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Dossier « Transmission de la psychanalyse », sur l’identification à l’analyste.

INTRODUCTION
par Solange Faladé

« Oui, ça peut se terminer par un lien d’amour ou par un lien de haine ». C’est en ces termes qu’à propos de la fin de l’analyse s’exprimait Jacques Lacan au moment où quelques-uns de ses élèves, qui en étaient justement arrivés au terme de leur analyse, décidaient, sous la pression de l’Association Internationale, d’abandonner son enseignement.

Qui étaient-ils ? C’étaient ceux-là mêmes qui, jusque là proches de lui, semblaient bien placés pour transmettre ce qu’il avait apporté à la théorie analytique, et pour la développer. Derrière ces faits, se profile, me semble-t-il, un des points essentiels du prochain congrès de l’École Freudienne, les rapports du transfert et de la transmission.

Quelle est la nature du « lien d’amour » dont la fin d’une analyse peut consacrer la formation ? S’agirait-il d’une identification pure et simple à l’analyste, dont le ressort serait l’amour pour le père ? À cette théorie, qui a été celle de nombreux analystes, Lacan, dans le premier séminaire de cette année, répond non, et cette réponse ne peut pas nous surprendre, puisque tout son enseignement jusqu’à ce jour nous y conduit. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter au texte intitulé « Variantes de la cure type ». À quoi s’identifie l’analysant au terme de son analyse ? La critique faite par Lacan de l’analyse du caractère (Écrits, pp. 341-342) nous met sur la voie de la réponse qu’il apporte cette année : l’analysant s’identifie à son symptôme.

La haine aussi bien que l’amour est un lien, peut-être plus fort encore. C’est une des issues possibles d’une analyse, et il n’y a pas lieu de la proscrire, comme le fait Balint. Lacan en tous les cas témoignait qu’il l’accepte si elle vient à être.

Je ne chercherai pas à savoir si, pour les analysants qui ont abandonné l’enseignement de Jacques Lacan, le lien de haine s’est formé. Mais il apparaît qu’en dépit de cette rupture, il s’est fait du psychanalyste. Lacan n’a jamais hésité à les considérer comme analystes, et l’I.P.A. n’a pas mis en doute leur formation : c’est en tant qu’analystes qu’elle les a acceptés, alors même qu’elle rejetait celui qui les avait formés. Car le désir de l’analyste était là, qui leur avait permis de mener leur analyse jusqu’à ce terme, où à leur tour ils étaient devenus analystes.