit que, en fait, ces restes de jouissance, c’est ce qui a à voir avec cette jouissance propre au petit d’homme, on peut comprendre que Augustin, voyant cet autre au sein de la nourrice, se sent tout à fait lésé, se sent frustré et, dans « Position de l’inconscient », Lacan nous dit bien que, en fait, le sein pour l’enfant n’est pas de l’appartenance de la mère, c’est de son appartenance, c’est-à-dire que cet objet qui est ce reste de jouissance, cet objet qui cause le désir, s’il se sent frustré, s’il se sent manquer, lésé, c’est bien parce que c’est quelque chose de son appartenance, et on peut le comprendre mieux, me semble-t-il, si on a bien à l’esprit que ces restes de jouissance, ce qui n’a pas pu être totalement négativé, ces restes de jouissance sont du côté de celui-là qui devient sujet, sujet de la parole, sujet de l’inconscient, et c’est pourquoi, dans ce qui est de la frustration, dans ce qui lésait cet enfant, en fait, c’est bien parce que quelque chose du manque était de son côté, c’est bien parce que quelque chose de ce que l’autre prenait, c’était bien à lui, que c’était pris parce que c’est de son appartenance, ça lui appartient.

Alors, donc ce qui me souciait à cette époque-là, entre cet infans et celui-là qui ne parle pas encore, peut se comprendre si on se dit qu’il n’y a pas là quelque chose de statique, il y a cette diachronie dont nous parle Lacan et que, au moment où sujet, même s’il ne parle pas encore, il est là dans ce temps de sujet naissant, il a à voir avec le manque, il a à voir avec ce qui reste de jouissance et que ce soit pour le sein ou que ce soit pour les fèces, Lacan dans le séminaire sur l’Angoisse (le dernier) nous dit, qu’en fait, si l’on prend justement la relation avec le vide et là, c’est le vide intérieur, le vide intestinal, le vide radical, eh bien, ce qui est du côté de ce reste de jouissance, ce qui est du côté de l’objet cause de désir, eh bien, c’est ce bouchon que fait l’excrément au sein de ce vide. Et il le compare avec la relation que l’organe phallique a avec le trou vaginal dans la plupart des cas et il montre bien, dans ce séminaire du 3 juillet 63, il montre là que ça n’a rien à voir, cette relation avec ce trou, ce vide, parce qu’on n’a pas affaire à quelque chose qui est de l’ordre du reste de jouissance. Et on peut comprendre en reprenant tous ces séminaires, avec ces avancées, c’était le terme qui était employé à la Société Française de Psychanalyse, et que Lacan lui-même acceptait, concernant son enseignement et l’effort qui était le sien d’éclairer la découverte freudienne. Donc, chemin faisant, pour ce qui est de cette avancée théorique, on arrive à saisir pourquoi il se démarque de tout ce qui est objet partiel et, en ne considérant plus que ce qui est reste de jouissance, il en fera le sein, le scybale, le regard, la voix. Nous aurons à reparler de ceci.

Je me suis dit que le problème de cette jouissance, ayant pour vous été difficile à saisir, je me suis dit qu’il me fallait y revenir parce que ce que je voulais apporter la dernière fois, c’était de mettre en place ces catégories de Lacan, de les mettre en place, j’ai commencé par montrer, avec le texte de Freud « Le Moi et le Ça », ce que dans ce texte qui a été retenu par Lacan, ce qui faisait que lui, Lacan, restait lacanien… lapsus… freudien… ce lapsus pourrait s’expliquer par ce qu’il y a eu comme discussions autour de ce temps de l’enseignement de Lacan avec la rupture qu’il y a eu avec Hartmann, Loewenstein - Loewenstein qui était son analyste - je me replonge dans les discussions de ces années 50 - 60, où tout le problème était de savoir si tout ça était toujours freudien ou s’il y avait du lacanien, mais pour ce qui est de la découverte de Freud et de ce qui fait la différence avec ceux qui s’intéressent à l’inconscient, tant qu’on le rencontre au niveau de cet objet perdu, ce manque, c’est véritablement autour de tout ce qui est du côté du manque qu’il y a la différence. Donc, ce concept freudien de Lacan, j’ai essayé, en partant du « Moi et du Ça », en partant de ce concept freudien, de mettre en place et de vous montrer ce qui est de cette avancée théorique, par exemple autour du moi, image nous dit Freud, image d’objet d’amour et Lacan reprendra ceci à partir certes de l’observation mais aussi de ce que la pratique nous permet de saisir. C’est pas tellement l’objet d’amour que ce fait qu’il y ait là une image sur quoi le sujet peut s’appuyer. Bon.

