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Autour de la Chose III

23 Novembre 1993
Document de travail

La dernière fois, Jean Triol et Bernard Mary vous ont menés au cœur de la Chose, j’ai entendu ce qu’ils vous ont apporté et je peux vous dire que je ne saurais faire mieux. À ce propos, je suis heureuse de voir que la première partie de « l’Entwurf », de « l’Esquisse pour une psychologie scientifique » est là, prête à être travaillée par nous, c’est une traduction faite par Jean Triol et l’un de nos germanistes, je vous conseille vivement de travailler dans cette traduction que vous pourrez trouver auprès de Robert Samacher.

Ce soir, je vais faire un rappel de ce qu’est la découverte freudienne, ce que Freud lui-même nous en fait savoir tout au long de son œuvre et, pour ce qui nous intéresse, ce que Lacan a repris.

Vous savez qu’après un certain nombre d’années, de recherche, d’intérêt, pour la maladie mentale, et particulièrement les hystériques, Freud, un jour, arrive à déchiffrer son rêve, ce rêve de l’injection à Irma ; il sait ainsi qu’il y a en nous un savoir qui nous échappe et, en traduisant son rêve, il saisit que non seulement il y a un sens, mais qu’il y a une vérité qui vient là s’accrocher à la signification de son rêve, et cette vérité lui apprend ce qu’il en est du lien véritable qu’il y a entre lui et Fliess, et vous savez qu’à certains endroits de ce rêve, de la traduction qu’il nous en fait, il nous dit qu’il ne peut pas, qu’il y a certaines choses qu’il est obligé de nous taire. Donc il apprend la vérité de son lien, de ce qui le porte vers Fliess et, en même temps, il apprend que quelque chose vient d’être modifié du fait de ce qui s’est passé avec Irma et que, mon Dieu, Fliess n’est plus à la place où il l’avait mis.

Donc, avec la traduction de cette formation de l’inconscient qu’est le rêve, Freud saisit qu’il y a quelque chose d’une vérité, d’une vérité qui peut se faire jour. Il n’y a pas que du sens, il y a aussi cette vérité. Et vous savez que toutes les difficultés, c’est ce qui peut être là noué, de la vérité au savoir. Et Lacan, j’y reviendrai tout à l’heure, à propos du premier exemple qu’il nous donne lorsqu’il met en place le graphe, il dit que, certes, la vérité peut faire jour, mais il peut aussi ne pas y avoir de vérité.

Alors, Freud découvre ainsi qu’il y a un savoir qui nous échappe. Ce savoir, en français on l’a appelé inconscient, mais dans la foulée de sa découverte, vous savez son enthousiasme, enfin cette jubilation qui a été la sienne, enfin il s’est senti à ce moment-là un grand homme, et il le dit dans une de ses lettres à Fliess, cette plaque que l’on pourrait mettre... Les générations pourraient lui en être reconnaissantes. Freud, dans les semaines qui suivent, fait ce qu’il a appelé son « Entwurf », cette « Esquisse pour une psychologie scientifique ». Et on doit se dire que ce qu’il a apporté là, est en droite ligne avec ce qui était son propre travail, avec ce qui était en fait son analyse, et il ne faut pas prendre ceci uniquement comme spéculation. Freud nous dit qu’il est lui-même son propre patient, et, s’il a pu ainsi établir ce qu’il en est de l’appareil psychique, de cet appareil qui nous intéresse et qui est donc ce qui est du côté de l’inconscient, c’est parce que chez lui-même quelque chose est venu le lui faire savoir.

Donc, découverte de l’inconscient, un savoir auquel peut s’attacher une vérité et en même temps cet appareil psychique, avec cette chose importante, la place qu’il faut donner à la satisfaction ceci vous a été dit, et bien dit la dernière fois, donc je n’y reviendrai pas, en tout cas pas aujourd’hui, la place qu’il faut donner à la satisfaction, la place qu’il faut donner à ce que vient d’éprouver le petit d’homme, satisfaction telle que quelque chose d’une hallucination sera mise en place, et vous savez que dans La science des rêves, dans la Traumdeutung, il termine en nous parlant de cette satisfaction hallucinatoire qui peut faire que le petit d’homme vient à en mourir parfois. Donc, avec la découverte de ce savoir, il y a toute la place à faire à cette satisfaction, à cette jouissance, et si cette satisfaction a cette importance, c’est bien parce que ce qui l’a causée ne peut jamais être attrapé, qu’à peine là, il est déjà perdu, et c’est bien parce que cet objet est perdu que le petit d’homme va se développer comme il se développe et que l’objet qui est notre objet aura non seulement à s’intéresser au savoir, mais à faire la place qu’il faut à la jouissance, sinon, de l’inconscient que Freud a pu découvrir, nous passons à côté.

