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Clinique des névroses

Nous savons que ce qui nous intéresse, ce n’est pas l’observation qui nous permet de le saisir. Ce n’est même pas le comportement de celui qui est hystérique ou obsessionnel. Ce qui nous permet, à nous psychanalystes , de savoir ce qu’est la clinique du sujet qui vient nous voir, c’est ce que nous recueillons à son chevet. (...)

Solange Faladé
Séminaire 1991-1992-1993. Éditions Economica, Anthropos psychanalyse, 2003

Il faut éviter de donner l’impression que l’on peut, comme cela, recueillir ce qui est propre à l’hystérique ou ce qui est propre à l’obsessionnel. Nous ne pouvons y parvenir que si , nous mettant au chevet de qui vient nous voir , nous l’abordons en sachant que nous ne savons pas. C’est vrai pour chaque cas , nous dit Freud, et Lacan le répète. Nous ne savons rien de celui qui s’adresse à nous , si ce n’est une seule chose que nous devons savoir. ’est pour arriver à ce point que j’ai commencé par la division du sujet.
« L’Urverdrangt », le refoulé originaire , issu du deuxième appel , c’est ce dont il faut partir. Nous devons partir de ceci que le sujet de l’inconscient vient avec son insu , avec ce " il ne savait pas" de départ. Car c’est autour du premier signifiant qui a été refoulé , refoulé définitivement, autour de cet insu et avec lui que, nous dit Lacan, va s’ordonner le cadre du savoir, que vont s’ordonner tous ces signifiants qui se déroulent autour de la séance analytique où la clinique se recueille, à condition que cette chaîne soit prise tout à fait régulièrement et que rien ne soit manqué.
(Extraits du séminaire du 22 octobre 1991)

Note des transcripteurs :

Le présent ouvrage n’est pas un écrit. Il est la transcription du séminaire tenu par Solange Faladé à l’Ecole Freudienne pendant les années 1991-1992 et 1992-1993 . il a été établi avec son accord et d’après des enregistrements sur cassettes.
Nous avons maintenu le caractère oral de cet enseignement . Ceux qui l’ont suivi auront probablement à cœur d’entendre à nouveau Solange Faladé commenter , avec l’éclairage de Lacan, les célèbres cas d’hystérie et de névrose obsessionnelle de Freud. Nous retiendrons ce qui nous a été dit lors d’une leçon de l’année 1994 : « Celui qui veut enseigner un discours qui concernerait la transmission de la psychanalyse, a une certaine responsabilité. Cela ne peut pas se passer comme pour tous les autres discours. Il faut répéter , marteler, et c’est bien ce que Lacan, année après année, je dirais même séance après séance, a fait pour nous. Il en va comme dans la cure, où le retour permet que les choses soient dites autrement. »
Ce style parlé est un témoignage de ce que peut être la transmission orale de la psychanalyse. Solange Faladé, qui parle toujours sans notes, avance au rythme de ceux qui l’écoutent, répondant aux questions soulevées aux réunions du samedi à Sainte Anne ou par les analystes en contrôle avec elle.
Privés des ressources de l’oral (l’intonation, le rythme, les silences) , nous avons tenté de faire passer malgré tout quelque chose des accentuations de ce discours parlé, en remplaçant les longues phrases , où les arrêtes signifiantes risquaient d’échapper, par des phrases plus courtes soulignant la scansion.

Emmanuel Koerner et Marie-Lise Lauth