Revenons à ce qui nous a intéressé la dernière fois : parce qu’il parle, dès qu’il parle, et que le signifiant se met en place, alors il y a, de ce fait même, pour lui le manque qui s’impose à lui. Le manque s’impose à lui parce que, avec le signifiant, il y a toujours, dans l’articulation signifiante, du manque. C’est ce que j’ai rappelé la dernière fois et je l’ai rappelé à partir du loto ces un, deux, trois et le fait que, si on vient à diviser indéfiniment, on ne ramènera pas, il y aura toujours un écart, nous fait remarquer Lacan pour bien montrer ce qui est en jeu et, parce qu’il y a du signifiant, quelque chose là se met en place, et je dis place, c’est-à-dire que la place sera bien marquée, que ce sera cette place-là et pas une autre, que le signifiant quatre ne viendra jamais à la place du signifiant trois et que ceci a de l’importance dans ce qu’est la clinique.

Donc, ces restes de jouissance, c’est ces objets qui vont choir. Avec ces objets se met en place la pulsion. Je ne vous ai pas fait ce que j’avais fait la dernière fois auprès de ce ◊ D, c’était pour vous rappeler ce que l’on trouve dans le séminaire des Quatre concepts. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que, dès qu’il ne parle plus - et pour qu’il puisse ne plus parler, il lui faut renoncer à cette jouissance - et avec cela, c’est aussi la castration qui s’impose à lui.

Ici, je vous ai marqué le schéma R, c’est pas tellement pour vous parler de ce schéma R, c’est pour vous dire : puisque, d’avoir inscrit la jouissance en haut, c’est-à-dire d’avoir repris tout simplement le graphe de Lacan, ceci vous avait arrêté, nous avons pris l’habitude de ne pas modifier les schémas de Lacan. Ce schéma R, vous le savez, lorsqu’il l’a mis en place, et il l’a mis en place avec ce j qui est le phallus imaginaire et, lorsqu’il a commencé à nous parler de ce qui va s’inscrire, souvenez-vous, dans ce séminaire d’avril où il dit que le petit d’homme, dès qu’il parle, il est en proie aux symboles et au signifiant, il dit que ce qui va s’écrire, c’est ce qui a à voir avec la castration imaginaire, avec le - j, avec le phallus imaginaire, oui, mais il n’a pas modifié son schéma, il a laissé le j, il n’a pas marqué - j. - j, on commence à le trouver, et bien justement avec le séminaire sur Le transfert, même dans les graphes de ce séminaire, il n’y a pas de - j, c’est à partir de ce séminaire de L’Angoisse et de la castration imaginaire que ce - j s’inscrira.