Alors, vous savez que cette Esquisse envoyée à Fliess a été perdue pendant des années, que Freud lui-même n’en a plus parlé, et comme je vous l’ai dit la première fois, Freud a dû, malgré tout, dans tout ce qui l’a intéressé, faire, si je puis dire, la part belle à ce qui était dans cette Esquisse, d’abord, je viens de vous le rappeler, dans la Traumdeutung, dernier chapitre avec la satisfaction hallucinatoire, mais très vite avec « Les trois essais sur la théorie de la sexualité », c’est-à-dire ce qui vient immédiatement après tout ce que, de l’hystérique, il a pu apprendre concernant ce qui vient là marquer le corps de l’hystérique en tant que signifiant. Freud, dans « Les trois essais sur la théorie de la sexualité », fait la part à la jouissance, fait la part à la jouissance d’abord avec la sexualité infantile, je passe sur la première partie des « Trois essais sur la théorie de la sexualité » - c’est-à-dire tout ce qui concerne les aberrations sexuelles, mais nous aurons l’occasion d’y revenir à un autre moment - cette jouissance, ce qui est là vécu par le bébé, celui qui vient de connaître cette satisfaction, qui recherche indéfiniment à retrouver cette satisfaction, ce qui met en place cet automatisme de répétition, cette Wiederholungzwang, et Lacan, à ce propos, au sujet de cet automatisme de répétition, et dans un temps assez…, puisque c’était en 1972, je crois quelque chose comme ça, c’est donc qu’il était déjà très avancé dans ce qu’il nous apportait, Lacan insiste sur le fait que l’insistance même que marque cet automatisme de répétition, pour ce qui est de la jouissance, fait savoir qu’il y a une inexistence de la jouissance. A la rechercher indéfiniment, fait savoir que cette jouissance, eh bien ne peut pas être rattrapée, c’est quelque chose de l’ordre d’une inexistence, mais faites attention, ce n’est pas parce qu’il y a une inexistence qu’il n’y a pas une place à faire à la fonction de la jouissance, d’ailleurs tout comme le grand Autre, le A n’existe pas, mais la fonction que remplit ce A n’est nullement à négliger puisque toute la structure qui nous intéresse, intéresse aussi ce A.

Donc, dès « Les trois essais sur la théorie de la sexualité », Freud fait sa place à la jouissance sous cette forme, mais également fait sa place à la jouissance avec la pulsion. La pulsion partielle, c’est dans « Les trois essais sur la théorie de la sexualité » qu’il en parle, et cette pulsion, cette pulsion a à voir avec la jouissance, avec la satisfaction, pour reprendre le mot de Befriedigung de Freud, et vous savez dans son essai sur les pulsions, Freud fait une part tout à fait importante à la Befriedigung, à cette satisfaction, à cette jouissance - disons les choses comme cela - et il nous dit que c’est sous forme de principe de plaisir, c’est sous forme de plaisir que le sujet s’accommode avec cette jouissance, c’est-à-dire s’efforce de porter à zéro (ce qui permet le moindre effort), de porter à zéro cette jouissance, cette satisfaction, mais elle ne restera pas à zéro puisque ce qui importe, ce qui compte, c’est véritablement de jouir - même, si je puis dire, si c’est à bas prix - en foutre le moins possible, nous dit Lacan ; c’est peut-être ça ce que ça veut dire aussi.

En tout cas, s’efforcer de ramener la tension toujours à zéro, mais ne pas pouvoir accepter que cette tension soit toujours à zéro, c’est là tout le principe de plaisir, cette espèce de régulation, nous dira plus tard Freud, qui se fera entre principe de plaisir et principe de réalité. C’est quand même une place non négligeable que Freud, dès « Les trois essais », fait à cette satisfaction, dans ce qu’il met en place de sa théorie, et ce que je pense qu’il faut toujours avoir à l’esprit, c’est que ce ne sont pas spéculations de la part de Freud, c’est véritablement son expérience pratique, ses cures qui l’ont obligé à tenir ce qu’il nous dit de cet inconscient, cet inconscient qui non seulement a un savoir, mais qui ne fait pas qu’avec le savoir, fait également avec la jouissance, avec la Befriedigung, pour reprendre le terme de Freud.

Le principe de plaisir et le principe de réalité, ce sont là les deux principes qui régissent l’activité psychique nous dit Freud, mais très vite, en tout cas il nous en fait part assez rapidement, il y a quelque chose qui le surprend par dessus tout, c’est que, alors qu’il avait pensé que jusque là ce qui régissait l’activité psychique et ce qui venait là marquer l’être parlant, c’était ce qui avait à voir avec le principe de plaisir, il est obligé de se dire qu’il y a un au delà du principe de plaisir, il y a ce que Lacan appelle la jouissance, c’est-à-dire il est obligé de faire une part tout à fait importante à ce qu’il avait trouvé dès le départ, puisque, chemin faisant, cette jouissance, cette Befriedigung, il n’a jamais pu ne pas en tenir compte. C’est à un point tel qu’il va reprendre sa première topique, mettre en place ce qu’on a appelé la deuxième topique, il nous dit bien dans « Le moi et le Ça » que ce n’est pas l’inconscient, le préconscient, le conscient... ce n’est pas qu’ils n’ont pas d’importance, mais qu’il faut les penser autrement à cause de cet « Au-delà du principe de plaisir ».

