7 novembre : L’opacité épistémologique de la clinique aliéniste par Alexandre El Omeiri
Nous reçevons, par l’intermédiaire de la revue l’Evolution Psycghiatrique, cette information :
Le Jeudi 7 novembre à 18h30 : Séance du Séminaire : Des Idées en psychiatrie organisé par l’ASM 13 en association avec L’Evolution Psychiatrique, le Département de recherche en Ethique de l’Université Paris Sud / Paris- Saclay et l’Espace de réflexion éthique de la région Ile-de-France.
La clinique psychiatrique fait l’objet d’une relativisation historique étayée par le caractère socio-culturellement déterminé des observations qu’elle recueille et la nature hybride des connaissances qu’elle formule. Mais pour un psychiatre, le problème qu’il y aurait à adopter un point de vue relativiste est qu’une telle perspective fait perdre aux connaissances toute la valeur qu’elles peuvent avoir en dehors de la période, et du paradigme épistémique, ayant amené leur formulation.
Pour une sémiologie aliéniste élaborée au cours du XIXe siècle, l’investigation épistémologique impliquant la reconnaissance d’un invariant transhistorique met en jeu, ni plus ni moins, la pertinence médicale de ce savoir.
Notre intervention vise à formuler deux thèses complémentaires. La première, historique, propose une redéfinition paradigmatique de la « période aliéniste » en établissant la continuité épistémologique de la sémiologie aliéniste sur les transformations d’un problème théorico-clinique – l’aporie des rapports de la pensée au langage – né dans l’œuvre de Pinel et, pour ainsi dire, artificiellement résolu au début du XXe siècle par l’apport de théories linguistiques à la psychiatrie.
L’enquête historique révèle la continuité de ce problème à travers l’évolution des notions d’hallucination auditive et de postulat initial au cours du XIXe siècle.
Cette continuité représente alors la preuve historique de la seconde thèse, épistémologique, que nous soutenons.
En substance, notre argumentation pourrait être ramenée à une défense de ce que les psychiatres ont tendance à nommer « la clinique ». En effet, cette clinique, et le noyau de réalisme que son évocation suggère, mérite d’être défendue contre un constructivisme sociologique qui tend à amoindrir sa valeur, quitte à n’y reconnaître, in extremis, qu’une pure rhétorique institutionnelle.
En formulant le concept d’opacité épistémologique visant à définir une résistance de la rencontre clinique aux perspectives théoriques qui la prédéterminent, notre intervention apporte, aussi et surtout, une reformulation épistémologique des rapports aporétiques qui lient la connaissance médicale à une réalité humaine irréductible.
Alexandre El Omeiri est psychiatre et doctorant en philosophie/épistémologie à l’ENS de Lyon(IHRIM, UMR 5317, équipe DSM). Il a co-fondé les Éditions de la Conquête et le Centre Isidore Ducasse à Marseille, anime la rubrique Confrontations au sein de la revue L’Information Psychiatrique, et a traduit en français les travaux de l’épistémologue German E. Berrios.
La conférence aura lieu le jeudi 7 novembre 2024 de 18h30 à 20h30, au CMP Paumelle, 11 rue Albert Bayet, salle 103, 75013 Paris.
Renseignements et inscription : clement.fromentin@asm13.org
Lien de connexion : https://levolutionpsychiatrique.wordpress.com/2024/10/04/lopacite-epistemologique-de-la-clinique-alieniste/