Donc, il y a là une tradition, je crois qu’elle est à respecter. Lacan, lorsqu’il a mis en place ce graphe, le graphe complet pour bien nous montrer la relation qu’il y a avec la jouissance, la jouissance de l’Autre qui manque, l’Autre ne jouit pas, et croyez-moi, j’ai eu énormément de mal à bien saisir, bien prendre en compte ce que Lacan nous disait là puisque je me suis exposée dans ces journées sur les mathèmes, à l’École Freudienne de Paris, j’ai essayé d’écrire le mathème des perversions, j’ai... pour ne pas dire les choses autrement, et donc pour ce qui est de cette jouissance qui est là marquée, Lacan n’ayant pas mis de « moins » devant cette jouissance bien que dans son texte, il nous dit que la jouissance de l’Autre manque, l’Autre manque de jouissance, nous n’avons pas, enfin, moi, je ne me suis pas crue autorisée la dernière fois à mettre à ce « moins » là, à cet endroit du graphe, j’ai simplement pensé que je pouvais négativer ici, et je l’ai fait joindre immédiatement cette ligne, pour bien montrer que il y a ce symbolisme peut-être, mais il y a aussi ce qui se met en place parce que lui-même parle, et ce qui se met en place ne peut se mettre en place que parce que il a saisi qu’au cœur de l’Autre, il y a un manque. C’est-à-dire que c’est toujours avec le manque que nous avons affaire, c’est toujours seulement ce manque qui est là et, dans ce que Freud a apporté et que Lacan a essayé de nous rendre plus sensible, il a essayé de nous le rendre plus sensible dans La Relation d’objet, il a commencé surtout avec La Relation d’objet, mais en fait, dans cette Relation d’objet, il se sépare tout de suite des Ego psychology, c’est-à-dire des Hartmann, Loëvenstein, … parce que le problème du manque est là dès le départ, le manque, on ne peut parler, nous, sujet parlant, de manque que parce que ça été symbolisé, que parce que il y a eu ces signifiants qui se mettent en place, et nous verrons que ces signifiants vont graviter autour de cette réalité muette, de cette Chose, de ce das Ding, enfin nous verrons ça plus tard, je crois qu’il faut dire pas à pas ce qui nous intéresse. Ce manque, Lacan commence à dire que c’est parce que ça a été symbolisé, que c’est parce qu’il y a une bibliothèque et qu’on a mis le livre untel à cette place, le livre untel à une autre place et ainsi de suite... C’est-à-dire que, du moment que c’est symbolisé, du moment qu’il y a signifiant, il y a place qui marque et on ne peut dire que un livre manque, devant une rangée de bibliothèque, que parce que, en fait, les places ont été bien marquées, c’est à partir de là que la question de la privation va se poser et, quelque part, Lacan dit bien que le réel manque de rien, puisqu’il est réel, mais pour que nous, nous puissions saisir quelque chose de ce qui est là symbolisé de ce réel, le réel est symbolisé, le réel préalable sera symbolisé, tout du réel préalable ne deviendra pas réel symbolisé, ne sera pas symbolisé, mais quand même, pour que de la privation, de ce qui fait qu’au niveau du réel, on peut dire qu’il y a manque, il faut que ça ait été symbolisé.

Je ne sais pas si, pour vous, c’est plus accessible, ce que j’essaie de dire ce soir. Je reprends exactement ce que j’ai dit la dernière fois en vous en disant peut-être un peu moins. Ce que je voulais aussi vous dire, c’était ce rapport de ce sujet avec ce grand Autre, avec ce qui est là, qui va fonctionner comme grand Autre, mais qui, en fait, manque. Le rapport de ce sujet, de ce qui devient ce sujet, est aussi à bien considérer.

Alors, il y a une chose que je ne vous ai pas marquée, parce que la dernière fois ça a embarrassé. C’est ce qui se passe lorsqu’il y a entrée dans la parole mais lorsqu’on ne peut pas dire que la jouissance ait été négativée, lorsqu’on est obligé de questionner ce qui, du réel préalable, a été symbolisé. Et ceci, c’est le cas de figure, c’est ce qui se passe dans la psychose nous dit Lacan, ce qui se passe dans la psychose parce que le manque dans l’Autre n’a pas pu être appréhendé par celui-là qui est devenu sujet. Par celui-là, le manque n’a pas pu être appréhendé et, parce que ce manque n’a pas pu être appréhendé, la ligne de jouissance - castration ne peut pas s’écrire. Alors, j’ai pensé que ça n’apporterait rien, le petit graphe que Lacan nous avait fait à l’époque et que, autant s’en tenir à ce qui se trouve dans les Écrits, et que parler de ce rapport avec le grand Autre, en tant que grand Autre préalable, en tant que la barre ne sera pas portée sur ce grand Autre, c’est-à-dire que ce qui est de cet objet, de ces restes de jouissance, on a aussi à en discuter. Qu’en est-il de ce qui est pour Lacan objet a chez celui-là qui n’a pas pu négativer cette jouissance, celui-là pour qui la question de la castration se pose, celui-là qui, parce que ce grand Autre n’apparaît pas comme barré, va remettre en question ce oui dit au signifiant ? C’est ainsi que nous présentions les choses au départ et parce que c’est ainsi que c’est dans Freud, et que Lacan le reprend avec cette Bejahung. Que va devenir pour celui-là cette parole dont il se sert ? C’est, alors, vous le savez, tout le problème des hallucinations, que ce soit verbal, que ce soit regard halluciné, c’est aussi le problème, puisque c’est celui qui nous intéresse plus particulièrement, de ce que fait le psychotique avec ce manque de départ, avec cette réalité muette avec ce qui est là avant tout refoulement. Je crois qu’il faut reprendre les termes de Lacan, souligner ce qu’il y a, là, à souligner, avant tout refoulement, il dit que, chez le psychotique aussi, le vide est là mais lui, comment, qu’est-ce qu’il va en faire, que va-t-il nous faire entendre dans sa clinique ? C’est sûrement un point sur lequel il faudra revenir. L’année dernière, en terminant ce que nous faisions, je vous avais dit qu’il n’y avait là toute une construction imaginaire du côté du psychotique, construction qui est jetée sur ce vide. On pourra essayer de détailler, avec la clinique, comment il le fait savoir mais, nous, nous savons, si nous nous en référons à ce que Freud nous dit, et que Lacan reprend en insistant sur cette Unglauben, sur ce il ne savait pas, ce refus, ce Un, enfin le fait que ce soit de l’ordre de « ça, ça n’est pas » qu’il jette sur ce vide, sur ce trou. Comment, dans la clinique, ceci peut nous retenir, puisqu’il ne peut pas échapper, lui non plus, à cette relation, à cette réalité muette qui, parce qu’elle se met en place, affecte le sujet naissant qui prend la parole, si je puis dire, affecte le sujet naissant avant tout refoulement ? Et, je crois qu’il faut insister là-dessus pour que nous puissions savoir que toutes les structures de l’être parlant, de sujet parlêtre, ont une relation avec la Chose. Il y a un autre point, qui m’échappe à l’instant, qui a à voir avec ce rapport à ce manque… Il m’échappe, je ne parlerai pas plus de ce qui est du fantasme et de ce qui est du désir, pas plus que la dernière fois, ce que je voulais essentiellement reprendre avec vous, et m’assurer que ça vous est plus compréhensible aujourd’hui que ça ne l’a été la dernière fois, c’est donc autour de cette jouissance.