Cet « Au-delà du principe de plaisir » l’a tellement frappé que, dans ce qu’il nous dit de son petit fils, de ce petit garçon à la bobine, ce qui l’a le plus étonné, c’est certes le jeu de cet enfant, mais surtout que cet enfant reste, s’éternise sur le temps qui le fait souffrir, c’est-à-dire ce temps du départ de sa mère, je ne parlerai pas des névroses traumatiques dont il nous parle dans cet « Au delà du principe de plaisir », je vais aller vite.

Freud, parce que ce problème du masochisme l’a tellement frappé, que il fait, nous avons cet écrit « Le problème économique du masochisme » et vous savez qu’il commence en nous disant que, véritablement, ce qu’il y a là, « Au-delà du principe de plaisir », c’est quelque chose qui l’a beaucoup frappé, reportez-vous à cet article. Bref, ce masochisme, Freud y réfléchira jusqu’à la fin, et vous savez que, dans une de ses « Nouvelles conférences », presqu’une des dernières, celle qui a pour titre « Angoisse et vie de la pulsion » que nous avons traduite parce que Lacan nous y encourageait très vivement dans un de ses séminaires, je ne sais plus si c’est le séminaire sur l’Angoisse, pour le moment, çà m’échappe - peu importe - la traduction est là ; dans cet article, Freud nous dit que, pour le masochisme, il continue à s’interroger, mais ce qu’il demande, c’est que l’on parte de là où il est arrivé. Tout à l’heure, je vous disais que c’est sa pratique qui l’a conduit, qui l’a forcé à donner toute sa place à cette jouissance, cette jouissance qui est telle et qui accompagne le symptôme à un point tel que lui, Freud, est véritablement dérouté et nous parle de la réaction thérapeutique négative, quand on lit ce qu’il nous en dit et qu’on se reporte à ce qui était sa joie lorsqu’il venait de découvrir l’inconscient, lorsqu’il guérissait - je crois que le mot n’est pas de trop - ses premiers patients, enfin lorsqu’on se souvient de ce qu’était sa joie, et ce qu’il nous dit à propos de cette réaction thérapeutique négative où, malgré tout ce que de bienfait le traitement a pu apporter à certains de ses patients, eh bien ce qui était le plus fort, c’était ce qui avait à voir avec ce qui attachait au symptôme, avec ce qui attachait au malaise à vivre, et ceci avait à voir avec la jouissance.

Donc, le symptôme, c’est une chose qui a son intérêt, qui peut être décryptée, auquel peut venir se nouer la vérité quand le savoir de ce symptôme a pu être mis au jour, mais il y a quelque chose de plus fort qui retient le patient et ce quelque chose a à voir avec la jouissance et c’est là cette réaction thérapeutique négative dont nous parle Freud. Si je reviens, si je fais ce bref rappel, parce que je ne vais pas aller dans trop de détails, c’est bien pour montrer que Freud, tout au long de sa vie, dans ce qu’il a pu recevoir de ses patients, dans les réflexions qu’il portait sur ce travail avec les patients, Freud a dû toujours faire une place à ce qui a mis en place l’appareil psychique chez le petit d’homme, et ce qui a mis en place cet appareil psychique, c’est cette satisfaction reçue, cette satisfaction vécue, qui a fait que tout ce qui peut intéresser l’être parlant, l’être humain, s’est mis en place tant pour ce qui est de la mémoire... enfin, tout ce qui nous intéresse, c’est-à-dire ce savoir, ce savoir qui est là du fait des signifiants qui se mettent en place, tout ceci découle de cette satisfaction, disons de ce qui a pu être, mettons-nous dans ce cas d’une « bonne rencontre », car ce n’est pas toujours ainsi, et le sujet parlant a à s’en débrouiller plus tard. De toute façon, on s’en débrouille, on arrive toujours à s’en débrouiller, bonne rencontre ou moins bonne rencontre.

Alors l’inconscient, ce n’est pas uniquement un savoir, ce n’est pas uniquement un savoir auquel vient se nouer la vérité, c’est aussi ce qui peut, de la jouissance... Lacan dit tout n’est pas signifiant ; tout n’est pas signifiant parce qu’il y a cet objet qui a à voir avec la jouissance. Et si tout ceci s’est mis en place de cette façon, c’est parce que cet objet est perdu et, tout au long de l’enseignement de Freud, la quête de l’objet, il nous parle dès les essais sur la théorie de la sexualité, ça je vous l’ai dit à plusieurs reprises, je ne l’ai pas repris ce soir mais c’est là, au cœur véritablement disons, de ce qui est la Chose.

Alors, comment Lacan, lui, reprend tout ceci ? Il le reprend à partir du sujet. Le sujet, je crois que je vous ai déjà donné cette référence dans « Fonction et champ de la parole et du langage », Lacan, pour ce qui est du sujet, met l’accent sur le fait que quelque chose manque et que ce qui manque au sujet, la cure analytique pourrait l’apporter. Mais enfin, c’est pas tellement sur ce passage que je veux m’arrêter ce soir, mais partir des écritures de Lacan autour du sujet et du moment où, pour inscrire le sujet, il a inscrit.