Je vais quand même aussi reparler de l’Homme aux loups, de cet Homme aux loups qui, vous savez, nous a posé ici beaucoup de questions. C’était déjà un thème travaillé par Lacan à la Société de Psychanalyse pour bien montrer… Il m’a semblé que ça pouvait nous aider à comprendre ce que Lacan nous dit du signifiant, de ce qui est en place et de ce qui, parce que non symbolisé, mais qui fait partie de l’appareil du sujet, c’est-à-dire ces restes de jouissance, ce qui peut se faire savoir à certains moments dans le déroulement d’une vie, c’est le moment où le sujet ne sait plus quelle est sa place. J’ai préféré prendre l’épisode psychotique de l’Homme aux loups car il faut dire qu’à ce moment-là, il est confronté avec la misère du sujet, la misère que peut connaître le sujet de la parole en même temps que une misère réelle qui est en train de s’installer pour lui, cet Homme aux loups qui avait une armature, une structure telle que Freud, pour que ça puisse avancer, Freud avait du lui imposer une date : « on s’arrête à cette date ! ». Moyennant quoi, les choses ont pu venir. Cet Homme aux loups, lorsqu’il revient à ce moment de sa vie, avec tout ce qui s’est passé, je vais insister sur ce point, il ne sait plus quelle est sa place, et vous savez comment il va déambuler dans Vienne. C’est parce que ce qui est de ses objets cause de désir, de ses restes de jouissance, ne peut plus être dans un certain fil, parce que lui-même n’a plus sa place, eh bien, c’est ça qui va le gêner, il a ce regard qu’il pense être posé sur sa verrue, sur sa tache et là, sûrement, c’est important de se rappeler que sa mère est venue le voir à un moment de ce temps-là et que il a retrouvé chez elle cette verrue. Mais ne compliquons pas les choses, laissons les choses au plus simple, si je puis dire… Il va être dérangé par ces restes de jouissance, par ce qui est cause de désir parce que, lui-même, le sujet qu’il est, il ne sait plus comment vivre, il y a là chez lui ce trou, tous ces regards… Moi, ça m’a beaucoup plus parlé que cet exemple des cervelles fraîches. Les cervelles fraîches, j’ai eu beaucoup de mal à saisir ce que Lacan voulait dire dans cet acting-out, le fait que bon, il quitte la séance, il va à la recherche de cervelles fraîches, … En fait, si Lacan l’a mis avec cette hallucination du doigt coupé, et puis l’hallucination d’une façon générale, c’est aussi parce que ce qui, de la place, de là où il pourrait être, est perturbé et il recherche ce qui est là autour de la jouissance orale, autour de ce qui est ce reste pour… et c’est autour de ça qu’est cet acting-out. Mais enfin, pour moi, l’épisode psychotique de l’Homme aux loups m’a beaucoup plus parlé que la recherche des cervelles fraîches.