, il l’a apporté avec le graphe, et ce graphe, le premier, c’est celui qu’il a apporté avec les Formations de l’inconscient et pour nous faire saisir ce qui là, tout au moins l’espérait-il, pourrait mieux illustrer ce que Freud a pu apporter dans sa découverte, c’est-à-dire ce qui fait que lui, Lacan, bien qu’intéressé par Saussure et Jakobson, ce qui a fait que lui, Lacan, s’écarte du linguiste, c’est le fait que ce sujet, ce sujet, il ne dit pas tout de suite qu’il n’y a pas de signifiant pour lui, mais enfin il nous dit qu’il est barré, il nous dit qu’il est bien difficile de représenter sur un même schéma le signifiant, le signifié et le sujet, c’est ainsi qu’il commence ce séminaire, les Formations de l’inconscient, après nous avoir invité à relire son « Instance de la lettre » et, pour illustrer ce qu’il nous apporte, il parle du mot d’esprit.

Alors ce mot d’esprit, il nous parle du premier de Hirsch Hyacinthe, cet homonyme de Henri Heine et il nous fait part de la parole de cet homme qui est pédicure au service des Rothschild, mais enfin qui pourrait avoir quelque lien de parenté et il nous dit que ce Hirsch Hyacinthe vient là avec sa demande, demande qu’il adresse à l’Autre, au grand Autre, à Dieu, et il dit « aussi vrai que Dieu me doit tous les biens », donc c’est la demande qu’il lui fait « moi, Hirsch Hyacinthe, j’ai été traité d’égal à égal par Salomon Rothschild » et il continue, il veut dire « d’une façon familière », mais là l’inconscient rectifie, et le mot qui lui sort c’est famillionnaire ; c’est là une formation de l’inconscient, c’est ce qui vient nous dire quelle est la vérité des relations entre cet homme et Salomon Rothschild.

Alors reprenons ce graphe, le premier. Lacan nous dit que, entre signifiant-signifié, les sujets ne peuvent que se côtoyer, que la ligne transversale s(A) ---- A, c’est-à-dire la ligne signifiante s --- s’ - je ne l’ai pas marqué mais ça fait rien - il nous dit que c’est ce qui vient noter le discours commun, le discours courant, c’est une chaîne signifiante, enfin c’est ce que nous sommes en train de faire là, ce que je dis et qu’en principe, vous comprenez c’est le discours commun, discours courant, et que, sur cette ligne, il fait, il accroche ce qui est le discours du sujet, discours intentionnel, enfin avec ceci que quelque chose de l’inconscient peut toujours échapper comme vous venez de voir, alors dans ce qui se met en place pour ce sujet, il y a ce qui est de son image spéculaire, ce à quoi il s’est identifié, son image à lui, Hirsch Hyacinthe, eh bien, se voit l’égal de Salomon Rothschild, i(a) --- m.

Ils ont quelque lien de parenté, après tout ce n’est pas une si mauvaise image, ce que la glace lui renvoie, c’est cette image, il y a de quoi... espérer de Dieu qu’il lui donne tous les biens, et puis pourquoi serait-il plus maltraité que Salomon Rothschild ?

Mais les choses ne sont pas du tout ainsi et, mon Dieu, il est traité à la façon dont les millionnaires, et à cette époque là, les millionnaires, ce n’était pas rien, vous savez ; je ne sais pas si nos milliardaires d’aujourd’hui pourraient rivaliser puisque, quand même, ils tenaient l’Europe ces Rothschild à cette époque là - ce n’était pas rien un millionnaire - Alors donc, il se voit l’égal de Rothschild, mais le fait de passer là dans... d’accrocher ce A qui n’existe pas, mais enfin qui a une fonction, Lacan dans un premier temps en avait fait le code, mais, très vite, il en fait le trésor des signifiants et, de toute façon, lorsque c’était le code, en passant par là, un signifiant pouvait être accroché, et quelque chose de nouveau pouvait être créé, et là, c’est ce famillionnaire qui vient le marquer, en fait ce qu’il en est du symptôme de ce Hirsch Hyacinthe, puisque le mot d’esprit, tout comme le rêve, tout comme le lapsus, tout comme le symptôme, c’est une formation de l’inconscient, et c’est bien ce que de ce grand Autre lui est signifié, que c’est plutôt comme un famulus, un serviteur qu’il est traité par Salomon Rothschild, enfin que la familiarité, le famillier Rothschild avec lui ne va pas plus loin et que, pour ce qui est des biens que Dieu lui doit, il a quand même quelque pouvoir notre Hirsch Hyacinthe, eh bien c’est lui qui s’occupe des pieds du maître, oh ! non pas du maître, de son égal, de Salomon Rothschild, c’est lui qui s’occupe de ses pieds et mon Dieu, nous dit Lacan, il peut toujours lui rogner d’un peu plus près le cuir et, croyez-moi, à ce moment-là, on ne se sent pas bien du tout. Et puis il s’occupe d’autres petites choses et il se charge de lui donner certaines cautions, le jour où sa belle va le rencontrer puisque ce Salomon Rothschild là, c’est celui qui est resté célibataire, c’est-à-dire ce jour-là, il ne peut pas grand chose. Voilà le pouvoir de Hirsch Hyacinthe.

Mais ce qui nous intéresse ce soir, c’est dans ce premier graphe, ce qu’immédiatement Lacan met en place, ce sujet divisé, il le barre, ce sujet divisé, et sa division, nous pouvons en saisir quelque chose de par ce mot qui lui sort, ce famillionnaire où le sujet divisé, il le met en place, ce qui est de son image spéculaire, de sa relation à l’autre, à l’autre semblable, celui qu’il fait son alter ego, là c’est Salomon Rothschild, mais ce qui nous intéresse, outre ce qui est là formé de ce s(A) qui a à voir avec le symptôme, qui a à voir avec les formations de l’inconscient, c’est ce qui résulte de ce passage au cœur du grand Autre, c’est ce qui est pris, si je puis dire, par le sujet, au passage, et déjà dès cette époque, Lacan dit que c’est l’Idéal du Moi.

C’est le I, il en fait I à cette époque-là, déjà, tout de suite, et je rappelle seulement que dans le séminaire qui a précédé, c’est-à-dire dans la Relation d’objet, il nous parle de ce qui sera là prélevé déjà chez l’Autre, et lorsque plus tard, il mettra bien en place l’Œdipe, il nous dit que, revêtu de l’insigne prélevé chez l’Autre, chez le père, il y a un sujet nouveau, mais c’est toujours le sujet, c’est toujours ce sujet divisé, mais qui se marque de cet insigne.

Alors je suis revenue à ce premier schéma, à ce premier graphe, je ne commenterai pas ce qui vient au-dessus, en tout cas pas comme Lacan nous l’avait fait à cette époque, et j’en viens tout de suite au graphe qui suit, parce que ce graphe, c’est celui qui, dans Le désir et son interprétation, qui je crois n’a pas été…, vous ne l’avez pas en mains, sauf les personnes qui ont travaillé avec moi, c’est d’abord ce graphe et puis il y a eu ensuite ce fameux « Il ne savait pas que... ». Donc ce graphe, le graphe de celui-là qui ne parle pas encore, qui rencontre de par son cri, cri assignifiant, c’est là qu’il avait employé ce mot de cri assignifiant, je crois qu’il ne l’a plus employé, ici ce cri qui ne véhicule aucun signifiant, mais il n’en reçoit pas moins une réponse, une réponse de l’Autre, et c’est là qu’il a marqué cette matrice de l’Idéal du Moi. Alors, si je refais, j’ai repris ce schéma, ce n’est pas uniquement parce que je l’aime bien sûr, c’est parce qu’il nous sera utile pour la suite de ce que je vais vous dire ce soir, puisque, avec ce schéma, on peut figurer ce que, dans « Position de l’inconscient », vous savez cet écrit qui nous avait retenus un certain temps, en tous cas certains passages de cet écrit qui nous avaient retenus, lorsque nous nous étions intéressés au sujet, très exactement à la subjectivation, il y avait ce, là où il y a le discours commun, le discours donc qui préexiste à celui-là qui vient de naître, à cet infans, c’est ce que Lacan dans les « Remarques à Daniel Lagache », à ce rapport de Daniel Lagache, souligne, c’est le ça parle de lui, ça parle de lui avant qu’il ne soit, avant qu’il ne vagisse et avant qu’il ne parle, et ce ça parle de lui, c’est ce discours commun qui lui préexiste, ce sont tous ces S1. Alors, tous ces S1 ont une importance toute particulière dans ce qui a à voir avec la naissance, la question du sujet.

Lacan, dans cet écrit « Position de l’inconscient », j’y suis retournée ; j’y suis retournée parce qu’il y avait des choses qui nous intéressaient ce soir concernant la métaphore, la métonymie, enfin tout ce qu’il avait fait autour du mot d’esprit - je passe très vite - ce qu’il dit aussi de la pulsion et, à ce propos, il fait une parenthèse pour s’insurger contre la traduction qui est faite du mot Trieb, l’instinct, était encore présent ; je crois que, maintenant, c’est disparu, même des traductions de nos collègues d’autres sociétés : le mot Trieb, encore traduit par instinct, maintenant, c’est pulsion ; et il arrive à un point de cette « Position de l’inconscient », en tout cas le passage qui, ce soir, m’a retenue, et à propos du sujet, vous savez que c’est cette question : « quel est le sujet pour cet inconscient, structuré comme un langage » ; à propos du sujet, il pose la question de savoir si c’est effet de signifiant ou effet de parole. Ce qui retient ce soir, c’est l’effet de signifiant ; pour ce qui est l’effet de parole, ça à voir avec le désir et là, il dit très rapidement (Voir commentaire) ce qu’on saisit mal, c’est que, pour ce qui est de notre désir, ce n’est que le désir de l’Autre. Mais enfin, pour ce qui nous intéresse ce soir, c’est ce qu’il nous dit de l’effet de langage.