Signifiant, mise en place du signifiant, le manque, mais il faut savoir, dit Lacan, que si structure il y a, ça ne correspond pas au structuralisme car il y a l’objet, cet objet qui est partie attenante de la structure, de la structure du sujet, c’est-à-dire ces restes de jouissance. Donc, on ne peut pas uniquement, lorsqu’on s’intéresse au sujet de la parole, on ne peut pas uniquement ne tenir compte que des signifiants, il faut tenir compte de ce qui est objet cause de désir et, pour bien comprendre, il m’a semblé, surtout après avoir repris un certain nombre de séminaires de l’année de l’Angoisse, après avoir repris ces séminaires, et toute la place que Lacan donne à la jouissance, c’est-à-dire qu’il l’appréhende différemment de ce que nous verrons pour l’Éthique, toute la place que Lacan donne à cette jouissance et donc ce qui sera barrière. Ce qui est important, c’est de savoir que ça part de ce qui a intéressé le petit d’homme, cet être vivant au départ et c’est ce qui en reste, donc ce qui a à voir avec lui qui va suivre. C’est ça, ses objets cause du désir, c’est ça qui a à voir avec ce que la clinique nous apporte et qui peut nous dérouter, si nous n’en faisons pas quelque chose qui est du côté du sujet, si nous n’en faisons pas, comme Lacan nous dit pour le sein, que c’est du côté de l’enfant, et non pas du côté de la mère, et la ligne de partage est là.

Bon, je n’en dirai pas plus parce que je voudrais être sûre que ce qui est autour de cette jouissance, ce qui est autour de ces restes de jouissance, et tout ce que ça a, aura, comme conséquences, répercussions sur la clinique, pour vous ne vous pose plus problème ou, tout du moins, vous déroute moins que ce que je vous ai dit la dernière fois, si je vous ai mieux parlé.

A mon avis, on ne peut vraiment s’engager dans la Chose, dans das Ding, que si ces choses-là sont mises en place, pour bien savoir que c’est ainsi que ce sujet qui naît aura à faire à cette réalité muette mais quand même et, ensuite, parce qu’il entre dans la parole, lui, il faudra qu’il renonce à la jouissance, mais il lui en restera quelque chose, et toute la clinique sera faite de ça.

Les choses sont plus claires pour vous, tout du moins je l’espère… Il n’y a rien de plus que ce que j’ai dit la dernière fois mais peut-être que, le reprenant sous cette forme, et marquant déjà la place de la Chose - peut-être que ça aussi, ça vous déroute - marquant déjà la place de la Chose, à ce moment où le sujet naît, le rapport du sujet et du manque sera plus clair.


Questions

Michèle Aquien :
Vous avez parlé, au début, de la mise en place, par la symbolisation, de ce qu’est le Réel préalable.

Solange Faladé :
Non, pas du tout. Je dis : il y a le Symbolique qui est déjà là, il y a le Réel préalable pour ce petit qui vient de choir dans le monde, c’est ça le Réel préalable de Lacan, et donc ça a à voir avec la jouissance, et c’est au moment de la symbolisation, lorsque lui-même commence à parler, que ce Réel préalable sera symbolisé. Le Réel préalable est préalable à la symbolisation. Je n’ai pas tout de suite fait aller le pointillé jusqu’à la ligne du Symbolique, du Symbolique déjà là, pour bien montrer que il est dans la jouissance, c’est ça le Réel. Il ne parle pas, le Réel, c’est ce qui n’a pas à voir avec le langage. Je me souviens quand Lacan, en juillet 53, a fait son premier séminaire, après le départ de la Société de Paris, c’était donc Imaginaire, Symbolique, Réel, je crois que je vous l’ai dit la dernière fois, que de l’Imaginaire, il a pu nous parler facilement, du Symbolique aussi, le langage etc ? et puis, le Réel, c’était plus difficile et quelqu’un lui a dit bon, que c’était très beau, « on comprend tout ce que vous nous avez dit mais, pour ce qui est du Réel, on ne comprend rien… ». Bon, il s’est efforcé de nous expliquer le Réel, alors donc, avec cette jouissance, avec le fait qu’on ne parle pas, c’est ça le Réel, c’est ça le Réel préalable pour le sujet, parce qu’il y a deux Réel mais, dans ce Réel, celui qui l’intéresse, c’est celui-là, celui qui a à voir avec la jouissance, et la jouissance qui lui est procurée et qu’il procure aussi. C’est un être qui jouit et c’est un être dont on jouit, tant qu’il ne parle pas, c’est ça qui caractérise le petit d’homme et, quand il va parler, quand le signifiant sera mis en place donc, je ne vous ai pas parlé de ce qui le mortifie, cet être vivant, je n’ai pas non plus voulu tout reprendre de ce que j’avais dit avant.