Effet de langage, parce que ça a son importance dans l’émergence du sujet, il dit que cet effet de langage, ceci c’est à la page 835 dans « Position de l’Inconscient » dans les Écrits, c’est ce qui introduit la cause, nous dit-il, qui introduit la cause, ce qui fait que le sujet n’est pas cause de lui-même, nous aurons à revenir à tout ça. Mais je le dis déjà, que le sujet n’est pas cause de lui-même ; il n’est pas cause de lui-même à cause de ce ver qu’il porte en lui, qui est le signifiant. Et c’est parce qu’il y a ce signifiant, ce signifiant qui va être cause de lui, et parce qu’il y a ce signifiant, qu’il y a du sujet, et c’est parce qu’il y a ce signifiant, qui est cause de lui, qu’il y aura cette refente et il nous dit, du sujet, on ne parle pas, ça parle de lui et c’est bien parce que ça parle de lui, que lorsqu’on s’adresse à lui, et peut-être que vous vous souvenez, lorsque nous nous sommes appesantis sur cette émergence du sujet, il y avait quelque chose comme ça qui était dit que lorsque la parole lui est apportée, enfin, c’est parce que, lorsqu’on s’adresse à lui, alors quelque chose se met en place, ce quelque chose qui se met en place, c’est que un signifiant va se présenter, un de ces signifiants, de ces S1 se présente, et dans un premier temps, nous dit-il, le sujet disparaît. Le sujet disparaît parce qu’il devient signifiant lui-même, il devient signifiant mais cette pulsation temporelle, nous dit-il, est suivie d’autre chose qui est que, un deuxième signifiant se présente à lui.

S1 S1 S2

a

C’est ce deuxième signifiant qui fait qu’il pourra être représenté, je crois que c’est très important de savoir que, dans ce premier temps, nous n’y avons pas insisté la toute première fois lorsque nous avons fait ce travail, nous n’y avions pas insisté parce que nous avions en vue, à cette époque-là, ce qu’étaient des structures cliniques et que la question du psychotique, de la psychose de ce sujet, vous vous souvenez la question qui se posait : est-il sujet ou n’est-il pas sujet ? Le fait qu’il disparaisse, le sujet, qu’il devienne signifiant, nous ne nous sommes pas arrêtés à ceci, cette pulsation temporelle, et nous n’avons insisté que sur ce deuxième temps, le fait que un autre signifiant, un autre signifiant de cette chaîne du ça parle de lui, se présente et c’est cet autre signifiant qui va représenter le sujet, qui va représenter le sujet pour un autre signifiant, c’est-à-dire que l’articulation, la chaîne signifiante va pouvoir se mettre en place.

Alors, il y a quelque chose de pas toujours très simple dans ce que Lacan nous apporte. En tout cas, c’est pas toujours simple de l’attraper tout de suite comme ça. Dès le départ, il a insisté sur cette identification. Je vous ai dit que ça faisait un certain temps que je réfléchissais sur la question de l’identification et j’essayais de trouver comment l’apporter ici… ce n’est pas simplement répéter ces trois types d’identification, ce que nous ne pouvons plus faire, vu la place, l’importance que Lacan a donnée au deuxième type d’identification, enfin il en fait l’identification primordiale avec le fait de l’Idéal du Moi. Donc, il y a là cet Idéal du Moi, il nous dit que c’est un signifiant, il nous dit très rapidement que c’est un signifiant, et il nous dit que c’est un signifiant qui n’est pas sur la chaîne signifiante, c’est-à-dire dans l’articulation signifiante, je crois vous l’avoir déjà dit, et même vous avoir donné la référence puisque je crois que c’est dans Le désir et son interprétation. Je ne suis pas allée revérifier, mais en tout cas, il nous fait savoir que ce signifiant, qui est un signifiant qui n’est pas dans la chaîne signifiante, qui intéresse le sujet, est sur… est quelque part qui n’est pas dans la chaîne signifiante, et que ce signifiant vient marquer le sujet d’une certaine façon, que cette identification est primordiale et, chemin faisant, il… je ne dirai pas qu’il se débrouille, enfin, il précise, disons plutôt comme cela, il précise avec tous ces signifiants de ça parle de lui, il précise qu’il y a deux temps : un temps où le sujet sera signifiant, mais il disparaîtra, puis un temps où il sera représenté, il sera représenté par un autre signifiant de la chaîne de ces S1 parce qu’il faut qu’il y ait cet appel à l’Autre. Cet appel à l’Autre qui fera que du S2 va surgir et que l’articulation de la chaîne signifiante se mettra en place avec un sujet qui, dans un premier temps, disparaît, qui, dans un deuxième temps, sera représenté, mais, en même temps, il y aura un fading, c’est-à-dire que, là aussi, il va non seulement disparaître, il sera et divisé et, en même temps, il disparaîtra.

Alors tout ceci, vous pouvez vous demander pourquoi, après tout, voulant parler de la Chose, je vous entraîne dans ce qui est du sujet, après tout, ce sujet a à voir avec la Chose.

Ce sujet, c’est bien parce qu’il se met en place, c’est bien parce que de la parole, il prendra la parole, qu’il va constituer ce grand Autre, puisque ce passage que vous trouverez à la page 835, Lacan commence quand même par nous parler du message, et du message que reçoit le sujet sous sa forme inversée, mais à condition qu’il ait amené l’Autre à lui faire la réponse, la réponse de ce qui est son message, de ce qui est son message qu’il va recevoir sous une forme inversée, c’est-à-dire que le sujet se référant à l’Autre, mettant en place l’Autre, va mettre aussi en place la Chose.

Alors, ce qui, dans l’apport de Lacan, nous intéresse et nous intéressera par rapport à la Chose, c’est que, avec ce vide de la Chose, avec ce qui est là dès le départ, le sujet qui aura affaire à cette Chose, c’est aussi un sujet vide – quoi ! il le barre - mais, en même temps, on sait qu’il disparaît dès qu’il émerge, dès qu’il émerge des signifiants qui le recouvrent, nous dit-il, à un autre moment du « Rapport de Daniel Lagache », il disparaît, il devient signifiant mais ceci, pour pouvoir être ce sujet barré, c’est-à-dire n’ayant aucun signifiant pour lui et qui sera représenté par ce S1 pour un autre signifiant. Alors, quel est cet autre signifiant ? Cet autre signifiant, c’est un signifiant qui ne se trouve pas dans le corps du A comme nous avons pu voir, mais surtout, et c’est en cela qu’il nous intéresse par rapport à la Chose, cet autre signifiant a à voir avec le manque qu’il y a dans l’Autre, c’est un signifiant qui ne se trouve pas dans le corps de l’Autre, c’est un signifiant qui est prélevé hors du corps de l’Autre, c’est un signifiant qui est prélevé d’une façon telle que l’organisme doit être intéressé et je vous ai dit, je crois que c’est l’année dernière, que l’organisme, c’est certes le corps bien sûr, mais aussi cette partie hors corps que Lacan a nommée objet petit a et donc, le prélèvement qui sera fait hors du corps des signifiants de l’Autre et qui a à voir avec le manque dans l’Autre, ce signifiant là aussi vient nous faire savoir qu’on a affaire à un manque, à un vide, et tout ceci, parce que, au départ de ce qui intéresse celui-là qui va être sujet, effet de signifiant, sujet de l’inconscient, eh ! bien, c’est avec le manque qu’il a affaire.

Non seulement il y a ce vide qui se fait parce que le A, le grand Autre, est constitué, mais le sujet lui-même est manque, il n’y a pas de signifiant qui soit le signifiant du sujet puisque le temps où il a été signifiant, ce temps, cette pulsation temporelle, nous dit Lacan, ce temps ne durera pas et, parce qu’il faut qu’il y ait la mise en place de cette chaîne constituante, parce qu’on est dans un système où le refoulement originaire joue, parce qu’on a à faire avec ce vide de la Chose, il n’y aura aucun signifiant pour ce sujet et plus, pour que cette chaîne signifiante soit mise en place, il faut qu’il y ait aussi quelque chose qui a à voir avec le manque, qui est le manque dans l’Autre et si bien que se présente,

La Chose A

S1 S2 S(

)

c’est ce que je vous avais très rapidement dit la dernière fois, donc le A, la Chose, va se présenter le sujet qui est manque, ce sujet qui est représenté, certes par un signifiant, mais pour que la chaîne signifiante puisse être constituée, le deuxième signifiant, c’est ni plus ni moins qu’un signifiant qui manque au cœur de l’Autre, et c’est avec ces manques, ces vides, que nous avons affaire.

Et un dernier point que je voudrais ce soir, autour de cette émergence du sujet, autour de ces signifiants qui le marquent, de par son identification primordiale, ceci se fait certes parce qu’il a reçu une marque dès que l’Autre s’est intéressé à lui, mais parce que lui-même, lorsqu’il prélève un trait de l’organisme, prélève ce trait d’une façon telle qu’il y aura quelque chose qui sera hors corps, qui aura à voir avec le reste de jouissance, c’est-à-dire que, là aussi, nous avons affaire au vide et à ce qui cause la jouissance du sujet, c’est-à-dire ce qu’il en reste.

Alors, peut-être qu’on peut mieux comprendre ce qui était dans un des séminaires de Lacan, dans le séminaire sur le Transfert, où Lacan parle de cette substitution métaphorique et qui était difficile à saisir. Je pense que il s’en explique avec cette pulsation temporelle, avec le fait que, dans un premier temps, de ce qu’il était… cet objet a, il y aura cette substitution qui fait que du signifiant sera mis en place, mais un signifiant qui restera un temps court, mais qui sera lui, le sujet. Je pense qu’en reprenant ce qu’il nous dit dans le séminaire sur le Transfert, et qui a arrêté, puisqu’on se demandait comment du petit a il pouvait y avoir substitution métaphorique, il l’a repris dans La Logique du fantasme, si on a présent à l’esprit que, un temps, le sujet est un signifiant parce que il y a ces S1 qui se présentent à lui, ces S1... non, je ne veux pas compliquer les choses, il faut y aller graduellement puisqu’ensuite Lacan va faire toute une série de ces S1, mais nous aurons l’occasion d’en parler une autre fois. Ce que je voulais ce soir vous dire, c’est que l’écriture de Lacan, ce qu’il s’est efforcé de nous apporter, intéresse aussi la Chose, ce vide, ce qui était là au départ de la découverte freudienne, et c’est ça aussi qui commande les écritures que Lacan nous propose pour nous parler du sujet de l’inconscient.