Jacqueline Darbord :
Dans le séminaire de la dernière fois, vous avez dit : « ce qui a été retranché lors de la symbolisation, ce qui n’est pas un Réel symbolisé, selon les structures et même à tel moment d’une structure névrotique, ce qui a été là retranché peut de nouveau se faire connaître ». Alors vous nous avez parlé de l’Homme aux loups et vous avez dit que ce qui venait à nouveau, c’était cet objet qui a à voir avec le regard…

Solange Faladé :
Oui, c’est un reste de jouissance

Jacqueline Darbord :
Mais je voulais savoir si, dans la même histoire d’un sujet, c’est toujours la même, enfin comme s’il était constitué par un reste de jouissance qui lui est propre, propre à sa structure.

Solange Faladé :
C’est-à-dire que la question que vous posez sous cette forme détournée, c’est de savoir quel est l’objet a, doublure pour le sujet. C’est ça ?

Jacqueline Darbord :
Un petit peu…

Solange Faladé :
Si c’est un petit peu, alors c’est quoi ? parce que … (rires)

Jacqueline Darbord :
Mais non. Mais, ce qui m’a frappée, c’est comme si on en avait fini avec cette Chose-là… Ce qui a été retranché peut à nouveau se faire connaître.

Solange Faladé :
Oui, mais ça peut être aussi ce qui a à voir avec la voix et puis, bon enfin… Prenons des auteurs comme Cantor ; pour lui, ce qui est revenu, c’est qu’il mangeait sa merde et ça, c’est un reste de jouissance.

Jacqueline Darbord :
Oui mais, ce qui m’a questionnée, c’est le fait que ça peut revenir dans une circonstance particulière. C’est comme quelque chose qui a été abandonné à un moment donné.

Solange Faladé :
Non. Je ne crois pas que l’on puisse dire que ça a été abandonné. Ça ne revient pas forcément sous cette forme, ça ne joue pas dans la structure sous la forme de ce qui revient du Réel. Le petit Augustin, avec le fait de se sentir frustré parce que ce qui lui appartient vient à lui manquer, ça n’est pas quelque chose qui revient dans le Réel. Cette frustration-là, c’est pas quelque chose qui revient dans le Réel.

Jacqueline Darbord :
Si ça ne revient pas dans le réel, c’est que ça a été symbolisé

Solange Faladé :
C’est-à-dire que ce reste de jouissance reste dans ces structures en tant qu’objet cause du désir. Il n’est pas poursuivi par ce qui est ce reste de jouissance orale, lorsqu’il voit l’autre appendu au sein. Lorsque l’Homme aux loups se sent poursuivi par les regards, c’est quand même pas ainsi que ce qui cause le désir chez le névrosé se manifeste. Ce qui du Symbolique va revenir dans le Réel, va jouer comme quelque chose qui n’est pas tenu, puisque le fait d’être dans la chaîne signifiante, même si c’est pas un signifiant, ça fait partie de cette structure, fait que ça se tient, fait que ça se balade pas. Celui qui va manger des cervelles, là, bon, il erre dans la ville pour se trouver des endroits où il aura des cervelles fraîches. L’acting-out, Lacan nous dit que ça a à voir aussi avec quelque chose qui ne s’est pas dit. Je ne sais pas si…

Jacqueline Darbord :
C’est bien compliqué…

Solange Faladé :
C’est-à-dire que vous, vous voulez savoir quel est l’objet a, c’est-à-dire ce qu’est, ce qui est la doublure du sujet. C’est ainsi que Lacan, dans la « Subversion du sujet… », en parle, et aussi la façon dont il en parlera avec la fin de l’analyse, lorsqu’il y a cette ouverture du fantasme. Il y aura le sujet et l’objet, l’objet a. Bon, il y a ça. Je crois que, dans l’enseignement de Freud, tout comme dans l’enseignement de Lacan, ce n’est pas quelque chose de linéaire, ça fait pas système. Lorsqu’il parle de l’objet a, de l’objet comme cause de désir, lorsqu’on est dans la névrose, c’est une chose ; lorsqu’il y a quelque chose de l’ordre d’une dépersonnalisation, ça va se faire connaître différemment. Tandis que là, vous aimeriez qu’il y ait quelque chose qui se dise de la même façon depuis le début jusqu’à la fin. Si ça avait été comme ça, il aurait fait un séminaire et on en finirait, en une année et c’était fini… Mais le problème de la jouissance, lorsqu’il l’a apporté comme il l’a apporté avec « l’Esquisse », c’était manifestement la lecture de « l’Esquisse » où là, vraiment, et la jouissance dans laquelle baigne le petit d’homme, l’épreuve de la Befriedigung, et la jouissance qui est supposée à l’Autre, là où il apparaît que, de l’Autre, il n’y a pas. Et, à partir de ce moment, il ne peut pas nous parler du grand Autre comme il le faisait dans le séminaire II.

Je ne sais pas si j’arrive à… Vous voudriez qu’il y ait unicité.

Jacqueline Darbord :
Mais non, je ne veux pas ça du tout. C’est vous qui le dites mais c’est pas ça. Moi, ce qui m’a frappée, c’est que ce qui a été retranché peut, de nouveau, se faire connaître. Sous quelle forme, c’est ça que je demande.

Solange Faladé :
Ça revient dans le Réel et ça va se faire connaître sous la forme de quelque chose qui est erratique. Eh bien oui, ça va, ça erre, puisque ce qui permet que ça ait une certaine tenue, si je puis dire, que ça tienne, c’est tous ces signifiants qui sont en place, et donc l’objet cause de désir ne se traduira pas de la même façon que lorsque ces signifiants ne sont plus en place.

Jacqueline Darbord :
Mais c’est ce rapport entre revenir dans le Réel et les signifiants en place, un peu comme si les signifiants tenaient quelque chose en quelque sorte…

Solange Faladé :
Dans la chaîne signifiante, sûrement.

Jacqueline Darbord :
Quand ça revient dans le Réel, ça revient à l’état de quelque chose qui n’a pas été symbolisé à nouveau et qui, pour être symbolisé, va passer par un autre chemin. Enfin, c’est ce chemin-là, de retour…

Solange Faladé :
Si l’on reprend l’observation de l’Homme aux loups, cet épisode psychotique n’a pas duré tout le temps. Il a été repris en main par Ruth Mac Brunswick, ensuite il a pu, comme tout le monde, aller travailler, gagner sa vie. Là, on n’était pas dans une structure psychotique donc ça pouvait revenir à une chaîne qui se tient et, à ce moment-là, même s’il était parfois bizarre, à ce moment-là, il ne se sentait pas regardé par tout le monde. Sa verrue, il s’en arrangeait.

Question inaudible

Solange Faladé :
Ces restes de jouissance ne sont pas symbolisés mais vont se retrouver dans ce qui est la pulsion. La pulsion va tourner autour de cela, enfin, je ne l’ai pas refait. Parce que ça tourne autour d’un objet a, c’est pas symbolisé non, non, mais ça tient avec une structure telle que la névrose, d’une façon autre que dans une structure telle que la psychose, puisque ça va revenir dans le Réel mais avec ce qui n’a jamais pu être symbolisé puisque, pour que cette symbolisation puisse être, c’est-à-dire que cette chaîne signifiante qui est en haut… Parce que je crois que c’est important, dans le graphe, de bien comprendre que la première chaîne signifiante qui est là, c’est elle qui est de ce qui préexiste au sujet, c’est-à-dire qu’il tombe dans un monde de langage où on parle de lui, etc. Il faut qu’il soit le fils du parisien libéré. Bon, et puis lui, quand il va prendre la parole, s’il saisit le manque au sein du grand Autre - ce que nous avions fait très en détail lorsqu’on a fait la subjectivation - si ce manque est saisi, la jouissance pourra être négativée et il va écrire cette ligne d’en haut qui ne peut s’écrire que parce que, lui, saisit ce manque au sein du grand Autre et négative sa jouissance. Alors, ce qui va rester de la jouissance n’est pas du côté du Symbolique, mais ça peut avoir une fonction signifiante. Lacan nous le dit, cet objet a, cet objet cause de désir peut avoir une fonction signifiante. Là, je n’ai pas voulu, ce soir, aborder cela : bien que réel, il peut avoir une fonction signifiante.