Questions

Marguerite Bonnet-Bidaud :
Ce deuxième signifiant qui se présente à lui...

Solange Faladé :
parce qu’il y a appel ; il y a toujours appel

Marguerite Bonnet-Bidaud :
il y a appel mais, dans le champ de l’Autre, il ne trouve pas de réponse puisque il est devant, justement, ce vide qui marque l’Autre

Solange Faladé :
il y a ce manque qui marque l’Autre, mais nous avons toujours dit qu’il prélevait un trait de l’organisme qu’il prenait hors de l’Autre, un trait de l’organisme qui était porté à la signifiance...

Marguerite Bonnet-Bidaud :
pourquoi on dit que c’est un deuxième signifiant qui se présente à lui ?

Solange Faladé : mais il fait appel pour le deuxième signifiant. L’Autre n’a pas un autre signifiant que du S1 à lui présenter, il lui présente un manque, mais un manque qui est un signifiant, ce n’est pas un trou sans signifiant, ce manque est un manque où il n’y a pas de signifiant et le sujet, parce que l’Autre répond, va prélever un trait hors du champ des signifiants de l’Autre, et ce trait est porté à la signifiance.

Marguerite Bonnet-Bidaud :
ce n’est pas un deuxième signifiant qui se présente à lui ?

Solange Faladé :
il se présente à lui parce qu’il fait appel à lui. Si vous reprenez cette page 835, Lacan le dit, il fait appel à l’Autre, il aura ce deuxième signifiant à cause de la synchronie (et de la diachronie), la synchronie signifiante, pour que la chaîne puisse être constituée, il faut un signifiant qui s’oppose à l’autre signifiant, ça ne peut pas être rien que des S1, il fait appel à l’Autre. Je n’y ai pas insisté parce que nous nous sommes tellement arrêtés à cela, alors il fait appel, il prélève, donc s’il prélève, un signifiant se présente à lui parce qu’il l’a prélevé, il a prélevé de quoi faire un signifiant et, avec ce qui va choir, je voulais aussi vous dire que, pour ce qui est l’objet a, nous l’avons vu, c’est le manque du sujet et le manque de l’Autre, c’est là que le sujet est barré, avec ce qui manque dans l’Autre, c’est ça qui va faire l’objet a, mais ce qui manque dans l’Autre, c’est dans la chaîne signifiante, mais je me suis dit que j’allais arrêter là ce soir…

Marguerite Bonnet-Bidaud :
j’avais pensé que devant cet appel qu’il faisait à l’Autre, effectivement c’est un signifiant, mais qui ne peut pas le représenter, c’est le signifiant du manque de l’Autre, j’avais compris à ce moment-là que le sujet, si je puis dire, était obligé de fabriquer un deuxième signifiant

Solange Faladé :
il le fabrique en prélevant un trait de l’Autre, un trait qui est hors du champ des signifiants de l’Autre, un trait qui intéresse le corps et le hors corps... il faut bien qu’un deuxième signifiant soit là, il le prélève, il porte ce trait à la signifiance... Si il fait appel et si on est dans le cas de la psychose, aucun signifiant se présente à lui, alors il faut bien que l’Autre soit présent. Présent, c’est qu’il est là, il est là, il permet qu’un deuxième signifiant soit prélevé, si le deuxième signifiant ne peut pas être prélevé, on dit qu’il est absent, du moment qu’il se présente à lui... une partie est portée à la signifiance, l’autre partie va choir et, en même temps, il y aura ce qui va marquer à nouveau le sujet... c’est bien parce que il est hors du champ de l’Autre qu’il peut venir dire qu’un signifiant manque dans le corps de l’Autre, sinon il ne viendra pas dire le manque qu’il y a dans le corps de l’Autre.

Ce que je voulais vous montrer ce soir, c’est que, dans ce que Lacan a apporté aussi dans son écriture, il y a ce que du vide de la Chose vient marquer tout ce qui intéresse le sujet de l’inconscient. C’est ça que je voulais ce soir apporter.

Le sujet, à partir du moment où il n’est plus dans le Réel, à partir du moment où la chaîne va se constituer, la chaîne signifiante, le sujet disparaît, on le barre si vous voulez, parce qu’il n’a plus de signifiant, le signifiant qu’il a été un court instant, eh bien il ne l’est plus et, en plus de cela, pour que cette chaîne puisse être constituée, il y a quelque chose qui manque, qui est dans l’Autre, qui est là si je puis dire, mis en évidence dans la constitution de la chaîne signifiante.

Lacan, comme Freud, marque ce qu’il y a de ce vide, de ce fait que il n’y a pas cet objet, perdu dès le départ, et qu’en plus de cela, il y a cette question de la jouissance, et cette question de la jouissance, c’est ce qui reste, ce qui choit, comme nous y avons beaucoup insisté. J’ai plus insisté ce soir sur le fait que le sujet y est avec ce qui est de son manque.

Bien… Alors, je vous dis au 14 décembre.