Jacqueline Darbord :
Je crois que ça répond bien à ce que je veux dire. « Bien que réel, il peut avoir une fonction signifiante ».

Solange Faladé :
Mais ça, on le trouve très vite dans l’enseignement de Lacan. Très vite, je veux dire à partir du moment où il a mis en place ce qui reste de la jouissance quand le signifiant de la jouissance, le grand F, a été pris en compte par le sujet. Reprenez ce séminaire du 14 avril, j’y ai beaucoup insisté, et depuis longtemps, et je crois que, chaque année, j’en dis quelque chose.

C’est quand même là que le grand F vient, alors que, pendant je ne sais combien d’années, il nous faisait entendre son grand F, son phallus symbolique d’abord, et puis ensuite ce signifiant de la jouissance. Le signifiant du désir puis le signifiant de la jouissance.

Question inaudible, à propos de l’objet a cause de désir

Solange Faladé :
Le signifiant S2, c’est ce qui a à voir avec le manque dans l’Autre, c’est-à-dire ce qui a à voir avec le S(

), le fait même de dire que il faut qu’il prenne en compte le manque dans l’Autre, c’est dire aussi que le S2 - la dernière fois, je vous l’avais fait ce S1--- S2 - le S2 ne peut s’écrire que parce qu’il y a ce S(

).

Question inaudible sur l’objet cause de désir

Solange Faladé :
Le regard, la voix, il y a plusieurs façons de l’appréhender cet objet a. Lacan l’a fait avec la séparation, vous vous souvenez quand on a fait la subjectivation, nous sommes partis de ce grand A, de ce signifiant, et du manque qu’il y a, au sein de ce signifiant du grand Autre, et ce manque au sein de ce signifiant du grand Autre va être recouvert par le manque du sujet et c’est cela qui fait l’objet a. C’est-à-dire, il y a plusieurs façons de l’appréhender, cet objet a, ce qui est prélevé en vue de faire le S2, il y a forcément ce qui va être hors corps, c’est une autre façon de dire les choses, de Lacan. Ce qui est hors corps, ces objets qui vont choir, ont à voir avec la jouissance mais ce sont des restes de jouissance. Prenez Dora et sa relation à la zone orale, ce sont des restes de jouissance. Il y a différentes façons d’appréhender cela, donc on peut en faire le tour, on le fait au fur et à mesure. Lorsqu’on a fait la subjectivation, lorsqu’on a fait ce sujet, effectivement qui est représenté par ce S1, ce qui lui vient de ça parle de lui et qu’il va prélever sur l’être de l’organisme, forcément, ce qui est du reste de jouissance est intéressé par l’être de l’organisme puisque l’organisme, c’est le corps et le hors corps. Le hors corps, tout ce qui est hors corps, c’est des restes de jouissance. On recommence l’enseignement par où on peut ; nous, nous avons commencé par la pulsion et, déroulant le texte de Freud, ça nous a fait suivre un certain chemin et puis on arrive aujourd’hui à l’Éthique et, avec l’Éthique, il y a insisté sur la jouissance, parce que, lorsque nous faisions cela, les catégories de Lacan avant, le début, on n’y avait pas insisté de la même façon . C’est pourquoi, exprès, je n’ai pas voulu parler du fantasme, pour que l’Imaginaire, tout ce qui vient de l’Imaginaire, ne vienne pas. Je voulais uniquement parler de cette symbolisation qui se fait à partir d’un Réel, parce que le petit d’homme ne parle pas au début, il est infans donc, ce qui l’intéresse à ce moment-là, c’est de l’ordre du Réel, nous dit Lacan, pour reprendre ce que l’on trouve dans « l’Esquisse ». je n’ai pas voulu, d’ailleurs je me demande si ce qui m’a échappé ne m’a pas échappé parce que, justement, je ne voulais pas parler du fantasme qui m’aurait obligée à dire quelque chose de l’Imaginaire. C’est pas simple, mais bon.